Les Détectives du Yorkshire, tome 2 : Rendez-vous avec le mal

- Alice faisait du Alice, c'est tout. Ces derniers temps, elle avait tendance à tout monter en épingle. Surtout parce qu'elle commençait à oublier.
- Oublier quoi ?
-- Tout mon garçon. Tout. Alice savait qu'elle commençait à perdre la tête, et quand ça se produit, que reste-t-il ? C'est ce qui nous fait peur à tous, bien plus que de mourir.

Samson eut l'audace de demander : "Même moi?" tandis que Peggy Metcalfe accompagnait les deux anciens vers la ferme.
Will lui lança un regard dans lequel dansait une petite lueur joyeuse.
- Toi aussi, oui. La rumeur dit que tu as guéri le bélier de Clive Knowles de son impuissance. Un fermier serait fou de bannir de sa table un homme doté d'un tel pouvoir.

En tant que policier infiltré, Samson O'Brien avait travaillé pour les plus importantes instances chargées de faire respecter la loi dans le pays – l'Agence de lutte contre la grande criminalité organisée et l'Agence nationale de lutte contre la criminalité qui lui avait succédé. Autant dire qu'en matière d'environnements de travail, il en avait vu de toutes les couleurs.
Mais rien ne l'avait préparé à la vie professionnelle à Bruncliffe, où tout le monde avait son avis sur absolument tout et ne se gênait pas pour l'exprimer avec vigueur.

— Franchement, marmonna Geraldine au moment où la directrice quittait la cafétéria, la façon dont cette femme parle aux gens ! Quelle impolitesse ! Ils ne pouvaient pas trouver quelqu'un de plus local, pour ce travail ?
— Une Anglaise, tu veux dire ? demanda Edith avec un sourire railleur. Geraldine fit la moue.
— Ce n'est pas parce que je n'approuve pas le choix de cette femme que je suis xénophobe.
— Techniquement, si la seule chose que tu lui reproches est de venir des Balkans, je pense que si, s'interposa Clarissa, ouvrant tout grand ses yeux innocents.

— Ça, c'est pour ton manque de respect ! Envers ma personne, et les personnes âgées de cette ville. Elles ont droit à une vie amoureuse, elles aussi.
— Je te crois sur parole, reprit Samson en veillant à se placer hors de sa portée. Qu'est-ce que tu organises ? Des speed datings au ralenti ?

— Ralph n'est pas votre père ?
— Mon père ? Bon sang, pourquoi est-ce que je viendrais vous parler de mon père ? Il est mort il y a une dizaine d'années. Non, mon gars, c'est beaucoup plus grave. Ralph est un bélier Swaledale qui a remporté des tas de prix. Je l'ai payé sept mille livres, alors il faut qu'on le retrouve, merde !

Quand ils s'étaient retrouvés au bureau un peu plus tôt, sa tenue n'était pas la seule preuve de son extrême motivation. Elle était aussi venue équipée d'un sac de couchage, d'une trousse de toilettes, d'une serviette, d'un sac de courses rempli de nourriture - pour tous les trois -, d'une tenue de rechange et d'un petit sac à dos bourré d'accessoires.
- C'est une planque, pas une soirée pyjama, avait-il fait remarquer.

Il finit son cake en silence. Elle voyait bien qu'il était sur une piste. Depuis qu'elle avait mentionné le minuteur, elle sentait qu'il avait l'esprit ailleurs, comme un chien de chasse qui a flairé un lièvre.
Se pouvait-il qu'il y ait un lien entre tous ces accidents? Quelque chose de pourri au royaume de Fellside Court? Ida chassa cette idée aussi vite qu'elle lui était venue. Elle était trop pragmatique pour les tragédies et trop vieille pour les histoires de bonnes femmes. L'un dans l'autre, Samson finirait bien par découvrir la vérité.

tu sais comment c’est, par ici, acquiesça Joseph. Tout le monde a des liens de famille avec tout le monde. Tu donnes un coup de pied à quelqu’un et tout Brunscliffe saute en l’air.

Ca devait être dur pour lui de renouer le lien avec un père qui avait bu leur passé.