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Plongée dans les années 50 , à Worcester, nord est du Cap, proche du veld , "la steppe sud africaine". le futur auteur nous y narre son enfance , avec un 'il' qui impose de suite une distance entre ce qu'il fut et ce qu'il est.

le père rentre de la guerre et ses déboires professionnels obligent la famille à déménager . La mère est quantité négligeable pour l'enfant, elle l'instit, que l'on peut faire tourner en bourrique sans regrets ni remord.

Pourtant, ce livre va , fort pudiquement et tout en retenu, traduire l'amour d'un fils pour sa mère, la réciprocité étant prégnante dès les premières lignes.

Pudeur , retenue, modération. La plume de l'auteur "sucre" les faits les plus durs et rend son texte encore plus fort. Découverte de la religion , de l'amour ou tout au moins du désir , désillusion familiale, déchéance paternelle , l'auteur ne nous épargne rien de son enfance , mais le fait tout en modération .
En toile de fond , les problèmes ethniques Sud Africains, entre Afrikaners, Anglais , métis ou noirs et le racisme écoeurant envers les noirs.
il y a longtemps que je n'avais pas lu Coetzee . C'est toujours aussi bien , mais il ne faut pas que j'en abuse, malgré l'extrême qualité du propos et la force de la plume .
Sans doute que cette force justement cette écriture qui peut apparaitre neutre , peut être lassante.
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Voici le début du grand récit autobiographique de Coetzee. Dans les montagnes du Karoo, sans doute là où Paton situe Pleure ô pays bien aimé, Coetzee raconte son enfance, à sa façon sèche, lucide et intransigeante. Il dit l'ambiguité du jeune sud-africain, habité des racines immémorielles de son pays (la ferme comme Heimat), et troublé des contradictions qui le rendent invivable : religion, langue, couleur. Il explore aussi ses rapports à sa famille, où le père n'existe pas, où il terrorise sa mère mais l'aime profondément.
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Retour de lecture sur “Scènes de la vie d'un jeune garçon” un roman autobiographique de l‘écrivain sud-africain John Maxwell Coetzee, écrit en 1997. Cet auteur a été lauréat du prix Nobel de littérature en 2003 et ce livre fait partie d'une trilogie nommée “Une vie de province”. Il y raconte son enfance de jeune Afrikaner, dans la classe moyenne des années 50 en Afrique du Sud, lorsqu'il avait environ 10 ans et qu'il habitait dans un lotissement de Worcester, une ville à 150 km du Cap. Une époque où la vie était plutôt rude, empreinte de beaucoup de violence, que ce soit au sein des familles ou à l'école à travers les châtiments corporels. On a grâce à ce roman une très belle peinture de ce que la vie a été dans ce pays, on voyage ainsi à travers son enfance dans différents lieux, entre son lotissement bien triste et la vie dans la ferme de son oncle, éleveur de moutons dans la campagne sud-africaine. Un pays particulier dont on découvre la fragmentation à travers les yeux de cet enfant qui ne comprend pas forcément la logique de la classification de ses habitants, entre leur couleur de peau: les noirs, les métis, les blancs, leur langue: l'afrikaans et l'anglais, leur religion: les catholiques, les protestants, les juifs. On plonge ainsi dans la vie intime de ce garçon avec ses secrets et ses angoisses. C'est un élève brillant et docile à l'école, despote et irascible à la maison, qui se cherche, entre un père qui ne lui inspire que de l'indifférence et qu'il méprise presque, et sa mère, qui est son repère principal dans la vie en raison de l'amour inconditionnel qu'elle lui porte. Les moments passés dans la ferme familiale sont décrits de manière particulièrement touchante, l'auteur arrive parfaitement à nous faire ressentir la joie et le bonheur immense qu'il y a vécu, ce sont ses plus beaux souvenirs d'enfance, mais il n'oublie pas d'un autre côté les ressentiments qu'il a gardé envers la famille de son père qui gérait cette ferme, qui n'a jamais vraiment accepté sa mère, et qui l'accueillait toujours de manière très froide. Coetzee nous fait là un descriptif très touchant et plein de pudeur de son enfance avec un réalisme très surprenant. Alors que le contexte est tout de même assez particulier, on peut retrouver des sensations et des manières de penser ou de fonctionner de notre propre enfance, qu'on avait totalement oubliées. Il y a une universalité dans ce roman qui nous renvoie vers le désarroi que nous avons nous même pu ressentir devant la complexité du monde des adultes et notre nécessité de le comprendre, de nous y intégrer. le tout est très intelligemment construit, découpé en 19 chapitres qui sont autant d'étapes dans le parcours initiatique de cet enfant, avec certains chapitres particulièrement forts notamment lorsqu'il parle de son père qui représente l'échec et qui finira dans une déchéance totale. le tout est raconté à la troisième personne du singulier avec un “il” qui met de la distance et rappelle que cela a été écrit par un adulte qui a maintenant dépassé tout cela. Ce regard porté sur le monde des adultes, avec une fausse naïveté, est particulièrement subtil, il montre toutes les contradictions et incohérences que peut avoir ce monde vu d'un enfant. C'est au final une biographie particulièrement réussie. On ne peut pas vraiment qualifier ce livre de chef-d'oeuvre, le sujet abordé s'y prête difficilement, mais c'est néanmoins un très beau livre, très touchant et intelligent. On sent dans ce récit très clairement la patte d'un grand écrivain, avec une plume précise de très grande qualité. J'ai hâte maintenant de la découvrir à travers une de ses oeuvres de référence.

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"Pendant des jours et des jours après ce samedi, il ne peut chasser cette image de sa mère qui attend patiemment dans la chaleur accablante de décembre, pendant que lui, sous le chapiteau se fait divertir comme un roi. Son abnégation, son amour aveugle, total, pour lui et son frère, mais pour lui en particulier, le met mal à l'aise. Il voudrait qu'elle ne l'aime pas tant. Elle l'aime de façon absolue, il faut donc qu'il l'aime de façon absolue: voilà la logique qu'elle lui impose. Jamais il ne pourra la payer de retour pour ces torrents d'amour qu'elle déverse sur lui. L'idée d'avoir toute sa vie à porter le fardeau d'une dette d'amour le laisse interdit et le met en rage au point qu'il ne veut pas l'embrasser, refuse de se laisser toucher par elle. Quand elle se détourne en silence, ulcérée, il endurcit son coeur contre elle résolument, et se refuse à céder."
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L'auteur raconte son enfance, un événement lointain, qu'il exprime avec un certain détachement en utilisant la troisième personne du singulier. Il nous révèle sa famille : sa mère et son père si différents, ses oncles et tantes et il nous fait découvrir à travers l'école, la diversité et la complexité des Sud-Africains et comment il lui était difficile d'accepter sa différence.
J'ai aimé rentrer et comprendre son « monde », celui qu'il ressent et qui le fait réagir mais moins la façon avec laquelle il se perd un peu dans ses souvenirs en partant un peu au hasard des phrases. Mais c'est incontestablement un beau roman autobiographique et je lirai sans doute un autre de ses ouvrages.
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Défi Solidaire 2024

Un roman autobiographique écrit à la troisième personne, "il", c'est John Maxwell Coetzee, prix Nobel de littérature en 2003 et auteur sud-africain. L'incipit, mais c'est en fait valable pour tout le roman, présente une maison à Worcester en Afrique du Sud, dans les années cinquante, sèche et argileuse, où pas grand chose ne pousse. Un peu à l'image de ce roman, finalement, écriture sèche et lucide, images bien trouvées, certes, mais ce récit d'enfance (10-13 ans de l'auteur) s'illustre par son dépouillement (écriture au présent, peu de dialogue, peu de sentiments). En soi, c'est un livre assez "neutre", et pourtant je l'ai beaucoup aimé, je l'ai lu en deux jours (il faut dire qu'il n'est pas très long).

Le regard de Coetzee sur son enfance est à la fois factuel et traduit les pensées et raisonnements, parfois étranges (ex. quand il est persuadé que les bébés naissent par le trou de derrière) du garçon, avec en dépit de la troisième personne, une focalisation interne. Une autre critique parle de "fausse naïveté" et je suis d'accord. de très nombreux thèmes sont abordés : la ferme, l'école, la politique (avec le garçon qui est du côté des Russes sans savoir pourquoi), les châtiments corporels. Aucune complaisance dans le regard, au contraire, on sent que Coetzee se sent coupable, sans non plus se décrire comme un horrible personnage. On sent que c'est un enfant, et pas l'adulte qui se repeint, ce qui est honnête. Cela dit, on a notamment vers la fin quelques traces du futur écrivain; mais c'est subtil et bien fait. Par exemple, l'adulte Coetzee, végétarien, parle de cruauté envers les animaux.

Ce jeune garçon se comporte donc comme un jeune garçon, comme lorsqu'il demande à sa mère qui il préfère entre son frère et lui, quand sa mère lui dit "tu verras quand tu auras des enfants", ou quand dans son école ou au sport on se vante des blessures et autres bobos.

Cela dit, l'aspect un peu "universel" ne doit pas faire oublier ce contexte qu'est l'Afrique du Sud des année 1950, où être anglais, afrikaans, Métis ou Noirs (mais on peut, dit Coetzee, faire semblant qu'ils n'existent pas), ou juif, a un sens très important. A ce sujet, Coetzee, qui n'est pas un auteur politique, utilise la parabole des trois frères pour dire qu'enfant, il croyait que les Noirs étaient le troisième frère, c'est à dire le moins fortuné, mais le meilleur (les derniers seront les premiers, ou une logique dans le genre).
C'est aussi un contexte très violent, avec des châtiments corporels, au point que quand il intègre le collège, moins violent, il est déçu qu'il y ait moins d'action.

Quand à la fin : . La relation mère-fils est elle aussi intéressante, le fils est élevé d'une façon très laxiste, ce qui en Afrique du Sud dans les années 50 ne se fait pas du tout, et plus la mère se sacrifie pour lui ,plus il se sent endetté et lui en veut, au point de développer des sentiments ambigus, même si les sentiments n'apparaissent que peu dans le livre. On parle davantage de sexe que d'amour, par exemple;

Un roman qui m'a été conseillé par les bibliothécaires (je ne savais pas quelle oeuvre lire de cet auteur) et que j'ai beaucoup apprécié et dévoré.
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Que la vie était difficile pour les blancs de la classe moyenne en Afrique du Sud après la seconde guerre mondiale.
Et que dire de l'éducation où les châtiments corporels étaient utilisés tant á la maison qu'á l'école. La violence est omniprésente.
Heureusement pour John, les vacances dans la ferme de son oncle qui élève des moutons lui apporte vraiment de la joie.
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Il y a de tout dans ce récit, tout ce qui peut éveiller en nous l'enfance, ses joies, ses peines, ses questionnements, ses doutes, ses incompréhensions, ses injustices, ses premières sensations, ses découvertes...
L'auteur se souvient de son enfance; l'auteur, adulte, raconte ses souvenirs, enfant. Vision d'une enfance, d'un lieu, d'un entourage, d'odeurs, de sentiments...
Chaque chapitre nous plonge dans un univers différent, un questionnement différent du précédent. Jusqu'au chapitre magistral autour de son père, chapitre captivant par son empreinte et sa narration.
Un ouvrage haut en couleur, qui permet de découvrir un pays, une éducation, une époque, une histoire...
Un magnifique ouvrage.
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Des souvenirs d'enfances parsemés de doutes et de certitudes, un caractère affirmé, un contexte ambigüe, une atmosphère imprégnée de révoltes silencieuses, la haine envers le père, le mépris de l'échec.
Tous les ingrédients présents augurent la patte d'un écrivain au style acéré, subtil, intelligent.
Ce récit est une découverte qui ne manque pas d'intérêt.
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J.M. Coetzee nous raconte cet enfant qu'il a été et qui découvre les différents habitants de son pays, l'Afrique du Sud. Ces habitants sont classifiés selon leur couleur, leur langue, leur religion... Il a un nom afrikaaner mais se revendique anglais, ne trouve pas sa place, que ce soit à la maison ou à l'école. Alors, il se réfugie dans les livres et se dit qu'un jour il sera quelqu'un d'extraordinaire...
Quand sa tante lui dit d'aimer sa mère, d'être solide pour lui, il s'interroge sur ce qu'est l'amour. Quelle image ses parents, sa mère, lui ont-ils donné de ce sentiment ?
Et il nous raconte son émoi, son trouble devant le spectacle des jambes nues de ses camarades ou des oeuvres d'art reproduites dans cette encyclopédie qu'il affectionne tant.
Dans une magnifique autobiographie à la troisième personne, comme pour prendre encore plus de distance avec celui qu'il n'est plus, l'auteur nous raconte sa sortie de l'enfance et sa découverte du monde.
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8❤/10

Etre extraordinaire :

« L'enfance, dit L'Encyclopédie des enfants, est une période de joie innocente qu'on doit passer dans les prairies parmi les boutons d'or et les petits lapins ou au coin du feu plongé dans des livres d'histoire. » Sauf que le petit John ne se reconnaît pas dans cette définition de livre d'enfant. Ce qu'il voit autour de lui c'est la brutalité de l'école et la normalisation parfois choquante des différences sociales et religieuse. Les habitants sont classifiés selon leur couleur, leur langue, leur religion… Lui, il a un nom afrikaner mais se revendique anglais. Quand on lui demande sa religion à l'école, il n'ose pas dire « athée » alors répond « catholique romain » car cela sonne bien et lui fait penser à Horace. Mais, il le regrettera chaque jour d'école car les catholiques sont séparés du reste des écoliers et sont persécutés par les autres élèves. Ne trouvant pas sa place, que ce soit à la maison ou à l'école, il se réfugie dans les livres et se dit qu'un jour il sera quelqu'un d'extraordinaire…

Il ne se reconnaît pas non plus dans ce qu'il voit dans les autres foyers familiaux où l'éducation se fait par les châtiments physiques. Chez lui c'est la mère qui domine et il n'est jamais battu. Alors il en veut à cette mère qui l'empêche d'être normal et qui l'étouffe de son amour. Il développe alors un dispositif de défense : il se scinde en deux pour survivre à cette souffrance. A l'école, où la violence physique qu'il redoute tant est omniprésente, il jouera l'enfant-modèle. A la maison, n'ayant aucun risque d'être battu, il devient l'enfant tyran et terrorise sa mère. Ainsi, les relations familiales et sociales sont largement étudiées tout au long du roman du point de vue du petit garçon, mais aussi par les raisons politiques que nous pouvons comprendre, nous lecteur, mais qu'un enfant ne pouvait percevoir.

Réinventer l'écriture de soi :

C'est un texte autobiographique surprenant car il est raconté à la troisième personne du singulier et au présent de l'indicatif. La distance critique est donc contemporaine à ce que l'auteur raconte : elle n'est pas rétrospective. Toutes les réflexions sont celles de l'enfant au présent. Coetzee se juge sur le moment et non avec son regard d'adulte. Ce n'est donc pas un roman initiatique, ni un roman sur son passage d'enfant à adulte. C'est un récit du moment présent sur le Coetzee enfant, celui qu'il n'est plus. Il y a donc une forte mise à distance de l'auteur avec son « moi » enfant. Cette oeuvre déroutante mais terriblement fabuleuse est ce qu'il appelle une “autre-biographie”.

Ce fut une lecture autant intéressante que plaisante. A tel point que j'ai très envie de découvrir son deuxième livre biographique sur son adolescence : Vers l'âge d'homme (2004)

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