Et voilà un space opéra post apocalyptique de plus. C'est bien de renouveler le genre.
J'en étais resté aux équipage conquérants à la
Heinlein et amateurs de rencontre du troisième type avec aliens griffus.
Là par contre pas de conquête mais business : boulot/boulot. On est dans le quotidien d'une équipe d'équipage de forage de trous de vers, de personnages ordinaires, toutes intelligences (on oublie le mot race) confondues
Des humains, les maronnasses, sur lesquels Chambers a évité d'auto-centrer, en, semble-t-il donnant la suprématie aux autres, et les espèces exotiques, toxiques ou non, les autres.
Chambers a fait le choix d'imaginer une intelligence humaine de couleur. L'ensemble des humains sont des exodiens, crépus, cuivrés et peau mate, qui englobe tous les types sauf le blanc. le seul personnage « blanc » de type WASP le solien ne l'est pas vraiment mais rosé, voir rubicond si colère et qui n'est pas une couleur mais une dégénérescence de pigmentation donc à l'origine du cuivré dégénéré (et pas de pot c'est un salaud).
Anthropologie et ethnologie
les personnages sont très typés malgré leurs états d'âmes très variés mais sirupeux, geignards, aimants et empathiques. La composition de l'équipage est d'un mixte acceptable bien équilibré
Pour les humains. Les mâles. Cap'tain Ashby énamouré qui dès la première première contrariété se retrouve dans les bras de Morphée, le geek Jenks un demi avorton façon Toulouse -Lautrec tout aussi énamouré qui chouinasse et l'alguiste acariâtre et rosé : le mouton noir du vaisseau (fait un peu penser à Ash du «Alien le 8e passager») qui rouscaille. Voilà pour les mâles, énamourés et rouscailleux, c'est pas folichon. Ça sent l'homme dévirilisé !
Pour les femelles Kizzy la mécanicienne sale, mal élevée, brouillonne, bidouilleuse, goinfre et soûlarde bref le.a beauf.e parfait.e. mais géniale et indispensable et si fun. Rosemary la « bleue » empathique horriblement malheureuse d'avoir des parents très très riches (snif).Çà sent les superwomen.
Pour les exotiques. Sissix l'Aandriske, une terrible lézarde humanoïde, toute en griffes (grrr), écailles et plumes:le pilote. le doc Miam et aussi le coq (miam miam),un Grum pépère, amphibien cosmique qui fait penser aux Khépis de «
Perdido Street Station» de
Mieville
Ohan, les Sianats, le navigateur moribond qui ressemblent furieusement à ceux de « Dune » de Herbert prescient capable de choisir les itinéraires spatiaux sans « Michelin » (je mets le pluriels car bien qu'unique il est deux,iel est deux !oui c'est compliqué !) Primate à fourrure porteur d'un neurovirus qui lui chuchote dans l'oreille comme Redford.
Et hors équipage les autres les aéluons beaux et dangereux, les harmagiens tentaculaires mais culs de jatte.
Socialement parlant Chambers aborde divers thèmes.
Les liens affectifs (sens large) inévitables dans un huis-clos: érotiques amoureux, amicaux, altruistes. Liens amoureux entre les individus : homosexualité et saphisme essentiellement mais entre belles personnes, entre espèces (zoophilie) humains et aliens ainsi que entre humains et mécanique (la mécanophilie : amour sexuel pour la mécanique électronique programmée (robot) ou IA différente du robot “maître/esclave” car intelligence émancipée).Là ça sent le «blade runner » ou du le Guin et bien d'autres.
Les métamorphoses des individus changement de sexe chez les espèces exotiques, body hacking généralisé: organes artificiels, implants, prothèses: homme/femme augmenté.e , drogues
Les avancées technologiques en cybernétique, IA humanisée.
Chambers prend les normes sociales et sociétales actuelles et majoritaires, systématiquement a rebrousse poil c'est à dire la réalité mais en négatif inversé ce qui donne, une marginalisation du lien amoureux et sexuel hétérosexuel, une promotion de pratiques dites « déviantes » comme la zoophilie/mécanophilie, une minoration et invisibilité des individus masculins, blancs de surcroît et misandrie de fait avec une dominance pan féministe, une sexualisation des espèces exotiques, animales et mécaniques ici par l' humanisation de l'IA avec statut d'individu à part entière, une approche favorable aux drogues. Si cela n'est pas nouveau Chambers toutefois ne développe pas les sujets et évite de rentrer dans les détails, pourtant indispensables, qui pourraient gêner et fait l'impasse sur des explications qui pourraient êtres ardues à tenir la route. Par exemple celle sur la réciprocité des sentiments entre humains et robots. Si l'humain est capable d'aimer une machine, c'est parfaitement actuel, l'inverse est-il possible ?
Idem pour les liens affectifs entre espèces aujourd'hui appelé zoophilie (quant on pense qu'un humain qui se tape une poule et je ne parle pas de la péripatéticienne a aussitôt la justice sur le dos et pire la SPA, le coït inter-espèces n'est pas pour demain) Bref des questionnements qu'il aurait fallut au minimum amorcer car c'est intéressant. Ceci n'étant pas fait on en reste à un monde de Bisounours ou tout le monde s'aime et est gentil (sauf les méchants mais qui peuvent parfois devenir gentils et c'est même souhaitable) et on en reste sur la belle image des deux demoiselles inter-espèces se prenant par la main, allant faire un viron dans l'espace en scaphandrier (Certes c'est moins érotique que les louboutins et le crop top mais plus utile) On imagine un magnifique « coucher de terre » We're poors lonesome astronauts »L'image est si douce, C'est chou !
De plus on retrouve chez
Chambers Becky ce ton un peu condescendant des anciens auteurs américains qui pensaient oeuvrer pour le bien de tous, L'Amérique first porteuse de la bonne parole et c'est curieux car elle parle beaucoup d'humilité de l'intelligence humaine et ce au niveau galactique bref de l'humilité soulignée à double traits.
La suite au prochain épisode car on sent que l'histoire n'est pas finie la fin est un peu bâclé : on sent les vacances.
Prix
Julia-Verlanger 2017 mais vu les attributions des prix Nebula, Hugo et Locus à
Mary Robinette Kowal et autres scribouillardes , Chambers aurait mérité les mêmes