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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Début du 20ème siècle (... peut-être).
Dans une ferme isolée, très isolée, du veld sud-africain, une femme écrit son journal.
Elle vit là, seule avec son père et des serviteurs noirs, elle a perdu tout espoir de se marier et de quitter la ferme.
Elle est vieille, elle est laide, elle est aigrie, et pourtant elle a des rêves.
Voir la mer.
Être courtisée.
Obtenir l'amour de son père.
Alors, premier avertissement : ne vous attendez pas à "Cher journal, aujourd'hui…"
Non non, ça n'est pas du tout son style. Son style c'est plutôt :
"Suis-je une chose parmi les choses, un corps qui évolue le long d'un rail, mu par des tendons et des leviers osseux, ou suis-je un monologue qui se déplace dans le temps, à un mètre cinquante environ au-dessus du sol – à moins que le sol lui-même se révèle n'être qu'un mot de plus, auquel cas je suis bel et bien perdue ?"
Deuxième avertissement : ne vous attendez pas non plus à découvrir des faits véridiques.
Ce qu'elle raconte sur un ton presque suave, ce sont – entre autres choses – des meurtres.
Ceux qu'elle commet ? Ceux qu'elle rêve de commettre ?
Faites votre choix.
Parce qu'elle vit dans un atroce climat de violence, violence raciste, violence du pouvoir qui permet au baas (le patron) de se taper impunément la jeune épouse du régisseur.
"Il suffit d'avoir autour de soi des gens dociles, et de leur en vouloir parce qu'ils ne répondent pas. Si je suis hargneuse, c'est qu'autour de moi s'étend un espace infini, qu'avant et qu'après moi, l'histoire semble avoir reflué hors du temps, que je lis sur ces visages inclinés les indices d'un pouvoir sans limites."
Il est magistral, le talent de John M. Coetzee pour nous faire entrer dans la tête de cette femme misérable.
Il est magistral, son talent pour nous faire appréhender toute la tension de la société sud-africaine, et la manière dont le pouvoir blanc est condamné à s'effondrer.

Traduction quasi-parfaite de Sophie Mayoux.

Challenge Solidaire 2024
Challenge Plumes africaines
Challenge Nobel
Club de lecture février 2024 : "La PAL fraîche"
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Au milieu de nulle part, une ferme isolée dans le veld.
Dans ce désert où la terre est brûlée par un soleil rougeoyant, elle se sent seule, enfermée dans une solitude exacerbée, entourée d'une poussière ocre et chaude. Elle n'est pas vraiment belle, elle ne s'aime guère et elle s'enferme dans un monde fait de rêveries et de fantasmes. Une vie vide.
Elle, c'est la fille du maître, vieille fille acariâtre, vierge et frustrée.
Elle se raconte dans un long et unique monologue, composé de courts chapitres (pour être précis, 266 extraits d'une vie). Elle ouvre son coeur et son âme au lecteur de ce « journal intime », mélange de réalité et de fantasmagorie. Elle se met en scène, s'illusionne tout en dévoilant son propre déchirement à vivre seule dans cette Afrique du Sud, encore sous le signe de l'Apartheid. Seule, parce que personne ne veut la comprendre, surtout pas son père, cet homme autoritaire qui semble totalement l'ignorer et la mépriser, ni même ses serviteurs noir(e)s, esclaves sans chaînes et humiliés. D'ailleurs, ne serait-ce pas elle l'esclave de ce veld sud-africain, abandonnée dans la poussière virevoltante au pied de sa ferme ?
Le jour où elle vit l'impensable, où elle découvrit le pire, la folie s'empara d‘elle. Malaise, désespoir, le réel n'existe plus, les rêves non plus ; seules ces fantasmes survivent et s'interchangent avec de rares moments de lucidité. Cette infamie, cette ignominie qui la plongea dans un univers hallucinant est simplement d'avoir découvert un jour son père nu enlacé autour de cette jeune et magnifique servante noire.

Un récit dur et noir qui vous ouvre le coeur et les tripes. Un long monologue humain et perdu dans un veld sud-africain ocre de poussière. Violence physique, barbarie mentale. La réalité n'a plus de prise sur votre esprit. Vous êtes happé par la chaleur et la moiteur de ce pays. Vous sentez l'odeur de la sueur et de la sècheresse. Vous respirez cet air chaud et étouffant qui étreint votre souffle. Bref, vous êtes « Au coeur de ce pays » avec John Maxwell Coetzee... et vous avez besoin d'étancher cette terrible soif avec un Rooïbos, couleur rouge sang, couleur de cette terre, couleur de cette passion et de cette déchirure. Ce veld, j'y retournerai, sans aucun doute...
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Magda habite une ferme isolée dans le veld sud-africaine, avec son père. La jeune femme est murée dans une aigreur, une maigreur, des pensées lancinantes autour de sa laideur et sa virginité, son mal-être chronique. Quand son père se met à coucher avec la jeune femme d'Hendrick, l'employé noir de la ferme, Magda le vit comme une humiliation de plus, elle qui passe ses journées à s'occuper de l'intérieur, des basses tâches. Des envies inassouvies de meurtres, de sang, de cris, se font sentir de plus en plus précisément…

C'est le premier roman de J. M. Coetzee que je lis, après avoir adoré l'adaptation de Disgrace en 2010. Et quel choc ! Déroutée de prime abord par la structure en micros chapitres numérotés, et par les pensées incessantes qui parfois décrivent en plusieurs versions un même événement (réel ou seulement rêvé ?), j'ai été rapidement séduite par cette langue sans concession, dure, froide et brûlante, sanglante aussi.

(………)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Une expérience de lecture effarante. Je n'avais jamais rien lu d'aussi fort, fou, dérangeant, violent; pas même Faulkner. Besoin d'en lire plus...après une pause.
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Second roman du grand écrivain sud-africain, J.-M. Coetzee, Au coeur de ce pays est l'histoire hallucinée d'un drame en huis-clos. Une histoire de haine implacable.
Du très bon roman.

*

Dans une ferme isolée du veldt, quatre personnages ouvrent le récit.

Magda, fille du maître, nourrie de solitude et de rêveries stériles, murée dans sa virginité.

Son père, Baas, le maître, homme autoritaire et sanguin.

Hendrik, le contremaître noir au service de la famille.

Enfin Anna, sa jeune épouse que vient d'amener Hendrik lorsque débute cette histoire.

Le père séduit Anna. C'est la dernière humiliation.

Entre eux tous, et parce que les choses ne pouvaient pas se passer autrement, les offenses se répondent alors dans une violence extrême.

Roman de l'oppression, de la haine et de la revanche Au coeur de ce pays est la métaphore bouleversante de la société sud-africaine contemporaine.
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