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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
C'est le tout premier roman de Liu Cixin, écrit et trois fois réécrit entre la fin des années 1980 et 2002 avant sa publication chinoise en 2003. L'idée de départ est intéressante: une supernova dont les radiations ne laissent en vie que les enfants avec une année environ pour les adultes afin de préparer les enfants a survivre sans eux. A partir de la, la lecture devient souvent fastidieuse et pratiquement tout coince au niveau de la vraisemblance a cause surtout d'une conception curieuse de la psychologie de l'enfant. Il faut dire que l'auteur n'avait pas vingt ans au moment ou il écrivait ce roman et il n'avait pas encore d'enfant lui-meme. Il ne fait pas mystere de s'etre inspiré du roman "Sa majesté des mouches" (W. Golding, 1954), mais c'est loin d'etre une réussite me semble-t-il.

On ne peut s'empecher de voir en les enfants de ce roman un reflet de ces singes de cirque que l'on habille en humains pour leur faire exécuter des comportements humains qui ne sont pas les leurs naturellement. Les enfants de Liu sont "habillés" en adultes - en adultes idiots ou en adultes intelligents, peu importe - et c'est invraisemblable. Outre cette déformation psychologique, le manque de profondeur psychologique et émotionnel des personnages est évident et Liu ne fait d'ailleurs pas mystere de ce qu'il n'écrit pas dans un esprit littéraire mais par amour de la science. Chez Liu, les personnages servent l'histoire alors que, a l'autre extreme des romans psychologiques, l'histoire sert a faire évoluer les personnages.

Un autre défaut du récit est le peu d'importance donnée a l'élément féminin dans la "nouvelle société" post-supernova, a l'exception des deux filles qui font partie des personnages principaux. Ainsi, le pivot du récit est la guerre vue comme jeu alors que bien-sur les petites filles n'auraient jamais l'idée de se massacrer pour jouer. Les petits garcons non-plus d'ailleurs, tout au plus feraient-ils semblant. Ces pages sur la guerre des enfants sont toutefois intéressantes de par les détails techniques car Liu est passionné par la technologie guerriere.

Il est invraisemblable aussi que dans une société soudain privée des adultes, les enfants acceptent les inégalités de niveau de vie et de statut social sur lesquelles sont fondées nos sociétés (meme en Chine), d'autant que dans cette société d'enfants le plaisir a été érigé en principe de vie. Comment alors imaginer une majorité d'enfants acceptant d'assumer des fonctions a la fois pénibles physiquement et non prestigieuses alors qu'une minorité s'arroge la meilleure part du gateau ? Pourtant, l'idée d'un nouveau départ offert ainsi a l'humanité apres la disparition des adultes est justement ce dont l'auteur aurait pu tirer un roman aussi exceptionnel que sa fameuse trilogie du Probleme a trois corps.

Les critiques trouvent habituellement géniale l'idée finale du roman, que je ne dévoilerai évidemment pas. Pour ma part, je trouve cette idée aussi invraisemblable que le reste et je ne vois d'ailleurs pas en quoi cela ferait avancer le schmilblick de l'humanité. C'est pourtant cette idée qui semble etre le pivot du roman. Doit-on la comprendre a la lumiere des paroles du président de Huawei en 2018: "Je me suis sacrifié, moi et ma famille, pour atteindre l'objectif que nous puissions atteindre le sommet du monde. Pour atteindre cet objectif, un conflit avec les États-Unis est inévitable." (voir l'article de presse dont je donne le lien plus bas) ? Tout ca est plutot flou dans le roman, mais on croit deviner que le sacrifice ultime des enfants chinois va les mener vers la suprématie technologique pour ensuite assurer a la nouvelle Chine le role de faiseur de paix universel a l'instar de la Pax Romana antique ?

Ceux qui ont lu la trilogie du Probleme a trois corps ainsi que "La Terre errante" (écrit également avant la trilogie) se rappellent peut-etre que, dans les deux fictions, la morale finale pourrait etre une affirmation du genre "seuls les Chinois peuvent sauver la planète". Sans vouloir discuter une telle apologie de la civilisation chinoise (a laquelle je ne suis d'ailleurs pas loin d'adhérer), je me demande si "L'ere de la supernova" n'était pas déja l'expression romancée de cet acte de foi chez l'auteur.

Évidemment, je peux me tromper sur les moteurs créationnels de l'auteur et d'ailleurs on peut lire dans l'article dont je donne le lien que Liu a déclaré avoir voulu exprimer dans ce roman les réactions du peuple chinois à l'époque des émeutes des manifestations tragiques de Tian'anmen, époque - dit-il - de confusion totale face au changement, lorsque les anciennes croyances se sont effondrées avant que de nouvelles ne puissent être consacrées. Ou alors, plus simplement, retrouve-t-on dans ce roman une conviction exprimée aussi dans les autres romans de l'auteur, celle que la compétition est nécessaire a la survie ? Ou encore, pourquoi pas tout ca a la fois.

En tout cas, Liu Cixin est un fabuliste au bon sens du terme, dont les fables tournent autour de périls cosmiques pouvant entrainer la disparition de l'humanité. le personnage central de ses romans n'est pas tel ou tel individu, mais l'humanité entiere avec bien-sur au centre de celle-ci la civilisation chinoise. Liu, c'est de la "hard" science-fiction-catastrophe dans le style technologique de Jules Verne ou d'Arthur C. Clarke dont il est l'admirateur. Ce n'est pas pour autant une SF dépolitisée comme l'était celle de ces auteurs car ses histoires a lui expriment plus ou moins explicitement une conviction bien chinoise que l'ordre social et la sécurité prévalent sur les libertés individuelles et celle de la gouvernance.

On le voit, bien que pretant le flanc a la critique, ce roman est riche en contenu plus ou moins explicite. Il ne me semble pas constituer cependant une lecture indispensable pour les amateurs de science-fiction, a la différence du Probleme des trois corps de l'auteur. Pour ceux que l'oeuvre Liu Cixin intéresse, voici le lien tres intéressant que je mentionne plus haut: https://histoireetsociete.com/2023/12/05/la-guerre-des-mondes-de-liu-cixin/
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Autant j'ai déjà relu quatre fois la série des "trois corps", autant j'ai eu du mal à finir "l'ère de la supernova". le pitch est tentant mais le livre ne tient pas ses promesses. Malgré quelques passages intéressants, je suis resté sceptique. Ça manque de souffle et de cohérence interne. En plus, le côté "grands dirigeants irréprochables" (côté chinois) devient rapidement pesant.
J'attends mieux de cet auteur pour la suite mais, dorénavant, je serai plus prudent.
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