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3,28

sur 192 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre n'est pas un roman mais le récit de la quête de l'auteur pour découvrir son grand-père paternel, Paol, mort en déportation.

Ce dernier, arrêté brutalement par la Gestapo en 1943, sans que sa famille n'en connaisse la véritable raison, est devenu un sujet tabou. Une chape de plomb s'est abattue sur la famille. le silence qui l'entoure intrigue son petit-fils qui décide de remonter le temps et de partir sur ses traces afin de découvrir la vérité.

Ce « voyage » ne sera pas facile car J.L. Coatalem devra affronter la réticence de son propre père, la noirceur et l'obscurité du camp de Buchenwald.

Mais arrivé au bout du parcours, c'est un homme apaisé qui verra le jour.

« J'avais murmuré à Paol, cet inconnu familier, dans ce qui fut son hiver et sa ruine, que je ne l'oubliais pas, que j'étais venu jusqu'à lui, attentif, accablé aussi, non pas pour le faire renaître mais pour lui rendre un peu de son identité et, en songeant à la légende du roi Marc'ch, que j'irais ensuite déposer sur notre montagne à nous, en Bretagne, ce caillou des galeries du mont Kohnstein. Je lui avais soufflé que, même absent, dans sa tenue de forçat, rongé par la faim et l'angoisse, vacillant sur ses jambes de héron, il était une part de nous, que ses bourreaux ne l'avaient pas entièrement piétiné puisque je savais désormais son itinéraire et son destin. »

« La part du fils » m'a beaucoup touchée.

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Cycle Les 15 pour le Goncourt
« La part du fils », Jean-Luc Coatalem, RL 2019, Stock

Paol est arrêté par la Gestapo en septembre 43, dénoncé par une lettre anonyme. Il meurt quelques mois plus tard à Bergen-Belsen après des mois dans l'enfer des camps nazis, bien loin de sa famille et de sa Bretagne.
Mais dans la famille de Jean-Luc Coatalem, petit-fils de Paol, la souffrance est trop grande pour évoquer cet être cher, valeureux, ancien vétéran de 14-18 et d'Indochine, trahi par la France de Vichy.
Sans l'idéaliser, sans juger le silence des siens, Jean-Luc Coatalem va tenter de retracer le parcours de ce grand-père, de recoller les morceaux, parce que cette histoire est aussi la sienne, celle de son père, de sa grand-mère et de son oncle, qui tous les trois se sont murés dans le silence à une époque où l'on occultait les victimes, préférant parler des héros.

Cette histoire m'a touchée et monte qu'avec une histoire familiale faite de non-dits il est bien difficile de ses construire. Elle est merveilleusement écrite, même si la construction du roman est déstabilisante et parfois décourageante. Les 100 dernières pages sont absolument magnifiques.

J'aime apprendre des choses et j'ai découvert l'histoire du camp de Dora, point de départ de la conquête de l'espace : les premiers hommes ont marché sur la Lune grâce au sang de milliers d'esclaves morts dans les camps nazis.

Vote : Sur les 4 romans de la 3e sélection je vote pour celui-ci.
Une lecture exigeante mais que je conseille.
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La Bretagne, terre d'ancrage, l'encre de la belle écriture de l'auteur laisse son empreinte.
Très musicale, le lecteur entend la mer, ses vagues qui déferlent et se retirent.
Le récit épouse ce mouvement, fait corps avec lui.
Je pensais découvrir le portrait d'un grand-père ayant subi l'injustice et en fait c'est une véritable quête faite par l'auteur, son petit-fils, qui au fil de l'eau efface ce grand-père très présent par son absence.
J'ai eu le sentiment que c'était un livre de deuil, comme pour ces familles qui doivent faire « leur deuil » sans avoir de corps a enterré.
L'auteur a cette subtilité de n'employer le mot père que rarement et de lui substituer son prénom Pierre.
Cela renforce la notion de don d'homme à homme et le fait que son père ne se prête pas à ce travail de mémoire.
« Tout juste nous aura-t-il lâché un peu de son enfance saccagée, la morsure des dimanches pensionnaires, la veilleuse bleue des dortoirs au-dessus des cauchemars, l'odeur humide des préaux, cette dévastation initiale que le temps n'entama pas. Il lui avait fallu être ce fils courageux qui dut porter le poids de l'absence sur ses épaules, grandir quand même, et que les heures de la Libération ne libéreront pas, creusé par ce gouffre, au final le constituant, sans soupçonner que sa souffrance serait un jour, pour moi, son aîné, un appel. »
En 1943, Poal, dénoncé pour une raison qui reste inconnue, laisse derrière lui sa femme Jeanne et ses trois enfants : Lucie, Ronan et Pierre (12 ans).
C'est un exercice difficile, j'ai eu le sentiment que la difficulté était de ne pas interpréter les indices à l'aulne du présent.
La première moitié du livre m'a lecture a été traversée presque entravée par une pensée récurrente, ce livre me concerne-t-il ?
Une impression d'entrer par effraction dans cette famille.
Puis la magie de l'écriture a estompé cette sensation pour laisser la place à la découverte d'une famille de militaires, son fonctionnement, la France de cette époque, l'héritage d'une histoire singulière mais pas unique.
C'est la beauté de l'écriture qui donne cet impact.
Cela accentue la dimension particulière presque irréelle car très intime.
Je me suis dit aussi, que tous les reportages sur cette période ne devraient pas rester pour chacun de nous et encore plus pour la jeune génération des films d'époque, qu'il faudrait que tous nous allions au moins une fois faire la visite de ces camps.
« J'avais murmuré à Poal, cet inconnu familier, dans ce qui fut son hiver et sa ruine, que je ne l'oubliai pas, que j'étais venu jusqu'à lui, attentif, accablé aussi, non pas pour le faire renaître mais pour lui rendre son identité… »
Le reflux emporte l'ombre du grand-père et laisse sur le sable de la postérité l'offrande d'un fils à son père.
« Car ce qui avait bouleversé mon père me faisait souffrir à mon tour, c'était devenu mon héritage, ma part, … »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 24 novembre 2019.

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"Paol est né en 1894 à Brest"...
"La part du fils" fait croire dans les premières pages que le livre va nous mener avec l'auteur à la recherche du grand-père , mort en déportation à Bergen Belsen après avoir été arrêté par la gestapo en 1943.
C'est en même temps cela et bien autre chose. Jean Luc Coatalem fait de son obsession du vide laissé par Paol, une oeuvre romanesque puissante sur l'identité de l'homme, sa construction, dans une aventure individuelle où chacun est seul à trouver sa voie.
Il nous présente la sienne, tortueuse dans ses interrogations, puissante dans la volonté qui le porte. Il réussit une oeuvre romanesque d'exception, par la structure de son livre qui épouse les secousses de son angoisse intérieure, et aussi par sa langue, imagée, poétique, forte dans sa recherche des mots qui confrontent le réel et l'intime.
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Après avoir suivi Emilien, le héros du roman de Christian Signol, dans sa traversée du XXème siècle, je suis partie sur les traces de Paol, grand-père de Jean-Luc Coatalem, déporté en 1943 à Mathausen. Et comme des milliers d'hommes et de femmes , il disparaitra sans laisser d'empreintes. Son petit-fils n'aura de cesse de retrouver les lieux de détention et surtout la cause de son enlèvement.
Encore une très belle page de notre histoire que cette quête de la vérité. Qui a bien pu dénoncer cet homme, ancien militaire, reconverti dans le monde du travail civil? Pourquoi a-t-il été emmené dans un camp de la mort? Quel fut son parcours depuis son arrestation jusqu'en Allemagne?
Jean-Luc déroule toute la jeunesse de son ancêtre, sa carrière militaire, en France et dans les colonies, en Indochine. Nous connaissons son épouse Jeanne, ses enfants, Julie, Ronan et Pierre, le père de l'auteur.
Jean-Luc Coatalem fouille les archives, tant en France qu'à l'étranger et principalement en Allemagne. Il entreprend un voyage qui le mène sur les lieux où son grand-père a été détenu et a du travailler, à la construction de matériel destiné à la guerre.
J'ai également beaucoup aimé cette fresque historique Beaucoup de volonté de la part de l'écrivain pour retrouver les pas de son grand-père. Il va même découvrir le nom de la personne qui a dénoncé aux forces occupantes son aïeul. Je recommande la lecture de ce roman qui relève davantage d'une biographie que d'un roman. Très bonne documentation et faits historiques réels bien exposés. Merci pour cette évocation.
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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