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3,74

sur 464 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Trois semaines pour le lire! Et pourtant, j'avais le temps. Et pourtant, l'histoire m'intéressait. Et pourtant, dès les premières lignes, je suis tombée sous le charme de l'écriture de l'auteur. Et pourtant, lire le mot "FIN" m'a laissée dans ce triste sentiment d'abandon que je ressens à la fin d'une oeuvre que j'ai tant aimée mais que je dois quitter...
Alors pourquoi? Trois semaines pour lire par petites bribes cette plongée dans des paysages aussi sombres que les âmes qui les habitent. du gris, du froid, du noir,...
Mais quelles descriptions poétiques, quelles analyses dures mais nuancées des pensées qui font se bouger le personnage principal! Et que de petites sentences posées deci delà sur nos (in-)humanités... réflexions sur lesquelles je ne me suis pas assez arrêtée certainement, car me laissant emporter par le style de l'écriture.
Alors pourquoi une demie étoile en moins? sans doute parce que je ne pourrais conseiller ce roman à des coeurs tristes.
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Lire un opus de Philippe Claudel nous fait plonger tout droit dans la poésie. Il partage avec nous une vision des hommes, de l'homme. Il pose sa version de l'humanité, définie comme humanisme qui s'oppose à la barbarie. Bien peu d'élus parmi tous ceux qui ont hâte de designer leurs boucs-émissaires. La bêtise, l'attitude moutonniere, l'ennemi facile et en face la simplicité de l'enfance, l'accueil, la vulnérabilité de la femme.
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Une fable cruelle qui se déroule dans un pays aux confins d'un « Empire » sans nom, au début du XXe siècle, dans un pays au climat rude, de froid et de brouillard. Philippe Claudel situe son histoire dans une petite ville enneigée où Chrétiens et Musulmans se côtoient, s'acceptent sans vraiment s'apprécier, le tout dans une atmosphère glauque et glaciale, un monde où la corruption et l'intolérance sont de mise.
Tout débute par l'assassinat d'un prêtre, un fait d'une extrême gravité car vécu comme une soupape de sécurité qui saute dans cette petite communauté où chrétiens et musulmans se cotoyent déjà avec méfiance. Ce crime va être à l'origine de l'émergence du conflit qui couvait déjà depuis bien longtemps. Était- ce le but ? Comment ne pas imaginer qu'une sombre manipulation n'ait pas été exercée sur cette population placée sous le joug d'une autorité intolérante et impitoyable.
Philippe Claudel nous trace à gros trait un monde où personne n'est parfait, ni blanc ni noir, juste gris comme leurs âmes…! “Une fable métaphorique sur les turpitudes de la nature humaine“. Tous les personnages sont énigmatiques, empesés par leurs secrets, toujours sur la défensive. La paix n'est qu'apparente et illusoire. Trois personnages émergent du récit et apportent du relief à une narration parfois un peu lente et rébarbative. Il y a ce représentant de la police qui a à coeur de résoudre cette enquête et devient peu à peu obsessionnel dans sa recherche de la Vérité. Certes il représente l'autorité, certes il est fier de sa fonction, mais qui est-il vraiment, est-il l'homme aussi respectable qu'il veut bien le montrer ? Son opportunisme le poussera à sa perte.
Et puis, il y a son adjoint, un homme étrange et énigmatique qui tranche avec le reste des personnages. Il est moins bête qu'il ne le laisse paraître, Il vit à l'ombre de son supérieur hiérarchique, c'est l'homme des basses besognes que personne ne regarde ni ne respecte. Qui aurait pu croire que cet homme de l'ombre pourrait illuminer le récit ?
Philippe Claudel fouille et ne ménage aucune âme humaine. Comme à son habitude, il aborde des thèmes tels que communautarisme, harcèlement, délation, despotisme, fanatisme et traite de l'humanité et de la dérive dans laquelle nous sommes.
C'est un coup de coeur comme l'avait été pour moi “Les âmes grises”. Philippe Claudel est un poète qui sait mêler poésie et hyperréalisme, tel un Rabelais des temps modernes. Comme un crépuscule, ce roman est aussi sombre que captivant. Dantesque !
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J'avais beaucoup aimé ses premiers romans, "Les âmes grises" (2003), "La petite fille de monsieur Linh" (2005), et "Le rapport Brodeck" (2007), trois romans, trois destins de vie raconté avec une belle écriture sensible, fluide et addictive.
Et puis je l'ai un peu abandonné, lui parti vers d'autres chemins (le cinéma) et moi envahie par les piles de bouquins à lire, toutes ces nouvelles parutions à ne pas rater.
Et arrive son dernier livre : "Crépuscule", je retrouve son style, son envie de déballer une histoire prenante, bref un roman qu'on a envie de lire jusqu'au bout.
Parce que P.C. est un raconteur et entrer dans son imaginaire est un véritable plaisir, une découverte.

Une atmosphère figée aux frontières d'un empire inconnu, en un lieu non défini et en un temps qu'on devine lointain.
On retrouve l'envie de l'auteur de narrer l'histoire sous la forme d'un conte et de légendes, proposer aux lecteurs une évasion.

Voilà le décor planté, un village isolé, façonné par une météo de tous les diables, on découvre le corps du curé mort d'un coup de pierre qui lui fracasse le crâne..
L'enquête démarre, prise en charge par un binôme mal assorti, un couple présent dans beaucoup d'oeuvres littéraires.
Le policier Nourio, maigre au visage olive qui a du mal à gérer ses pulsions sexuelles et son adjoint Baraj, un colosse sensible, gentil et parfois poète.
Ce meurtre va mettre le feu aux poudres dans ce village isolé où les communautés chrétiennes et musulmanes vivent en bonne entente.
Meurtre instrumentalisé par le pouvoir ?
On entre alors dans le mensonge, le coupable est tout trouvé, la communauté musulmane, 14 familles qui habitent ce lieu, ceux qu'on appelle les boucs émissaires.
Ce n'est pas une enquête policière mais une fabrication d'une contre vérité.
C'est un mécanisme millénaire et fortement actuel, trouver un ennemi commun qui soude le collectif.
P.C. nous parle de ce qui nous arrive aujourd'hui en offrant un regard acide sur nos sociétés.
Il trifouille la nature humaine, sa noirceur indétrônable .
Crépuscule des hommes, des dieux, de la vieille Europe ?
Sachez que ce roman sombre est aussi habité par un humour noir, le ton est souvent moqueur pour nos pauvres âmes humaines.







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Les conseils, que ce soit en lecture ou dans d'autres domaines n'engagent que celui qui les prodigue.
En reposant ce livre, je sais plus que jamais pourquoi je lis. Je lis tout simplement pour mieux vivre.
Donc, plus vivant que jamais, j'adresse un grand MERCI à Philippe CLAUDEL.
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De la grande littérature. Au delà d'une intrigue présentée avec humour, une magnifique réflexion sur une société "impériale" et la vie aux confins de l'empire. Comment se transmettent (ou ne se transmettent pas) des objectifs politiques, comment vit-on dans l'ignorance de ces objectifs. Belle présentation aussi des ressorts des âmes humaines aux prises avec les egos, la bêtise, etc...
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Voici le dernier roman, noir, très noir de Philippe Claudel qui renoue avec la veine des « Ames grises » et du « Rapport de Brodeck » car il débute par un meurtre.
Nous sommes probablement au début du XXème siècle dans un petit village reculé d'une province arriérée de l'Empire d'un pays de l'Est , peut-être l'Autriche ou la Hongrie. Y vivent une petite communauté musulmane de 54 âmes et une majorité de chrétiens pour 1378 habitants. Dans ce lieu abandonné de toute fantaisie , un meurtre a été commis, celui du curé. Deux policiers Nourio et son adjoint Baraj mènent l'enquête. le premier, Nourio est habité par le sens du devoir mais dévoré par ses pulsions sexuelles, le second, Baraj est un géant débonnaire, un peu simplet mais qui cache une âme de poète. Et puis , il y a Lémia, l'adolescente qui, avec son petit frère découvre le corps du curé ce soir d'hiver. Nourio va être de plus en plus fasciné par cette jeune fille qui éveille en lui sa concupiscence, il ne la voit que comme une proie sexuelle.
Le meurtre de ce curé va semer le soupçon puis la haine entre les différentes communautés religieuses qui vivaient jusque là en bonne entente. Plus l'enquête avance et plus on fait comprendre à Nourion que ce serait bien s'il découvrait que le meurtrier du curé fait partie de la communauté musulmane, qu'importe si c'est un mensonge, on pourrait ainsi chasser la communauté de la ville. La politique va ainsi se servir d'un drame humain pour résoudre un problème.
Il n'est donc pas question que d'une enquête policière mais aussi de manipulation, de vérité alternative et de violences sexuelles. Un monde , qui, en fait, ressemble furieusement au notre. Cette contre vérité créée de toutes pièces est une mécanique millénaire, terriblement actuelle qui résonne en nous avec les discours Poutine qui veut dénazifier l'Ukraine, de Bolsonaro qui dit que la vie en France est insupportable à cause des migrants et de Trump qui dit que le réchauffement climatique n'existe pas et est pure invention des scientifiques.
Ne dit-on pas que la fiction est le meilleur outil pour comprendre la réalité ?
Voici donc, une fois de plus, un excellent roman de Philippe Claudel qui mit neuf ans à éclore et mérite donc toute notre attention.

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Dans un Empire au bord du déclin, un village se déchire suite au meurtre du curé. Les bas instincts des hommes se réveillent, manipulés par les puissants comme des marionnettes. Quelques éclairs d'humanité avec deux personnages lumineux Baraj le bon géant et Lémia la jeune fille au coeur pur. Une fable cruelle, servi par l'écriture magnifique et riche de Philippe Claudel.
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"L'Empire, sa cohésion, sa puissance, sa pérennité, reposent certes sur sa force mais aussi sur sa faculté à produire son propre récit, à célébrer sa grandeur et à l'affermir en désignant ses ennemis."

Tout est dit dans cette phrase. Ce livre sombre, lent, perdu dans une contrée qu'on a du mal à définir ou localiser, est une belle litote de notre société actuelle.

Dans ce récit on trouve :
▫️La quête du pouvoir
▫️Les guerres de religion
▫️Le contrôle de la vérité
▫️Les fack news
▫️La "toute puissance"
▫️La lutte des classes

🟢 Ce livre, bien qu'il soit grisant dans un décor de neige et de forêt, est délicieux. Il est extrêmement bien écrit et riche en vocabulaire en adjectifs en description en émotion.

Le récit vient titiller notre imagination pour laisser le film se dérouler. C'est un livre à lire les yeux fermés. 😉

C'est un vrai film sur le papier. Tous les détails y sont pour que rien ne manque.

🔴 Il peut cependant, refroidir les amoureux de l'action, des rythmes plus cadencés, des chapitres plus directs.

Mais j'ai envie de vous dire, de lui laisser une chance, de lui donner quelques pages car il est assez prenant. Il y a quelque chose de doux, de réconfortant au fil des chapitres malgré l'ambiance bistrée et obscure, avec le temps qui s'allonge, ralentit.
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Le rideau s'ouvre sur une scène de crime : le corps du curé Perneig git dans la neige, un curé à peine respecté, à peine regretté, mais dont la mort, le policier en est certain, va changer le cours de sa vie morne et répétitive. le crime, est inhabituel dans le village aux confins de l'Empire où il s'ennuie entre ses déambulations vaines les jours de marché et l'ennui des autres jours. Ce poste dérisoire, toute la frustration qui pollue son âme, ses rêves de reconnaissance, tout va prendre enfin sens dans une mission salvatrice et grandiose : trouver le coupable … Mais le pouvoir est lointain et obscur, nébuleux et ses volontés trop grosses pour l'esprit du policier, un grain de sable dans l'engrenage souterrain dont le meurtre n'est que la première pierre, un hasard trop beau pour ne pas être utilisé, alors que les oriflammes d'une autre religion s'agite de l'autre côté de la frontière. le premier acte d'une manipulation des peurs ordinaires dans ce lieu rustique et frustre qui a les couleurs des tableaux flamands du Siècle d'or.

Le cercle des notables, le maire, le rapporteur de l'Administration impériale, le maitre d'école, le conservateur des archives, se dessine dans un clair obscur de vices cachés, de lippes tombantes, de ventres ventrus, tout y est gras. Une nature morte où les yeux vides du gibier sont ceux des hommes qui ont sali la nappe du festin de petites saletés bien dégoutantes … Et Nourio, le policier, si il tente de garder quelques principes moraux, est rongé par l'orgueil. Il a l'allure médiocre, l'esprit hanté par un appétit sexuel insatiable dont il salit le corps de sa femme, à défaut d'un autre corps, plus interdit et sacré, celui de Lamia, la petite fille qui a trouvé le corps du curé.

Aux côté de Nourio, Baraj, l'adjoint fait un contrepoint. Aussi laid que grand, le géant est placide. Il aime l'ordre immuable des nuits passés auprès de ses deux chiens, Mes beaux. Solitaire, ravalé depuis l'enfance à une existence sommaire et sans tendresse, il pense en poésie sans le savoir, et son imagination, limitée par l'ignorance, ne lui permet pas de voir au delà des obscurs désirs de celui qu'il appelle maitre et de déjouer les entreprises des sbires qui vont finir par entrainer une communauté dans le crime et son oubli. Dans la neige, les traces poisseuses de l'histoire fondent aussi.

Reste Lamia, peut-être, à la sensualité d'une vierge flamande, la petite fille, seule lumière dans une tragédie orchestrée par un pouvoir qui n'a même pas à se montrer tant les esprits, empreints de dégoulinures, ne demandent qu'à obéir.

Le récit est aussi sombre que somptueux, mêlant les replis de la justice et du désir. Il convoque des images dignes des illustrations de contes cruels pour enfants rêveurs. Les hommes y sont des salauds ordinaires, primaires, violents et pourtant aussi nus que l'empereur qui se croyait vêtu. L'écriture est magistrale, empreinte d'une pesanteur crépusculaire et animée d'une puissance poétique lumineuse et minérale. Philippe Claudel fait du Bosch, en somme.


Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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