Après lecture et/ou relecture des plus grands chefs-d'oeuvre d'
Agatha Christie comme
le crime de l'Orient-Express ou Les
dix petits nègres,
Cinq petits cochons reste mon roman préféré de la grande écrivaine anglaise.
Tout me plait dans ce livre. D'abord, l'approche « cold case » où on demande à Hercule Poirot de se pencher sur le meurtre du peintre célèbre Amyas Crale et la condamnation de sa femme Caroline pour meurtre sur la base d'une lettre que leur fille, âgée de cinq ans au moment du drame, vient de recevoir du notaire à sa majorité. Même l'avocat de la défense semble persuadé de la culpabilité de Caroline, tant par l'invraisemblance de la thèse du suicide que par le peu d'enclin mis par Caroline à vouloir proclamer son innocence. À part le couple Crale et leur petite fille Carla, il n'y avait que cinq invités présents ce jour-là et – contrairement à beaucoup d'autres romans policiers, aucun d'entre eux ne semblait vouloir la mort d'Amyas Crale.
Ensuite, j'aime le style, où Poirot interroge successivement les intervenants au procès, puis les cinq témoins du drame, d'abord en les rencontrant, puis en leur demandant de rédiger par écrit leur témoignage, pour ensuite les réunir sur les lieux du drame pour livrer ses conclusions.
N'en déplaise à Souri7 et d'autres Babeliotes qui ont jugé ce style redondant et répétitif, j'y ai vu plutôt une manière très picturale de décrire les mêmes faits sous cinq lumières différentes, un peu comme Monet peignait les meules de foin ou la cathédrale de Chartres à différents moments de la journée. Comme le disait Hercule Poirot – dans
Les vacances d'Hercule Poirot : « On assemble les pièces. C'est comme une mosaïque – pleine de couleurs et de motifs différents – et chaque petit élément, si biscornu soit-il, doit y trouver sa place. »
Agatha Christie, qui s'occupait à assembler les tessons de poterie lors des fouilles archéologiques en Syrie et en Irak a dû y voir une analogie avec la manière dont les éléments psychologiques tels que rapportés par les uns et les autres peuvent permettre de reconstituer les faits tels qu'ils ont dû se passer et se démarquer des romans policiers à indice, ce qui différencie de rondouillard Hercule Poirot d'un
Sherlock Holmes ou d'autres détectives de la littérature policière du XIXème siècle.
Enfin, j'ai apprécié que ce drame se déroulant en Angleterre soit si éloigné des personnages habituels des romans d'
Agatha Christie : pas de militaire à la retraite, de vieilles tantes à héritage ou de nobliaux désargentés.
Amyas Crale à le « tempérament artiste » qui ressemble plus à celui d'un Picasso que d'un gentleman anglais du début du vingtième siècle. Caroline a un tempérament colérique. Ils se livrent à des scènes de ménage en présence de tiers, sans se soucier du quand-dira-t-on.
Le seul bémol serait qu'il est dénué de cette touche d'humour anglais qui donne un côté un peu décalé à la plupart des romans d'
Agatha Christie, surtout lus près d'un siècle après leur écriture.