Voici un livre très agréable à lire, pétillant comme une coupe de champagne, mais qui risque de s'oublier aussi aisément.
Comme le titre l'indique, il s'agit de la rencontre de deux personnages principaux très contrastés.
La narratrice, une compositrice de musique de film anglo-grecque, parvenue à la maturité, se remémore ses débuts aux côtés du légendaire réalisateur
Billy Wilder, en tournage en Grèce en 1977, pour un de ses derniers films, Fedora, sur le thème du déclin de l'artiste qui a perdu son public et rêve mélancoliquement de renouer avec le succès.
Inexplicablement la jeune fille timide et sans expérience est prise en affection par le maître qui va en faire sa confidente et le témoin de ses états d'âme, suivi sur cette voie par son complice et auteur de ses scripts, « Iz » Diamond. Malgré le caractère peu vraisemblable de cette amitié très inégale, on s'aperçoit vite que le sujet du roman est
Billy Wilder, non tant son talent et son humour (l'une de ses blagues est rapportée trois fois !) que, sous le vernis de la réussite hollywoodienne, les fêlures d'une vie hantée par les persécutions nazies des années 30 auxquelles il a échappé, mais dont ses proches ont été victimes. Au soir de sa vie, alors que montent les cinéastes des années 70 comme Scorcese ou Spielberg, son sentiment d'avoir perdu la main et de n'être plus en prise sur son époque n'en est que plus tragique.
Beaucoup de tendresse et de nostalgie dans ce portrait sensible d'un artiste hors du commun mais qui a su garder son humanité, beaucoup de documentation aussi, sans doute un peu trop. Et les préférences de l'auteur ne se laissent pas oublier, quand le roman s'attarde avec gourmandise sur les menus gastronomiques, avec des évocations parfois surréalistes comme la dégustation successive de trois « roues » de Brie, arrosées de Pinot, avant un tournage. Derrière le « je » omniprésent de la narratrice on sent se profiler la subjectivité de J. Coe, bien plus mûr que la débutante qui est censée s'exprimer.
Maîtrise de la narration et du style ne suffisent pas à rendre ce livre nécessaire et à lui éviter les clichés (le poids du nazisme en Allemagne, les délices culinaires français). Reste le plaisir d'une lecture facile et divertissante qui nous replonge dans la nostalgie de l'âge d'or du cinéma hollywoodien.
Lu en V.O.