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sur 375 notes
Il y a des noms qui dès qu'on les prononce, ont une image qui leur colle à la peau. Qui nous colle à la conscience collective. On vous dit Hollywood et hop vous voyez des starlettes, des villas immenses dans lesquelles les occupant s'ennuient, font la fête et se perdent. On vout dit Saint Tropez et la silhouette de Brigitte Bardot, les yachts où il faut se montrer, s'impriment dans votre rétine. Quand on vous dit Tchernobyl, c'est le noir, la désolation. Ce morceau de planète bousillé par les radiations. Cet échec cuisant de l'humanité à prendre soin de la nature. Tchernobyl c'est le Titanic du nucléaire. Un nom maudit. Un lieu maudit. Des habitants qui tentent de survivre à cette triple malédiction, comme un parfum qui s'épanouit en trois phases. Nom du parfum : accident nucléaire. Note de tête : vous êtes voisin, alors hop du jour au lendemain on vous dégage de chez vous. C'est affreux, car le danger est aussi grand et grave qu'invisible. Note de coeur : vous avez été voisin, vous avez agit sur la centrale pour sauver ce qui pouvait l'être ou au moins éviter le pire, donc vous êtes contaminé, condamné à plus ou moins long terme ; vous, vos proches. C'est la roulette russe pour savoir qui va réussir à vivre sans mourir dans d'atroces souffrances. Notes de fond : vous ne vous débarrasserez jamais de ce parfum de radiation, d'échec, de mort, de poussière. Vous êtes Tchernobyl.
Ce roman raconte pourtant de manière particulièrement douce et apaisée, toute cette souffrance et ce déchirement perpétuel de ceux qui étaient là. Ceux qui se rappellent, ceux qui tente de trouver le juste milieu entre le souvenir et l'oubli. Ceux pour qui une journée sans souffrance est une bonne journée. Et puis il y a cette zone interdite qui attire comme un aimant, qu'on a envie de revoir pour retrouver le parfum d'avant, le lieux du bonheur, figé dans le temps, figé dans une poussière mortifère.
Ce roman est magnifique, apaisant et rend un hommage pudique à ceux qui ont tout perdu, juste parce qu'ils n'habitaient pas au bon moment au bon endroit. Ils n'ont pas de colère. Ils ont la nostalgie chevillée au corps. C'est ce qui les fait tenir.
Alors faut-il le lire ? Oui. C'est très beau. Je vous recommande également La Supplication de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015. C'est dense et magistral. Mais vous pouvez commencer par ce roman plus court sur le sujet.

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Gouri est parti pour la zone, en moto, équipée d'une remorque. On l'a mis en garde, de façon plus ou moins diplomate, mais il veut y aller, et il sait qu'il.passera plus facilement de nuit. Sur la route, il veut en profiter pour s'arrêter voir ses amis Vera et Iakov, deux ans qu'il ne les a pas vus. Vera essaie d'adoucir le choc que va lui causer l'état de Iakov, dont la peau se détache en lambeaux, dont la toux semble ne jamais devoir s'arrêter, dont la vie semble s'échapper inexorablement. Mais rien n'arrêtera la quête de Gouri : il a besoin de retourner chez lui, à Pripiat...

Impossible de lâcher ce court roman une fois que j'y ai été plongée. À la fois tendre et dur, cru et pudique, ce récit sonne juste et remue profondément.
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Voici un petit livre court et léger, avec une atmosphère douce malgré la gravité du sujet ou plutôt malgré le décor (les environs de la zone contaminée de Tschernobyl). le rythme est lent, les descriptions vont à l'essentiel. On a l'impression que c'est l'hiver, la nuit. Il n'y a que quelques protagonistes, peu de bruit, aucune animation autour d'eux, et cela renforce l'impression de solitude et d'isolement.
Le sujet est intéressant et mériterait certainement d'être développé et approfondi, aussi je suis restée un peu sur ma faim.
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Antoine Choplin nous donne à vivre une journée et une nuit avec Gouri qui decide deux ans après la catastophe de Tchernobyl de retourner à Pripiat, Zone dorénavant interdite et surveillée. Il fait une escale avant chez des amis survivants puis part avec sa moto , sa remorque et Kouzma pour Pripiat, là où il a vécu. Il veut récupérer la porte de la chambre de sa fille sur laquelle, il avait noté les signes du temps qui passe, les mesures de sa fille qui grandissait au cours du temps. Cette porte , objet symbolique à plusieurs titres est celui qu'il a besoin pour avancer et peut- être aussi fermer une page de son existence.
Ce petit roman sombre nous donne à vivre quelques heures heures dans ce no man's land rafioactif, quelques heures qui suffisent à nous faire comprendre l'ampleur de la catastrophe .
L'écriture est sobre et pourtant sensible, parsemée de petits poèmes, le style EST celui qu'il fallait pour cette histoire. Pas de fioritures, les mots choisis sont emplis de pudeur.
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Ce court roman est très prenant car il embrasse plusieurs destinées brisées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. C'est un roman de nuit, de rencontres, de peur, de besoin de revoir des lieux, de toucher des objets, de silence et d'émotion discrète.

Gouri entreprend un voyage à moto d'une nuit vers Pripiat, sa ville devenue champ de désolation et de radioactivité. Dans son périple, il passe une soirée de partage chez des amis dans un village sur la route. Des vies simples, épluchage de pommes de terre, retrouvailles émues avec son ami Iakov, irradié vivant ses derniers jours. Les mots passent, naturellement, les silences sont hurlants, la délicatesse imprègne l'atmosphère pourtant si tragique.

Puis, Gouri continue son voyage avec Kouzma qui va le guider jusqu'à Pripiat. Son partenaire connaît les moyens de franchir les passages, de se faufiler dans la ville fantôme jusqu'à l'immeuble où vivait Gouri. Là, ce dernier va récupérer un objet qui ne pouvait intéresser les pillards, pas un objet de valeur, petit et précieux, mais une porte chargée de l'histoire de sa famille, portant les marques de mesure de la taille de sa fille, Ksenia. Cet attachement viscéral à cette porte et la nécessité de l'enlever à cette désolation nous font à la fois partager le passé de Gouri et mesurer l'importance pour l'humain de l'objet, inanimé... Lamartine se demandait s'il avait une âme. Gouri en est convaincu car cette porte détient sa vie et celle de sa fille.

Un livre condensé, des phrases brèves, des dialogues saisissants de simplicité, sur la détresse mais aussi la poursuite de la vie au-delà des souffrances. La qualité de l'écriture renforce la perception des maux de ces gens auxquels elle fait communier tout lecteur capable d'entendre les silences de la nuit de Gouri.
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Au début il me semblait que la concision et la précision du style me tenait à une certaine distance du récit. A moins que ce n'était ma crainte de la rencontre avec ce drame au travers de ce roman. Mais j'ai avancé doucement guidé par le rythme de l'écrivain. Ce rythme et cette justesse des mots ce sont installés en moi comme un poème nostalgique. Les figures humaines et les lieux sont sortis de la brume, puis de plus en plus nets ce sont imprimés dans mon être. Même le souffle du silence écrasant me tenait en haleine, j'étais tapi dans les bosquets au côté de Gouri. Avec des mots simples j'ai ressenti l'épaisseur des liens étroits que les humains sont capables de construire entre eux mais hélas aussi de détruire. Roman remarquable. Merci Monsieur Choplin.
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C'est un voyage singulier qu'effectue Gouri.
Sa moto le mène au fil du livre de Kiev à Pripiat.
Un retour au pays de sa vie passée.

Son pays, c'est cette ville modèle construite pour héberger les employés de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Son retour, c'est celui vers ce pays contaminé jusqu'à sa ville fantôme, abandonnée et pillée.
Il va chercher la porte de la chambre de sa fille : “Il y a pas mal d'inscriptions dessus, dit Gouri. Des choses que nous avions écrites ou dessinées, Ksenia et moi. Un peu de poésie, des mots comme ça.
Un temps.
Il y aussi les marques de sa taille, pour chaque anniversaire.”

Le style est simple comme la vie des gens de cette région, égayé de notes de poésie qui contrastent avec ce pays dévasté.
D'ailleurs Gouri en écrit : “Oui, les poèmes. Un chaque jour, je ne sais pas dire pourquoi. Comme si ça pouvait changer quelque chose à toute cette saleté.”

Un petit livre profondément humain qui résonne avec la série télévisée “Tchernobyl”.
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Qu'il est agréable de se laisser emporter par un livre sans savoir où on va ! En douceur, l'auteur nous plonge au milieu d'ukrainiens qui se connaissent, aiment bien boire de la vodka, chanter, manger, parler du passé. Avant Tchernobyl. Car ils ont dû quitter leurs villages, leurs maisons. Un quotidien ordinaire qu'un écrivain poète revenu de Kief va animer en allant récupérer une porte dans sa maison abandonnée. Les petits gestes de la vie, les blessures radioactives, les silences et les confidences s'égrainent dans cette campagne ukrainienne paisible avec une grande humanité. Alors que ce pays subit une guerre atroce, pénétrer la douceur de ce récit fait rêver à cette campagne victime de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire.
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Dies irae (jour de colère)
Jour funeste que ce 26 avril 1986 !

"L'entrelacs de la nuit et de nos pénombres ".

Gouri va se rendre à moto sur les lieux de sa vie perdue, il va s'arrêter près de ses vieux amis, ceux restés au pays ; ils évoqueront les temps nostalgiques et douloureux de l'avant et de l'après.

Joie des retrouvailles atténuée par les douleurs partagées.

(p.11) Les pensées de Gouri vagabondent, de moins en moins consistantes. Elles gravitent alentour de cette masse sans réalité qui renâcle à renvoyer la lumière. C'est quelque chose comme le sentiment de l'abandon.
Qui recroqueville les bustes, replie les horizons.

Un Requiem lent pour tous leurs morts, et la mort de leur terre à jamais contaminée.

Malgré l'horreur qui est présente au fil des phrases lancinantes , Antoine Choplin m'a touchée avec ses mots
pour dire les maux !

(p.109) C'est un drôle de sang qui a bondi par les allées de chez nous / à l'encontre des roses et des haleines fraîches de femmes / C'est un sable assassin qui pour toujours grimpe aux écorces / et avance comme une langue jusqu'aux portes des maisons.

- Dans le sombre des lieux; de curieuses trouées ...... Inconfort dans le vertige d'un Univers qui dégringole .....

Livre bouleversant !

(p.115)
Le gouffre tend ses lèvres
Vers le sommet des solitudes
Et ce n'est pas une affaire d'homme

Sauf à emprunter à la vigueur du vent
lui qui chahute la chevelure des filles
même sachant
qu'il n'a nulle part ou revenir.

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Deux ans après la catastrophe de Tchernobyl, Gouri, qui vit désormais à Kiev avec sa femme et sa fille Ksenia, entreprend de retourner à Prypiat, dans l'appartement que la petite famille occupait jusqu'au 26 avril 1986, pour récupérer ce qu'il pourra y trouver, notamment la porte de la chambre de sa fille.
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La désormais ville fantôme après avoir compté un peu moins de 50 000 habitants, est située à 2,6 km de la centrale et ses abords sont strictement interdits et gardés par l'armée, Prypiat étant devenue hautement radioactive.
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C'est donc sur une moto à laquelle est attelée une remorque que Gouri va faire le voyage d'un peu plus de 150 kilomètres.
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Une seule halte, à Chevtchenko, où résident ses amis Vera et Iakov. Ayant été exposé aux radiations, ce dernier est en fin de vie quand il atteint la maison.
Piotr, surnommé le gamin aux chats parce qu'il en avait un certain nombre avant qu'il soit ordonné de les massacrer sous ses yeux, est là également, ainsi qu'une poignée d'autres personnes venues dîner ce soir-là.
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J'aurais dû éviter de lire ce livre juste après La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse de Svetlana Alexievitch, parce que bien que poignant, il résiste mal à la comparaison.
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La narration est plus distante, moins élaborée, encore que l'autrice de ce dernier étant restée très simple, on n'a pas non plus de grandes envolées, mais les témoignages m'ont beaucoup plus touchée.
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Bien entendu, le récit ne laisse pas indifférent, mais pour ce qui me concerne, l'émotion venait davantage de ma projection personnelle à la lecture des mots que des phrases de l'auteur proprement dites.
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Je remercie néanmoins mes amis Magali (Ladybirdy), Berni-chou (Berni_29), Sandrinette (HundredDreams), Cicou, Spleen et Wyoming, qui m'ont incitée à lire La nuit tombée, ce que je ne regrette nullement.
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