Retrouvons notre chère
Agnès Domergue, rencontrée pour la première fois sur les contes en haïkus de Il était une fois... et qui cette fois collabore avec
Marie-France Chevron.
Mee est un album parlant de l'adoption, de façon simple et poétique. Mee, le personnage de la petite fille que l'on suit, se pose beaucoup de questions sur les parents: est-ce qu'un papa est doux, est-ce qu'une maman sent bon, est-ce que les parents apprennent à marcher...
Il y a énormément de symbolique dans cet album, ne serait-ce que dans l'arbre, déjà. En effet les racines de l'arbre sont les racines que nous avons en chacun de nous, qui définit une partie de ce que nous sommes, en témoigne ce que dit l'arbre à Mee: "mais emporte avec toi, tes rêves et un peu de mes racines, qui sont les tiennes aussi...". L'étoile aussi, qui tout d'abord pourrait faire penser à l'étoile du destin, mais aussi la représentation des parents si on lit une première fois l'album; mais encore une fois il y a une citation assez explicite par rapport à cela: "Tous les enfants viennent des étoiles, des étoiles qu'il y a dans les yeux de leurs parents. Ton étoile est là, Mee, regarde et accroche-toi!"
Les illustrations sont vraiment très belles, les couleurs très douces, conférant à l'ensemble une certaine chaleur. le personnage de Mee est vraiment très mignon! Il y a une illustration en particulier qui m'a fait sourire, c'est celle où l'on voit une partie d'un instrument à cordes, à en croire les quatre cordes et l'ouïe sur laquelle Mee est endormie, sans oublier évidemment la forme caractéristique de la table... Je penche pour le violon alto (pour rappel,
Agnès Domergue est altiste dans le quatuor Antarès, et donc le fait qu'elle ait dessiné un alto est un joli clin d'oeil), mais c'est peut-être une conclusion un peu trop hâtive?
Enfin j'ai été frappé par la poésie incroyablement présente dans le texte, déjà par la répétitions des sons "a", "en/an", "ou", "oi"... Il y a même par moments des effets de rimes, des jeux de répétitions d'un même mot... et je ne peux finir mon commentaire sans parler de la plus belle expression jamais lue jusqu'à maintenant, toute lecture confondue, alors que Mee se retrouve finalement dans les bras de ses parents adoptifs: "Mee, belle, belle petite fille née, une deuxième fois..." Déjà cette phrase vient étayer tout ce que je viens de dire en ce qui concerne la poésie du texte, par les assonances et les répétitions, ainsi que les points de suspensions qui invitent à imaginer la suite qu'on espère forcément heureuse; mais surtout je trouve que le fait de dire qu'un enfant, lorsqu'il est adopté, naît une seconde fois, c'est vraiment très fort. Et finir l'album sur ça est vraiment un coup génial! (oui, je suis tout excité)
En conclusion, l'album est un véritable petit bijou de synesthésie:
Agnès Domergue et
Marie-France Chevron combinent sur un même support l'ouïe, la vue, le toucher, l'odorat. Un album qui ferait frémir de plaisir les symbolistes, mais qui avant tout saura apporter un peu de poésie en chacun d'entre nous. Ce qui est d'autant plus fort, c'est que c'est un album qui touche forcément tout le monde puisque l'absence d'un cadre spatio-temporel rend vraiment l'histoire atemporelle et universelle. C'est une lecture destinée aussi bien aux petits qu'aux grands; personnellement, c'est un véritable coup de coeur!
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