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3,11

sur 479 notes
Tout d'abord, je voudrais exprimer toute ma gratitude à Lili Galipette pour m'avoir offert ce livre et, par là même, m'avoir fait connaître un auteur qui m'a bouleversée. J'en avais bien entendu parler mais que voulez-vous, ce pauvre Philippe porte le même nom qu'un écrivain que je déteste, vous savez, le frère de Camille... et comme je fonctionne souvent au feeling... Je passe quelquefois, je l'avoue, à côté de certains qui ont pourtant un talent indéniable.

Mais revenons donc à ce livre, que j'ai littéralement dévoré. D'ailleurs, je me surprends et je découvre que j'aime énormément ces romans dystopiques à la Huxley ou Orwell. Mais le petit plus de Claudel (Philippe, hein ! Vous suivez toujours ?) c'est cet absurde qu'il y injecte, à la manière de Kafka. J'ai cru me retrouver dans ces épisodes de la Quatrième dimension que j'adorais. Je suis restée scotchée, fascinée même, page après page, cherchant à savoir ce qui allait arriver à l'enquêteur, ce pauvre hère qui espère toujours alors qu'il lui arrive des choses de plus en plus graves. "C'est en ne cherchant pas que tu trouveras"... dit l'auteur, ce qui pourrait s'appliquer à la fois au personnage et au lecteur.

Folie ? Déshumanisation ? Certes... mais provoquées par un certain totalitarisme. Ce roman donne à réfléchir... Je vous invite vraiment à y mettre le nez dedans ! Quant à moi, je vais aller lire un autre roman de ce même auteur que je classe dans mes coups de coeur.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Quelle étrange histoire !
l'enquêteur est envoyé dans une ville pour analyser une série de suicides dans « l'entreprise ».
Depuis son arrivée, rien ne se déroule comme prévu. Pour lui, ça vire rapidement au cauchemar :
Personne ne l'attend dans cette ville déserte sous la neige
L'hôtel qu'il trouve enfin tard dans la nuit est des plus énigmatique
Un policier étrange est au courant de ses moindres faits et gestes
…………
Plus les pages se suivent et plus le cauchemar prend de l'épaisseur.
Toute puissance du pouvoir financier, flots migratoires, déshumanisation, êtres robotisés….., l'enquêteur est au coeur de tout cela présenté comme un conte fantastique dans un monde kafkaïen.
Un livre plus que déroutant et dérangeant servi par la plume impeccable de Philippe Claudel.
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Le genre d'intrigue que j'adore ! Entre kafka, Orwell et bien d'autres visionnaires. Philippe Claudel, dissèque l'absurdité de notre société en l'extrapolant (juste ce qu'il faut). On s'enfonce, à travers les déboires de ce pauvre « Enquêteur », dans les méandres de l'irrationnel, dans l'impossibilité d'être reconnu pour ce que l'on est, dans notre humanité. Sous l'emprise d'un « Big Brother » omniscient, ubiquiste, déifié, la société totalitaire qui est dépeinte dans ce roman transforme les humains en robots soumis, uniquement reconnus par leurs fonctions et non par leur personnalité puisqu'ils n'ont même pas de nom. Mais, attention, on n'est pas dans « 1984 ». C'est effectivement une dénonciation, souvent très drôle, des dérives vers lesquelles notre monde s'achemine inexorablement. Mais Claudel instille dans le texte quelque chose de plus individuel, de moins volontairement politique.
Car on assiste également aux méandres intérieurs de l'enquêteur, son incapacité personnelle à exister pour lui-même et dans la mission que la société lui a confiée. Et si toutes ces aventures n'étaient que le produit de son cerveau malade ? Une hallucination ? Comme le laisse suggérer les derniers chapitres.  On peut y voir aussi une dimension onirique. Et si tout cela n'était qu'un cauchemar, comme le personnage le pense (et le souhaite) à un moment ? Il y a plusieurs grilles de lecture possibles.
L'écriture est précise, très précise. On s'attarde souvent sur des détails, pour mieux nous faire ressentir l'absurdité et l'incongruité d'une situation. le rythme est assez lent mais on se laisse emmener facilement dans les multiples péripéties du personnage.
Je ne connaissais pas encore cet auteur. Cette lecture fut un réel plaisir. Jubilatoire !
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Roman de Philippe Claudel.

"C'est en ne cherchant pas que tu trouveras." l'enquêteur est pourtant missionné pour chercher des explications à la vague de suicides survenus au sein du personnel de l'Entreprise. l'enquêteur se heurte à l'absurdité et l'absence de sens de la Ville et de ses habitants. le Policier, le Garde, le Guide, le Responsable, le Psychologue, tous semblent perturber à dessein sa mission et se mettre en travers de sa route même pour les actions les plus banales. Dans l'Entreprise, chacun a un rôle bien défini et personne ne quitte les rails dans lesquels il avance. l'enquêteur, "un être scrupuleux, professionnel, attentif, rigoureux et méthodique, qui ne se laissait pas surprendre ni perturber par les circonstances ou les individus qu'il était amener à rencontrer au cours de ses enquêtes" (p. 70), est perdu dans un monde qu'il ne comprend pas et doit se résoudre à l'inexpliquable.

Comment ne pas penser au terrifiant Château de Kafka! Mais la ressemblance est subtile. Philippe Claudel explore davantage le côté social du monde. Là où chacun est réduit à un rôle, "dans un système impersonnel et asexué de fonctions, de rouages, un grand mécanisme sans intelligence dans lequel ces fonctions, ces rouages interviennent et interagissent en vu de le faire fonctionner" (p. 221), l'enquêteur n'est qu'un rôle parmi d'autres. le roman est nourri de théâtralité, avec des entrées et des sorties fracassantes, des personnages dont le masque est figé pour l'éternité, des répétitions et des scènes qui semblent déjà écrites. l'enquêteur se perd dans "cet univers forcément faux, totalement onirique et qui n'était en rien la vie." (p. 142) Et qu'est-ce que le roman, le récit, si ce n'est une apparence de réel sans le souffle de la vie?

L'absence totale d'anthroponymie ou de toponymie rend l'onomastique factice: l'intrigue se déroule nulle part et est menée par personne. La non-personnalisation des protagonistes ou des lieux rend le récit universel mais intangible, encore plus impalpable. Dans l'impossibilité de nommer, de s'accrocher à des référents qui ne soient pas schématiques, le texte devient un canevas désincarné et transposable à l'infini. le récit n'en est que plus percutant. En n'accusant personne, il désigne tout le monde.

Les 23 suicides dénombrés dans l'Entreprise, gigantesque matrice tentaculaire qui englobe la Ville - qui est la Ville - l'énigmatique portrait du vieil homme qui préside chaque lieu, les appels désespérés d'un inconnu, le sentiment de mort que ressent l'enquêteur et le final dans une plaine désertique font de ce roman une somme d'angoisse et de questionnements. S'agit-il d'un voyage initiatique? D'une acceptation de la mort? D'un futur apocalyptique? D'une réalité différée? D'une critique de la société qui tue et engloutit ses membres sans considération aucune? Après tout, qu'importe la réponse. le lecteur est l'enquêteur, l'auteur est le Fondateur, le texte est l'Entreprise. Chacun doit tenir sa place, même s'il ne la connaît pas et ne la comprend pas. le Fondateur ne sait pas ce qu'il a fondé, l'enquêteur ne sait plus sur quoi il doit chercher. Ultime réponse, à mettre en regard de la première phrase citée: "Ici, c'est en se bandant les yeux qu'on réussit à voir." (p. 262)

Philippe Claudel signe un texte fort qui, s'il m'a moins enchantée que le rapport de Brodeck, n'en reste pas moins une réussite stylistique. Je l'ai lu en deux heures, happée par le destin malchanceux de l'enquêteur, avide de poursuivre avec lui l'expérience glaçante d'un univers dénué de logique apparente. Encore une belle découverte de la rentrée littéraire 2010!
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Voilà un auteur qui n'a pas peur d'explorer des genres différents, au risque de déconcerter ses lecteurs! Une même qualité d'écriture, mais au service d'un ouvrage tout à fait déroutant et peu réjouissant.

Si l'histoire commence par un réaliste Enquêteur qui va faire une enquête sur des suicides dans l'Entreprise, on se retrouve ensuite dans un univers bizarre, à la fois totalitaire et totalement instable, où les choses et les gens changent constamment.

On peut invoquer Kafka ou se dire qu'il en fume du bon ce Claudel!
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Pendant plus de deux cents pages nous suivons les déambulations de l'enquêteur dans une entreprise tentaculaire où il est chargé de découvrir la cause des 23 suicides qui viennent de s'y produire. de lui on ne saura que peu de choses : "C'était un homme de petite taille, un peu rond, aux cheveux rares." Adulte banal, plein de bonne volonté, soucieux de remplir la tâche qu'on lui a confiée, il ne rencontrera que des personnages aussi abstraits que lui, des sans nom, juste des fonctions, le Policier, le Serveur, le Guide, le Fondateur, bref des employés, tous solitaires, déboussolés, dépersonnalisés, déshumanisés qui ne comprennent rien à ce qui se passent vraiment mais qui exécutent ce qu'on leur demande en bons petits soldats.
La ville où il arrive un soir est elle aussi sans nom, sans âme, sans vie. L'entreprise est fermée, les rues sont vides et il pleut sans cesse. Il échoue où il peut, dans un immense hôtel étrange, sans cohérence, où les fenêtres sont murées, où on lui refuse tout ce qu'il demande pour l'accorder aux autres clients, où tout va de travers et d'où il aura beaucoup de mal à s'échapper!

Très vite j'ai compris que ce n'était pas réellement un roman que je lisais mais bien ce que je n'apprécie pas outre mesure: une fable moralisatrice dans laquelle l'auteur dénonce la déshumanisation du monde moderne, où la technique remplace l'homme, où personne ne sait d'où viennent les ordres, où chacun finit coincé dans sa boîte, physiquement, sans pouvoir en sortir, sans possibilité de communiquer avec ses semblables, eux aussi prisonniers de leurs propres boîtes, tous pris au piège mais de qui? de quoi ? Pourquoi? Même le Fondateur ne sait plus ce qu'il a fondé! Ce n'est même pas un complot!
"Clac". - "Plus rien."
J'ai déjà lu ce discours. Je suis dans le monde de Kafka ! Impossible de ne pas y penser!
Non que je ne sois pas d'accord avec ce constat, au contraire, là n'est pas la question... mais quel ennui de lire un récit si déprimant, si lourd, si froid, si peu inspiré ! J'ai fini par sauter des pages et terminer en lecture rapide, sans aucun remords.

Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Voici un roman bien étrange. Je pensais retrouver l'univers et la plume qui m'avaient séduit avec « le rapport de Brodeck », mais je me suis retrouvé bien dépourvu face à ce récit que j'ai tout de même avalé d'une traite, dévoré moi-même par la curiosité et une sorte de vertige désagréable qui attire irrémédiablement vers le vide. Après Ionesco, Camus, Sartre ou encore Kafka, voici la littérature de l'absurde selon Claudel.

Un Enquêteur est dépêché dans une ville pour enquêter sur les suicides qui ont touché l'Entreprise. Dès son arrivée à la gare, cet homme banal, sans âme et sans histoire, habité seulement par la mission qui lui a été confiée, se retrouve confronté à un enchaînement de circonstances fâcheuses qui nous font nous demander bien vite si les habitants de cette ville ne se sont pas ligués à la malchance pour l'empêcher de mener à bien sa mission. Ainsi débute l'aberrant périple de l'Enquêteur, avançant contre vents du sort et marées des malintentionnés, devant se confronter à des situations de plus en plus ubuesques et à des personnages de plus en plus loufoques. La Géante, le Policier, le Guide, le Responsable, le Veilleur se relaient auprès de l'Enquêteur, tantôt pour lui nuire tantôt pour le faire espérer, le faire réfléchir à la logique de son rôle, tester sa détermination, faire de son séjour un enfer dont on ne sait pas s'il s'agit d'un cauchemar sans fin ou d'une mécanique bien huilée. Et si l'enquête qu'il menait n'était pas celle qu'il croit ?

Je sors de ce roman avec une opinion mitigée. Hormis quelques pages bien envolées, le reste de la narration m'a paru sans saveur mémorable, mais peut-être était-ce l'effet recherché. Oublier le style pour ne garder que l'idée. Il faut aimer l'absurde pour plonger dans ce roman dans lequel on devine bien vite les intentions de l'auteur qui sont de nous interroger sur l'absurdité de la condition humaine, de nos actions et de nos buts dans une société qui confine elle-même à l'absurde.
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J'aime bien Philippe Claudel , l'ambiance de ses livres, celui-ci avait échappé à ma vigilance .
Le début du roman intrigue, qu'est-ce donc que cette drôle de ville, cette Entreprise qui semble gigantesque ,ces gens bizarres, il y a du Kafka la- dessous...
L'impression de surprise passée, j'ai eu la sensation de me retrouver dans certains rêves absurdes , des chambres d'hôtel aux dimensions improbables, ces files d'individus que l'on ne peut franchir , ces rencontres déroutantes.
Interrogation de ce qu'est l'homme parmi les autres? Un mouton à la Philippe Murray ?
Et le Fondateur , un Dieu ou Big Brother ?
Ce n'aura pas été la rencontre habituellement plaisante même si elle peut être parfois dérangeante avec cet écrivain, une histoire trop absurde et inquiétante mais restant trop superficielle , j'attendais autre chose .

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Des suicides dans l'Entreprise et l'enquêteur arrive dans la ville pour enquêter. Malgré la gravité du sujet, je dois reconnaître avoir souri dans les pas de l'enquêteur dans ce monde loufoque. Petit à petit, la situation devient plus oppressante. Ce monde bizarre s'approche du monde réel et on s'identifie de plus en plus au malheureux Enquêteur. Je ne sait pas s'il a trouvé pourquoi il y a eu tant de suicides ... nous oui.
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C'est un livre intéressant sans le pouvoir de vraiment toucher le lecteur. Les événements sont un peu trop absurdes et irréels pour donner une histoire vraiment captivante. le protagoniste, « l'enquêteur », est un individu qui semble un peu désincarné. Il doit examiner une série de suicides dans une grande entreprise ou « l'Entreprise ». Nous suivrons les événements pendant son séjour dans un hôtel étrange et pendant sa visite à cette Entreprise. C'est l'enquêteur qui raconte l'histoire. Il endure des incidents étranges et désagréables.

L'histoire est vraiment intemporelle mais elle se déroule dans l'actualité, car on parle de télévisions et de portables. Nous nous trouvons dans une société régularisée rigidement dans une quelconque ville qui est dominée par cette grande Entreprise qui est vraiment omniprésente. Tous les personnages dans le livre sont des fonctionnaires froids et impersonnels. Ils représentent surtout des symboles plutôt que des gens réels avec des émotions et des sentiments humains. Les personnages dans le livre ne portent pas des noms propres, mais ils s'appellent après leurs fonctions : l'enquêteur, le Policier, le Guide, le Veilleur, et, mon étiquette préférée, le Responsable.

Chaque personnage, chaque fonctionnaire, a sa petite tâche soigneusement délimitée. L'auteur décrit une société qui est devenue une bureaucratie idéale. On croyait lire une histoire de Kafka ! On ne rencontre pas des gens normaux dans ce livre, on ne trouve pas des individus humains non plus. le public, les gens dans les rues, ils promènent et roulent tous dans la même direction, littéralement. C'est impossible pour un individu comme l'enquêteur de trouver sa propre voie.

C'est un livre vraiment intéressant qui traite quelques thèmes distincts mais fortement reliés. Il y a par exemple l'aliénation d'un individu dans une société impersonnelle, mais aussi la lutte d'un individu contre les autorités dans une société totalitaire. C'est une histoire simple avec des événements plutôt absurdes que réalistes. le livre donne une ambiance menaçante mais toutes les situations sont tellement irréelles que le lecteur peut se distancier facilement de l'histoire. En effet, c'est difficile de s'identifier avec le protagoniste. Il est aussi surtout un fonctionnaire, mais un fonctionnaire qui montre quelques doutes et quelques sentiments humains et normaux.

Je n'aime pas vraiment la fin du livre. Dans les derniers chapitres, l'enquêteur s'est confronté avec quelques vérités sur sa propre situation par, bien sûr, « le Psychologue ». Bien que ça aide un peu à éclaircir la situation pour le lecteur, pour moi la fin du livre manque quelque chose, car l'histoire ne se termine pas vraiment.

On peut trouver quelques similarités entre « l'enquêteur » et « le Rapport de Brodeck », cet autre livre de Philippe Claudel. Les deux livres présentent des histoires étouffantes sur des individus déracinés qui ont dû accomplir une quelconque mission dans un environnement étrange et inquiétant. Tous les deux protagonistes se trouvent dans une situation qui se détériore tout au long de l'histoire. Cependant, je trouve que « l'enquêteur » n'offre pas du tout cette même ambiance angoissante et captivante. Je crois que je vais l'oublier rapidement, contrairement à « le Rapport de Brodeck ».
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