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3,55

sur 321 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai un faible pour les fictions s'inspirant de faits réels. Ou qui sonnent comme telles. L'exercice n'est toutefois pas aussi simple qu'il n'y paraît.

J'ai récemment lu Nickel boys inspiré d'un centre de redressement pour jeunes "délinquants" dans l'Amérique des années 60. J'avais été plutôt séduit, mais il me manquait quelque chose.

Et ce quelque chose, je l'ai trouvé dans le (court) roman de Jacques Chessex. Ce quelque chose, c'est un côté viscéral. Des tripes... il y en a dans le Vampire de Ropraz, au propre comme au figuré.

Le fait divers: 1903, Haut-Jorat vaudois, 3 corps de jeunes filles récemment inhumées sont sortis de leur cercueil et sauvagement violentés. Sperme, mutilations post-mortem, décapitation, j'en passe et des meilleures... puis le corps est remis dans sa boîte de sapin. Après quelques errements, l'enquête s'oriente sur un jeune homme inadapté, désociabilisé, pris en pleine copulation avec une vache. Avoir un coupable, c'est le souhait de tout le monde, du peuple au magstrat. Et si en plus il n'a pas toutes ses frites dans le même sachet, c'est encore mieux. Tout va lui être imputé, et même davantage. Et qu'importe s'il a subi des viols répétés à l'âge de 4 ans dans la famille où il a été placé...

Jacques Chessex n'est pas complaisant. Non, pas du tout. Un chat s'appelle un chat. Et les scènes sont crûment décrites. Comment pourrait-il en être autrement, d'ailleurs?

Condamné à la perpétuité, Charles-Augustin Favez ira dans un centre psychiatrique, comme objet d'études. Cette science en est encore à ses balbutiements. Quelle aubaine que ce Favez. Mais il s'évadera. Chessex le place alors dans la Légion étrangère, aux côtés de Blaise Cendrars... Imagination débordante de Chessex. Sublimation de déviances. Convergences de destins... J'adore.

Et le style. Que dire du style... Chessex évolue d'un récit façon fait divers, froid et factuel, à des successions d'images impressionnistes, voire de récits façon "histoires racontées à la veillée un long soir d'hiver". On se balade dans l'hiver 1903 à la façon d'un colporteur fourbu qui affronte les rigueurs de la montagne.
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Il me fallait un roman avec un vampire pour le challenge multi-défis… Je ne suis pas déçue : Jacques Chessex met en scène un vampire bien réel, qui a existé et qui a terrorisé le village de Ropraz et ses environs, là où habitait l'écrivain, justement. Si vous voulez des détails sur le fait divers, suivez ce lien : https://www.le-courrier.ch/sur-le-vampire-de-ropraz-et-environs/. Oui, mais bien qu'inspiré d'un fait divers réel, il s'agit vraiment d'un roman comme c'est mentionné sur la couverture. C'est dans la volontaire confusion entretenue entre roman et réalité que réside en partie la force de ce petit livre.
***
En 1903, Rosa Gilliéron, 20 ans, belle comme un coeur et vertueuse, forcément vertueuse, meurt d'une méningite foudroyante. Comme en plus elle appartient à une famille riche, c'est l'émoi, et tout le canton de Vaud ou presque se précipite à son enterrement. Deux jours plus tard, on retrouve la tombe profanée. On exhume le corps et on découvre horreur après horreur : le cadavre a été violé, la main gauche coupée, la tête mordue, mâchouillée à différents endroits, quasi détachée du corps et enfoncée dans le tronc, quant aux seins et au sexe, les outrages qu'ils sont subis vaudront au coupable son surnom dans les journaux dès le lendemain de l'horrible découverte. Ajoutons que le coeur a disparu. Les mêmes abominations se reproduiront sur les cadavres de deux autres femmes le mois suivant, dans cette même région du Haut-Joraz. On soupçonnera plusieurs hommes, souvent pour des motifs plus fallacieux les uns que les autres, et voilà qu'on surprend Charles-Augustin Favez, garçon de ferme, colosse alcoolique et simplet, « en train de s'exécuter sur une génisse entravée »… Son compte est bon malgré les doutes du psychiatre qui l'a rencontré…
***
Le vampire de Ropraz raconte d‘horribles événements et Jacques Chessex, avec son grand talent de conteur, nous fait partager la suspicion qui s'installe entre les villageois, la peur du lendemain, et même une certaine empathie envers « ce malheureux » vampire ou donné comme tel. le narrateur réveille les superstitions, fait revivre des pratiques catholiques disparues de ces contrées depuis des siècles, et réussit à nous entraîner encore plus loin dans les croyances populaires. Parce qu'enfin, cette dame blanche, visiteuse du vampire, est-elle bien réelle ou est-elle l'annonciatrice de la mort telle qu'on la rencontre dans les légendes ? En plus d'être magnifiquement écrit et malgré les sordides événements racontés, ce roman m'a parfois fait sourire : le regard que porte le narrateur sur les différents intervenants est plein d'un humour contenu auquel l'auteur laissera enfin libre cours ; le clin d'oeil à Cendrars et à Moravagine ainsi que la pirouette finale sont de vrais petits bijoux. Il y a des années que je ne m'étais pas replongée dans cet auteur (1934-2009). Un plaisir à redécouvrir…
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Après ma lecture-choc d'Ohio de Stephen Merkley, il me fallait absolument un roman qui allait supporter la comparaison. Et je l'ai trouvé dans le récit de Jacques Chessex. Ce livre présent dans ma bibliothèque avait été lu et adoré par mon cher et tendre et je ne m'étais toujours pas décidée à le découvrir avant que Lolo Coste ne le présente lors du challenge Les Classiques c'est fantastique. Quel heureux hasard : le Vampire de Ropraz m'a tenu en haleine et m'a surtout donné l'occasion de faire le deuil d'Ohio toujours bien présent dans mes pensées.

Jacques Chessex s'intéresse ici à un fait divers dramatique qui s'est véritablement déroulé au début du 20e siècle, en Suisse. Un cercueil nouvellement mis en terre a été ouvert, et le corps de la jeune fille violé, en partie dévoré et souillé. L'effroi touche le village et c'est la course au Monstre. L'enquête piétine et deux tombes sont de nouveau prises pour cible. Encore des jeunes femmes enterrées depuis peu.
C'en est trop pour ces villageois qui voient là l'oeuvre du Diable ou plutôt les méfaits d'un Vampire. La rumeur est lancée, la chasse est ouverte.
Je ne vous dévoile pas le reste du roman car tout se joue en peu de pages et c'est là tout le talent de l'écrivain qui a pu étaler tant d'horreur et de frissons en 96 pages. Aucun détails n'est oublié, les sévices sont décrits, les pensées des personnages également, ce qui ne fait que renforcer le dégoût.

Lien : https://pagesversicolores.wo..
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Dans ce bref roman de 2007, Jacques CHESSEX (1934-2009), peu avant sa mort, exhume celles de jeunes filles dans le canton de Vaud, Suisse romande, au tout début du XXe siècle. CHESSEX s'est en effet intéressé à un fait divers rural survenu tout près du lieu où il avait décidé de vivre dès 1978, Ropraz.

Début 1903, dans cette région protestante de Suisse, Rosa Gilliéron, 20 ans, fille d'un juge de paix et député, meurt d'une méningite. Elle est enterrée dans le cimetière de Ropraz. Mais deux jours plus tard, son corps a été exhumé et profané. de nombreux soupçons, de nombreuses rumeurs enflent sur les habitants des environs. Une véritable psychose collective s'empare des villages.

Moins de deux mois plus tard, à huit kilomètres du drame, même scène d'horreur, rapidement suivie d'une autre, toujours dans le même secteur, une semaine après. La suspicion devient généralisée, de nombreux pays s'intéressent à ces sordides faits divers, jusqu'en Amérique du nord. Les vieilles querelles de clochers réapparaissent dans une région où la misère sexuelle est totale et les croyances ancestrales bien ancrées, « Car partout on a ressorti le Christ qu'on gardait des temps catholiques. Dans tous les villages, les hameaux, maintenant sont accrochés aux cadres des fenêtres, aux espagnolettes, aux linteaux, aux balcons, aux grilles, même aux portes dérobées et aux caves, des guirlandes d'ail et de saintes images qui révulseront le monstre de Ropraz. À nouveau se dressent dans ce pays protestant où on ne les voyait plus depuis quatre siècles ».

La série semble ne plus vouloir s'achever, des vaches sont retrouvées violées, la morbide surenchère est lancée. Un suspect est cependant arrêté : enfance dramatique, parcours chaotique, puis la dérive avec l'alcool comme seul compagnon de route. L'homme est tout d'abord incarcéré puis orienté vers un hôpital psychiatrique. La peine de mort est pourtant abolie mais les « bons citoyens » suisses, avides de « justice », la réclament pour l'accusé.

Dans cette région fortement troublée par l'alcoolisme et la violence, les esprits s'échauffent, les coups bas pleuvent. CHESSEX raconte cette affaire sans nous épargner les détails horribles, sanguinolents, inhumains. Il déroule son histoire à la manière journalistique, joue avec l'affect, devient grinçant, provoque son lectorat qui se questionne. Certes le texte est bref, mais ponctué d'atrocités avant une fin éblouissante où la petite histoire locale rencontre la grande tragédie mondiale de 14-18, nous laissant hagards, une fin digne de ce nom qui marque pour longtemps, qui ne cesse de hanter notre quotidien à propos d'une célébration toute française dont je vous laisse découvrir la teneur.

CHESSEX est reconnu comme l'un des plus grands écrivains suisses, malgré ses excès (il a beaucoup écrit sur le sadisme par exemple), il est aujourd'hui placé presque aussi haut que son aîné helvétique Charles Ferdinand RAMUZ, il est une figure littéraire majeure de ce pays neutre et indépendant. C'est à jour le seul auteur suisse à avoir obtenu le prix Goncourt (en 1973 avec « L'ogre », un texte sur son père suicidé, tragédie qui le dévorera toute sa vie). « le vampire de Ropraz » constitue l'un de ses chefs d'oeuvre, brillamment maîtrisé, rédigé un siècle après l'une de ces affaires qui rongent un pays entier pour très longtemps.

Ce roman me paraît définitivement associé à un autre des grands textes de CHESSEX : « Un juif pour l'exemple » pour plusieurs raisons : brièveté du récit, l'un et l'autre ayant comme point de départ une histoire vraie, l'un et l'autre âpres et fortement dérangeants, l'un et l'autre survenus sur des terres qu'a ensuite beaucoup arpenté Jacques CHESSEX, tous deux écrits vers la fin de sa vie, à deux ans d'intervalle. Et à titre personnel, il m'est difficile de dissocier ces deux oeuvres, puisqu'elles me furent offertes le même jour, il y a de cela quelques années, par un proche, l'un de ceux qui aiment nous pousser dans vos derniers retranchements, vous tirer sans ménagement aucun hors de votre zone de confort littéraire, c'est-à-dire résolument vers le haut. Et il faut bien reconnaître que ce cadeau a parfaitement fonctionné.

En 2009, Jacques CHESSEX est inhumé dans le même cimetière où Rosa tente de trouver enfin la paix.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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J'ai trouvé la plume de Chessex agréable, légère, avec de belles description. le texte est facile à lire.

Malheureusement le livre est tellement court et les personnages tellement survolés qu'on arrive pas à les ressentir, à les apprécier et les détester. On peut se sentir un peu mal avec le passé de Favez, mais c'est tout. Sur ce point, je reste un peu sur ma faim.

Mais il faut dire que je ne suis pas sûr que quelqu'un puisse représenter au mieux l'aspect psychologique du vampire que ce que l'auteur à fait ici.

En lisant, j'ai eu une petite pensée pour ma grand-mère, quand l'instructeur fume un cigare Fivaz. Elle qui, à l'époque, travaillait pour Fivaz. Et je dois dire que je suis aussi contente d'avoir pu lire des noms de bleds que je connais.
Lien : http://les-lectures-de-raksh..
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Un étonnant petit livre (petit par la taille mais grand par le talent!) écrit par un des plus grands écrivains de langue française (Jacques Chessex est Suisse.). Ce roman (mais n'est-ce pas plutôt un récit ?) raconte l'histoire d'un nécrophage et vampire qui aurait sévit dans les premières années du XXème siècle dans un misérable village du Haut-Jorat vaudois. Âmes sensibles d'abstenir ! le coupable tout désigné est un pauvre type, Farez, qu'un procès vite expédié condamne. Or, on perd très vite la trace de ce Farez, jusqu'à ce que... Je ne vous en dis pas plus. Il faut aller jusqu'au bout de ce livre, jusqu'au dénouement qui vous laisse un coup à l'estomac ! UN CHOC ! Un très grand choc comme seuls les très, très grands auteurs savent le faire. LISEZ CE LIVRE, vous ne l'oublierez pas de sitôt !
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J'ai lu ce livre prenant d'une traite. Court et efficace, il revient sur les mentalités traditionnelles, protestantes des suisses roman , au début du siècle dernier. Une écriture serrée, un style grinçant et sans concession. J'ai adoré découvrir cet auteur.
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Du grand Chessex ! Une enquête qui remonte au siècle dernier dans le fin fond du canton de Vaud. Un cadavre de jeune femme horriblement mutilé refait surface. Sans tomber dans le sensationnalisme ni la complaisance, l'auteur analyse les mentalités de ses personnages pour essayer de comprendre comment cette horreur a pu se produire. Comme souvent avec Chessex, la Suisse en prend pour son grade !
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Je suis tombée totalement par hasard sur ce court roman dans une boîte à livres de Suisse romande. Je ne connaissais pas cet auteur et la quatrième de couverture semblait sympa. Vu la longueur du roman (87 pages en poche), je savais que je ne prenais pas de grand risque !
J'ai croqué à pleines dents dès mon retour chez moi, comme attirée par le Vampire de Ropraz et je l'ai véritablement dévoré. J'ai beaucoup aimé cette plongée dans le nord vaudois campagnard du début du XXème, avec cette ambiance sombre que met en place Jacques Chessex grâce de très belles descriptions. On tourne les pages rapidement, on veut en savoir plus sur cette histoire de vampire de Ropraz tirée d'un fait réel. La fin est tout simplement magistrale et j'étais morte de rire !
Un très bon roman (attention aux âmes sensibles) qui ravira une soirée de terreur au coin du feu.
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A Ropraz en 1903, Rosa jeune et jolie fille, meurt d'une méningite. Mais, horreur ! On retrouve son cadavre violé et atrocement mutilé. Il s'en suivra de même pour d'autres jeunes filles... Un roman très prenant et très émouvant à la fois, avec toujours une pointe de glauque et une description presque journalistique des scènes de crimes. J'ai adoré ce livre, ce fut le premier roman de Jacques Chessex dans ma bibliothèque et se sera loin d'être le dernier.
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