Les hommes sont parfois si maladroits qu'on les prend pour le contraire de ce qu'ils sont vraiment.
En définitive, les frontières ne sont que des coups de crayon sur des cartes. Elles tranchent des mondes mais ne les séparent pas. On peut parfois les oublier aussi vite qu'elles furent tracées.
Je ne crois pas que les rêves annoncent quoi que ce soit, comme certains le prétendent. Je pense simplement qu'ils adviennent au moment où il faut, et qu'ils nous disent, dans le creux de la nuit, ce que nous n'osons peut-être pas nous avouer en plein jour.
Je suis encore un homme jeune, et pourtant, quand je songe à ma vie, c'est comme une bouteille dans laquelle on aurait voulu faire entrer plus qu'elle ne peut contenir.
C'est drôle la vie. Je veux dire les courants de la vie, ceux qui nous emportent plus qu'on ne les suit, et qui nous déposent après un curieux parcours soit sur la berge de droite, soit sur celle de gauche.
Car la peur appartient encore à la vie.
J’ai le sentiment que je ne suis pas fait pour ma vie. Je veux dire que ma vie déborde de tout part, qu’elle n’est pas taillée pour un homme comme moi, qu’elle se remplit de trop de choses, de trop d’évènements, de trop de misères, de trop de failles.
La colère et la haine suffisent à bousculer les cerveaux. Ce sont les plus violentes des eaux-de-vie.
La vérité, c'est que la foule elle-même est un monstre. Elle s'enfante, corps énorme composé de milliers d'autres corps conscients. Et je sais aussi qu'il n'y a pas de foules heureuses. Il n'y a pas de foules paisibles. Et même derrière les rires, les sourires, les musiques, les refrains, il y a du sang qui s'échauffe, du sang qui s'agite, qui tourne sur lui-même et se rend fou d'être ainsi bousculé et brassé dans son propre tourbillon.
"Qui vous a dit qu'il y avait une fête ?
- Le vent.
- Le vent ?
- Pour qui sait l'écouter, il dit plein de choses."