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3,92

sur 248 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans « Sauf les fleurs », Nicolas Clément nous décrit l'histoire d'un drame qui se joue chaque jour dans une petite famille d'agriculteurs, où le père bat femme et enfants avec une violence inouïe. Marthe, la fille, raconte, avec ses mots à elle, son quotidien fait de peur et d'insécurité, où elle tente, du haut de ses douze ans, de protéger comme elle peut sa mère et son petit frère Léonce, jusqu'au drame…

Dans une langue extrêmement épurée, faite d'ellipses et de phrases tronquées, une langue amputée par la violence du quotidien et la peur de parler, de mettre des mots sur l'horreur, Nicolas Clément n'hésite pas à déstabiliser le lecteur tout autant qu'il le charme. Une langue pleine de poésie, qu'il faut apprivoiser et qui fait ressortir toute la force et le courage de la narratrice. Un premier roman bouleversant et saisissant !
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Un très court roman percutant tant par le forme que par le fond. On suit Marthe à travers les années.
Une écriture pleine de poésie, déroutante. Un récit par bribes qui ressemble à un journal. Un rythme très soutenu qui laisse haletant. Une tension palpable à la lecture. Une impression de malaise. Des sentiments exacerbés, à vif.

Ce roman a vraiment été un grand moment de lecture. Intense. Bref. Choquant. Mais magistral.
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ah merci Audrey un grand merci pour cette sublime découverte. A peine lu quelques pages l'effet : grand coup, grande gifle et j.ai dû refermer le livre tellement ce récit est puissant et je me disais, excusez moi les mots : oh la vache quel bouquin une bombe ! et c'est peu de le dire, mon dieu quel bonheur et à la fois que de douleur dans ce court roman. Il y a très peu de livres qui me fassent cet effet violent et sublime de délectation à la fois, pour tout vous dire c'est le deuxième avec : le message d'Andrée Chedid. Quel style remarquable qui nous emporte, nous envoûte, nous éblouit...c'est fou cet effet en seulement 75 pages pour dire que chaque mot est utile avec toute sa force et sa magie.
Quant à l'histoire, magnifique dans la narration mais malheureuse dans l'origine, ce sujet traité de la maltraitance avec son lot de drames, d.enfance brisée, de femmes violentée mais malgré ce noir absolu la lumière persiste dans l'amour des enfants envers leur mère et vise versa...cette protection que les enfants tentent comme ils peuvent de maintenir autour de leur mère. Et ce père, la terreur, l'horreur, comment définir ce genre de personnage odieux, comment pourtant parvenir à l'ultime.
Prenez le temps de lire ce récit sublime, cette écriture incroyable j.en suis restée toute retournée, heureuse malgré tout d.avoir eu cette chance de savourer un texte de cette puissance et poésie. J'ai plus qu'adoré, il n.y a pas de mots suffisamment assez forts pour définir cette sensation étrange, lisez et vous comprendrez.
Je vais me pencher sur cet auteur à la plume incroyable.
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Cette phrase- là, dès la première page, m'a saisie d'émotion : "J'écris notre histoire pour oublier que nous n'existons plus". ça me préparait pour la suite...
J'avais peu de temps devant moi.
Anne, me suis-je dit, aujourd'hui tu vas être raisonnable : deux-trois pages, pas plus. Mais avec ce livre-là, ça ne marche pas comme ça. Rien ne peut plus nous sortir de cette lecture. Tout d'abord, le récit est très court, ce qui nous donne bonne conscience, mais surtout il y a ce style si particulier, surprenant, et puis l'histoire, qui ne nous laisse aucun répit. On est pris, comme une proie, à la fois consentante (séduite par le talent du narrateur) et indignée (par la tournure que prennent les événements).
C'est triste et beau à la fois.
Comme une promenade, en hiver, quand tout est sombre et presque lugubre. Pourtant...
Pour moi, cette écriture se situe à mi - chemin entre Christian Bobin et Milena Agus... Autant dire un nectar.
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Pour moi, cette lecture fut un véritable coup de coeur.
Ce roman est court ? Et alors ? Là où d'autres auteurs confondent brièveté et vacuité, Nicolas Clément crée un univers d'une densité rare, un langage poétique et foisonnant, où les mots se télescopent dans l'urgence.
Nous ne savons pas à quoi ressemblent Marthe et son frère Léonce. Peu importe ! Nous savons la force de l'amour qui les lit, nous savons la violence qu'ils endurent, nous savons l'apaisement qu'ils trouvent dans la campagne, auprès de leurs bêtes, nous savons leur jeunesse injustement bafouée. Nous savons aussi qu'il est difficile, voir impossible d'échapper à la tragédie. Même s'ils ont toute la vie devant eux. Même si l'amour est là.
Sauf les fleurs, un roman à lire absolument.
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Les premières pages m'ont déroutée.
Et puis je suis entrée sans crainte dans les paroles de Marthe, qui vit avec son petit frère et leur maman. Leur père, je n'en parle pas, c'est un monstre.
Les pages se suivent au rythme d'une écriture très poétique et sans barrières. Les mots s'enchainent, et le lecteur ( la lectrice) que je suis se laisse bercer par l'harmonie des phrases.
La vie de Marthe sera marquée par un premier drame, par un grand amour et par des émotions, des émerveillements, et de grands chagrins.
J'ai trouvé ce livre bien trop court, mais je pense sincèrement qu'il faudra plusieurs lectures pour percevoir toute la richesse de cette écriture vraiment très originale.
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C'est un livre coup de poing, 75 pages! Reçues en pleine figure.
On lit deux ou trois fois ce récit pour mieux se l'approprier comme un bouquet de fleurs que l'on respirerait, un bouquet de sensations extrêmes mais aussi douces qu'une plume au fil des pages un parfum de fleurs, munies de pétales qui s'effilochent, des pétales colorées de violence, de stupeur comme un cauchemar incompréhensible, intenable, insoutenable.

Marthe, son petit frère Léonce, sa maman et son père habitent une ferme isolée, au milieu des bêtes qui les aiment et qui ont peur comme eux.
Le père mutique, violent, bave de colère et tape sur la maman pour le plaisir de dominer, de faire régner l'horreur à la maison, de faire très mal.
"Maman tombe par terre en protégeant son visage. J'arrive trop tard pour la garder, elle abandonne son ventre à la fureur de papa. J'arrache maman à la pluie de gifles, je la relève, je la pousse vers notre chambre, nous nous enfermons à double tour, petits cochons dans la suie."
"Nous connaissons les mailles du corps, comment elles se cherchent et se trouvent pour nous protéger des coups. Nous posons des questions sans réponses."
Marthe prend bien soin de son petit frère, elle n'est heureuse qu'à l'école car elle désire apprendre: en classe, il n'y a plus de lutte, je peux rêver, imaginer mon frère grandir à l'abri des coups.
Pour elle, les mots sont très importants, elle les consigne sur son carnet, elle rêve, elle a douze ans.
Elle évoque les fleurs et leur langage: les tiges, les boutures et les épines en contre point à sa souffrance, à ses douleurs.

Elle soigne les animaux de la ferme avec tendresse et fierté pour adoucir la haine incompréhensible de cette brute de père qui ne parle pas sauf pour hurler ou cogner sans aucune raison jusqu'à ce qu'arrive l'impensable....
Puis survient Florent, son amour, qu'elle suivra à Baltimore.
Il se lance dans la musique tandis qu'elle étudie ses auteurs préférés, des Grecs.
Elle s'essaie à traduire Eschyle.
"Que lire, écrire, traduire, c'est reformer le sein, étaler l'origine, aérer le fumier d'où sortiront les fleurs derrière chaque tort redressé.
Il me tarde d'avoir des élèves et de faire leurs preuves,sous mes yeux les phrases s'ordonnent, les déclinaisons rentrent, les auteurs me deviennent familiers... Chaque phrase
que j'arrache au chiendent me récompense d'avoir essayé...."
Marthe a 19 ans, Florent signe son contrat de travail.
"Regarde, laisse fleurir. Une autre nuit Florent ajoute Les coups reçus ouvrent tes bras, les caresses ont franchi tes poings fermés,tes doutes deviendront des élèves, que voulais tu de mieux?que pouvais tu de plus?
Brutalement tout s'effondre, on a du mal à comprendre au bout de ce poème en prose, la chute de ce livre court et puissant.
C'est une histoire bouleversante, délicate, belle et dramatique.
Cette histoire simple nous atteint au plus profond comme un violent coup de poing dont on ne sort pas indemne, un premier roman que l'on n'est pas prêt d'oublier!
Je dois dire que j'ai eu du mal à transcrire toutes mes émotions.
Je ne sais même pas si l'on peut raconter un tel ouvrage!
En tout cas, salutations chaleureuses à Nicolas Clément!


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Ce petit roman poétique raconte l'histoire de Marthe, qui nous livre son parcours de vie.

« Aujourd'hui, il me reste peu de mots et peu de souvenirs. J'écris notre histoire pour oublier que nous n'existons plus ».

D'office, le lecteur se trouve dans un petit monde clos qui souffre. A douze ans, Marthe vit avec ses parents paysans et son frère Léonce dans une ferme loin du village. Elle prend soin de sa mère.

« J'aime habiller Maman, l'inviter dans ma chambre, recevoir son miroir, couvrir ses cicatrices. Car je voudrais que Maman, soit belle sans attendre mes mains, que tous voient ce que je vois, la source de mon or, l'épine qui me guide, son beau visage de travailleuse. »

Elle lit des histoires à son frère qu'elle appelle « son petit amour ». On sent dès les premiers mots poindre une douleur terrible, et Marthe est un petit pilier dont la mère et le frère ont besoin.

Sauf les fleurs, sauf le bonheur, ou sauf la douceur. La poésie, les images se bousculent au travers de ce texte merveilleux, et l'écriture, à la fois épurée et heurtée, sublime les émotions que l'on ressent très puissantes, dans cet univers tragique. Nicolas Clément est un auteur que je relirai. Je remercie l'ami babelio qui m'a mentionné cette lecture.
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Quel livre ! Un coup de coeur !
Une concentration de poésie dans 75 pages dévorées en un trajet, une relecture plus calme quelques jours plus tard.
Marthe raconte son enfance à la ferme auprès de son petit frère Léonce, de sa mère à la fois aimante, protectrice et dépassée, d'un père violent qui "tabasse" quotidiennement femme et enfants.
Comment grandir dans un tel climat ?
Grace aux mots, à l'amour fraternel, maternel puis celui de Florent …
Parfois Marthe n'emploie pas les bons mots : ceux auxquels on s'attend » mais cela fait toute la poésie.
Lien : https://lajumentverte.wordpr..
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Sauf les Fleurs de Nicolas Clément respire le chef d'oeuvre, tant le style est d'une poignante originalité, où le langage est celui des mains et où les émotions qu'il fait surgir de ses mots sont charnelles aussi précises que dans le Parfum de Patrick Suskind , aussi subtiles que des senteurs fleuries.

Le lecteur est sans cesse renvoyé dans ses cordes," papa est notre langue étrangère, un mot , un poing,puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque", ou
"je cherche les yeux de papa pour un début de lien, un commencement de corde".

Alors pour qui Nicolas Clément écrit-il? , "j'écris pour oublier que nous n'existons plus", les mots sont là présents douloureusement ces mots quand "il désosse le visage de Maman",nous
"petits cochons dans la suie " .

Marthe que l'on suit depuis ses 12 ans, murit l'étrange histoire de son père, le bien le mal, pourquoi?, et peut-on s'en délivrer et comment ? C'est tout simplement l'histoire de l'Homme, de son humanité dans ce qu'elle a de plus banal puis parfois de plus destructeur.

Pourquoi écrire se demande Nicolas Clément,"ce qu j'ai écrit je l'ai vécu ", est ce suffisant ?
L'ambition du livre est bien plus dense, plus forte plus existentielle, comment protéger, sa mère bien sûr comme une urgence " Maman déborde sur moi,je ramasse ses cheveux, ne tremble plus", son frère bien sûr, elle est la seule encore capable de le sauver, de la honte de la terreur coupable, de la culpabilité de n'avoir pas su lui le petit Léonce sauver sa propre mère, alors vers quel chemin se tourner pour trouver une délivrance.

Marthe porte en elle la fougue d'Antigone, et d'autres figures du théâtre antique, elle traduit Eschyle, part en exil à Baltimore avec Florent " ma bouche a couru son sourire", est taraudée par la vengeance, elle a vingt ans, elle écrit pour Léonce "palpez comme tout commence", Mais" je ne suis pas triste Garonne a vêlé ce matin, la petite s'appelle Harmonie".

Collé à ce livre comme un bernicle je l'ai relu trois fois, juste pour les mots.
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