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3,92

sur 248 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Claque poétique. Douleurs et espérances du récit tetanisent avec douceur le lecteur.
Une véritable découverte durant cette période de confinement. Un véritable écrivain dont j'attends la parution d'un prochain texte. Il est philosophe de formation et dieu merci nulle trace de démonstration dans ce poème épique de courte distance qui m'aura bouleversé. Un entretien de l'auteur nous conduit à lire l'Orestie d'Eschyle. On y retourne, hélas.
https://youtu.be/nHbqnaBqQVw
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L' ecriture reinventee. Au plus juste. Très fort
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Nicolas Clément, sauf les fleurs, chez Buchet Chastel.

C'est une fillette qui parle directement au lecteur, comme dans un journal. Marthe raconte sa vie à la ferme, son affection pour sa mère et son frère cadet, la froideur et la brutalité du père. Au lecteur de découvrir par lui-même le drame qui sous-tend ce récit.

Car il s'agit d'un drame, exposé « classiquement », avec un préambule, pour une tragédie en 5 actes : ie les chapitres qui prennent chacun un titre :
« notre ferme », « Florent », «  L'adieu » etc.
A chaque chapitre (ou Acte) correspond un âge de Marthe, clausule de l'épisode : « j'ai 12 ans, 16ans » etc.

Sans doute reconnaît -elle dans son vécu, par cette organisation, ce qu'elle découvrira chez Eschyle, dès l'école primaire.

Le style est concis - et dense, comme l'action est intense : pas de subordonnées, mais des indépendantes brèves, juxtaposées, dont la sobriété s'éclaire souvent de confidences affectueuses, d'élans d'amour - ou de haine.

«Je l'embrasse avec mes mains, il me caresse avec sa bouche,[…] Nous fumons des Dunhill, nous brisons des glaçons sur nos ventres, nous lapons la fièvre faite hiver. Je l'aime ours, je l'aime un peu polaire, des yeux de course en lignes blanches, un sexe qui fait le vide en moi et me joue comme il faut. Je ferme les yeux. Il entre par ma porte. Je pense à Maman qui dort seule. Je donnerais toute ma vie pour avoir une vie. »

Car l'auteur soigne la langue, celle qui révèle les personnes : les phrases courtes du père, porteuses d' « ordres et martinets », les demandes des animaux ( le chien, la vache), si souvent empathiques dans le ferme, la langue de l'école, nourrie des livres que fréquentent respectivement l'institutrice et la narratrice, celle qui donne aux mots leur plein sens, dans le respect du dictionnaire…

Au point qu'à Baltimore, Marthe devient excellente dans la traduction des oeuvres grecques. C'est aussi la langue intérieure de Marthe, son monologue pour pensées personnelles, avec silences, et déclarations abruptes. Parfois un seul verbe, entre deux points.

« Disparaître. »

Le lecteur sera sensible aux métaphores, (le puits, le naufrage…), à une écriture concentrée qui vise au coeur comme à l'essentiel, pour dire un vécu violent, sans pathos. La jeune fille écrit pour elle, et pour un lecteur qui apprécie cette marque de confiance, et cette écriture poétique.

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Présentation de l'éditeur : Marthe vit à la ferme avec ses parents et son frère Léonce. le père est mutique et violent, mais l'amour de la mère, l'enfance de Léonce et la chaleur des bêtes font tout le bonheur de vivre. À seize ans, elle rencontre Florent et découvre que les corps peuvent aussi être doux. Deux ans plus tard, le drame survient. Les fleurs sont piétinées, mais la catastrophe laisse intacts l'amour du petit frère et celui des mots.

Mon avis : poignant.

Heureusement que les copains de la blogo sont là pour nous mettre sous le nez des romans sur lesquels nos yeux ne se seraient jamais posés autrement. Je pense notamment à Jérôme et à Noukette. Aussi, lorsque j'ai vu Sauf les fleurs sur les étagères des nouveautés de la médiathèque, je lui ai mis le grappin dessus illico.

Autant le dire tout de suite, c'est un roman à la fois très dur, et très beau. Nous faisons la connaissance de Marthe alors qu'elle n'a que douze ans. Elle vit dans une ferme isolée avec son petit frère, sa mère et son père. Sa mère est une femme douce et courageuse, qui malheureusement subit les coups de son mari. Tout comme ses enfants. Lorsque le père n'est pas là, la vie semble à peu près normale, et à force d'auto-persuasion les petits arrivent à toucher le bonheur dans les petites choses du quotidien. Pourtant, même à l'école, on voit que ces enfants sont à part. Leur histoire les empêche d'être des camarades comme les autres.

Puis Marthe grandit, elle rencontre l'amour auprès de Florent, un ange de tendresse et de patience. Elle réalise que le destin peut lui apporter autre chose que la crainte et les coups. Il faut qu'elle avance, quitte à laisser sa famille, malgré ce qui se passe dans sa famille, malgré l'évènement tragique qui va bouleverser son existence.

On ne peut pas rester insensible à cette histoire, écrite comme dans un souffle. C'est poétique, poignant, suffoquant. J'ai pourtant parfois trouvé que Nicolas Clément en faisait trop dans le lyrisme, mais au final le charme a si bien opéré que je ne lui en tiens pas rigueur. Pour un premier roman, c'est une belle réussite !
Lien : http://lejardindenatiora.wor..
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Un récit bouleversant.


Marthe raconte, de ses douze à vingt ans, une enfance et une jeunesse détruite par la violence paternelle et l’enfermement dans la honte et la culpabilité.

Beaucoup de souffrance face à ce père qui injurie et humilie ses enfants, bat leur mère mais aussi des instants de presque bonheur avec l’amour de la mère pour ses enfants, les liens qui unissent la fillette à son petit frère Léonce et le refuge qu’elle trouve auprès des animaux de la ferme. Et puis, il y a ces ouvertures sur le monde que sont une enseignante qui va lui faire découvrir la lecture -et particulièrement Eschyle- et Florent avec qui elle vit ses premiers émois amoureux et tente de se reconstruire une vie en partant étudier à Baltimore.


Une prose poétique dans laquelle les phrases courtes, saccadées et parfois exemptes de ponctuation, laissent deviner avec sensibilité et pudeur la violence et les espoirs sous les non-dits et le drame constamment sous-jacent et inexorable qui fera tout basculer.

Un court texte qui se lit d’une traite, une lecture dont le lecteur ne sort pas indemne.
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Petit roman par la taille, grosse émotion ! Ou comment sur un sujet tant et plus rebattu, faire fort et nouveau.
La thématique de départ est simple : une adolescente, Marthe, consigne ce que fut sa jeune vie coincée entre une mère aimante et un frère et aimé mais surtout un père dont la seule expression se résume par les coups qu'il assène continuellement à son épouse. La violence, la peur, la honte, l'isolement, une perpétuelle souffrance s'inscrivent au plus profond de sa chair, de son être. Dans cet univers noir quelques rayons de douce lumière viennent éclairer son quotidien. L'école tout d'abord, où une enseignante va lui faire découvrir la lecture et particulièrement Eschyle, qui deviendra le fil conducteur de sa vie. Les animaux de la ferme où elle vit, seront également porteurs d'une chaleur réconfortante lors des nombreux moments de désarroi. Florent, enfin, tel un prince charmant, qui saura l'arracher provisoirement de cet enfer familial.
La richesse de ce roman est infinie, tant les thèmes se répondent, s'entrechoquent, se questionnent. L'animalité qui est en nous, la vengeance plus forte que la culture et l'amour sont évidemment au coeur du livre qui s'apparente à une tragédie grecque. On n'a pas besoin de connaître l'Orestie, la trilogie d'Eschyle, dont le destin de Marthe fait écho, pour en apprécier la force et sentir l'émotion nous submerger au fil des pages.
Mais toutes les références ne sont pas grand chose à côté de l'écriture de ce roman. Une prose poétique, que l'on pourrait chanter (comme un choeur antique ?), tellement les mots employés sonnent forts, justes mais aussi étranges. Marthe, à l'enfance brisée, murmure un langage qui se cherche, fait d'ellipses et de raccourcis parfois déstabilisants, comme si certains mots étaient morts sous les coups du père. Ainsi, alors que sa mère est sur son lit d'hôpital, soudain, comme une envolée, Marthe écrit :
La fin sur le blog
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« Je voulais une mère avec des épaules pour poser mes joues brulantes. Je voulais un père avec une voix pour m'interdire de faire des grimaces à table. Je voulais un chien avec un passé de chat pour ne pas oublier qui j'étais. [...] Je n'ai pas eu tout ce que je voulais mais je suis là, avec mes zéros, ma vie soldée du jour qui vaut bien ma vie d'absente d'avant. »

Un très court roman, presque une nouvelle, qui frappe par son style époustouflant, d'une rare inventivité, qui sert parfaitement l'histoire. Tour à tour saccadé, brutal, déstructuré quand il s'agit d'évoquer le père violent, et doux et poétique quand il s'agit d'évoquer la mère et le petit frère.

"Je suis d'une fièvre qui perce et dure, jamais ne se repose, ni de cerisaie ni de mains autour. Au cimetière, j'ai des larmes assises sur leur jour d'aimer : Maman est partie. »

D'une langue travaillée, pétrie, façonnée, malaxée, sculptée surgissent des phrases d'une puissance et d'une musicalité rares. Syntaxe et ponctuation sont chahutées à l'image de l'esprit de la narratrice, la jeune Marthe, parfois, au bord de la folie. Les mots s'enchevêtrent pour décrire sa vie cabossée, heurtée, fracassée et tissent un roman âpre et violent d'une beauté saisissante.

« Dans notre ferme, il n'y avait pas beaucoup d'air, nous manquions de terre profonde, mais nous avions des racines qui couraient sans déranger les pierres."

"Chaque sourire me soutient que la vie est bonne, qu'il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés. Quand la tristesse vient miauler dans mes jambes, je la prends sur mes genoux, j'appose mes mains de guérisseuse et je t'offre mon dos rond. Aussi, quand tu pourras, sois fier de ce que nous n'avons pas reçu et qui nous sert d'épines."
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Un petit bijou parfaitement ciselé.

C'est par la voix de Marthe que nous est contée cette histoire, à la fois si banale et si terrible. Marthe habite avec ses parents et son petit frère Léonce, aide à la ferme lorsqu'elle n'est pas à l'école et surtout, tente de protéger tant bien que mal sa mère de la violence de son père.

"Dans mon dictionnaire, je cherche la langue de Papa, comment la déminer, où trouver la sonnette pour appeler. Mais la langue de Papa n'existe qu'à la ferme, hélas. Il nous conjugue et nous accorde comme il veut. Il est notre langue étrangère, un mot, un poing, puis retour à la ligne jusqu'à la prochaine claque".

Dès le début, le lecteur est prévenu, c'est bien à un drame qu'il va assister. Marthe a 16 ans lorsque sa mère succombe sous les coups. Et que par chance, sa rencontre avec Florent lui apprend que les corps peuvent être doux aussi.

"La bouche de Florent descend le long de mes cheveux. Je cherche sur ses lèvres des parents qui s'entendent et se comprennent. Je dois puiser dans cet amour".

Florent et Eschyle sont les deux béquilles de Marthe. Deux promesses d'évasion, l'un avec son amour, l'autre par l'instruction et la connaissance. "J'apprendrai leur grec. J'irai sur l'agora. Athènes sera ma seconde école, ma classe après la classe, l'entrée de mon étagère haut placée".

Marthe déborde de l'amour qu'elle porte à Léonce, son petit frère et à sa mère disparue. Un amour qui cache à peine la haine envers son père désormais emprisonné. Quitter Léonce pour suivre Florent aux États Unis sera une déchirure nécessaire, une façon de se donner une chance d'écrire une nouvelle page.

"Son odeur sur mon ciré, son goutte-à-goutte dans mes veines, naît, parle, éclaire et va chercher".

Là-bas, loin de la ferme, la vie se fait plus légère, plus douce. Marthe étudie, aime, s'épanouit.

"Aujourd'hui, je n'étais pas heureuse sans savoir pourquoi. Demain, je le serai de nouveau sans savoir comment. Je rame, le bonheur est là".

Mais Marthe n'oublie pas. Et lorsque le passé la rappelle, elle ne peut faire autrement qu'agir.

La plume de Nicolas Clément n'est que beauté, sublimant le moindre espace de nature, faisant naître l'émotion à chaque phrase. C'est magnifique.
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Ce n'est pas un livre. C'est un être vivant. Qui se lit à voix basse. Qui caresse. Qui frappe. Qui étreint. Qui assoupit. Qui jamais ne fait pleurer, malgré la violence. Qui s'approprie totalement le lecteur. C'est un roman né de petits récits publiés sur un blog, le Bleu du Ciel, que Nicolas a malheureusement arrêté, brutalement, en 2006. Ce sont les 95 pages les plus lourdes de ma bibliothèques.
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Livre écrit avec subtilité. L'auteur arrive à nous faire vivre les sentiments de sa jeune héroïne. Un livre bouleversant.
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