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sur 1116 notes
Un archipel, une île de cet archipel... La vie des habitants c'est la pêche, la culture de la vigne, des oliviers ou des câpriers... Cette île est perdue, comme ses habitants... Cette île volcanique est probablement perdue en Méditerranée par très loin des routes empruntées par les passeurs qui amènent des migrants Africains, assez proche cependant du continent européen... Cette île fictive est certainement située en Italie, puisque l'auteur dénonce "la pieuvre" qui fait un trafic très rémunérateurs de ces pauvres bougres fuyant la misère... Mais cette île, va aussi servir de cercueils à trois malheureux retrouvés noyés sur une plage, bouleversant la vie d'une petite partie des habitants, et surtout montrant le vrai visage des différents protagonistes, avec leur droiture et leur humanité, ou leur bassesse et leur égoïsme. Je rapprocherais ce roman, très sombre et sans concession des "Ames grises" autre grand roman du même auteur. Philippe Claudel, signe ici un livre très sombre, très inconfortable, très dérangeant, mais merveilleusement écrit. A découvrir.
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Une petite île, située pas très loin du pays dont elle dépend mais qui l' a oubliée, et proche d'un autre continent qu'elle ignore. Cette île qui vit des richesses que son volcan lui procure appartient à l'Archipel du Chien : belles vignes, terre riche d'oliveraies, de vergers et de câpriers. La mer est poissonneuse et donne aux pêcheurs de quoi faire vivre leurs familles. On y vit bien sur cette île où tout le monde se connaît. Mais un matin, une tâche apparaît sur ce joli tableau. La mer a rapporté des corps, des corps jeunes et noirs. Que faire de ces étrangers échoués ?

Philippe Claudel, dans « L'Archipel du Chien », renoue avec les codes et l'atmosphère du « Rapport de Brodeck »: un lieu indéfini mais que l'on pourrait facilement situé sur une carte, et des personnages archétypes désignés par leur fonction - le Maire, le Docteur, l'Instituteur, le Curé, le Commissaire - aux personnalités symboliques. Nul besoin d'autres détails pour plonger dans cette histoire qui entremêle les ingrédients d'un roman policier aux effets de style du conte. Dans ce lieu imaginaire qui est une île mais qui pourrait être l'Europe, Philippe Claudel nous parle d'une triste actualité, celle des migrants qui fuient les ravages des guerres et des famines.
En quelques pages pour le lecteur, en quelques mois sur l'île, l'auteur nous dévoile les méandres de la nature humaine ou comment des hommes ordinaires prennent des décisions au nom d'une raison que l'on entend mais qui les mène au pire. On ne les déteste pas ces hommes, ils ne sont pas nés monstres. Ils veulent juste, par peur de  «  l'étranger » - thème récurrent chez Claudel – se barricader en s'aidant de leur égoïsme et de leur indifférence. La question qui se pose alors, matérialisée par le personnage cynique du Commissaire, et qui bien évidemment n'aura pas de réponse, est de savoir à quelles lâchetés sommes-nous prêts pour préserver notre tranquillité ?

Ce roman de Claudel a gêné plus d'un lecteur qui voit en l'écrivain un moralisateur. Pour ma part, je n'ai pas eu du tout cette impression. Il ne jette la pierre sur personne. D'une part, c'est une récit de qualité, une narration maîtrisée, une intrigue réelle, qui procure un vrai bon moment de lecture. L'utilisation de la parabole est bien venue. D'autre part, n'est-ce pas aussi le rôle de la littérature de mettre nos principes à l'épreuve face à une réalité, laide mais réelle ?
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Notre âme est-elle donc si noire que cela? Philippe Claudel n'en doute pas...

Trois cadavres africains rejetés par la mer, macabre cadeau empoisonné pour quelques insulaires, maire en tête, qui cherchent à s'en débarrasser discrètement. Il s'agit de préserver la tranquillité des lieux des maelströms d'actualité et de ne pas enterrer un projet immobilier salvateur pour l'archipel.

S'inspirant de la dramatique actualité des migrants méditerranéens, Philippe Claudel produit une fable cynique et réaliste sur le désastre humanitaire et les enjeux économiques induits. Confrontant le politiquement correct et le pragmatisme, il nous questionne et nous incite à la détermination.

L'archipel du Chien, chenil de méchants corniauds à ciel ouvert devient la métaphore de notre Europe, réduisant à une minuscule lentille notre vision collective et détachée de la situation.

La suite tourne au conte cruel, brouet de toutes les vilénies de l'espèce humaine: manipulations, délation, opportuniste, couardise, bêtise et j'en passe... portées par une galerie de portraits à désespérer de nos semblables.

Tout cela est un peu simpliste mais diablement jubilatoire et bien troussé, avec cette plume ciselée qui jongle avec les mots dans d'élégances associations.
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Une fable noire et cruelle sur les indépassables laideurs de l'âme humaine, trempée dans l'actualité - celle de l'accueil réservé aux migrants.

Une sombre histoire de confort dérangé par la découverte de cadavres échoués sur une plage, qui prend d'autant plus de relief qu'elle est servie par le décor autoporteur d'une île dominée par un volcan réprobateur, ainsi que par une galerie de personnages incarnant chacun efficacement son corpus de valeurs, du pragmatisme lâche et égoïste à l'idéalisme naïf. Personnage miroir, un commissaire cynique et vaguement répugnant vient agir comme révélateur sur la bassesse de ce petit monde.

Une lecture qui s'accompagne d'un sentiment de malaise - sensation habituelle avec Philippe Claudel, derrière les mots duquel résonne cette fois-ci la colère indignée que son sujet lui inspire.
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Ma première rencontre avec Philippe Claudel n'est pas concluante et elle ne sera donc pas suivie de récidive.

"L'Archipel du chien" est une fiction qui s'ancre en mer Méditerranée. Inutile de le chercher sur une carte, il est imaginaire ; il est ce lieu isolé, ce huis-clos où vit une poignée de personnages qui sont si universels que l'auteur ne leur fait pas même l'aumône d'un nom ou d'un prénom. Ils sont le pêcheur, le curé, le maire, l'instituteur, la vieille, le docteur, le maire pour les principaux ; ils sont Biceps, Fourrure, Spadon, Amérique, etc. pour les secondaires. Des hommes et des femmes - mais surtout des hommes - confrontés à une situation anormale, la découverte de trois cadavres sur leur littoral pourtant si loin de tout et qui sert de fortification naturelle à leur peuplade quasi primitive qui vit repliée sur elle-même et ses traditions séculaires.

Philippe Claudel semble vouloir faire de son roman un conte ou une parabole et pour cela il confie la narration à "la Voix". Comprenez la conscience. Elle informe le lecteur/spectateur de tout ce qui se trame dans l'île, lui ménageant quelques rebondissements pour maintenir son attention. En ce qui me concerne, cela n'a pas pris. Je n'ai été édifiée ni par l'écriture que j'ai trouvée étonnamment quelconque, ni par le récit peu crédible, à l'image des personnages très, mais alors très stéréotypés. Sans doute ce dernier point est-il d'ailleurs fait exprès pour renforcer la délation de l'auteur : oui, cette société est vraiment laide, sa conscience est noire, hideuse, l'homme est un loup pour l'homme, enfin plutôt un chien, oui l'homme exploite son prochain depuis la nuit des temps, oui des salauds balancent des réfugiés à la mer et oui encore, le crime amène le châtiment. Mais à part cela dont j'avais déjà terriblement conscience, que m'a appris ce conte ni philosophique ni féerique ? Pas grand chose, je suis chagrinée de le constater.

Ma seule consolation a été d'avoir persévéré jusqu'au bout de ma lecture car c'est seulement l'avant-dernier chapitre qui m'a semblé assez qualitatif pour pouvoir parler de littérature. Assez inclassable, "L'Archipel du chien" aura raté son but en ne me donnant ni bonne ni mauvaise conscience, mais une énième preuve que les méchants font couler plus d'encre que les gentils.
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« le chien regarda sa maîtresse, lança encore un petit cri, puis renifla ce que la mer venait de rejeter : trois corps d'hommes noirs, simplement vêtus de teeshirts et de pantalons de jean, les pieds nus, qui paraissaient dormir, le visage contre la grève. »
C'est par cette scène devenue malheureusement presque banale malgré l'horreur et l'incrédulité qui s'en dégage que débute le nouveau roman de Philippe Claudel.

Nous sommes sur une île qui pourrait être en Méditerranée et nous fait forcément penser à Lempedusa.
Après cette découverte macabre, le maire et ses administrés se trouvent confronté à un grave problème : Que faire des corps ? Les déclarer aux autorités ne va-t-il pas nuire à la tranquilité de l'île ? D'autant plus que le village est en attente de subventions pour la construction de thermes qui devraient attirer de nombreux touristes.

Le principal intérêt de ce superbe roman est à mon sens la réaction de chaque individu face à sa conscience.
Certains peu scrupuleux sont favorables à la dissimulation des corps, d'autres essaient de faire preuve d'humanité.
Nous découvrons le maire qui ne pense qu'à son intérêt, le commissaire qui avoue n'aimer personne à part son métier.
Le curé quant à lui est davantage préoccupé par ses essaims d'abeilles que par le salut des âmes dont il a la charge.

C'est une galerie de salauds ordinaires qui nous oblige à réfléchir à notre propre réaction face aux évènements extraordinaires auxquels la vie nous confronte parfois. Sommes-nous toujours à la hauteur ? Jusqu'où sommes-nous prêt à aller par intérêt, par peur, par lâcheté ? Ou par courage ?

Je remercie NetGalley et les Editions Stock.



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ATTENTION DANGER ⚠! Âmes sensibles s'abstenir ! Ça décoiffe, ça dépote, ça déménage et ça dérange ! Vous êtes prêt ? Je vous aurais prévenu ... chamboulement intérieur imminent ... 3 ... 2 ... 1 ... GO !
«Vous convoitez l'or et répandez la cendre.
Vous souillez la beauté, flétrissez l'innocence. »
Ainsi commence l'histoire ... une voix venue au loin, d'un ailleurs sans doute ... une voix qui résonne. le ton est ferme, accusateur. La cible : NOUS ... enfin notre face cachée, enfouie en nous, celle que l'on dissimule et que l'on essaie au mieux de dompter, comme on peut ...

La voix nous conte une histoire ... ah non ça c'est sûre pas de « il était une fois », ni de fioritures. le lieu du récit est inventé, un endroit isolé la seule île habitée de « L'archipel du Chien » ... une île aux apparences paisibles mais, rassurez-vous, ça ne durera pas .. le temps est venu de lever le voile sur cette ptite boule sombre ensommeillée qui ne demande qu'à sortir et libérer toutes les horreurs qu'elle renferme : Cupidité, Haine, Injustice, Indifférence, Égoïsme ... mmmh voilà un merveilleux panel de nos jolies bassesses !

Vous l'aurez compris donc une délicieuse atmosphère, oppressante à souhait, un suspens à la hauteur des bons thrillers et toute une symbolique magnifiquement écrite : la plume est tranchante, implacable et d'une poésie remarquable !

Alors, dans ce contexte là, je suis partante et ok pour voyager dans les bas fonds de l'âme humaine, décortiquer l'inconcevable et accepter, peut-être aussi, la présence perfide de cette ptite boule sombre qui sommeille en moi ...
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Quel bonheur de retrouver l'écriture de Philippe Claudel. Il possède ce don de m'emmener dans son univers à chaque ligne. Je savoure chacune de ses phrases. Je crois bien que je ne m'en lasserai jamais.

Et heureusement qu'il sait y mettre les formes parce qu'il faut bien avouer que l'histoire est très inconfortable pour notre petite personne. Elle questionne notre conscience, jauge notre niveau de lâcheté, d'égoïsme.

En effet, Philippe Claudel livre un conte moderne ou devrais-je plutôt dire un cauchemar moderne ?

Le décor ? Une île quelconque en Méditerranée.
Les personnages ? Des archétypes représentant les différents pouvoirs que l'on peut trouver dans un microcosme insulaire : l'ancienne institutrice acariâtre, le curé, le médecin, le maire, le commissaire et le nouvel instituteur venu du continent.
L'événement déclencheur ? la découverte sur la plage de trois cadavres de migrants. Qu'en faire ? Comment réagir ? Faut-il en parler ? Se taire ?
Autant de questions qui vont titiller la conscience des uns et des autres, entraîner l'île dans un cataclysme moral écoeurant.

Comme moi, si vous vous attendez à trouver des réponses dans ce livre, vous resterez un peu sur votre faim bien que le suspense soit maintenu jusqu'au bout.

Je vous l'ai dit, c'est inconfortable mais nécessaire. C'est en vous qu'il va falloir regarder. A partir de quand allez-vous avoir honte ?

Un livre à posséder pour sa magnifique couverture,
Un livre à apprécier pour sa forme,
Un livre à relire pour ne pas oublier.

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Une île, probablement située en Méditerranée , une toute petite île située à l'extrême pointe de l' Archipel du Chien. Une île où il fait bon vivre, tous les natifs y semblent heureux, chacun s'entend avec son voisin , une île où règne l'harmonie, où le soleil , la nature offrent à chacun l'essentiel . Et patatras, un beau matin sur la plage trois corps gisent . Trois corps de jeunes africains morts noyés et rejetés par la mer . C'est la Vieille qui les y trouvent . Bientôt rejointe par Amérique, Spadon ,le Maire, le Docteur et l'Instituteur, chacun prend conscience que leur monde vient de basculer . Que faire? comment agir ?" comment s'arranger avec l'impossible qui frappe à notre porte?" comme le dit si bien P Claudel lorsqu'il parle de son roman.
Alors voilà L'Archipel du Chien c'est aussi le monde qui frappe à des portes rarement ouvertes, le plus souvent fermées. Chacun doit faire face à ses propres contradictions, ses propres décisions . Un conte noir oserais-je dire couleur ébène que chacun lira comme il lui semblera bon . Un conte à la façon d'une enquête policière, un conte onirique, philosophique, à chacun de le décrypter selon ses propres critères . Un conte servi par une écriture lumineuse , celle de Philippe Claudel . Merci Monsieur
Un grand merci aux Editions Stock via netGalley pour ce partage .
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En voilà, une fable féroce sur la lâcheté et le cynisme des hommes !
Des corps de migrants échouent sur la plage d'une île volcanique oubliée de tous, et les braves habitants s'empressent de faire comme si rien n'était arrivé, afin de préserver leur tranquillité et leurs intérêts économiques. Mais l'Instituteur, un "étranger" venu du continent, ne peut pas se satisfaire de cette veulerie et décide d'enquêter sur cet événement.
Ce court roman m'a fait penser au beau et terrifiant "Rapport de Brodeck", où Philippe Claudel raconte également la peur de l'étranger et la vaine lutte contre la bêtise. Mais cette fois, l'histoire se passe aujourd'hui. "Comment les siècles futurs jugeront-ils votre temps ?" écrit-il au chapitre I. Heureusement, je ne serai plus là pour le savoir -même si j'en ai une vague idée.
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