Enfin, ENFIN ! Voilà plus de deux semaines que j'ai terminé cette petite pépite, et je trouve enfin le temps ET l'énergie de m'atteler à la rédaction de sa chronique. Pas trop tôt, non ? Parce qu'il faut que je vous en parle, n'en doutez pas une seconde :
La piste des cendres m'a beaucoup, beaucoup plu, et c'est peu de le dire : je l'ai savouré autant que faire se peut, complètement sous le charme de l'intrigue passionnante mise en place par l'auteur.
Nouveau Coronado, 1896. Alors que le colons se sont installés en maitres sur le continent, Azel, lui, ne sait quel sens donner à sa vie : fils d'un grand propriétaire terrien et d'une indigène, ses origines font de lui un être à part, où qu'il aille. C'est donc dans les montagnes qu'il a trouvé refuge, où il exerce désormais comme chasseur de prime. Mais la vallée gronde : les privilèges des uns deviennent les fardeaux des autres, le Nord s'enflamme contre le Sud, et l'ailleurs semble soudain préférable à l'ici. Bien décidé à rester en dehors de tout cela, Azel refuse net quand sa belle-mère implore son aide pour guider à travers les plaines un convoi d'indigènes… Avant de consentir à les mener en sécurité relative. Et de plonger, par la même occasion, dans le cours des évènements qu'il aurait voulu éviter…
Ce roman… Ce roman ! N'ayant pas encore eu la chance de lire
L'Empire du Léopard, je ne pourrais vous dire s'il est plus judicieux de découvrir la Péninsule de la Lune d'or par celui-ci, ou par
La Piste des cendres. Étant donné que l'action de ce dernier se situe vingt-cinq ans après les évènements relatés dans
L'Empire du Léopard, j'imagine que suivre l'ordre chronologique n'est pas dénué de sens ^_^ Cela ne m'a pas pour autant posé problème, et c'est avec des yeux émerveillés que j'ai découvert le cadre sublime imaginé par l'auteur, rendu avec force descriptions et détails qui ont ravi mon coeur de lectrice. La plume d'
Emmanuel Chastellière est particulièrement immersive, et l'on s'imagine sans peine déambuler aux côtés d'Azel, empruntant ces chemins escarpés de montagne ou plissant notre nez sous les assauts agressifs des odeurs de la ville. Cet univers est tout simplement… Richissime, fastueux, tissé d'une multitude d'influences que l'on se plait à traquer au fil de notre lecture :
Emmanuel Chastellière fait les choses en grand, et c'est éblouissant, simplement. L'intrigue n'est, cependant, guère en reste : foisonnante et tortueuse, celle-ci m'a passionnée de bout en bout. Alors que l'on suit en parallèle l'évolution de la poudrière qu'est Carthagène, la capitale du Nouveau Coronado, et le destin personnel d'Azel, ces pistes vont peu à peu se complexifier, se densifier et, finalement, se rejoindre : c'est à la fois admirablement bien fichu – j'ai lu, je ne sais plus où, que
La piste des cendres pouvait être comparé à un mix entre du
Jaworski et un bon vieux western : concernant la maitrise de l'intrigue et de ses multiples ramifications, je ne peux qu'approuver ! – et plus que prenant : plus on avance et plus on a envie de continuer, les surprises que nous réservant l'auteur ne faisant qu'attiser davantage notre intérêt. L'atmosphère est pourtant loin d'être légère : la frontière entre le bien et le mal est floue au possible, et l'ambiance s'assombrit au fil du texte : vengeance, révolte, oppression, tout cela sur fond de colonialisme, mâtiné d'une petite touche de folklore et de magie…
Emmanuel Chastellière nous offre un récit poignant et fort, qui nous prend aux tripes et nous colle des frissons. Oui, oui.
Et les personnages, dans tout ça ? Force est de dire qu'ils sont à l'image du reste : tout en nuances, et d'une profondeur qui ne peut que nous laisser admiratifs. Trois principaux se partagent la scène – Azel, Artémis et Zuihatza – et tous se démarquent par leur ambivalence, mais aussi par un charisme indéniable. Azel a aussitôt suscité mon empathie, lui qui est pourtant aveuglé par sa vengeance -et l'on peut comprendre pourquoi, entre nous- et marche souvent sur le fil séparant le bien du mal. Artémis s'éloigne, lui aussi, de tout manichéisme : on adorerait le détester, lui, manipulateur brillant, et pourtant… On y peine. On y peine, parce que cet homme, si peu à sa place dans ce nouveau monde, à tout d'un grand. D'un grand à la moralité tout à fait douteuse – encore que, il a su me surprendre -, mais un grand quand même. Quant à Zuihatza… quelle femme ! Libre, indépendante, forte et, en même temps, vulnérable… C'est cet équilibre qui m'a tant touchée, qui donne tant de crédibilité à ces trois portraits.
Bref, qu'il s'agisse du background, de l'intrigue ou encore des personnages, j'ai été entièrement séduite par
La piste des cendres. Ouvrage complet et complexe, aux influences cosmopolites, il a su maintenir mon intérêt à son maximum tout au long de ses 616 pages… C'est un carton ! Pour une première avec
Emmanuel Chastellière, je suis plus que ravie, que l'on se le dise 😉 Un grand merci à Dup, Phooka, Emmanuel et aux éditions Critic pour avoir rendu possible cette lecture
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