Isabelle Chazerans nous livre ici un beau témoignage de vie. A l'âge de la retraite, son mari et elle sont partis vivre cinq ans en « cité », dans le cadre de l'association le Rocher. Un autre livre existait déjà ; « Ceux du 11è étage » racontant les trois années d'une jeune famille dans une cité
De Marseille. Livre qui m'avait beaucoup plu et qui m'a décidé à lire celui d'
Isabelle Chazerans.
Le couple Chazerans a tout d'abord passé trois années aux Mureaux, c'est la partie du livre qui m'a le plus intéressée. Ensuite, ils ont fait une année à Nîmes et dans une autre ville. Ces deux chapitres sont moins intéressants.
La beauté du livre, ce sont les rencontres ! Isabelle ne cesse de s'émerveiller devant l'improbabilité des rencontres, des amitiés, de l'accueil, des partages de vie. Que ce soit avec les petits ou leurs mamans, ou même avec les « grands jeunes », violents et vulnérables tout à la fois (les camps « scouts » et les vacances à la mer pour quelques mamans – que les maris ont autorisées à partir ( !) – sont des témoignages réjouissants). le Rocher est favorablement connu des habitants et les Chazerans sont bien accueillis. Par ailleurs, Isabelle souligne la bonne entente et le travail de dialogue entrepris par le curé et l'imam du quartier, ce qui a (un peu) aidé lors des différents attentats.
Une des valeurs fondamentales de l'association le Rocher est l'accueil et l'amour inconditionnel de l'autre. Isabelle et son mari ont parfois du mal à s'en rappeler, mais petit à petit leurs coeurs s'ouvrent en grand ! le livre a quelques belles citations comme : « le Rocher, c'est l'accueil inconditionnel de l'autre, quel qu'il soit, qu'il faut l'accueillir comme il est, avec ses faiblesses, ses limites, ses pauvretés. L'exclure à cause de ses faiblesses, de ses limites, de ses pauvreté, c'est rompre la rencontre. » Et celle-ci de mère Térésa : « le sentiment de ne pas être aimé est la plus grande des pauvretés ».
Mais derrière ces beaux éléments du livre, j'avoue que la lecture a été plutôt difficile. J'espérais je crois qu'un témoignage « de l'intérieur » corrigent ou fassent évoluer les « clichés » que j'ai au sujet des « cités ». Mais le livre ne m'a pas apporté cela. Il confirme plutôt les « clichés » (salafisme, haine de la France et de la police, absence des pères, adulation du fils aîné, trafic de drogue au vu et au su de tous, décrochage scolaire, violence, abus de l'AME ou d'autres allocations, polygamie…) Car le but du livre n'est sans doute pas là.
Isabelle Chazerans ne cherche pas à embellir la situation, elle vient juste apporter une présence accueillante et de l'amour à des personnes qui en manquent.