AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,28

sur 115 notes
5
62 avis
4
15 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hannibal, pour tenir le serment fait à son père Hamilcar, part en guerre contre Rome. Tout le monde a entendu parler de cette guerre violente, de ces combats meurtriers et, bien sûr, de la fameuse traversée des Alpes avec les éléphants. Mais qui connaît le nom d'Himilce ? L'épouse ibère du général carthaginois. Qui s'interroge sur son sort, sur ce qu'elle a ressenti, loin de chez elle, loin de son époux, pendant les mois, les années, qu'a duré ce conflit ? Emmanuel Chastellière, lui, s'est penché sur cette figure féminine.

En 218 avant notre ère, Hannibal lance son expédition vengeresse contre Rome. Il part de sa base arrière sur notre continent, l'Espagne (enfin, l'endroit où existe l'Espagne actuellement, car ce pays n'existait pas tel quel, bien évidemment, c'était un assemblage de nombreux peuples). Pour s'assurer de la solidité de ses alliances avec les peuples locaux, il a épousé la fille du roi, Himilce. Mariage de raison, comme souvent à cette époque dans ces strates de la société. Alors que tout s'emballe, Hannibal envoie à Carthage sa jeune épouse. Officiellement pour lui éviter d'être exposée pendant les combats et donc pour la protéger. En fait, elle sert également d'otage : si les troupes de son père ne sont pas fidèles à la promesse de leur souverain, Himilce en paiera le prix. Non dit évident.

Mais Himilce est loin de tout cela. de cette politique mortifère. de ces duels d'ego qui ne mènent qu'à la mort de centaines de milliers d'hommes et de femmes. Elle essaie juste de vivre, ce qui dans son cas est difficile. Pensez-y : mariée à un homme qu'elle ne connaît pas ; qui peu après leur union lui demande de partir afin qu'il puisse mettre sa vie en danger au nom d'une promesse faite à un fantôme paternel ; envoyée dans un pays dont elle ignore tout ; dans une famille qui ne l'aime pas pour elle mais pour ce qu'elle représente ; qui lui demande de jouer, à la perfection, un rôle avec lequel elle est en désaccord. Et tout cela dans une tension perpétuelle due à la guerre, toujours présente dans les esprits même si elle se déroule au loin. C'est d'ailleurs l'une des forces du récit : on entend parler d'Hannibal (on le voit même au début), on est tenu au courant, de loin en loin, de sa progression en Italie. Mais ceux qui espèrent un résumé de la deuxième guerre punique seront déçus. Elle n'est qu'un décor lointain. Tout à fait accessoire. Seule la vie d'Himilce compte vraiment.

Dans la scène initiale, Emmanuel Chastellière pose son personnage : impétueuse, révoltée contre un ordre établi qu'elle considère anormal, elle agit même au détriment de sa santé. Elle fonce, sans réellement penser aux conséquences. Qui seront fâcheuses. Un accident et la voilà boiteuse. Rien d'abominable me direz-vous. Mais à cette époque où tout devient signe du destin, c'est comme une marque. Elle est, d'une certaine manière, maudite. En tout cas, mise à l'écart. Et c'est ainsi qu'elle s'est construite.

Et la voilà qui doit se créer une place dans le palais où sa « nouvelle » famille l'accueille. Froidement. Car elle n'est pas ici pour être pouponnée. Elle représente Hannibal. Elle doit participer à l'effort de guerre. Or, elle n'en a aucune envie. Elle abhorre cette lutte pour la domination de la Méditerranée. Elle veut juste vivre. Alors, elle désobéit et va, grâce à Sophonibaal, un membre de sa nouvelle famille qui se montrera un peu moins rétive, à la rencontre de la ville de Carthage (pas la Carthage pleine de splendeurs de la salammbô de Gustave Flaubert, aux brillantes mais interminables descriptions, mais une Carthage dont on l'impression de fouler le sol tant elle paraît vivante et réelle). Et de ses habitants. Les plus déshérités surtout. Elle se prend d'amitié pour une jeune voleuse après qui elle va courir tout au long du roman, la retrouvant par moments, farouche, révoltée elle aussi. Et elle croise Sabratha, une prêtresse guérisseuse, Hannon, l'ennemi politique des Barca, la famille d'Hannibal. Et d'autres personnages aussi forts les uns que les autres. Aussi ancrés dans cette ville et dans ses troubles politiques et sociaux les uns que les autres. Je pourrais écrire les « unes » plutôt que les « uns ». Car si les hommes sont présents dans ce récit, ne serait-ce qu'à travers le personnage d'Aspar, le garde du corps imposé par Hannibal pour protéger son épouse, ce sont surtout les femmes qui font cette histoire.

On est habitué à voir l'Histoire du côté des guerres et des hommes qui les mènent. Mais on oublie souvent que derrière des dates enseignées en cours d'histoire, derrière des noms de batailles et des bilans chiffrés, derrière les cartes agrémentées de flèches mimant les avancées des troupes, vivaient des gens. Des hommes, certes, mais aussi des femmes et des enfants. Qui ont subi ces évènements jugés assez importants pour être rapportés et enseignés des centaines d'années plus tard. Et ces personnes, on n'en parle pas. Car elles n'ont pas laissé de trace. Et pourtant, leur existence est tout aussi importante que ces chiffres, que ces dates.

Emmanuel Chastellière a su se glisser dans les trous laissés par l'Histoire. Dans ces interstices, il a inséré son histoire. Celle de plusieurs femmes qui, loin de la guerre menée par des hommes, ont joué leur partition. Sans l'avoir choisie, parfois. Comme la mère d'Hannibal, Batshillem, qui s'est donné le devoir de poursuivre la mission de son mari et de tout sacrifier pour soutenir son fils et son expédition. Sans rien laisser paraître, sauf en une rare occasion, elle est la figure de proue de la famille Barca, intraitable, inflexible, tout entière dirigée vers un but : permettre à Hannibal d'anéantir Rome. Et d'autres femmes, encore, que je ne vais pas détailler ici car le temps et le courage me manquent. Mais elles sont nombreuses à m'avoir touché, en plus d'Himilce.

Loin de la cité de Célestopol, Emmanuel Chastellière nous offre avec Himilce un beau roman, qui crie son horreur de la guerre et offre un portrait tendre et dur à la foi d'une femme en proie à une histoire qui la dépasse et qu'elle refuse. Une jeune femme qu'on n'a pas laissé s'épanouir, mais qui qui se révolte et prend sa chance quand elle se présente. Une épouse otage qui n'a de cesse de tenter de forcer ses chaînes et de retrouver, enfin, la liberté.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          352
Himilce ne sera pas resté très longtemps en PAL ! J'ai lu quasiment tous les romans d'Emmanuel Chastellière, et je le remercie de sa confiance renouvelée pour découvrir de roman de fantasy historique. Je suis fascinée par les cultures antiques, donc autant vous dire que j'avais hâte de me plonger dedans (et notons la beauté de la couverture. Alors qu'en ai-je pensé ?

Emmanuel Chastellière nous entraine pendant les guerres puniques, dans les complots et de Carthage. Ce n'est pas forcément un contexte très courant en fantasy et il ne me semble pas connaître de roman historique qui traite de la même période du point de vue des carthaginois. C'est un très bon point, car c'est passionnant et dépaysant d'en découvrir un peu plus sur cette culture rivale du grand Empire romain que l'on connaît assez peu finalement. On sent que l'auteur a énormément travaillé sur l'histoire et la culture de cette civilisation antique. Tenues, traditions, cultes religieux très présents… L'arrivée d'Himilce permet d'en savoir plus à travers les yeux d'une étrangère. L'auteur parle en détail des différents éléments culturels structurants de Carthage, et il a pour cela été aidé de Justine Breton, une historienne férue de pop culture. le résultat est très immersif grâce à une plume fluide, soignée et précise. Les éléments de fantasy sont légers et se retrouvent dans les cultes et croyances, mais aussi dans la présence d'une étrange créature qui semble suivre la protagoniste.

A travers le regard critique d'Himilce, le lecteur découvre que le peuple de Carthage et ses dirigeants sont véritablement fascinés par la guerre. Ainsi, le rêve de nombreux jeunes enfants et hommes est de partir combattre les chevaliers romains. Les généraux sont élevés au rang d'idoles quasi divines. Cette dimension offre au roman un rythme particulier. Certains pourront reprocher au roman des moments de lenteur, mais pour moi, ce la fait partie de la volonté de créer un contraste entre deux vision de qu'est une « bonne » vie. En effet, Himilce est envoyée par son époux, Hannibal, vivre dans sa famille, loin du conflit. Un conflit paradoxal, à la fois omniprésent dans la bouche des carthaginois mois lointain car, évidemment, peu d'informations parviennent de l'autre côté de la Méditerranée. La Princesse Ibère n'est cependant pas hors de danger, car d'étranges événements ont lieu et une lutte des pouvoirs s'installe, mais elle profite également de moments de paix et de calme, des moments qui lui donnent l'occasion d'être elle-même plus que jamais. Car la guerre et ses adeptes n'apportent que la mort, la soif de vengeance et la violence. le roman met en avant l'ombre d'une vie simple en comparaison avec l'éclat d'une mort violente et glorieuse dans le conflit et la violence.

Himilce est un très beau personnage. Princesse ibère proche de la nature, contrainte dans une société qu'elle connaît plus, au milieu d'individus qui cherchent à l'instrumentalité, le récit est aussi une quête d'elle-même. En tant que membre de la famille royale, elle a un rôle qu'elle doit tenir. Enfanter, rester digne et discrète, soutenir les choix du pouvoir… Autant de rôles intenables pour une jeune femme que l'on découvre passionnée, mais surtout animée par une volonté d'apporter la justice. Himilce est donc une antithèse de Carthage à cette époque, avide de paix et d'honnêteté. Il y a dans le roman des scènes où l'on peint son portrait. Elle est à peine présente pour ces sessions, ce qui aboutit à un portrait au sourire faux et lisse, comme ce qu'on lui demande d'être aux soirées et rites auxquels elle doit assister pour faire bonne figure. Himilce refusera tous les rôles préconçus qu'on lui impose, Mère, Princesse… Elle reste avant tout elle-même malgré les forces qui tentent de la contrôler.

Himilce est loin d'être le seul personnage marquant du roman. Pendant la guerre, nombreuses sont les femmes qui restent à l'arrière. Emmanuel Chastellière construit des personnages subtils. La mère d'Hannibal, Bastilhem, semble avoir abandonné tout ce qui fait d'elle un individu pour embrasser son rôle de Reine toute entière. Il faudra du temps pour voir la mère à travers les fêlures, ce qui en fait un personnage marquant par sa sévérité, mais aussi par le rôle politique important qu'elle emprunte en l'absence de ses fils. Himilce croise d'autres femmes qui ont des rôles jugés comme déviants dans la société, comme une prêtresse d'Astarté, dont le culte est lié à une forme de prostitution, mais aussi guérisseuse et guide pour les femmes, adoptant de nombreux rôles tabous socialement.

Le roman d'Emmanuel Chastellière marque par son personnage principal. Himilce, oubliée de l'histoire, devient ici une femme indépendante qui n'aspire qu'à une vie calme proche de la nature. Peu politique, artistique et compatissante, elle se dédie à aider le peuple, peu intéressée par les affres de la guerre. Mais sa naissance et son statut la ramènent au centre de complots aux guerres puniques, qui la rattrapent sans cesse. L'auteur propose un texte détaillé qui nous plonge dans la sensibilité complexe de la jeune femme. Il met également en scène une Carthage immersive, avec ses croyances, ses mythes, son obsession pour la gloire guerrière et ses jeux de pouvoir où les apparences sont toujours centrales. Himilce, étrangère qui tente de s'intégrer sans jamais pleinement parvenir à s'effacer dans le rôle qu'on lui impose, offre un regard parfait.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
Commenter  J’apprécie          140
Parmi mes dernières lectures 2023, j'ai lu et aimé Himilce d'Emmanuel Chastellière.

Depuis quelques temps, les romans donnant la voix à des héroïnes antiques issues soit de la mythologie greco-latine, soit de l'Histoire, fleurissent sur les étagères des librairies. Si certains ne sont pas très bons, d'autres se distinguent par leur qualité d'écriture et de recherche pour reconstituer un contexte historique vraisemblable. Himilce fait partie de ceux-là.

L'auteur a choisi de sortir de l'ombre un personnage historique méconnu, Himilce, l'épouse d'Hannibal. Si son mari est connu de tous et la guerre contre les Romains bien documentée, on ne sait pas grand chose d'Himilce et les sources historiques sont plutôt avares de détails. Emmanuel Chastellière s'est donc glissé dans ces brèches pour nous raconter l'histoire de cette femme méconnue à travers une fiction touchante. Je me suis bien laissée emporter par le récit et j'ai quitté à regret cette héroïne qui a souhaité prendre son destin en main.

Hâte de découvrir les prochains projets littéraires d'Emmanuel Chastellière !
Commenter  J’apprécie          100
L'histoire d'Hannibal, le célèbre général carthaginois, est fascinante et a marqué durablement les esprits puisqu'on le connait encore.
Dans ce roman, Emmanuel Chastellière nous propose de découvrir la vie de sa femme, Himilce, dont l'existence historiographique se limite à quelques sources, peu fournies.

La quatrième de couverture contient une phrase qui résume parfaitement l'ambition de l'auteur (ce qui n'est pas toujours le cas...) :
"[Emmanuel Chastellière] signe une réflexion sur L Histoire et ce qu'elle retient : les hommes plutôt que les femmes, la guerre plutôt que la paix."
Tout est dit, et le contrat est rempli dans les pages du roman.

De son Ibérie natale aux ruelles de Carthage, la vie d'Himilce est pleine de codes, de cadres et de règles. Jusqu'à en devenir étouffante.
Éprise de liberté, de justice et de découvertes, celle que l'on nomme Chimilka en terre punique va batailler pour trouver sa place et reprendre en main sa vie, faire ses propres choix, s'affranchir (d'une partie) des convenances.

Parmi les thématiques abordées, les ravages de la guerre et ce que l'on appellerait aujourd'hui le "syndrome de stress post-traumatique" pour les soldats - au premier rang desquels Aspar.

Le travail de documentation de l'auteur est important et les intrigues locales et internationales agitant la cité sonnent tout-à-fait crédibles.
Les pages défilent et on suit les péripéties d'Himilce avec intérêt.

Un vrai bon moment de lecture, un roman qui vaut le coup d'oeil - et à la couverture magnifique, ce qui ne gâche rien.
Commenter  J’apprécie          90
Himilce est un superbe personnage qui sort de bien des clichés de la littérature : une héroïne pacifique, qui fuit le pouvoir, remplie de bonté et qui ne cherche pas s'imposer aux autres. Ca fait un bien fou de lire une histoire qui fait la part belle à une telle femme, en nous la montrant dans toutes ses nuances, et en nous montrant à quel point c'est une femme forte, loin des clichés des héroïnes badass.

J'ai donc beaucoup apprécié le travail d'Emmanuel Chastellière sur ce personnage, qui en plus l'intègre parfaitement à cet environnement qu'est Carthage, passant des messages très actuels sans forcer, sans sembler pour autant anachronique. le travail d'historiographie qu'il a fait, et l'idée d'amener le lecteur vers un pan méconnu de l'histoire sont également à saluer (personnellement, sortie du fait qu'Hannibal avait des éléphants et a traversé les Alpes, je ne savais rien de rien sur la période, à tel point que je ne plaçais pas Carthage au bon endroit sur une carte^^).

J'ai plus de réserves sur le style, qui est très onirique, très sensoriel, et qui m'a parfois rendu les choses confuses. Je pense que c'est quelque chose de très personnel, et que cet aspect plaira à beaucoup de monde, mais j'avoue avoir été de mon côté peu réceptive.

En tous cas, ce roman reste une chouette réussite, que j'aurais aimé aimer plus, mais qui regorge de qualités.

Pour une longue discussion en vidéo à laquelle j'ai participé : https://youtu.be/i_WFSxOtCME
Lien : https://youtu.be/i_WFSxOtCME
Commenter  J’apprécie          70
L'Histoire et moi, cela fait deux. Je n'y connais rien et je dois dire que cela ne me passionne pas tant que ça ... Je me suis donc plongé dans Himilce sans grandes attentes, je ne connaissais pas Hannibal Barca (hein quoi ? c'est pas Hannibal Lecter le nom ?) et donc encore moins sa femme Himilce, je ne savais pas où était Carthage, que des éléphants avaient été utilisé à cette époque, bref vous voyez le topo.

J'ai globalement bien aimé ce livre, je pense que mon manque d'intérêt pour les aspects historiques n'a pas aidé et aurait pu me permettre d'apprécier vraiment plus, mais le portrait de femme d'Himilce a permis de me faire passer un bon moment. Ce n'était pourtant pas gagné, il est parfois difficile de faire apprécier un personnage principal dont on fait le portrait, femme de, qui n'a pas laissé grande trace dans L Histoire et alors qu'il n'y a pas réellement d'action. On aurait pu s'ennuyer, Himilce aurait pu nous lasser, mais finalement cela n'a pas été le cas, son personnage est très intéressant, très bien construit, tout en nuance, et assez original.

Je pense que c'est un récit qui pourra plaire à beaucoup de monde, férus d'Histoire ou non, car je n'ai quand même pas passé un mauvais moment. Vous pouvez donc foncer, vous ne serez pas décus.

Lien : https://www.youtube.com/watc..
Commenter  J’apprécie          50
Himilce, c'est l'histoire d'une réussite inattendue. En effet, les débuts ont été compliqués, car je me perdais dans les noms, les dates et les enjeux politiques. Surtout, je manquais d'imaginaire, car c'est selon moi plus une fiction historique que de la fantasy.

Par chance, Himilce, cette héroïne forte et déterminée, m'a attrapée dans ses filets dans la seconde moitié du roman. Acceptant son destin d'épouse d'un grand général et le défiant tout à la fois, elle porte des messages forts et suscite des émotions qui sonnent vrai. J'ai donc choisi d'aller au bout de ce récit, et quelle bonne idée ! le final est absolument épique !
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
Commenter  J’apprécie          40
Si tout le monde a déjà entendu parler du général Hannibal Barca, on ne peut pas en dire autant de son épouse, Himilce.
Dans l'Antiquité, autour du troisième siècle avant J.-C., Himilce, jeune princesse ibère, se voit mariée au déjà célèbre Carthaginois Hannibal Barca pour servir les intérêts militaires et politiques de son père.
Le rôle dévolu à Himilce est celui de l'épouse modèle, aimante et multipare. Hannibal partant guerroyer, il envoie sa femme à Carthage (place forte de l'Antiquité située en actuelle Tunisie), où l'accueille sa belle-famille, qu'elle va rencontrer pour la première fois. Sur cette côte sud de la Méditerranée la jeune épouse se retrouve plongée dans un univers dont elle ne maîtrise ni les codes ni les coutumes, auprès de la mère et de la soeur d'Hannibal, qui vont faire en sorte de l'enfermer dans une cage dorée. Mais Himilce ne se laissera pas faire : elle est forte et refusera de se plier au carcan qu'on lui impose.
Avec ce roman, Emmanuel Chastellière nous invite à suivre, dans la Carthage cosmopolite de l'Antiquité, le destin hors norme d'une femme libre et engagée, qui ne va pas hésiter à mettre sa vie en péril pour défendre ses convictions.
Le lecteur est immergé dans les rues de Carthage, leur dureté, leurs odeurs, leurs tensions, leurs coutumes, leurs traditions. Et Himilce, personnage solaire et fascinant, s'affirme, s'émancipe, nous offrant une figure militante et féministe de premier choix.
Malgré l'époque à laquelle il se situe, on peut dire que Himilce est un roman résolument moderne et engagé, qui m'a beaucoup apporté et que j'ai pris grand plaisir à découvrir.
Commenter  J’apprécie          40
Si l'on entend le nom "Carthage", on pense souvent, voire immédiatement à l'Antiquité. Après ce réflexe cérébral, on tente de situer la célèbre ville antique que l'on localise sur le bassin méditerranéen. Et quand on cherche un peu, on précise la localisation de Carthage dans l'actuelle Tunisie. Aujourd'hui ville résidentielle elle a été une place forte au quatrième siècle avant Jésus-Christ, avec son lot de guerres, conflits, grandes campagnes de conquêtes. de grands auteurs comme Flaubert avec salammbô ont dépeint cette histoire de manière fictionnelle. Dans Himilce, Emmanuel Chastellière s'empare de Carthage dans son nouveau roman paru chez Argyll Editions.

Carthage, 3ème siècle avant JC. La ville fait face à l'empire romain avec Hannibal Barca prêt à mener le combat pour la cité punique. Himilce, son épouse venue d'Ibérie, débarque à Carthage et doit se fondre au palais dans la parure de la femme soumise, aimante et prête à enfanter un héritier. Mais c'est bien loin de la nature d'Himilce. Elle n'aura de cesse de sortir de sa prison dorée, parcourir la ville , aider les plus démunis au grand dam de son "garde du corps" ou encore de Batshillem, la mère régente. La fille d'Ibérie va vivre des aventures, bien loin de la vie tranquille au palais et des courtisans, pas toujours bien attentionnés.

Pour les lecteurs d'Emmanuel Chastellière, sachez que vous allez être loin de l'univers de son précédent roman, Celestopol et cela montre, s'il fallait encore, le talent d'écriture du fondateur du site elkabin.net. Il vous offre un formidable roman de fantasy historique qui prend le parti de faire de l'épouse du conquérant le personnage principal de son récit. Il s'appuie sur des figures historiques qui ont existé pour romancer leurs vies. Loin d'être servile, Himilce montre le visage d'une femme forte, indépendante, moderne, qui n'a pas froid aux yeux, assume pleinement sa position, son origine, la raison de son mariage mais aussi la maîtrise de sa vie. C'est brillant, intelligent, dépaysant. La linéarité du récit embarque le lecteur dans le périple d'Himilce à travers son chemin semé d'embûches que l'on ne va pas dévoiler ici, avec une galerie de personnages, tout aussi intéressant les uns que les autres. Himilce dépoussière le roman antique et donne envie de prendre le bateau pour se rendre à Carthage.
Lien : http://www.rcv99fm.org
Commenter  J’apprécie          40
Un roman sur une figure féminine de l'antiquité, comment un coeur de Lettres Classiques pourrait résister me demanderez-vous ? Eh bien il ne peut pas ! Nous avons eu la chance de recevoir Himilce en Service Presse et nous remercions grandement les Éditions Argyll pour cet envoi qui nous a ravies au plus haut point.

Alors, il faut tout d'abord savoir que, lorsque j'ai lu le résumé de ce roman, je m'attendais à moult actions et rebondissements, à un rythme effréné digne des romans sur la guerre que j'ai l'habitude de lire. Sachez qu'il n'en est rien. Himilce est un roman qui prend son temps. Qui pose les choses. Qui pèse ses mots. Et cela n'a fait que me faire apprécier un peu plus cette lecture si particulière.

La singularité de ce roman, qui traite de la guerre et de la politique dans l'Antiquité, est le fait que l'auteur a trouvé le moyen de le rendre profondément intimiste. le roman porte bien son nom, Himilce est au coeur même de cette histoire, Hannibal hantant les ombres autour d'elle. Mais il n'est qu'une ombre et elle est la lumière. Les autres personnages, connus pour la majorité des passionnés d'Antiquité, ne font que graviter autour de cette protagoniste si peu connue de l'histoire. Une protagoniste dont j'ai mis un petit moment à m'attacher, à apprécier à sa juste valeur. Pourquoi ? Eh bien parce que Himilce n'est pas un personnage ordinaire.

Himilce n'est ni belle, ni particulièrement intelligente et ne possède pas de talent particulier. C'est une femme ordinaire (du moins pour une princesse), estropiée qui plus est, qui se retrouve mariée au grand et redoutable Hannibal pour des raisons politiques. Or, la politique n'intéresse pas Himilce et la guerre, elle la méprise. Ce dont rêve Himilce, c'est de paix et de liberté. Hantée par les dieux depuis toute petite, elle ne cherche que l'apaisement de l'esprit. Mais la famille Barca ne vit qu'à travers la guerre et la politique. Les hommes au front, les femmes sur les places publiques de Carthage, ils ne reculent devant rien ni personne pour se débarrasser de la menace que représente Rome. J'ai beaucoup aimé avoir cette dichotomie entre les positions de Himilce et celle de la famille Barca.

Le rythme est donc lent, il y a assez peu de dynamisme mais cela n'entache en rien la lecture une fois qu'on est prévenu. On prend le temps de s'attarder sur les pensées, sur les sentiments et sur une ambiance toute particulière que j'ai beaucoup appréciés. On prend également le temps de découvrir la tristement célèbre cité de Carthage, avec parfois son propre langage et ses coutumes. J'aurais aimé avoir un peu plus de détails la concernant mais l'axe de ce roman ne le permet pas. Cela aurait donné lieu à des digressions non pertinentes alors on se satisfait tout à fait de suivre Himilce à travers les rues et les temples de la cité.

Pour conclure, ce fut une étonnante et très agréable lecture, surtout pour une passionnée de l'Antiquité telle que moi. Je me suis éprise de Himilce et de son désir d'indépendance et de liberté et j'espère que vous lui donnerez l'opportunité de conquérir votre coeur également.
Lien : https://lifeisarealbook.com/..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (456) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2507 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}