AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Belle du Seigneur (526)

Jeunes gens, vous aux crinières échevelées et aux dents parfaites, divertissez-vous sur la rive où toujours l'on s'aime à jamais, où jamais l'on s'aime toujours, rive où les amants rient et sont immortels, élus sur un enthousiaste quadrige, enivrez-vous pendant qu'il est temps et soyez heureux comme furent Ariane et son Solal, mais ayez pitié des vieux, des vieux que vous serez bientôt, goutte au nez et mains tremblantes, mains aux grosses veines durcies, mains tachées de roux, triste rousseur des feuilles mortes.
(P539)
Commenter  J’apprécie          140
Place Saint-Germain-des-Prés. Devant la sortie de l'église, le jeune homme qui crie son journal. Demandez l'Antijuif! Vient de paraître! Donc, c'est un nouveau numéro. Non, défense de l'acheter. Il s'approche, son mouchoir contre son nez; demande l'Antijuif, paye le jeune homme qui lui sourit. Oter le mouchoir, lui parler, le convaincre? Frère, ne comprends-tu pas que tu me tortures? Tu es intelligent, ton visage est beau, aimons-nous. Demandez l'Antijuif! Il court, traverse, s'engouffre dans une petite rue, brandit la feuille de haine. Demandez l'Antijuif! crie-t-il dans la rue déserte. Mort aux Juifs! crie-t-il d'une voix folle. Mort à moi! crie-t-il, le visage illuminé de larmes.
Commenter  J’apprécie          140
Les deux honorables, l'humide et la sèche, continuèrent à commenter le sujet délicieux, exprimerent jusqu'au dernier suc le plaisir d'une mise hors de la société, plaisir accru par le sentiment d'être des impeccables, reçues et recevant. [...] On s' aime de haïr ensemble.
Commenter  J’apprécie          140
Les autres mettent des semaines et des mois pour arriver à aimer, et à aimer peu, et il leur faut des entretiens et des goûts communs et des cristallisations. Moi, ce fut le temps d’un battement de paupières. Dites moi fou, mais croyez-moi. Un battement de ses paupières, et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer tiède et sa transparence près du rivage et ma jeunesse revenue, et le monde était né, et je sus que personne avant elle, ni Adrienne, ni Aude, ni Isolde, ni les autres de ma splendeur et jeunesse, toutes d’elle annonciatrices et servantes.
Commenter  J’apprécie          144
Elle se précipita lorsque la sonnette retentit. Mais arrivée dans le vestibule, elle fit demi-tour. Avait-elle bien enlevé la poudre ? De retour au salon, elle resta devant la glace, s'y regarda sans s'y voir. Le sang battant à ses oreilles, elle se décida enfin, s'élança, faillit tomber, ouvrit la porte. Comment allez-vous ? lui demanda-t-elle avec le naturel d'un chanteur d'opéra faisant du parlé.
La respiration difficile, elle le précéda dans le salon. Un sourire immobile posé sur ses lèvres, elle lui indiqua un fauteuil, s'assit à sont tour, tendit le bas de sa robe, attendit. Pourquoi ne lui parlait-il pas ? Lui avait-elle déplu ? Il restait peut-être de la poudre. Elle passa sa main sur son nez, se sentit dépourvue de charme. Parler ? Sa voix serait enrouée, et s'éclaircir la gorge ferait un bruit affreux. Elle ne se doutait pas qu'il était en train d'adorer sa gaucherie et qu'il gardait le silence pour la faire durer.
Lèvres tremblantes, elle lui proposa une tasse de thé. Il accepta avec impassibilité. Guindée, les joues enflammées, elle versa du thé sur le guéridon, dans les soucoupes, et même dans les tasses, demanda pardon, tendit ensuite d'une main le petit pot à lait de l'autre les rondelles de citron. Laine ou coton ? demanda-t-elle. Il eut un rire, et elle osa le regarder. Il eut un sourire, et elle lui tendit les mains. Il les prit, et il plia genou devant elle. Inspirée, elle plia le genou devant lui, et si noblement, qu'elle renversa la théière, les tasses, le pot à lait et toutes les rondelles de citron. Agenouillés, ils étaient ridicules, ils étaient fiers et beaux, et vivre était sublime."
Commenter  J’apprécie          141
Sans rancune, pratiquant le pardon des offenses, étranglant en mon âme le lion de l'indignation ainsi que l'hyène de l'envie, je me contentai de sourire d'un cœur pur, tout à la joie désintéressée de voir enfin ton neveu qui après tout m'est aussi lié par le sang !
Commenter  J’apprécie          140
..., quand je joue au piano mes hanches remuent sur le tabouret, je le fais peut-être un peu exprès, au fond je suis un être inférieur, oh j'adore le trio numéro un en si bémol majeur du cher Schubert gros gentil avec ses grosses lunettes, oui faudra que je lui demande s'il sait siffler, eh dis donc l'asticot est-ce que tu sais siffler, j'ai tout le temps besoin de lui, besoin d'être l'idiote ravie dans ses bras,...
Commenter  J’apprécie          140
Il posa la brosse et le savon, se considéra, rasé de près, écoeurant de propreté dans sa robe de chambre. Voilà, c'était sa vie désormais, être chaque jour désirable, faire la roue sexuelle. Elle l'avait changé en paon. En somme, ils menaient une existence animale, elle et lui. Mais les bêtes au moins, n'avaient qu'une saison pour la pariade et les coquetteries. Eux, c'était tout le temps. Se lessiver sans arrêt, se raser deux fois par jour, être tout le temps beau, c'était son but de vie depuis trois mois.
Commenter  J’apprécie          130
"Seul au monde, Nathan, privé de semblables, Nathan, elle t'est due, noble et de jeunesse ensoleillée, ô son ventre plat et même délicieusement creusé au-dessus du nombril, j'en fais serment ! Ô belle et femme, ô jeune et concave en son ventre, ô délicieuses jambes, ô longues et suaves, ô puissance féminine, ô solides cuisses présentes sous la robe insupportable une fois de plus tirée, vraiment c'est une manie, ô florissantes hanches, ô torturantes courbes, ô giron existant, doux refuge, ô longs cils recourbés, ô sa soumission alanguie bientôt. Oui, bien-aimée, tes yeux lui diront, oui, je te veux et ne suis que ce vouloir, tout tendu vers toi et ton secret, ton secret présent sous ta robe, existant sous ta robe.
Commenter  J’apprécie          130
... elle (Antoinette Deume) demanda à Emmeline si elle avait lu la semaine passée cet article qui relatait le geste si touchant d'une princesse héritière.
-Non? Oh alors, il faut que je vous raconte, parce que c'est trop jeuli! Imaginez-vous que la princesse Mathilde, I'héritière du trône donc, imaginez- vous qu'elle était dans I'avion qui l'emmenait aux États-Unis, ou au Canada, je ne me souviens plus, en tout cas pour une visite officielle donc. Comme de juste, on avait installé une cabine spéciale pour elle, grand luxe, avec lit, enfin une vraie chambre avec salle de bains attenante, forcément. Alors, voilà que tout à coup elle sort de sa superbe cabine, elle appelle I'hotesse de l'air qu'on avait naturellement affectée au service exclusif de Son Altesse Royale, et elle lui dit voulez-vous que je vous montre mes robes, mes bijoux ? Naturellement, l'hôtesse a accepté et elle est entrée bien timidement dans la superbe cabine, toute rouge d'émotion et de plaisir ! Alors Son Altesse Royale lui a montré toutes ses robes de gala, brodées avec des pierres précieuses, ses colliers de perles et de diamants, son magnifique diadème d'émeraudes, un diadème qui appartient à la famille royale depuis des siècles forcément, lui montrant tout très simplement, de femme à femme ! Il paraît que l'hôtesse de l'air sanglotait de reconnaissance. Je dois dire qu'en lisant l'article j'en ai eu aussi les larmes aux yeux, je trouve ça d'une beauté, cette princesse royale qui montre toutes ses merveilles à cette pauvre fille, après tout une sorte de femme de chambre qui n'a jamais rien vu de pareil, mais qui au moins aura eu la joie une fois dans sa vie d'être pendant quelques minutes dans une ambiance de grand monde, de rafinement, d'opulence ! Oh, que c'est beau ! II faut avoir l'âme d'une princesse héritière pour avoir une idée aussi belle moralement ! C'est vraiment l'amour du prochain.
Commenter  J’apprécie          130






    Lecteurs (17840) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Belle du Seigneur d'Albert Cohen

    Nationalité de l'auteur?

    Français
    Israélien
    Suisse
    Belge

    12 questions
    22 lecteurs ont répondu
    Thème : Belle du Seigneur de Albert CohenCréer un quiz sur ce livre

    {* *}