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Ouvrage reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique Privilégie, je commence donc cette critique en remerciant chaleureusement babelio et les éditions Stock pour l'envoi de cet ouvrage qui m'a littéralement coupé le souffle !

Que comble pour un DJ, qui plus est de renommée internationale qui a passé les vingt dernières années de sa vie à ne vivre que la nuit, à mixer sur les plus grandes scènes à travers le monde, à passer de la musique électro, celle des autres mais aussi ses propres compils que de se voir atteint du pire mal qui pourrait lui arriver. Lorsque les premiers acouphènes se font sentir, Juan Llosa, notre protagoniste, ne veut d'abord pas y penser mais lorsque ces derniers deviennent insupportables et qu'ils sont entrecoupés de perte totale audition, Juan a compris qu'il devait se mettre au vert. Échangeant son appartement parisien avec son ami Julian, qui est dans le même branche que lui (c'est même lui qui l'a initié) contre une petite maison en Ardèche,, à la campagne, dans un petit village, Juan ne se doutait pas que cela allait changer sa vie à tout jamais. Lui qui a l'habitude de vivre la nuit, toujours entre deux avions et entre deux soirées généralement très arrosées et pas seulement, Juan a toujours vécu dans l'excès. Il était loin de s'imaginer qu'en s'installant ici, il allait non seulement très vite s'habituer à la vie rurale mais aussi s'attacher à tous les gens de ce petit village. Il va réapprendre à apprécier les plaisirs simples, se laisser enrôler dans des combats écologistes et réapprendre surtout à apprécier ces petits plaisirs simples, qui lui étaient jusqu'alors inconnus, que peut procurer la vie diurne. Certes, il y aura des femmes (mais pour des relations plus sérieuses cette fois-ci) mais lorsqu'il renouera avec Ana, son premier grand amour, qui est désormais mère d'une petite fille, Sascha, qu'elle a eu avec un autre, là encore, Juan, qui croyait que cette dernière était enfin heureuse (lui s'en mord les doigts car il n'a jamais apprécié ce prof de golf duquel elle s'est entichée), là encore Juan n'est pas au bout de ses surprises mais loin de s'imaginer dans quel tourbillon - pas toujours agréable mais à ce sujet je n'en dirais pas plus afin de ne pas vous gâcher le suspense - il va se laisser embarquer !
Oui, la vie est parfois cruelle (bien trop souvent à mon goût d'ailleurs) et elle nous frappe souvent lorsque l'on s-y attend le moins.
Elle peut être belle (cette lecture me l'a démontrée) mais pour cela, il faut savoir saisir les petits plaisirs lorsque ces derniers se présentent à nous et ne pas attendre car certaines choses sont parfois irrémédiables ! On ne vit qu'une fois !

Une lecture désarmante, passionnante, un ouvrage extrêmement bien écrit, bref que dire de plus pour vous convaincre ? Lisez cet ouvrage et vous serez alors votre propre juge mais je peux presque vous assurer que vous ne serez pas déçus ! J'avais moi-même quelques craintes en commençant ce dernier, moi qui ne sui pas du tout fan de la musique électro et n'ai jamais été une très grande fêtarde en me disant que celui-ci n'était pas fait pour moi mais bon, ne dit-on pas qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ? La preuve, je suis ont ne peut plus ravie que de terminer l'année 2021 avec une critique de ce genre ! J'espère que l'année 2022 commencera sur la même lignée !
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Je tiens à remercier chaleureusement les éditions du Seuil et l'opération Masse critique privilégiée pour l'envoi de ce livre.

le titre m'a immédiatement intrigué, il fait référence à une légende véhiculée par les habitants d'Ibiza, Ce serait à Es Vedrá, petite île à l'ouest d'Ibiza, que se cachaient les sirènes dont le chant envoûtaient les marins. Ces deniers se collaient de la cire dans les oreilles alors qu'Ulysse préférait s'attacher au mat plutôt que de se priver de l'air chant. La photo de couverture du livre évoque ce mythe.
Pourquoi parler d'Ibiza ? L'île est connue pour sa vie nocturne et ses dancings. le roman nous met dans la peau de Juan Llosa, un DJ mondialement célèbre qui effectue ses prestations aux quatre coins du globe, pouvant animer dans la même semaine des fêtes dans trois continents différents. C'est lui qui nous parle.

Vie trépidante, ponctuée de manque de sommeil, d'attentes dans les aéroports, d'alcool, de rencontres faciles, de drogue, d'argent coulant á flot et enfin de sérieux problèmes de santé.
Juan,sujet à des acouphènes et des pertes de conscience, se voit conseiller de prendre du recul. Il profite de la maison d'un ami dans les Cévennes, rupture totale avec sa vie habituelle…

J'ai éprouvé des difficultés à rédiger cet avis …
Pour y arriver, j'ai entamé une seconde lecture une semaine après la première tant certains sentiments vis-à-vis du livre étaient opposés !

Deux précisions sont toutefois nécessaires : le roman se lit facilement, on ne le lâche pas, et il ne laisse pas indifférent. Ceci est indéniable !

Par contre il m'a souvent irrité …
Tout d'abord, par le recours par le protagoniste, et tout au long du livre, d'un langage familier ou argotique ( dégeu, toxico, matos, se geler les couilles, prendre le melon, etc). Je reconnais qu'il s'agit d'une réaction personnelle, j'attends d'un livre un autre choix de mots. Suis-je devenu tellement vieux jeu ?
D'autre part Juan n'est pas tendre avec les Bretons (tarés), les Catalans (irascibles), les Hollandais (éructant des borborygmes, aux enfants indomptables, aux femmes bâties comme des armoires à glace…).
Enfin, Tom Charbit par le biais de son protagoniste, se doit de nous donner son avis sur tout, et cela entraîne de nombreuses digressions : le régime capitaliste, l'ésotérisme, le gaz de schiste, le yoga tantrique, les radios locales, l'alimentation, le vin naturel…

Passons à ce que j'ai apprécié :
- Ces digressions sont faites avec beaucoup d'humour !
- Bien que mon parcours de vie soit à mille lieues de celui d'un DJ riche et vivant à cent à l'heure, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour le protagoniste. J'aime sa fragilité, son désabusement et son autodérision
- J'ai aimé le contraste entre la vie de Juan comme DJ et celui qui se retrouve dans un environnement tout à l'opposé
- J'ai été frappé par la capacité de l'auteur à changer de registre : la dernière partie du roman est totalement différente du reste du roman, elle y apporte une note plus romantique et plus émouvante.

Enfin, les descriptions de l'Ardèche et de ses habitants sont sublimes et m'ont donné l'envie d'y retourner !




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C'est l'histoire , lue d'une traite, de Juan Llosa, un célèbre DJ , de réputation internationale , star incontestée de la musique électronique.

Récit intime, désabusé, drôle, pétri d'autodérision , de lucidité , du passé de Juan : un milieu , celui de la nuit, sympathique mais superficiel, il traine une solide expérience de la fête , des déviances et des excès en tous genres : vingt ans d'alcoolisme et de consommation de stupéfiants, a parcouru la planète en long et en large , voyagé en tournée dans tous les pays d'Europe , au Mexique, aux Caraïbes , au Brésil, au Chili en Argentine, et même au Paraguay .
Gagnant énormément d'argent ,toujours de passage, aussi détaché et indifférent qu'un touriste , vivant là quelques jours où plutôt quelques nuits : Une sorte de Junkie mondain .
Seulement arrivé au sommet de sa carrière , Juan craque .
L'anxiété , le stress , les états d'âme , ça fait tache dans le décor puisque vous faites un métier de rêve ! Ne pas pleurnicher sur votre sort !
Affligé de pertes partielles puis de plus en plus sévères de l'audition, il débarque à trente - huit ans , réveil précipité , retraite anticipée , au coeur d'un petit village du sud de l'Ardèche:

Mais comment se réinventer quand autour de soi tout s'effondre?
Et y- a t- il une vie après la FÊTE ? .
Juan se mêle à la population locale , des vignerons bios aux militants écolos et végans, prend conscience des difficultés croissantes du monde rural lutte à leurs côtés , déplore le marathon des vacances et les cohortes de touristes .
C'est une narration riche, pessimiste , cruelle , d'années de fête , de sexe et de drogues, la face cachée de vies détruites ,de destins brisés , de gens broyés sur l'autel de la fête , «  le vrai moteur de cette industrie c'est le fric et la fête » , on peut devenir sourd , accro à la cocaïne…
«  L'archétype du gaspillage consumériste et de la vacuité de la fête pour la fête. » .
Ce récit très contemporain , des illusions , d'une révolution intérieure, tisse une histoire d'amour tragique inoubliable , nous parle au coeur de ce que nous sommes, des folies de notre époque : attentats , militantisme écolo- intello- altermondialiste., fric et fête , de ce que l'on aimerait être , de la nécessité de faire face au cours cruel, abrupt de nos existences .
Roman ample , puissant, drôle , très émouvant , bien écrit, bien construit , désabusé , d'une lucidité et d'une densité remarquables .
La fin est saisissante !
Grand merci chaleureux à Babelio et Masse Critique pour l'envoi de ce livre brillant, impossible de le lâcher : un premier roman prometteur !
Mais ce n'est que mon avis, bien sûr !





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La musique électro, ce n'est clairement pas ma tasse de thé. Alors, me direz-vous, était-il possible que j'apprécie la lecture des sirènes d'Es Vedra ? Car après tout, le narrateur, Juan Llosa, n'est rien moins qu'un célèbre DJ qui a culminé pendant une vingtaine d'année au sommet de son art. Une vingtaine d'années de voyages, de fêtes, d'excès en tous genres…
Mais un jour, pour des raisons de santé, et pas des moindres pour un DJ, Juan va être obligé de « lever le pied ».
Histoire de se reposer et de récupérer, il va s'installer dans la maison d'un ami en plein coeur de l'Ardèche.
Juan a bien l'intention de profiter de ce break temporaire pour se refaire une santé , mais voilà, se retrouver seul avec soi-même, rencontrer et côtoyer des gens qui n'ont pas forcement les mêmes priorités que lui dans la vie vont l'amener à entamer une réflexion bien plus profonde que prévue.
Certains personnages secondaires sont attachants et pour ma part, j'ai adoré le savoureux Fabrice.
J'ai beaucoup aimé et apprécié cette lecture, bien loin des paillettes du monde de la nuit qui a servie de décor à juan pendant une bonne partie de sa vie.
Le style de l'auteur est très accrocheur, et franchement au vu de la qualité de son écriture, j'espère sincèrement qu'il va faire son chemin dans le paysage des auteurs français, car il le mérite clairement.
Encore un grand merci à Babelio et son opération Masse critique ainsi qu'aux Editions Seuil pour l'envoi de ce livre.

Challenge Multi-Défis 2022


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C'est l'histoire d'un DJ mondialement connu qui se retrouve seul dans une maison en pierre, en Ardèche, au milieu de nulle part, avec le Mistral qui souffle, qui siffle, qui le rend fou. Comment en est-t-il arrivé là, c'est tout le sujet de ce roman.

Juan Llosa, 39 ans, raconte comment il est devenu DJ, comment il a passé vingt ans de sa vie à mixer dans les plus grands clubs du monde, comment il a passé ces années en nuits blanches, avec la musique, le sexe, la drogue, l'alcool, l'argent.
Il explique le monde du DJ et son fonctionnement, sa façon de vivre, ses erreurs, la femme de sa vie qu'il a laissée tomber à 18 ans, et toutes les autres.

Et il raconte sa descente aux enfers à cause de ses crises d'acouphènes qui le rendent fou. Jusqu'à avoir des moments de surdité totale. Son style est désabusé, ironique, il me fait penser à du Beigbeder, en fait.

Il raconte comment, pour ne pas devenir sourd, il a échangé son appartement parisien contre une maison en Ardèche, avec un copain DJ. Un médecin lui a conseillé le calme absolu, mais il arrive en hiver dans ce petit bourg qui doit grouiller de touristes l'été, mais qui semble totalement vide. La maison, récemment réaménagée, est faite de baies vitrées côté salon, et la vue est exceptionnelle.
Les montagnes, la rivière, les rochers, les cailloux, les arbres presque morts et presque déracinés, et surtout ce vent qui siffle, qui claque, qui donne froid, qui rend fou aussi.

Lorsque peu à peu il sort de la maison pour aller faire ses courses au bourg, il fait des connaissances, et des amis de son pote DJ deviennent peu à peu des amis. Il rencontre des viticulteurs bio, des écolos purs et durs, des fanatiques de l'amour tantrique, des hommes qui ne quittent pas le bord du comptoir du bar du coin, la boisson du cru, les retraités qui connaissent l'histoire du pays, les guerres, les invasions.

Et les parents de la femme qu'il a toujours aimée qui perdent la mémoire et qui sombrent dans l'Alzheimer, les écrivains qui philosophent sur la meilleure façon de retrouver le bonheur, qui passent à la radio, la musique actuelle faite pour plaire aux masses, et là l'histoire commence à devenir, pour moi, une occasion de régler ses comptes ou de donner son avis, négatif bien sûr, sur les faits de société :

On commence avec les réunions pour militer contre le gaz de Schiste, les activistes écologiques, et là il fait un parallèle entre cet activisme de révolte et sa propre musique :

"..la musique que j'ai jouée et contribué a faire connaître, elle vient de cette révolte du peuple"...
(j'en suis restée comme deux ronds de flan, moi)..

Le reste du livre est à l'avenant : chaque moment avec des amis, chaque discussion lui offre la possibilité de, tout en ne prenant pas part à la conversation, donner son opinion dans le livre, si possible en s'énervant, sur divers sujets comme les sociétés américaines de produits chimiques, contre les gens qui exposent leur vie à table, contre les méfaits du porno dans l'amour chez les jeunes, les végans, les restos vegans, les vins "bio" vegans, les sextoys, le cerveau reptilien et j'en passe. La première moitié du roman était bien, la deuxième moitié a été lourde à lire.

Tous ces sermons sous prétexte de donner son avis......sans que ça soit dans une conversation, un débat, ç'aurait été moins indigeste.

Ce roman m'a bien plu, le ton et le style aussi. Dans la première partie. Dans la deuxième partie, même sous-tendue par son histoire d'amour tragique avec Ana, on se noie. J'ai survolé des paragraphes entiers, à force d'être engluée dans ses opinions sur tout et n'importe quoi. Si j'ai terminé le livre, c'est bien pour savoir ce qui arrivait à Ana. En fait, Tom Charbit aurait dû reprendre son souffle un peu, et continuer dans la veine de la première partie. Je trouve dommage de fiche en l'air un bon début avec un joli style, intéressant, pour tomber dans le verbiage.

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Opération Masse Critique Babelio en partenariat avec les éditions Seuil.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Livre lu dans le cadre d'une opération Masse Critique spéciale. Un grand merci à Babelio pour cette proposition, ainsi qu'aux éditions du Seuil pour leur envoi.

"Pour vivre heureux, vivons perchés"... Ce slogan sur tee-shirt vantant les bonheurs des altitudes "stupéfiantes" résume une partie des Sirènes d'Es Vedra. Une partie seulement car le premier roman de Tom Charbit est beaucoup plus riche que la seule évocation des souvenirs de Juan Llosa, DJ mondialement reconnu et un des maîtres de la musique électronique. Pour être perché, il l'est! Ou plutôt, ses vingt années précédant le récit l'ont été. Alcool, drogues de toutes sortes, célébrité, sexe et jolies plages... tout y est. Y compris l'envers du décor : le jetlag permanent, le dos bousillé par la station debout des heures et des heures, le sommeil en infimes pointillés, les redescentes et les mauvais trips, la surdité forcée par ce genre de vie....

D'où la décision du narrateur de décrocher et d'aller se terrer dans un coin de l'Ardèche. Pour calmer ses acouphènes (pas simple quand le mistral donne à plein). Surtout pour cacher à la planète techno qu'il devient sourd et ne se sent plus apte à assurer ses sets sans grabuge. Et, inconsciemment, pour faire le point à la charnière de la quarantaine.

Difficile de trouver plus opposé comme mode de vie... Et pourtant, l'adulé des clubbers va finir par s'intégrer à l'ambiance d'habitués du petit bar de Ouioui, loin des projecteurs, des bimbos et des "croquettes" qui envoient planer très haut. Ici c'est plutôt tournées au blanc et la découverte de la "poire-chat" (alcool de poire - liqueur de châtaigne... aïe aïe aïe). Et des gens attachés à leur terre, à la préservation de ce qui peut encore l'être dans l'environnement. Et prêts à batailler contre les velléités d'utilisation du gaz de schiste. Juan le fêtard non-stop et insouciant découvre ici l'engagement éthique et l'éthique de vie. Des éthiques même avec les exilés volontaires des grandes villes venus retrouver du sens en Ardèche. L'auteur se révèle grinçant dans la description de certaines "modes" de vie.

Juan revient également sur les amours volatiles de ses deux décennies perchées. Et sur son grand amour d'étudiant.

À travers son narrateur, Tom Charbit pose un regard lucide et souvent amer sur notre époque, sur la vie et ses aléas voire ironies dramatiques. La question des choix que l'on fait et qu'il faut assumer ou payer revient régulièrement au long de ses pages.
J'ai apprécié le style net et direct de l'auteur, sa façon de montrer nombre de clichés pour mieux les démonter et faire voir les réalités sous les façades. J'ai aimé ses descriptions de l'Ardèche, qu'il connaît bien, qui dépeignent sa beauté âpre aussi bien que ses côtés moins faciles à vivre.

Et quid du titre dans tout ça? Es Vedrá est une petite île voisine d'Ibiza. Certains pensent que c'est là qu'Ulysse entendit les fameuses sirènes dont le chant trop beau amenait les marins à fracasser leur navire sur les écueils. Une symbolique très forte en filigrane du récit. Car vouloir écouter les sirènes à un prix. Élevé, forcément.

Une belle découverte, en conclusion, que ce roman. Beaucoup de profondeur, beaucoup de thèmes abordés (peut-être un peu trop même), une écriture plaisante à lire et une dernière partie qui prend aux tripes. Que dire d'autre sinon "Encore!"
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Jean, alias Juan, ne fait pas exception à la règle: 40 ans, grosse crise existentielle. Mais dans son cas, c'est son corps qui lui dit stop, ses oreilles plus exactement! D.J depuis 20 ans tout autour de la planète, il a survécu aux nuits blanches encocaïnés, aux cocktails drogues-alcool -malbouffe-sexe, aux heures passées dans les aéroports et les avions, mais ce sont les acouphènes qui auront raison de lui. Et ses pertes d'audition, des pages blanches angoissantes qui l'empêchent de continuer.
Juan s'installe malgré lui dans la maison que son ami Vincent avait acheté en Ardèche, s'imaginant déjà vivre une vie de famille pépère au soleil quand il aurait laissé tomber la frénésie de la techno avant que sa femme réclame le divorce.
Après 20 ans de frénésie nocturne et de fêtes, Juan se retrouve donc isolé de tous dans cette grande maison, avec pour seul compagnon un chat sauvage et bientôt, des ruraux activistes. le voici bien forcé à lever le pied, à accepter de se laisser vivre au jour le jour, réapprendre à vivre au rythme du commun des mortels et à écouter son corps.
Plus de fuite en avant, rien non plus pour le retenir de penser à Ana, son amour de jeunesse, l'amour de sa vie, qui refait surface de temps en temps, amoureuse et enceinte d'un abruti.
Tom Charbi nous emmène lentement dans la métamorphose que vit Juan tout au long de cette année 2015 lors de cette retraite ardéchoise qu'il affronte non sans humour mais qui surtout lui permet de mûrir enfin.
J'ai aimé découvrir de plus près ce monde de la nuit, le monde des D.J, mais j'ai surtout été touchée par ce quadragénaire qui refait sa vie à la campagne, car c'est tellement d'actualité. Tom Charbit a lui-même quitté Paris et l'enseignement pour se reconvertir en céramiste en ... Ardèche!
Un beau premier roman prometteur plein d'humanité.
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Juan va bientôt avoir 40 ans et il a passé plus de la moitié de sa vie à mixer sur ses platines dans le monde entier. A l'instar du show-biz, il y a certes la notoriété, la reconnaissance, la vie riche de rencontres, le fric qui pleut... Mais il y a aussi une face beaucoup plus sombre : l'alcool, la drogue, le sexe avec plus ou moins tout ce qui passe, la surdité progressive et le décalage horaire qui flingue, même jeune, l'organisme.

C'est tout cela qui est abordé dans ce 1er roman de Tom Charbit. Juan échange son logement parisien avec un de ses pairs, Julian, qui a une maison en Ardèche. Après une adaptation un peu compliquée, Juan s'habitue aux gens et à la vie du village, à la nature qui l'entoure et qu'il apprécie de plus en plus. Il tire donc un 1er bilan de sa vie et parle en fil rouge d'Ana, son premier amour, plus ou moins le rendez-vous raté de sa vie. Mais cette dernière n'est-elle pas qu'une accumulation de hasards plus ou moins heureux qui s'enchaîne au fil du temps ?

J'ai aimé le ton direct de l'auteur, notamment car il rend très bien compte de l'hypocrisie omniprésente dans le monde entier et dans la vie des Hommes. Il connaît bien le monde des DJ. Les personnages secondaires sont aussi hauts en couleurs, tels qu'Aurore, cette révolutionnaire prête à tout péter pour empêcher l'extraction par forage du gaz de schiste. Je ne m'attendais pas à aller sur ce terrain-là. le dernier tiers du livre est bon, surtout pour un premier roman. Mais il y a aussi quelques longueurs.
Je ne suis aussi conquise que la plupart des autres Babéliotes dont les critiques sont élogieuses mais je conseillerais ce roman à tous les curieux et aux inconditionnels des rentrées littéraires.
Je remercie Babélio et les éditions du seuil pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique privilège et je profite de ma première critique de 2022 pour souhaiter une excellente année à tous.
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Échangeant avec son ami Julian, DJ comme lui, son appartement parisien contre une maison modeste en plein milieu de l' Ardèche, Juan ne se doutait pas que cette décision allait changer sa vie à tout jamais.

Ce quadragénaire qui avait l'habitude des excès de la nuit (musique, filles, drogues) mais qui a connu une vraie descente aux enfers à cause de ses crises d'acouphènes qui l'ont rendu totalement désoeuvré, va réapprendre à apprécier les plaisirs simples provoqués par la vie diurne et inconnus jusque alors

Parmi les beaux livres de rentrée littéraire de janvier, "Les Sirènes d'Es Vedrá" est le premier roman de Tom Charbit, un manuscrit que la maison d'édition Seuil dit avoir reçu par la poste ce roman qui a enthousiasmé toute la maison et nous a beaucoup séduit également .

Récit intime et un peu désabusé d'un ex roi de la nuit qui va apprendre l'essentiel dans une retraite en Ardèche, Les Sirènes d'Es Vedrá" bénéficie de la plume à la fois acerbe et pétrie d'autodérision d'un romancier qui semble avoir mis pas mal de lui dans le personnage principal.

Il y a pas mal de souffle et de justesse dans cette observation mi lucide mi amusée des dérives d'un monde urbain sans cesse en mouvement et d'une quête inassouvie du bonheur

Ce séjour ardéchois qui est dans ses deux premiers tiers une critique de notre société, avant de virer dans le (mélo) drame dans sa dernière partie, assez déchirante, vaut largement le coup d'oeil, et même plus que cela ! livre lu dans le cadre de l'Opération Masse Critique Babelio en partenariat avec les éditions Seuil.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Juan Llosa, trente-neuf ans, DJ depuis plus de vingt ans, se voit brutalement obligé de changer de métier. Comme il le reconnaît lui même, il ne connaît rien en dehors de ce métier, et la réalité n'est vraiment pas "sa came" à lui qui a parcouru la planète, connaît tout des clubbers, du monde de la fête et de la nuit.
En revanche, la came, la vraie, il la connaît bien.
Il viendra habiter la maison de famille de Julian - un ami musicien originaire d'Ardèche, et lui confiera en échange son appartement parisien.
Quel défi d'habiter une maison assez délabrée dans un village un peu perdu - mais tout est fait pour que l'ami d'un enfant du pays se sente chez lui : dans le village on a le sens de l'accueil, on vit au rythme des saisons, on supporte les migrations de touristes, on se retrouve pour faire la fête. Juan reste en contact avec des amis, et en particulier avec Ana, une jeune femme qu'il a connue et aimée "dans une autre vie", et qui vit à Paris avec son compagnon et un bébé, Sascha.

J'ai reçu Les Sirènes d'Es Vedrà dans le cadre d'une Masse Critique de Babelio, et je remercie les Editions du Seuil.
Le titre du roman fait référence à l'Odyssée : les habitants d'Es Vedrà, île voisine d'Ibiza, affirment que c'est là que se trouvaient les sirènes qui, selon Homère, tentèrent d'ensorceler Ulysse. Je ne pense pas que j'aurais, de moi-même, choisi de lire un roman sur l'histoire d'un DJ en pleine reconversion. Et j'aurais eu tort. En sortant de ma zone de confort j'ai beaucoup appris sur le monde de la nuit, les fêtes, un monde du divertissement incroyable ou rien n'est jamais impossible ! Mais c'est surtout la nouvelle version de Juan qui m'a intéressée, sa rencontre avec une région et des habitants à mille années lumière de sa vie antérieure. Ses faux-pas, sa bonne volonté et sa prise de conscience des difficultés d'un monde rural qu'il apprend à connaître et apprécier sont bien décrits. J'ai beaucoup aimé le style précis de l'auteur, les dialogues, l'humour des situations. La dérision n'est jamais loin : autodérision mais aussi réflexion désabusée sur notre monde et ses valeurs artificielles. Je garderai à l'esprit les superbes descriptions de l'Ardèche. Un seul regret : certaines longueurs et des explications vraiment inutiles.
La fin du roman est inattendue, et nous fournit un nouvel éclairage.
Un beau moment de lecture.
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