Beauté Fatale est un superbe essai féministe, qui permet de prendre pleinement conscience de l'impact de la société patriarcale et capitaliste Occidentale sur le statut de la femme.
Souvent, lorsqu'il est question de parler d'inégalité entre les sexes, on fait face à des réflexions sur la chance que l'on a de vivre dans notre société. Certain/nes avancent que tout est acquis depuis que la femme a la « chance » d'avoir obtenu le droit de vote, l'accès à l'IVG et l'ouverture de son propre compte en banque. Pourtant, ce n'est pas le cas et bien que certaines femmes souffrent plus que d'autres, il n'y a pas de raison que le statut des femmes en Occident n'évolue pas. Car oui, les femmes sont plus touchées par la précarité, elles subissent toujours du harcèlement dans les lieux publics très régulièrement, nombreuses sont les victimes de viol, de violences et parfois même de meurtre. Oui, il existe réellement des inégalités de salaires, des discriminations à l'embauche (surtout en cas de grossesses) … Ces actes, bien que juridiquement condamnables (pas suffisamment d'ailleurs) sont extrêmement banalisés quelle que soit la sphère sociale incriminée.
L'autrice parle en particulier dans ce livre de l'impact de la société de consommation sur les femmes. Elle explique particulièrement bien comment, en créant un idéal de la beauté utopique à atteindre, les femmes sont poussées à la surconsommation et à détester leur apparence car imparfaite.
Elle aborde le sujet de l'hyper sexualisation des femmes qui ne se voit souvent plus que comme objet de désir à défaut d'être un sujet. Elle dénonce les grands groupes de la beauté, prêt à tous pour vendre et qui vont jusqu'à faire des publicités racistes et dangereuses pour la santé ainsi qu'à mettre leurs égéries en danger de mort en exigeant d'elles une maigreur extrême. Par exemple, de grands groupes qui vendent des crèmes pour se blanchir la peau en Asie avec un slogan de type : « Soyez plus propre » (extrêmement raciste).
Elle dénonce également entre autres l'impunité des personnes célèbres en cas d'agressions sexuelles et/ ou de viol de jeunes femmes, en particulier d'actrices ou de jeunes mannequins. Elle analyse ce qui se cache derrière un
Roman Polanski qui est accusé du viol d'une petite fille de treize ans et que tout le monde excuse dans les médias car je cite : « elle en faisait physiquement 25 ». Car ce n'est malheureusement pas un cas éloigné et que cette impunité banalise le viol et la pédophile.
L'autrice parle également du culte de la minceur actuelle et de ses répercussions sur les jeunes filles qui souffrent de plus en plus de troubles alimentaires graves et commencent à subir la pression des canons de beauté des 7 /8 ans au détriment de leur enfance.
Mona Chollet aborde aussi la question du choix de s'habiller comme on le désire, de la grossophobie, de l'absence de représentation des femmes de couleur dans le milieu de la mode, des émissions TV relayant des propos sexistes et bien d'autres.
Ce livre m'a permis de prendre de la distance face à la société de surconsommation et des dictats de beauté que je sens peser sur moi depuis l'adolescence. Je pense que ce livre peut être très libérateur pour de nombreuses femmes (en particulier les jeunes qui se font bombarder de critères inaccessibles à travers les youtubeuses beauté, les réseaux sociaux…).
J'ai refermé ce livre en me disant que j'avais envie de m'instruire plus sur les inégalités sociales et le féminisme. Il y a de nombreux thèmes que j'ai envie d'aborder avec mes petites soeurs. Je vous conseille également d'écouter les podcasts de la radio ARTE qui s'appellent « un podcast à soi », écoutable sur Youtube et qui parle de féminisme. Bien évidemment ils s'adressent aux hommes comme aux femmes, tout comme cet essai.