Les décors changent mais les intrigues romanesques sont peu nombreuses me suis je dit en refermant ce roman addictif.
Jean Raspail, il y 35 ans déjà, dans «
le Président » mettait en scène le duel de deux frères ennemis se ressemblant au point de pouvoir passer l'un pour l'autre.
Scénario régulièrement utilisé par nos feuilletonistes et qu'
Adélaïde de Clermont Tonnerre insère dans un contexte de récupération de savants nazis, en l'occurrence l'opération Paperclip qui permit aux américains de récupérer Werner von Braun, le père des V2, et de le propulser à la tête du programme spatial qui réussira à poser des hommes sur la lune.
«
Le dernier des nôtres » aborde des questions graves en évoquant Auschwitz, l'exploitation sexuelle des femmes, l'infertilité, l'adoption, la quête de ses géniteurs et enfin la question de l'auto-justice... de quoi offrir un grand roman.
Mais de Raspail on tombe vite dans du Sulitzer , version
Loup Durand, avec des personnages dotés de plus de fric que de froc, qui gagnent des fortunes immobilières aussi vite que
Donald Trump à New York et le jettent par les fenêtres lors de soirées stupéfiantes et scandaleuses pour le vulgum pecus.
Impossible d'avoir la moindre sympathie pour Werner Zilch et Rebecca Lynch, caricatures lui du mâle odieux et elle de la femelle dépensière, ou d'avoir une réelle empathie pour les autres acteurs. C'est la faille de ce roman, à mes yeux, comment conserver un bon souvenir d'un ouvrage où presque tous les personnages sont des épouvantails ?
Une déception donc, en ce qui me concerne, et d'autant plus décevante que ce roman fut distingué par le grand prix de l'académie française en 2018.
Espérons que les prochains ouvrages de cette romancière ne seront pas «
le dernier des nôtres » !