Orphelins 88 peut être considéré comme la continuité de
Max. Les deux romans abordent une facette de la Seconde Guerre mondiale assez peu connue : les Lebensborn, ces centres dans lesquels les nazis essayaient de créer une race aryenne parfaite. Quand
Max se déroulait avant et pendant la Seconde Guerre mondiale,
Orphelins 88 commence là où le premier s'est arrêté, à la même date et au même endroit.
Orphelins 88 se concentre donc sur la vie après la guerre. J'ai beaucoup aimé ce parti-pris, car on a toujours tendance à voir l'après-guerre comme un moment de délivrance et de bonheur alors que, pour un grand nombre de personnes, l'enfer a continué. J'ai trouvé ce roman important par les thèmes peu courants qu'il aborde et par son côté très instructif.
Sarah Cohen-Scali a fait un incroyable travail de recherche et a réussi à mêler faits historiques et personnages fictifs (même si certains ont été inspirés de personnes réelles) avec un très bon équilibre.
J'ai beaucoup aimé la manière dont les anecdotes historiques sont mêlées à l'intrigue. Elles ne sont jamais lâchées de manière abrupte, mais on sent que le tout a été très travaillé pour que l'historique se mêle naturellement à l'histoire. Ainsi, on n'a jamais l'impression de lire un manuel scolaire, mais vraiment un roman à part entière, même si en y réfléchissant bien je trouve les faits historiques sont beaucoup présent que la fiction. Absolument tout dans ce roman aurait pu être réel.
À travers son héros, Josh, ce roman nous parle de reconstruction et de quête identitaire, mais il va en réalité beaucoup plus loin que ça grâce à la multitude de personnages secondaires.
Au début du roman, Josh, comme beaucoup d'autres enfants de l'orphelinat dans lequel on le suit, n'a plus d'identité. Il va devoir apprendre qui il est et peut-être retrouver sa famille. Ce roman suit donc son quotidien, la manière dont il va passer outre le conditionnement qu'il a eu pendant la guerre et petit à petit sa compréhension des choses qui sont arrivées. Il ne faut pas s'attendre à énormément d'action dans ce roman, le rythme est lent à l'image de la lenteur de la reconstruction des orphelins de la guerre.
J'ai trouvé les personnages de ce roman extrêmement bien travaillés. Ils sont tous très attachants et compensent le manque de rythme qu'on peut parfois ressentir. Mais, ce que j'ai trouvé le plus fort dans ce roman est la très grande diversité de personnages. Les enfants de l'orphelinat viennent de tous horizons, certains sont juifs, d'autres allemands, russes ou encore polonais. Malgré leurs différences, tous ont des victimes de la guerre et se retrouvent donc comme sur un pied d'égalité. Ce livre donne donc, sans prétention et sans vraiment le vouloir, un beau message de tolérance au lecteur.
Outre les enfants victimes de la guerre, le roman met également en scène la condition des combattants noirs de l'armée américaine à travers le personnage de Wally que j'ai adoré. Il apporte une facette encore différente à l'histoire avec une sincérité qui ne peut laisser indifférent.
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