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Citations sur Le rapport de Brodeck (448)

Les hommes sont bizarres. Ils commettent le pire sans trop se poser de questions, mais ensuite, ils ne peuvent plus vivre avec le souvenir de ce qu’ils ont fait. Il faut qu’ils s’en débarrassent. Alors ils viennent me voir car ils savent que je suis le seul à pouvoir les soulager, et ils me disent tout. Je suis l’égout, Brodeck. Je ne suis pas le prêtre, je suis l’homme-égout. Celui dans le cerveau duquel on peut déverser toutes les sanies, toutes les ordures, pour se soulager, pour s’alléger. Et ensuite, ils repartent comme si de rien n’était. Tout neufs. Bien propres. Prêts à recommencer. Sachant que l’égout s’est refermé sur ce qu’ils lui ont confié. Qu’il n’en parlera jamais, à personne. Ils peuvent dormir tranquilles, et moi pendant ce temps, Brodeck, moi je déborde, je déborde sous le trop-plein, je n’en peux plus, mais je tiens, j’essaie de tenir. Je mourrai avec tous ces dépôts d’horreur en moi. Vois-tu ce vin ? Eh bien c’est mon seul ami. Il m’endort et me fait oublier, durant quelques instants, toute cette masse immonde que je transporte en moi, ce chargement putride qu’ils m’ont tous confié. Si je te dis cela, ce n’est pas pour que tu me plaignes, c’est pour que tu comprennes… Tu te sens seul de devoir dire le pire, moi, je me sens seul de devoir l’absoudre.
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Moi, je les ai vus les hommes à l'oeuvre, lorsqu'ils savent qu'ils ne sont pas seuls, lorsqu'ils savent qu'ils peuvent se noyer, se dissoudre dans une masse qui les englobe et les dépasse, une masse faite de milliers de visages taillés à leur image. On peut toujours se dire que la faute incombe à celui qui les entraîne, les exhorte, les fait danser comme un orvet autour d'un bâton, et que les foules sont inconscientes de leur geste, de leur avenir, et de leur trajet. Cela est faux. La vérité, c'est que la foule est elle-même un monstre.
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La nuit était douce, Dans le ciel qui s’évanouissait les étoiles frottaient leurs clous d’argent au noir de la nuit. Il y a des heures sur terre où tout est d’une insupportable beauté.
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Je l’ai prise contre moi, je l’ai serrée dans mes bras, longuement, et j’ai songé aux oiseaux, aux oiseaux si petits et perdus, les passereaux faibles, malades ou désolés qui ne peuvent suivre leurs semblables dans les grandes migrations, et qui attendent avec résignation, vers la fin de l’automne, sur le rebords des toits, les branches basses des arbres, les plumes défaites et le cœur affolé, le froid qui les fera mourir.
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Je ne savais pas trop quoi penser. Je ne sais toujours pas trop quoi penser. C’est sans doute cela la grande victoire du camp sur les prisonniers : les uns sont morts, et les autres comme moi qui ont pu en réchapper gardent toujours une part de souillure au fond d’eux-mêmes. Ils ne peuvent plus jamais regarder les autres sans se demander si au fond des regards qu’ils croisent il n’y a pas le désir de traquer, de torturer, de tuer. Nous sommes devenus des proies perpétuelles, des créatures qui, quoi qu’elles fassent, verront toujours le jour qui se lève comme une longue épreuve à surmonter et le soir qui tombe avec un sentiment curieux de soulagement. Il y a en nous les ferments de la déception et de l’intranquillité. Je crois que nous sommes devenus, et jusqu’à notre mort, la mémoire de l’humanité détruite.
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Je me souviens d’avoir pensé que les yeux n’ont pas d’âge, et que l’on meurt avec ses yeux d’enfants, toujours, ses yeux qui un jour se sont ouvert sur le monde et ne l’ont plus lâché.
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J’ai le sentiment que je ne suis pas fait pour ma vie. Je veux dire que ma vie déborde de toute part, qu’elle n’est pas taillée pour un homme comme moi, qu’elle se remplit de trop de choses, de trop d’événements, de trop de misères, de trop de failles. Peut-être est-ce ma faute ? Peut-être est-ce moi qui ne sais pas être un homme ?
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[...] Mais beaucoup se dirent surtout que c’était là peut-être la seule façon de se débarrasser de l’Anderer, de le voir foutre le camp loin de chez nous, et
qu’il s’en retourne là d’où il était venu, c’est-à-dire d’un endroit que
personne ne voulait même connaître. Cette sauvagerie imbécile était
d’ailleurs assez paradoxale, puisque, en lui tuant ses montures afin de lui
faire comprendre qu’il fallait qu’il s’en aille, c’était le priver du seul moyen
rapide de quitter le village. Mais les meurtriers, de bêtes ou d’hommes,
réfléchissent rarement à leur geste.
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Je me demande où le vieux avait trouvé ça, dans sa tête ou dans un livre. On trouve parfois tellement de choses bizarres dans les livres.
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Je suis entré dans les draps comme on plonge dans l’oubli.
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