AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 1619 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec montagnes, alpages et baite, les pages dévoilent un horizon vers lequel s'évade chaque été une famille turinoise. Les clochettes des troupeaux et le murmure des rivières effacent alors le grondement des moteurs citadins, la ritournelle usante de l'usine, la pluie froide et battante de l'hiver.

Dans ce décor en altitude, nous assistons à la naissance d'une amitié touchante entre deux petits gars de 12 ans, avec la nature comme seul terrain de jeux.

C'est une amitié forte, évidente, jalonnée par les différents âges et événements de la vie. Si elle connait l'absence en certaines saisons, elle refleurit lors de retrouvailles et se reconstruit tel un abri face au monde extérieur.

Il est aussi question, à lire entre les lignes, de ce qu'un parent peut projeter sur un enfant pour se guérir d'un passé douloureux. Charger son enfant d'un bagage tellement lourd que celui-ci devra s'en délester pour poursuivre sa route et voler de ses propres ailes. Vient ensuite la transmission, ce que ce parent nous laisse en héritage, bien au-delà du matériel, des briques d'une maison, mais davantage dans les intentions et opportunités à saisir.

Est également évoquée la dure réalité des métiers ruraux, portés par les rêves de production locale et de vie au grand air mais brisés par les obligations de résultats, la lenteur du travail en solitaire, les dettes étouffantes pour les investissements voulus par les normes.

Mais le thème central restera celui de la présence, même lointaine de l'ami, celui de notre enfance, celui qui nous devine discrètement, celui qui n'exige rien, celui qui n'enferme pas, celui qui reste face à celui qui part pour un jour mieux revenir.

Il y a plein d'âme dans ce livre magistral. Chaque ascension est une quête de soi et un retour vers les siens, un questionnement sur notre place dans ce monde, un hommage à la beauté des liens qui ne se disent pas toujours facilement.

C'est dans l'écho des monologues intimes confiés à la montagne que résident toute l'intensité et la sensibilité de l'histoire.

Quant au titre du roman, il renferme une question pleine de sagesse que seule la lecture peut vous livrer. Aucune réponse n'est cependant fournie, à chacun de construire sa propre réflexion. :-)

Commenter  J’apprécie          60
Quand vient l'été, Pietro et ses parents quittent Milan et partent à la découverte de nouveaux villages, sentiers ou montagnes. Si son père s'aventure seul, Pietro, lui, reste avec sa maman, elle-même refusant de monter sur le glacier. Dès lors que Pietro atteint l'âge de 11 ans, toute la famille se rend dans le petite village de Grana, dans les montagnes du Val d'Aoste. La même maison louée où ils retrouvent leurs marques, le même garçon des montagnes, Bruno, que Pietro retrouve avec plaisir tous les étés. Quand celui-ci n'est pas occupé à garder ses vaches, les deux garçons sont inséparables, s'aventurant ici ou là. Un jour où Bruno était à l'alpage, son père décide qu'il est enfin temps pour lui d'aller en montagne ensemble...

Pietro, l'enfant de la ville, et Bruno, l'enfant des montagnes, vont, malgré leurs différences, se lier d'amitié. Une amitié indéfectible et forte, malgré les années qui les aura éloignés, malgré leurs modes de vie opposés, l'un profondément ancré à ses montagnes, l'autre, initialement réfractaire aux voyages, s'aventurant de par le monde. Si la montagne, grandiose, et cette amitié, magnifique et pure, sont au coeur de ce roman, Paolo Cognetti dépeint également, avec beaucoup d'émotions et de sensibilité, les relations père/fils. Ce père taciturne, autoritaire, amoureux des montagnes, en colère, Pietro aura bien de la peine à nouer avec lui, malgré sa bonne volonté de gravir ces sommets qui le rendront malades. Faite de silences, de petits gestes et de pardon, leur relation n'en est que plus touchante. D'une simplicité et d'une profondeur rares, ce roman d'apprentissage dépeint combien ce que l'on nous transmet, ce que l'on vit pendant l'enfance est capital et façonne ce que l'on devient. Une magnifique ode à la nature, l'amitié, la solitude dont la plume, poétique, parfois mélancolique, rend hommage...

À noter que ce film a été adapté au cinéma par Charlotte Vandermeersch et Felix van Groeningen.
Commenter  J’apprécie          727
On entre dans ce livre comme dans un roman initiatique. Pour quelqu'un qui ne connait pas la montagne, le récit de Pietro sur les pas de son père est une métaphore poétique et puissante sur le chemin de la vie, Chaque découverte est aussi une exploration sur l'autre et sur soi-même. Ces sentiers pierreux ou enneigés sont des épreuves physiques et psychiques, surtout pour Pietro qui doit surmonter le mal des montagnes. Il y a une dimension mystique dans ce récit, en approchant des sommets, s'approche-t-on de Dieu . C'est intéressant de voir comment ce garçon des villes se familiarise de plus en plus avec ce milieu plutôt hostile jusqu'à en devenir totalement adepte. Son amitié avec Bruno, le vacher est la clé de cette passion. « Nul ne peut faire comprendre les sensations éprouvées là-haut à celui qui n'est pas sorti de chez lui » L'autobiographie se ressent tout le long de la lecture. On ne raconte jamais aussi bien que des choses vécues. Après la mort du père, Pietro entre dans l'âge d'homme et retourne à Grana, et là un 2ème récit commence avec une redécouverte guidée par Bruno des lieux de leur enfance, une sorte d'identification se fait entre les deux jeunes hommes : ils vont construire leur maison ensemble, ils vont aimer la même femme jusqu'à ce qu'elle devienne officiellement celle de Bruno, mais Pietro ne sera jamais jaloux. Il s'efface devant les choix de vie de Bruno, à tel point que Bruno ne veut plus de son amitié encombrante après sa séparation avec Lara, il a besoin de solitude et fait un choix égoïste en quelque sorte.
Les escapades au Népal de Bruno, pourquoi l'Himalaya ? sont autant d'épreuves qu'il a choisies, mais il finit par revenir à Grana. Ce qu'il apprend sur les montagnes au Népal reste une philosophie qu'il tente d'appliquer à Grana. Il est cependant très différent de son ami, pur, solitaire et fier, qui ne comprend pas quand il l'incite à « descendre ». Cette dernière épreuve - mais en est-ce une vraiment ? - l'avalanche, soudera leur amitié pour l'éternité et ce livre en est l'ultime hommage.
C'est un livre magnifique, très bien écrit, à la fois récit d'aventure et témoignage sincère d'une vie, d'une amitié. J'y ai beaucoup appris, tant sur la montagne et sa rigueur que sur le caractère des hommes qui y vivent.
Le film sort demain : courez y !
Commenter  J’apprécie          152
Premier livre que je lis de cet auteur et quelle belle découverte !

Une histoire d'amitié qui se noue entre deux hommes. Ils se rencontrent enfants dans le Val d'Aoste, l'un est un enfant de la montagne il y vit toute l'année ,et l'autre n'y vient qu'en été.

Les huit montagnes c'est l'histoire d'une belle rencontre entre ces deux garçons qui bousculera leurs destins à jamais.

Une histoire très émouvante et définitivement un véritable chant d'amour pour la montagne.
Commenter  J’apprécie          60
Coup de coeur pour ce petit roman qui m'est tombé par hasard entre les mains.

C'est l'histoire de Pietro, qui est né et a grandit à Milan. Ses parents, amoureux de la montagne, ont dû s'installer en ville pour avoir du travail. L'été de ses 11 ans, ils louent une maison à Grana, un petit hameau de la vallée d'Aoste. Pietro y suit les escapades montagnardes de son père mais surtout il y rencontre Bruno, un gamin de son age qui vit dans le village.
La famille de Pietro retournera à Grana chaque été, et chaque été Pietro retrouvera Bruno et les montagnes. C'est une magnifique histoire d'amitié, de ces amitiés d'enfance qui tissent des liens fraternels, entre ce môme de la ville et celui des alpages. Une amitié discrète qui durera plus de 30 ans entre ces deux hommes qui ne se reverront ensuite que par intermittence.
C'est aussi une histoire de relation père-fils complexe, rigide et sans dialogue, où les liens ne pourront se tisser qu'à travers l'ascension de cette nature immense.
Enfin, c'est une ode splendide à la montagne et aux relations entre l'humain et la nature.

« Et il disait : c'est bien un mot de la ville, ça, la nature. Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l'est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. Autant de choses qu'on peut montrer du doigt. Qu'on peut utiliser. Les choses qu'on ne peut pas utiliser, nous, on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien. »

Une grande sensibilité pour ce roman qui a reçu le prix Strega (Goncourt Italien) en 2017 et dont une adaptation sortira au cinéma en décembre prochain.
Commenter  J’apprécie          160
Vallée d'Aoste, massif des Alpes où se situe le mont Rose, avec la pointe Dufour à 4 634 m ; un lieu qui stimule l'esprit en quête de voyages, mais aussi l'amitié indéfectible de deux jeunes enfants. Que tout oppose dans la façon de vivre, de voir l'avenir, hormis l'amour de la montagne, un attachement viscéral aux pierriers, aux crêtes et sommets mais surtout à la solitude, des lieux propices à la méditation, à l'écoute du silence.

Grana, val d'Aoste, un jeune vacher – Bruno – sans amour familial, sans grande connaissance si ce n'est celle de la nature, son terrain de prédilection dans lequel il excelle ; Pietro, enfant citadin de Milan, qui grâce à son père, va découvrir le monde montagnard et surtout Bruno, qui va l'initier aux secrets de la rude vie dans l'univers de l'alpage.

Le temps va passer, et chacun y trouve sa route ; mais Bruno ne peut quitter l'endroit de son enfance et ne peut même envisager de le quitter ; tout à l'opposé de Pietro, qui se cherche, voyage au Tibet, au Mustang pour des séjours humanitaires et y faire des reportages sur la vie de ses habitants, mais qui toujours reviendra voir son ami Bruno et se ressourcer le nez dans les étoiles à ses côtés. En effet, comment oublier les moraines, les séracs, les névés toujours présents dans leurs souvenirs indélébiles, et où se trouve le plus beau refuge.

Ce livre - Prix Médicis 2017 -, de Paolo Cognetti, fredonne un hymne à la nature, à la lenteur, à l'observation des mélèzes, d'un flocon de neige, de l'eau glacée d'un petit ruisseau. À lire calmement en écoutant la symphonie pastorale de Beethoven. Un voyage hors du temps que l'on ne voudrait guère quitter, une lecture bienfaitrice et réparatrice pour l'âme. Bref, un excellent remède à la monotonie et la frénésie citadines.

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
Commenter  J’apprécie          120
Je fonds devant ce père qui n'a pas eu de père et qui voudrait transmettre au fils l'amour de sa montagne, qui imagine déjà son fils en premier de cordée et même si l'ado refusera un jour de suivre son père, subsistera la semence paternelle.

Un nature writing et un hommage à l'amitié que raconte le fils avec une écriture merveilleuse de simplicité.

Ça sent le vécu avec tout l'humour et l'humanité que peut drainer la nostalgie italienne.
Commenter  J’apprécie          372
La famille de Pietro quitte Milan le temps des vacances d'été pour Grana, un village perché dans la Vallée d'Aoste.
Pietro se lie d'amitié avec Bruno et explore avec lui les environs du village. La vraie vie d'aventure pour ces deux gamins de 11 ans!
Surtout pour Pietro qui ne connaît que la ville.

Il commence aussi à suivre son père en montagne et à apprendre à grimper. C'est l'occasion de découvrir un autre homme, moins colérique et moins taciturne. Un vrai passionné de la montagne.

Les années passent. Les deux garçons se retrouvent chaque été. le montagnard et le gars de la ville se comprennent et s'aiment sans trop en dire.
Mais à la fin de l'adolescence, la vie les emporte sur deux chemins différents.

L'écriture est fluide et belle, à l'image de l'histoire racontée. C'est tendre et émouvant dans un paysage brut à couper le souffle.
Y a-t-il plus beau paysage que la montagne l'été?
C'est bien sûr un roman à lire, tant pour ses qualités littéraires que pour l'évasion cinématographique qu'il permet.
Commenter  J’apprécie          142
La solitude effraie. Vivre seul ne veut pas dire être associable.
La solitude est un droit.
Plusieurs personnages du roman le revendiquent, et ils se respectent les uns les autres dans ce choix.
Il y a aussi la simplicité de vie, faite d'observation et d'écoute.
Des silences plus explicites que les mots.
Ce roman est lumineux.
Commenter  J’apprécie          30
Quel beau roman!
Une ode à la nature, à la montagne. Une réflexion sur la solitude, sur les relations familiales, sur l'amour, sur l'amitié, sur la vie.
Les questions existentielles sont abordées à chaque détour du récit, avec une douce poésie, un langage simple et chaleureux.
A la lecture de ce livre, on se sent à la fois nostalgique, triste, heureux, exalté, aventureux, langoureux...On est bercé par les saisons en montagne, on a le sentiment d'y être, puis d'y avoir été. On retrouve notre vie par moments, dans le miroir de celle racontée ici.
Ca fait du bien, du mal, puis encore du bien.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (3154) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}