AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,11

sur 480 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout d'abord, je voudrais exprimer toute ma gratitude à Lili Galipette pour m'avoir offert ce livre et, par là même, m'avoir fait connaître un auteur qui m'a bouleversée. J'en avais bien entendu parler mais que voulez-vous, ce pauvre Philippe porte le même nom qu'un écrivain que je déteste, vous savez, le frère de Camille... et comme je fonctionne souvent au feeling... Je passe quelquefois, je l'avoue, à côté de certains qui ont pourtant un talent indéniable.

Mais revenons donc à ce livre, que j'ai littéralement dévoré. D'ailleurs, je me surprends et je découvre que j'aime énormément ces romans dystopiques à la Huxley ou Orwell. Mais le petit plus de Claudel (Philippe, hein ! Vous suivez toujours ?) c'est cet absurde qu'il y injecte, à la manière de Kafka. J'ai cru me retrouver dans ces épisodes de la Quatrième dimension que j'adorais. Je suis restée scotchée, fascinée même, page après page, cherchant à savoir ce qui allait arriver à l'enquêteur, ce pauvre hère qui espère toujours alors qu'il lui arrive des choses de plus en plus graves. "C'est en ne cherchant pas que tu trouveras"... dit l'auteur, ce qui pourrait s'appliquer à la fois au personnage et au lecteur.

Folie ? Déshumanisation ? Certes... mais provoquées par un certain totalitarisme. Ce roman donne à réfléchir... Je vous invite vraiment à y mettre le nez dedans ! Quant à moi, je vais aller lire un autre roman de ce même auteur que je classe dans mes coups de coeur.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          640
Le genre d'intrigue que j'adore ! Entre kafka, Orwell et bien d'autres visionnaires. Philippe Claudel, dissèque l'absurdité de notre société en l'extrapolant (juste ce qu'il faut). On s'enfonce, à travers les déboires de ce pauvre « Enquêteur », dans les méandres de l'irrationnel, dans l'impossibilité d'être reconnu pour ce que l'on est, dans notre humanité. Sous l'emprise d'un « Big Brother » omniscient, ubiquiste, déifié, la société totalitaire qui est dépeinte dans ce roman transforme les humains en robots soumis, uniquement reconnus par leurs fonctions et non par leur personnalité puisqu'ils n'ont même pas de nom. Mais, attention, on n'est pas dans « 1984 ». C'est effectivement une dénonciation, souvent très drôle, des dérives vers lesquelles notre monde s'achemine inexorablement. Mais Claudel instille dans le texte quelque chose de plus individuel, de moins volontairement politique.
Car on assiste également aux méandres intérieurs de l'enquêteur, son incapacité personnelle à exister pour lui-même et dans la mission que la société lui a confiée. Et si toutes ces aventures n'étaient que le produit de son cerveau malade ? Une hallucination ? Comme le laisse suggérer les derniers chapitres.  On peut y voir aussi une dimension onirique. Et si tout cela n'était qu'un cauchemar, comme le personnage le pense (et le souhaite) à un moment ? Il y a plusieurs grilles de lecture possibles.
L'écriture est précise, très précise. On s'attarde souvent sur des détails, pour mieux nous faire ressentir l'absurdité et l'incongruité d'une situation. le rythme est assez lent mais on se laisse emmener facilement dans les multiples péripéties du personnage.
Je ne connaissais pas encore cet auteur. Cette lecture fut un réel plaisir. Jubilatoire !
Commenter  J’apprécie          370
Roman de Philippe Claudel.

"C'est en ne cherchant pas que tu trouveras." l'enquêteur est pourtant missionné pour chercher des explications à la vague de suicides survenus au sein du personnel de l'Entreprise. l'enquêteur se heurte à l'absurdité et l'absence de sens de la Ville et de ses habitants. le Policier, le Garde, le Guide, le Responsable, le Psychologue, tous semblent perturber à dessein sa mission et se mettre en travers de sa route même pour les actions les plus banales. Dans l'Entreprise, chacun a un rôle bien défini et personne ne quitte les rails dans lesquels il avance. l'enquêteur, "un être scrupuleux, professionnel, attentif, rigoureux et méthodique, qui ne se laissait pas surprendre ni perturber par les circonstances ou les individus qu'il était amener à rencontrer au cours de ses enquêtes" (p. 70), est perdu dans un monde qu'il ne comprend pas et doit se résoudre à l'inexpliquable.

Comment ne pas penser au terrifiant Château de Kafka! Mais la ressemblance est subtile. Philippe Claudel explore davantage le côté social du monde. Là où chacun est réduit à un rôle, "dans un système impersonnel et asexué de fonctions, de rouages, un grand mécanisme sans intelligence dans lequel ces fonctions, ces rouages interviennent et interagissent en vu de le faire fonctionner" (p. 221), l'enquêteur n'est qu'un rôle parmi d'autres. le roman est nourri de théâtralité, avec des entrées et des sorties fracassantes, des personnages dont le masque est figé pour l'éternité, des répétitions et des scènes qui semblent déjà écrites. l'enquêteur se perd dans "cet univers forcément faux, totalement onirique et qui n'était en rien la vie." (p. 142) Et qu'est-ce que le roman, le récit, si ce n'est une apparence de réel sans le souffle de la vie?

L'absence totale d'anthroponymie ou de toponymie rend l'onomastique factice: l'intrigue se déroule nulle part et est menée par personne. La non-personnalisation des protagonistes ou des lieux rend le récit universel mais intangible, encore plus impalpable. Dans l'impossibilité de nommer, de s'accrocher à des référents qui ne soient pas schématiques, le texte devient un canevas désincarné et transposable à l'infini. le récit n'en est que plus percutant. En n'accusant personne, il désigne tout le monde.

Les 23 suicides dénombrés dans l'Entreprise, gigantesque matrice tentaculaire qui englobe la Ville - qui est la Ville - l'énigmatique portrait du vieil homme qui préside chaque lieu, les appels désespérés d'un inconnu, le sentiment de mort que ressent l'enquêteur et le final dans une plaine désertique font de ce roman une somme d'angoisse et de questionnements. S'agit-il d'un voyage initiatique? D'une acceptation de la mort? D'un futur apocalyptique? D'une réalité différée? D'une critique de la société qui tue et engloutit ses membres sans considération aucune? Après tout, qu'importe la réponse. le lecteur est l'enquêteur, l'auteur est le Fondateur, le texte est l'Entreprise. Chacun doit tenir sa place, même s'il ne la connaît pas et ne la comprend pas. le Fondateur ne sait pas ce qu'il a fondé, l'enquêteur ne sait plus sur quoi il doit chercher. Ultime réponse, à mettre en regard de la première phrase citée: "Ici, c'est en se bandant les yeux qu'on réussit à voir." (p. 262)

Philippe Claudel signe un texte fort qui, s'il m'a moins enchantée que le rapport de Brodeck, n'en reste pas moins une réussite stylistique. Je l'ai lu en deux heures, happée par le destin malchanceux de l'enquêteur, avide de poursuivre avec lui l'expérience glaçante d'un univers dénué de logique apparente. Encore une belle découverte de la rentrée littéraire 2010!
Lien : http://lililectrice.canalblo..
Commenter  J’apprécie          290
En rédigeant la critique de l'arbre du pays Toraja, je me suis rendu compte que je n'avais pas défendu L'enquête, roman déroutant, mais génial de Philippe Claudel.
Un enquêteur est sommé d'élucider une série de suicides suspects dans une entreprise. Se rendant sur les lieux, il s'aperçoit rapidement que beaucoup de choses semblent déréglées. Il ne se doute pas à quel point.

Quand on est un auteur établi, restant sur d'immenses succès , se lancer dans un tel ouvrage est extrêmement osé. Mais voilà, Claudel a deux atouts : une imagination sans faille , qui aurait pu être ici celle des scénaristes de films comme "Brazil" et une écriture merveilleuse. Avec ses ingrédients, il ne peut rien arriver ! Il faut juste entrer dans l'univers de l'enquêteur. Ok, ce n'est pas simple! Marcher sans fin sur un trottoir , être dans l'incapacité de traverser...
Si la fin est un peu chaotique , mais comment aurait-il pu en être autrement ?le reste du roman nous fait écarquiller les yeux tout en se régalant des mots.
Commenter  J’apprécie          120
Mais quel est cet ovni littéraire ? Quel univers étrange dans lequel nous plonge cet auteur dans ce titre complètement différent des autres !
Nous sommes entre rêve et réalité, dans la peau de l'enquêteur. As de nom, une description rapide dans les premières lignes, et l'imagination fait le reste, on se le représente sans aucun problème.
Après une premier chapitre très réaliste à la Simenon : une gare, un café, il pleut…nous errons avec le personnage en quête de l'Entreprise, puis d'un hôtel. Et là, tout bascule. A chaque seuil franchit, de nouvelles règles du jeu : du fantastique, du merveilleux… Où sommes-nous vraiment ?
L'écriture est très cinématographique, je me suis fait le décor du film (pardon, du livre !) dans ma tête au fur et à mesure de la lecture. J'aurai bien vu un film d'anticipation, alors que l'histoire a été écrite au moment de la vague de suicides dans une grande entreprise française et aborde ce thème d'une façon très kafkaïenne.
Une chose est sûre, ce livre ne laisse pas indemne, j'ai mis du temps à m'extraire du personnage. La perte de repère est ‘'tourneboulante'' et nous montre une autre facette du talent de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          90
Drôle d'enquête, à vrai dire : l'enquêteur (on ne connaîtra jamais son nom et lui-même ne s'en souviendra même pas) est dépêché dans une Entreprise pour... enquêter (ce qu'il ne fera jamais, en fait) sur une vague de suicides. de chapitre en chapitre, nous plongeons dans un univers kafkaïen, troublant. On ne lâche pas le livre.
Lien : http://www.lepoint.fr/cultur..
Commenter  J’apprécie          90
J'aime Philippe Claudel. de toute façon. Quasi à chaque fois. Alors que j'ai un peu hésité, perdue au début, j'ai continué, par confiance en lui. Et putain j'ai bien fait !!!!
Ma lecture s'est faite en pleine fascination, j'étais scotchée : le film se déroulait devant moi, à la fois absurde, déroutant et inquiétant...Je cherchais le sens, comme le narrateur, de ces aventures étranges, toujours narrées avec la plume poétique et souple de l'auteur. Plus le récit avance, plus on gagne en hauteur. On termine en apothéose philosophique, seulement déçu d'avoir terminé...Un livre que je relirai, pour sûr, et dans lequel je trouverai, j'en suis sûr, encore plus de sens caché...Un énorme coup de coeur, un chef d'oeuvre à mon sens !
Commenter  J’apprécie          60
l'enquêteur du nouveau roman de P.Claudel est investi d'une nouvelle mission: déterminer les causes d'une vague de suicides dans l'Entreprise d'une grande ville. Alors qu'il devrait être attendu pour résoudre cette enquête, tous lui sont hostiles. Et à mesure qu'il avance dans ses découvertes, l'enquêteur se demande s'il n'est pas lui-même victime d'une machine infernale...
Atmosphère oppressante au fil des pages où le Lecteur (complice ?) assiste, impuissant , au " gommage d'individus".
Commenter  J’apprécie          50
« C'est en ne cherchant pas que tu trouveras. » Voilà une des consignes qui sont données à l'enquêteur qui débarque dans cette ville inconnue, et j'ajouterai pour les futurs lecteurs de ce roman "c'est en ne cherchant pas à comprendre que tu aimeras ce livre".

Car nous sommes ici dans un monde étrange et une ambiance bien particulière. Ce roman est très différent de ceux que j'ai déjà pu lire de l'auteur (Les âmes grises, le rapport de Brodeck, le monde sans les enfants) mais je l'ai cependant beaucoup aimé, bien que l'atmosphère soit totalement pesante tout au long de l'histoire. Un enquêteur arrive par le train dans une ville inconnue, qui ne sera pas nommée, de même que chacun des protagonistes : ici, tout est anonyme, la ville, les gens et seules les fonctions différencient les uns des autres : il y a l'enquêteur, il y aura également le gardien, les serveurs, le psychologue, les passants, le conseiller financier, le fondateur, le garde, le veilleur de nuit, le chef de service, le médecin du travail et, naturellement, le DRH. Plusieurs personnes donc qui croiseront le chemin de l'enquêteur, mais ne l'aideront pas vraiment à faire avancer son enquête sur l'Entreprise.

Car cet homme a une mission : il doit comprendre pourquoi une vague de suicides a semble-t-il sévi dernièrement parmi les employés de l'Entreprise. Nous y sommes ! Ce petit clin d'oeil à la réalité nous renvoie bien évidement à l'actualité de certaines grandes entreprises françaises dont la presse a fait ses choux gras ces derniers mois... Satyre du monde actuel ? oui et non. Oui, bien sûr, parce que ce roman parle de la déshumanisation de notre société, de son enfoncement progressif dans l'anonymat, de la non reconnaissance des qualités des hommes et femmes qui la composent, qu'on ne considère plus que selon leur statut ou leur métier.

Mais non parce que l'univers inventé par Claudel est, fort heureusement, imaginaire.
Suite sur Les lectures de Lili

Lien : http://liliba.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          40
L'Enquête
Philippe Claudel (né en 1962)
L'Enquêteur dont nous ne saurons jamais le nom est chargé d'une mission en raison du nombre élevé de suicides dans l'Entreprise. C'est un homme scrupuleux, méthodique, professionnel, précis et formel, formaté pour la mission.
Dès les premières pages de ce roman, j'ai eu l'impression de lire une nouvelle version du « Château » de Franz Kafka, avec une dérive dans l'absurde dans une ambiance irrationnelle et extravagante, mettant en scène un Enquêteur qui a beaucoup de ressemblance avec l'Arpenteur arrivant au Château et se trouvant dans une situation quasi incompréhensible, avec de surcroît un Big Brother à la manière Orwell épieur et omniprésent.
Rapidement l'Enquêteur plongé dans un monde d'angusties abdique dans sa mission et renonce à se penser en tant qu'individu ayant une volonté et le choix de ses actions pour agir congrûment. L'inanité de tous les préceptes jusque là retenus pour ses missions est patente. Heureusement, l'espoir fait vivre et notre Enquêteur n'en manque pas en dépit de tout ce qui lui arrive dans ce qui lui semble être un cauchemar dont il va se réveiller.
Peu à peu j'ai éprouvé à la fois une fascination et une sensation de malaise comme si moi-même j'étais l'Enquêteur et il faut là, reconnaître le talent de l'auteur à nous faire sentir que l'on est concerné, que l'on devient vraiment soi-même l'Enquêteur.
Il n'est pas douteux que l'auteur ait voulu nous faire comprendre que notre monde est un colosse au pied d'argile et que tous les petits, les exploités, les affamés, les faibles, les serfs contemporains ne s'en rendent pas suffisamment compte.
« Il n'est plus temps de descendre dans les rues et de couper la tête aux rois. Il n'y a plus de rois depuis bien longtemps. Les monarques aujourd'hui n'ont plus ni tête ni visage. Ce sont des mécanismes financiers complexes, des algorithmes, des projections, des spéculations sur les risques et les pertes, des équations au cinquième degré. Leurs trônes sont immatériels, ce sont des écrans, des fibres optiques, des circuits imprimés…Leurs châteaux sont devenus des banques de données. »
Et alors, tout le monde suit la ligne tracée et ce sans discernement et quand d'aventure on lève les yeux, on voit que l'on va droit dans le mur. Et puis :
« Ce qui est curieux, c'est de constater que le malheur est un poids qui devient finalement assez léger à mesure qu'il s'accentue ou prolifère. Voir mourir sous ses yeux un homme est très déplaisant. Presque insoutenable. En voir ou en entendre mourir des millions dilue l'atrocité et la compassion. »
Face à la toute puissance du pouvoir financier, aux flots migratoires, à la déshumanisation de notre monde, à l'avènement des robots, l'Enquêteur ne peut rien. Il ne peut que tenir sa place, même s'il ne sait où elle se trouve et tâcher de mener son enquête contre toute logique.
Un très bon roman de Philippe Claudel, très différent de ce qu'il écrit habituellement, mais digne, comme je l'ai dit, de Kafka et d'Orwell.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (946) Voir plus



Quiz Voir plus

Philippe Claudel

Philippe Claudel est professeur. Auprès de quel public particulier a-t-il enseigné ?

des aveugles
des prisonniers
des immigrés

5 questions
147 lecteurs ont répondu
Thème : Philippe ClaudelCréer un quiz sur ce livre

{* *}