Je connaissais
Maxime Chattam pour l'efficacité de certains de ses thrillers, et pourtant une chronique radio m'a poussé à vouloir lire ce Coma des Mortels. Nous sommes loin de l'atmosphère si chère à cet auteur. Ici, l'intrigue policière est légère pour ne pas dire inexistante. le crime originel est-il l'oeuvre de Pierre ? Voilà la question, que le lecteur arrêtera de se poser après quelques chapitres. Certes, quelques meurtres viennent relancer l'aspect enquête mais autant le dire immédiatement, l'intérêt de l'ouvrage ne réside pas là.
C'est un roman certes, (certains diront sans queue ni tête, et je ne me battrai pas pour les contredire) mais aussi et surtout une succession de pensées de l'auteur (ou présentées comme telles). le sexe est omniprésent, et les différences homme femme aussi. Je ne suis pas certain, que ce roman aurait été publié en l'état après la vague puritaniste de ces derniers mois. Pour l'auteur, tout semble facile et peut se résumer ainsi « Bref, l'amour rend très con. »
Est-ce un bon roman ? A vrai dire, je n'en sais rien, le questionnement de
Maxime Chattam peut interpeller, cette envie de recommencer sa vie en larguant toutes les amarres (en se rendant compte trop tard, que c'est aussi inutile que futile), ces rencontres improbables avec des femmes, dont l'ambition est d'étonner en dinant dans les cimetières ou en se faisant enfermer dans les grands magasins … Bref un univers un peu onirique, avec des réflexions pertinentes certes mais qui ne vont pas au bout des choses. On ne s'attend pas à un traité de philosophie, mais quand même. L'écriture est ciselée, et on sent que l'auteur a fait attention à la forme (peut-être même plus qu'au fond). Ainsi lit-on notamment Je devenais moi, sans fard, sans fioritures. Mon sens moral n'était plus guidé par le diktat d'une société tout entière, mais uniquement par mon éthique personnelle, par ce que moi j'estimais être le bien et
le mal, et cette frontière ne demandait qu'à être définie.
Puis parlant des femmes, il explique comment elles sont conditionnées à devoir mettre la bague au doigt du prince charmant Ce n'est pas de leur faute, elles sont élevées dans cette optique, et plus elles grandissent, plus elles sont confrontées à ce terrible constat . Roman féministe peut-être, condamnation de la perversion du sexe fort à n'en pas douter ( Les hommes, quand monte la fièvre de l'orgasme, deviennent de vrais animaux. ), je ne saisis guère le sens (mais en existe-t-il un ? ) qu'a voulu donner l'auteur. C'est donc un signe, celui de se méfier des chroniques radio ou peut-être celui plus alarmant de fuir les auteurs osant sortir de leur zone de confort.