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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans une Afrique du Sud encore sous l'apartheid, une famille réside sur une ferme isolée. Une famille ? Disons un vieux maitre autoritaire et sa fille unique Magda, plus toute jeune, peut-être un peu laide, dans tous les cas vierge et surtout frustrée. le veld, ce lieu désertique, hostile, doit jouer pour beaucoup dans le malaise croissant de cette femme délaissée, abandonnée. Mais bon, ça semble avoir été le lot de plus d'une femme, pas la peine d'en faire toute une histoire. Mais un jour, Hendrick, leur serviteur noir, leur esclave, arrive un jour avec une jeune épouse, Klein-Anna. Aussi noire que lui, évidemment. Certains soirs, le maitre la retient... Si Hendrick ne dit rien (est-il vraiment ignorant de ce qui se passe ou préfère-t-il détourner le regard ?), Magda, elle, perd la boule. Comment son père ose-t-il avoir une aventure avec une mulatre ? Dans un accès de folie, elle tire au plafond, sous la chambre du maitre. La balle passe au travers et blesse son père, qui meurt au bout de son sang quelques jours plus tard.

Le maitre disparu, plus rien ne va. Dysfonction. D'abord, comment faire fonctionner la ferme, où se procurer l'argent pour payer les employés, etc. Les tracas de la vie sont trop pour Magda, qui commence une longue descente en enfer, une déchéance. Hendrick et Klein-Anna l'aideront un certain temps dans la gestion du domaine mais, pas payés, ils s'en lasseront. Surtout, ils découvriront qu'elle est incapable toute seule, qu'elle est maintenant dépendante d'eux. Cette nouvelle relation assez particulière, dans le genre amour-haine, contribuera à la chute de la suprémacie blanche. Un peu à l'image du pays.

Au coeur de ce pays est un roman est présenté dans le style d'un journal intime, je ne crois pas que ça en soit un pour vrai. Ça ressemble plus à long monologue, bien qu'il soit divisé en plus de deux cents petits chapitres. Il y a quelque chose trop spontanée, d'irréfléchie, de fou… C'est qu'on tombe dans les rouages de la folie de Magda. C'est déroutant. Troublant. Violent. Aggressant. Puis le dénouement est tout aussi barbare. Sauvage. Tout sombre dans l'anarchie et ça se ressent jusque dans l'écriture. Ouf ! C'est une lecture intéressante mais surtout intense, je ne peux pas dire que c'est une partie de plaisir. Toutefois, c'est le genre de lecture intense parfois nécessaire qu'on se permet à intervalles espacés, question de se rappeler que nous sommes des êtres humains…

C'est un des premiers romans de John Maxwell Coetzee et, pourtant, la finesse de son écriture est épatante. Il a su mettre le doigt sur le mal qui rongeait Magda, et gratter, gratter, gratter jusqu'à ce que folie s'ensuivre. Et pareillement pour le maitre et Hendrick, en peu de mots, il a réussi à les rendre vivants, plus grands que nature, à la fois faibles et monstrueux, plein d'espoirs et de désirs, transformés en ogres tout-puissants. Tout un tour de main. Et que dire de ce veld sud-africain, de cette terre rouge et sèche. le pays et son isolation (peut-on faire le parallèle avec la situation du pays sur le plan internationnal, isolé à cause de sa politique de l'apartheid ?) joue pour beaucoup dans le malaise croissant des personnages. En tous cas, c'est l'interprétation que j'en ai retirée. Avec Au coeur de ce pays, l'auteur nous fait plonger tête première dans cette Afrique du Sud à la fois terrible et magnifique.
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Au coeur du Veld, région désertique oubliée de Dieu, à sept lieues de tout voisinage, à l'époque des charrettes, des maîtres et des serviteurs, une vieille-fille traîne son spleen dans la maisonnée du père et soliloque dans la solitude des jours. Sa précédente épouse étant morte en couche sans lui avoir laissé d'enfant mâle, ce dernier, homme sanguin mais silencieux, monolithique, comble le vide des heures, des journées, des semaines, des années, dans la sempiternelle succession de rites immuables. La délaissée rumine en son délire, sans but et sans espoir, elle ressasse d'aigres vengeances recuites dans le creuset de la haine d'un sort qu'elle considère comme injuste et vil. le temps s'écoule en fantasmagories hallucinatoires, en ruminations mortifères, en observations distanciées des outrages du temps sur son corps, de ses petites imperfections, des migraines qui taraude son esprit alangui livré complaisamment à un ascétisme exclusif et autodestructeur. Son regard oscille entre neutralité scientifique de l'entomologiste devant l'agitation d'une fourmilière et auto apitoiement larmoyant. Cynisme et désespoir tisse la trame des heures uniformes. Alors, lorsque le factotum de la ferme revient avec son épouse, une jeunesse à peine sortie de l'enfance, le père ne tarde pas à lui tourner autour; et sa fille d'observer le manège...

Journal intime, chronique de l'ennui, parabole ou allégorie de l'histoire de l'Afrique du sud, peu importe. Les velléités délirantes de la narratrice, le solipsisme radical de cette dernière, l'atmosphère de huis-clos et d'expectative, le style varié de la langue de l'auteur, tour à tour lyrique, nerveux ou d'une froideur clinique : tout concourt à faire de ce roman un moment mémorable.
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Récit très étrange dans lequel s'entremêlent le réel, la rêverie, les fantasmes et les hallucinations.
266 courts chapitres se succèdent en portant la voix de Magda, une vieille fille vierge, la fille du maître Baas, un Blanc .Nous sommes en Afrique du sud.
Le livre déroule un huis clos mettant en scène Baas, autoritaire, veuf, sa fille Magda observatrice,Hendrik, un Noir au service de la famille. La routine des trois personnages va être bousculée par l'arrivée de la très jeune épouse de Hendrik , Anna. La domination du maître sur l'esclave se met en marche . Magda ne supporte pas la situation, passe à l'acte et entre dans un délire…
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Au coeur de ce pays, écrit en 1977 est un roman de J.M. Coetzee, écrivain Sud Africain prix Nobel de Littérature 2003.

C'est un roman très sombre, qui se déroule dans une ferme perdue au coeur du veldt, habitée par le père, Magda sa fille, le contremaître noir Hendrick et sa jeune épouse Anna. La narratrice est Magda et l'histoire est racontée sous forme d'une succession de courts monologues assez rapides pour qu'on ne s'ennuie pas.

Le tour de force de l'auteur est ici d'arriver à s'approprier totalement la façon de penser, de vivre et de voir de cette vieille fille et de nous faire vivre son histoire et ses fantasmes. Car tout au long du roman, on ne sait plus trop ce qui est vrai et ce qui est fantasmé. Magda n'est pas saine d'esprit, a-t-elle imaginé le meurtre de son père ? A-t-elle fantasmé son viol par Hendrick ? Va-t-elle réellement mourir seule, isolée, sans ressources dans cette ferme ? Ou est-elle condamnée à s'occuper de son père âgé comme une servante jusqu'au bout ?...

Une écriture assez exceptionnelle mais une histoire très sombre
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Une vieille demoiselle "bas-noir de province" vit avec son père dans une ferme sud africaine au fin fond du vled et nous raconte sa vie ou plus exactement son absence de vie. Son existence rurale avec le couple de serviteurs noirs dont la femme plait à son père.

Le livre se présente comme un journal intime avec des entrées periodiques numérotées, elle y consigne ses sentiments, ses ressentiments ses réflexions, ses actions, ses interactions, ses rêves, ses hallucinations.

Sans complaisance sur sa vie, son apparence, son avenir, elle nous parle du banal, de l'insignifiant, du routinier mais aussi de l'aridité des terres isolées qui entraine la rudesse des sentiments.

Une tragédie en quatre temps où l'amertume et l'aigreur se transforment finalement en regret et en mélancolie en passant par la violence subie et exercée.
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Une ferme perdue au fin fond de l'Afrique du Sud. Baas, le maître des lieux, homme dur et violent, y vit avec sa fille Magda, pour laquelle il ne semble éprouver qu'indifférence. Magda est la narratrice. Elle raconte l'enchaînement des événements qui vont mener au drame, à partir du moment où Hendrik, le serviteur noir de la maison, y amène Anna, sa jeune épouse que Baas entreprend de séduire. Elle le fait de façon hallucinée, mêlant ses fantasmes de vierge aigrie et frustrée à la réalité, attribuant même plusieurs versions à certains événements, et le lecteur a parfois du mal à faire la part entre le vrai et l'imaginé, entre les faits et le ressenti.
En dépit de cette difficulté, j'ai trouvé ce roman très fort, à l'écriture très belle. On ressent l'aridité de l'environnement, la dureté de la vie dans ce Veldt Sud-Africain, et la montée progressive de la folie qui s'empare des protagonistes.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Je découvre l'univers de cet auteur que je ne connais pas.
Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 2003
Et " Au coeur de ce pays" est son second roman. L'histoire se passe en Afrique du Sud et c'est un huis-clos brûlant et étouffant.
La narratrice, une jeune fille vierge,long monologue halluciné. Elle remplit sa solitude par des fantasme incestueux. Je ne sais pas pourquoi mais elle me fait terriblement penser à une héroïne des soeurs Brontë ! C'est un roman psychologique, les rapports entre les personnages sont violents, le sentiment de haine est présent, d'inceste entre un père et une fille. La structure du livre est particulièrement bien choisit par Coetzee car elle se prête à ce sentiment d'étouffement, de claustrophobie, un huis clos Bass le maître, Magda la fille, Anna la femme d'Henrik le contremaître. Un livre poignant qui met le lecteur chaos, l'intrigue, l'interpelle, livre très étrange et à la fois fascinant curieux à la fois et envoûtant.Le style est magnifique sec, précis voilà comment je pourrait le définir. les chapitre très courts. Très fort tout de même ce livre écrit par un homme, alors que c'est une femme qui est la narratrice et les ressentis sont très féminin. Un roman remarquable et la force de ce livre est d'une telle force qu'une voit refermé on a le sentiment d'être chaos. Sublime !
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Roman de l'incohérence, c'est une plongée finalement assez fascinante dans les rouages de la folie. Au huis-clos géographique répond un huis-clos littéraire: ce récit au point de vue unique se referme peu à peu sur lui-même, en étau, broyant au passage toutes les certitudes du lecteur qui referme le livre en se demandant si finalement quelque chose d'autre est arrivé dans la vie de Magda que simplement mourir de solitude, de manque d'amour et de frustration.
( Suite sur talememore)
Lien : http://talememore.hautetfort..
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Lu il y a longtemps, je me souviens d'une violence extrême, d'un livre dense et fort... mais il faudrait que je puisse l'avoir sous la main pour en parler. En tout cas, dans mes recommandations, la couverture m'a sauté aux yeux. Il y a des livres qu'on pense avoir oubliés, celui-ci n'en fait visiblement pas partie.
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