Nous sommes en 1917, la Grande Guerre fait rage... Ceux qui croyaient qu'elle ne durerait pas, déchantent.
Dans un petit bourg du nord-est de la France, situé près de la ville de V., juste assez près du front pour que les habitants entendent les obus, une petite fille de 10 ans est découverte morte : elle a été étranglée. C'est la petite "Belle de jour" que tout le monde connaissait alentour, puisque son père tient "le Rébillon", le seul restaurant du bourg.
Vingt ans plus tard le narrateur, un policier qui a participé à
l'enquête (ce qu'on ne saura que vers la fin du roman) et dont on ne saura jamais le nom, se souvient de cette terrible journée glaciale de décembre...
"Belle de jour" avait été retrouvée sur les berges du canal à deux pas de l'usine et du château, la demeure du procureur Destinat.
Le procureur y vivait seul depuis de nombreuses années avec ses domestiques, depuis que sa toute jeune femme était prématurément décédée.
Qui a fait le coup ? le procureur Destinat, toujours triste et seul, qui a été aperçu avec la fillette la veille au soir ? le juge Mierck, personnage dégoûtant et imbu de sa personne ? Un homme du village qui avait trop bu ? Un déserteur de passage, fuyant le front ? Un des ouvriers de l'usine ?
L'affaire ne sera jamais résolue et va soulever beaucoup d'interrogations...
Le narrateur note ses souvenirs dans un petit carnet. Il nous décrit les lieux et les gens avec minutie et discrétion.Il se remémore aussi les conséquences que
l'enquête a eu sur sa vie personnelle, et le drame qui l'a broyé à jamais...
Ces morts-là prennent toute la place occultant ceux de la Grande Guerre toute proche.
Le récit monte crescendo dans le drame, créant une tension qui ne se démentira jamais, au fur et à mesure que le narrateur dévoile peu à peu les secrets, enfouis au plus profond de lui toute sa vie ,et qui ne seront révélés en totalité au lecteur qu'à la toute fin de l'histoire...
C'est un récit bouleversant où la frontière entre le bien et le mal est floue, rien ni personne, n'est tout blanc ou tout noir...Les âmes sont grises parce terriblement humaines...tout simplement d'où le titre du roman.
J'ai une fois de plus été plus que séduite par l'écriture de cet auteur, toute en finesse et je ne regrette pas d'avoir choisi cette relecture...
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