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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
1945 : fin de la seconde guerre mondiale en Europe.
La Libération et les scènes de liesses vues et revues dans des documents d'archives.
On pourrait croire la période faste, terriblement heureuse.
Et pourtant...
Les images sont trompeuses ou du moins, elles masquent la réalité.
Beaucoup de gens n'ont plus rien et errent sur les routes.
Beaucoup de Juifs, parmi les survivants de la Shoah, ne peuvent plus rentrer chez eux, parce "chez eux" n'existe plus. Spoliés, volés, ils n'ont plus rien. Leurs maisons sont occupées, ils ne savent plus où aller.
Beaucoup d'enfants, également, se retrouvent démunis, sans famille, sans repères.
Non, cette période n'est pas heureuse pour tout le monde.
C'est même une période barbare : beaucoup de gens meurent de faim et sont prêts à tout pour survivre : voler, piller... et même, tuer.
Les camps de DP (displaced persons : personnes déplacées) ne désemplissent pas, et la vie y est rude.
Dans ce contexte difficile, il y a Josh.
Josh est perdu, il n'a plus de mémoire ou pire, il n'a que des bribes de mémoire. Et le peu dont il se souvient a de quoi le laisser désemparé.
Il ne sait même pas quelle langue il parle. Il sait qu'il a appris l'allemand, mais manifestement sous la contrainte.
Son bras gauche est tatoué, "six chiffres gravés sous la peau, indélébiles" : a-t-il connu les camps ? Est-il juif ?
Son bras droit se tend en avant de façon irrépressible, tout en commandant à sa bouche de crier "Heil Hitler !" : mais que lui a-t-on fait subir ?
C'est terrifiant de ne pas savoir d'où l'on vient, de ne pas savoir ce que l'on a vécu. On a peur. Des autres et de soi-même.
Josh nous confie :
"Quand je vois des soldats américains, mon bras droit me dit que je dois les haïr, les fuir, en avoir peur, malgré leur gentillesse apparente − le chocolat, les bonbons, les sandwichs au jambon − tandis que mon bras gauche me dit le contraire.
Va vers eux ! Ce sont tes libérateurs !"
Le personnage de Josh est plus vrai que nature, et pour cause : Sarah Cohen-Scali s'est inspirée de personnes réelles pour construire son roman. Elle a procédé à un énorme travail de recherches, qui lui a permis d'écrire un ouvrage très réaliste, fondé sur les récits, les témoignages et les divers documents d'archives qu'elle a trouvés.
Josh est très attachant et le lecteur suit sa quête d'identité tout au long d'une histoire parsemée de personnages touchants.
Josh ne pourra avoir un avenir que s'il résout les mystères de son passé. Il veut savoir, tout savoir, mais a peur de ce qu'il pourrait découvrir...
Orphelins 88 est un roman prenant. Dans un contexte historique lourd, le sujet est un sujet douloureux : la quête de ses origines, et au-delà, la quête de soi-même.
Un très bon roman pour adolescents (l'éditeur indique "à partir de 13 ans"). Il y découvriront un aspect méconnu de l'après-guerre, et ce texte ne manquera pas de susciter de nombreuses interrogations.
Merci aux éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre.
Merci à Babelio pour l'opération Masse critique et l'organisation d'une rencontre avec l'auteur. Rencontre qui fut passionnante grâce à Sarah Cohen-Scali qui a su si bien parler de la genèse de son roman, de ses recherches documentaires et de la façon dont elle a créé les personnages. Merci !
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« Mais rien. Toujours rien. J'ai parfois envie de me prendre la tête à deux mains et de la secouer comme une vulgaire boîte. Si les souvenirs les plus précieux sont au fond, ils reviendront ainsi sur le dessus… »

Ce roman est la clé de la boîte de la jeune vie de Josh, maltraitée, brutalisée.
Ce roman est sa quête suprême. Celle de la mère.
Celle de soi.
« La guerre nous a transformés en Petits Poucets perdus dans la lugubre forêt qu'est devenue l'Europe. »

Avec des phrases saisissantes, attendrissantes, Sarah Cohen-Scali clarifie ce paysage si sombre de l'après-guerre dans l'Europe de l'Est détruite où son attachant fictif petit héros erre, perdu, isolé, démoli.

Arraché à ses racines dès son plus jeune âge par le programme « Lebensborn » destiné à créer des enfants parfaits d'après une sélection raciale, il sera, en 1945, accueilli au sein de l'UNRRA, (unité pour le secours et la reconstruction).

Faites la route avec lui, vous croiserez une multitude de personnages aussi sincères et bouleversants que vils et méprisables. D'infirmières touchantes en guides adorables, de nazis écoeurants en « Yvan » sordides en passant par des amies surprenantes et attachantes.

Toutes les sensibilités sont exacerbées. On lit, on vit pour Josh, l'estomac au bord des lèvres.
Truffés de petits épisodes truculents, vous sourirez parfois vous reniflerez souvent.
Comment peut-on avoir vécu « ça » ?
Comment en réchapper sans bleus à l'âme ?

Dans ce roman estampillé « Young Adult » vous trouverez les mots qui, « quand ils sortent râpent la gorge. »
Vous apprendrez également ce que, malheureusement, la plupart des « Old Adult » ignore.
Je m'étais laissé « lire » que les romans « Young Adult » traitent essentiellement d' « Heroic Fantasy », pour mon premier du genre, on est plutôt dans le « Realistic Epic Pathetic History.»
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Nous sommes en 1945. Fin de la Seconde Guerre Mondiale.
La guerre est bel et bien terminée, mais des millions de gens n'ont plus rien et errent sur les routes en cherchant de quoi survivre ainsi qu'à la recherche de leurs proches disparus. C'est à travers ce livre que nous allons suivre un jeune garçon. Il ne sait plus qui il est, ne se rappelle ni de son âge ni d'où il vient. Il a même oublié son nom. Les Alliés le nomment Josh, et le voilà envoyé dans un orphelinat accueillant des enfants venant de toutes horizons.

Au départ, je voulais lire Max, oeuvre de la même autrice dont j'avais entendu parler. Mais il n'y était pas à la bibliothèque quand j'y étais allée, mais lui avait l'air intéressant donc je l'ai emprunté.
J'adore les romans historiques se déroulant pendant le XXème siècle, et particulièrement durant la Seconde Guerre Mondiale. Ce roman se passe pendant l'après-guerre, mais cela reste extrêmement intéressant et mine de rien, on en parle beaucoup moins. Pourtant, cette période fut atrocement difficile pour bien des personnes, ces dernières ayant tout perdu et plus rien pour vivre ni pour reprendre contact avec des potentiels proches...

Bien que j'ai terminé ce livre il y a un mois déjà, j'en garde un excellent souvenir. Je l'avais très rapidement aimé et m'étais facilement attachée au personnage principal ainsi qu'à d'autres tels que Ida et Wally.
Rempli d'émotions, facile à lire et intéressant, ce fut une très belle découverte !

De plus, j'ai été extrêmement touchée de la fin et de la note de l'autrice à la fin du livre.
J'espère avoir l'occasion de lire d'autres oeuvres de Sarah Cohen-Scali, notamment Max. En attendant, je recommande Orphelins 88 à tous.tes !!
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En 1945, après la guerre, un jeune garçon est recueilli dans un orphelinat à Indersdorf, en Allemagne, avec d'autres enfants privés de leurs parents, juifs ou anciens pensionnaires de Lebensborn. le garçon dit s'appeler Sigfried Bruhns et les seuls souvenirs qui lui reviennent dont des chants allemands. Rebaptisé Josh, avec l'aide d'Ida, la responsable de la structure et de Wally, un GI noir, il va rechercher son identité. Peu à peu, certains souvenirs lui reviennent. Il lie amitié avec Halina, une jeune fille polonaise qui veut retrouver sa famille, et Beate qui n'a plus de parents. Josh et Halina partent accompagnés de Wally à la recherche de leurs origines. Ils se rendent compte que l'antisémitisme est toujours d'actualité. Mais arriveront-ils à retrouver leurs parents dans un pays qui a vécu tant de massacres ?

En empruntant ce roman à la médiathèque de ma commune, je croyais qu'il s'agissait de la suite de Max mais en fait, si les thèmes abordés sont proches, les personnages ne sont pas les mêmes et ce n'est donc pas la suite. J'avais vraiment beaucoup aimé ce premier roman de S. Cohen-Scali, j'avais donc mis la barre haut avec ce deuxième livre mais celui-ci, bien que différent, m'a aussi beaucoup plu.
Les personnages sont attachants, il y a vraiment beaucoup d'action, pas de temps mort, et l'auteur distille les ingrédients sur l'identité su personnage principal au fur et à mesure.
De plus, ce roman m'a appris des choses comme les pogroms qui continuaient de se perpétrer dans les pays de l'Est, même après la fin de la guerre. C'est vraiment terrifiant.
J'ai trouvé le dénouement du roman habile et intéressant avec une fin ouverte qui laisse le lecteur imaginer la suite.
Le thème abordé ici, l'immédiate suite de la Seconde Guerre Mondiale, est original ainsi que le thème des Lebensborn, relativement peu fréquent dans la littérature.
Ce roman m'a donc beaucoup plu à tous niveaux.
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J'ai bien fait d'attendre la rencontre avec Sarah Cohen-Scali pour rédiger mon billet sur ce roman car si celui-ci m'avait suffisamment intéressée pour le lire d'une traite j'avais été gênée par son style ‘'littérature jeunesse'', genre qui ne fait pas partie de mes littératures préférées, de même que la littérature ‘'young adults'' (YA).
Entendre un auteur parler du processus de création de son roman, raconter ses mois de recherche et comment certains personnages apparaissent et prennent de la place ‘'à l'insu de son plein gré''… voilà qui vous révèle le roman sous un jour, sinon différent, tout au moins beaucoup plus en profondeur.

Je ne reviendrai pas sur la trame de l'histoire ; le résumé éditeur en donne les grandes lignes.

Ce roman est une leçon d'histoire et une plongée dans l'Europe d'après 2e guerre mondiale loin des anecdotes euphoriques sur ‘'la victoire'' ; et il fait apparaître des similitudes inquiétantes avec notre actualité.

- leçon d'histoire et situation après la défaite allemande : les horreurs du nazisme, la destruction d'une grande partie de l'Allemagne par les bombardements alliés, des populations affamées et n'ayant d'autre recours que le vol, la prostitution ou même le crime pour trouver de quoi ne pas mourir de faim, des milliers d'enfants errants et/ou traumatisés dont il était impossible de retrouver les origines pour la plupart d'entre eux, le traitement des GI's noirs au sein de l'armée américaine, l'occupation américano-anglo-française et russe de l'Allemagne, etc…

- similitudes avec notre actualité : les camps DP (deplaced persons) instaurés par les alliés font inévitablement penser aux camps de réfugiés installés actuellement dans maints pays, les pogroms anti-juifs en Pologne rappellent fâcheusement les chasses aux arabes, chrétiens d'orient et roms (et juifs, quelquefois) dans certains pays (avec, de plus en plus, la caution de gouvernements ou de politiques ultra-nationalistes), le sigle 88 (cf le titre du livre et la citation que j’ai mise en ligne) est un signe de ralliement des actuels nostalgiques du nazisme et de nationalistes d’extrême droite, la situation des noirs aux Etats-Unis n'a pas énormément évolué, l'antagonisme alliés/russes qui a débouché sur une ‘'guerre froide'' d'un peu plus de 40 ans est en pleine recrudescence, les difficultés à prendre efficacement en charge et faire adopter les enfants abandonnés (S. Cohen-Scali a rappelé ces propos tenus par Boris Cyrulnik dans son passage du 12 septembre dernier à LGL : «Je pense aux millions d'enfants abandonnés sur la planète et qui n'auront pas la chance de connaître le destin que vous m'avez permis d'avoir ; c'est à dire que tous ces enfants là, s'ils ne sont pas entourés, on va les étiqueter. Ce seront des enfants abandonnés qui n'auront pas pu se développer normalement parce qu'ils auront été privés de famille et de culture par la guerre, par l'économie, par la folie des hommes. Et c'est ce qui est train de se développer actuellement»**)

Par tous ces aspects, ce roman est un excellent ouvrage pour ados ; grands ados, devrais-je préciser, en raison de la densité des évènements et de la rudesse de certains épisodes. Et la littérature traitant de la réalité des lendemains de la guerre 39-45 est loin d'être pléthorique ; cela donne d'autant plus de valeur à ce roman.


(**) Dans ''Je me souviens'' Boris Cyrulnik parle de son enfance de petit juif ayant échappé à la déportation in extremis et dont les parents sont morts en camp de concentration.
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Fin de la seconde guerre mondiale. Dans l'Allemagne occupée, les américains recueillent les enfants errants, pour la plupart échappés des camps de concentration ou rescapés du programme eugéniste des nazis. Parmi eux, Josh, totalement amnésique. Avec l'aide d'Ida, la directrice du centre qui l'héberge, et de Wally, un jeune soldat noir, et la complicité de ses amies Beate et Halina, Josh va tenter de reconstruire son passé et de retrouver ses proches.

Une belle histoire, construite comme une enquête policière, avec ses lacunes et ses rebondissements. Beaucoup de détails violents ou un peu crus, certainement fidèles à l'histoire, mais qui en font un livre plutôt pour les plus de 15 ans. La fin est émouvante, mais en même temps un peu pessimiste : la violence entre les peuples ou les religions ne prend pas fin avec l'arrêt de la guerre. Mais c'est tellement d'actualité !

Des personnages qui sont dessinés progressivement, avec une grande humanité. Dans le contexte historique, ils paraissent crédibles, avec un petit bémol pour Wally, décrit comme victime de la discrimination due à sa couleur de peau, mais jouissant d'une liberté d'action qui paraît surprenante.

L'écriture est légère et alerte, facile à lire, avec des phrases plutôt courte, sans être simplistes. Je regretterais peut-être trop de mots en langues étrangères, qui risquent de rebuter les moins motivés.

En conclusion : une lecture à la fois attractive et instructive, que je recommande aux plus de 15 ans.
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« Orphelins 88 » m'a fait très envie suite à l'avis de Lire à la folie pour qui ce fut un coup de coeur… Alors, lorsque j'ai arpenté une librairie et que je suis tombée sur cet ouvrage, j'ai craqué ! le récit nous plonge en 1945, dans un contexte d'après-guerre sombre, difficile, instructif et poignant… Chose rare en littérature, surtout en littérature ado, on va toucher à la thématique des Lebensborn, mais également le traumatisme de la populace et plus particulièrement des jeunes… J'ai beaucoup aimé suivre le quotidien de Josh, un orphelin victime d'amnésie. À ses côtés, on va découvrir la vie à cette époque, les séquelles laissées par les horreurs de la guerre, comment était perçu chaque peuple ainsi que des événements historiques plus généraux comme la bombe atomique ou la Guerre Froide… C'est vraiment un contexte riche, intéressant et bien développé. À mon sens, ce roman ferait un très bon support pour accompagner les cours de certains étudiants. En revanche, je tiens à signaler que certaines scènes sont particulièrement dures, crues et réalistes… En effet, il est question de racisme, d'anti-sémitisme, de viol, de violence, de maltraitance, d'injustice, de travail d'enfants, de conditions de vie inhumaines et de Mort. J'ai dû parfois m'accrocher, car je n'imaginais que trop bien les passages, notamment lorsqu'il était question des sévices infligés par les soldats… Cela dit, cela reste abordable pour des lycéens, le public-cible de cet ouvrage.

Le récit est écrit à la première personne. Josh, le narrateur, est un adolescent sans passé qui est envoyé dans une structure où résident d'autres orphelins de guerre. J'ai trouvé son personnage très attachant et étoffé. On voit réellement sa mentalité évoluer au fil des rencontres qu'il va faire. Au départ, le jeune homme a des réactions très dures, voire révoltantes, car il ne se souvient de rien sauf de l'enseignement nazi qu'il a suivi. Il a été totalement endoctriné par des idéaux et une vision qui ne laissent pas le lecteur de marbre. Or, un soir, on lui apprend qu'il sait parler le polonais et qu'il comprend d'autres langues… Son corps est également marqué, comme s'il avait été dans un camp de concentration… de plus, les langues des autres pensionnaires commencent à se délier : certains bambins se rappellent de sa vie d'antan… Déboussolé, le garçon se demande alors qui il est vraiment, qu'est-ce qu'il a vécu et quels fragments sa mémoire a occulté pour le protéger. Sa progression est constante, pertinente et bien traitée. L'auteure a très bien construit cette quête d'identité progressive et a surtout su le faire sans pathos ni exagération. de plus, on sent qu'elle s'est inspirée de personnes réelles pour construire ses personnages…

Ce long séjour à l'orphelinat va donc permettre à Josh un retour à la normalité… Néanmoins, il n'est pas le seul survivant que l'on va apprendre à connaître et à apprécier. J'ai par exemple été très touchée par Wally, un soldat noir américain qui va prendre certains jeunes sous son aile. Il est l'un des rares adultes à prendre en considération ces enfants non-accompagnés. Il va surtout se montrer très protecteur et attentif à Josh. Beate a également été une jeune fille particulièrement marquante, forte, courageuse et débrouillarde. Bien évidemment, je n'oublie pas d'autres personnages comme la généreuse Ida ou encore l'énergique Halina. Tous ces personnages ont su m'émouvoir à leur manière dans ce roman pointant du doigt une sombre problématique : la place des enfants après la guerre (les orphelins, ceux des camps de concentration, ceux des Lebensborn et les autres que l'État ne veut pas placer pour diverses raisons politiques ou sociales…) On a donc un roman historique pertinent et bien traité qui saura plaire aux lecteurs malgré son rythme lent ! Cela m'a donné envie de découvrir « Max », apparemment un best-seller de Sarah Cohen-Scali.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Josh est accueilli dans un orphelinat en Allemagne à la fin de la guerre. L'institut est dirigé par des Américains qui ont pour mission d'aider les enfants à retrouver leur famille. Certains sont trop jeunes pour parler, d'autres si traumatisés qu'ils ne se souviennent de rien.
C'est le cas de Josh, jeune garçon d'une dizaine d'années, dont le cerveau a été nettoyé par l'embrigadement dans un centre d'éducation nazi. Particularité surprenante, il porte au poignet le tatouage d'un camp de concentration.
Ce roman, destiné aux adolescents mais intéressants également pour les plus grands, évoque les dommages immenses causés par la politique du Lebensborn. J'ai appris ici que ce projet d'aryanisation ne concernait pas que les enfants allemands abandonnés volontairement ou non par des jeunes femmes non mariées.
A travers le récit du jeune garçon, l'auteure aborde aussi le sujet de la ségrégation aux Etats-Unis qui s'est propagée jusqu'au sein de l'Armée américaine, les paradoxes de la société polonaise, l'indécence des critères posés par les familles qui se portent volontaires pour adopter, la guerre froide qui est déjà en train de se mettre en place.
Et de conclure par ce terrible constat : la guerre est finie, mais l'on continue de tuer pour une différence de couleur de peau, de religion, d'opinion.
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*Même auteur que “Max

Sous le nom de code Lebensborn, "Fontaines de vie", Himmler le chef SS, ouvre des maternités vouées à donner le jour à des enfants parfaits, blonds aux yeux bleus. Des femmes sélectionnées, sont enfantées par des soldats allemands et des SS ayant les qualités physiques requises par le Führer. On accouchait dans l'anonymat, l'identité du père était cachée et ensuite l'enfant pouvait être abandonné au Lebensborn ou adopté par des familles modèles.

Une autre activité du Lebensborn, était de kidnapper, ou plutôt d'arracher de force à des familles, dans les pays occupés, les enfants répondant aux critères raciaux nazis. On estime que 250 milles enfants furent déportés dans des centres Lebensborn en Allemagne afin d'être germaniser.. Ceux qui résistaient à la germanisation étaient exterminés.

À la fin de la guerre, les enfants kidnappés ou abandonnés par le Lebensborn ont été recueillis dans un couvent par les Nations Unis. Certains sont identifiés et rendus à leurs mères, d'autres rapatriés dans leurs pays …

Ce roman raconte l'histoire de ces orphelins de la guerre … des victimes du nazisme qui n'ont jamais été reconnus officiellement.
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J'ai découvert les écrits de Sarah Cohen-Scali en 2014 avec Max, l'histoire d'un petit garçon issu d'un Lebensborn nazi et complètement endoctriné. Un roman qui m'avait pas mal chamboulée, extrêmement dur, dérangeant, mais dont je n'étais que trop consciente de l'importance. Récemment, j'ai vu le film Jojo Rabbit, du réalisateur Taika Waititi, dont le héros est un petit allemand au nationalisme aveugle, encore une claque monumentale. J'étais dans le mood, j'ai enchaîné avec Orphelins 88.

On est clairement dans le même registre. Josh est un gamin amnésique qui porte un matricule de camp de concentration sur le bras. À la fin de la guerre en juillet 1945, retrouvé par les Américains, il échoue dans un orphelinat où l'on essaie de l'aider à se souvenir de qui il est, de ce qui lui est arrivé. C'est une véritable quête d'identité que l'autrice nous propose ici, pour ce gosse qui rêve en allemand, n'est pas circoncis et pourtant sort d'un camp ! Perdu dans un monde en pleine déliquescence, il est incapable de se reconstruire sans savoir qui il est. Et le chemin sera bien long...

C'est encore un roman très dur, bien sûr, où il est question de ces petits polonais blonds aux yeux bleus raflés par des nazis pour être rééduqués à la mode aryenne et adoptés ensuite par des Allemands pure souche, un SS dans le cas de Josh. L'histoire de ce gamin, celles des autres orphelins qu'il va rencontrer, sont juste bouleversantes. On pense souvent l'après-guerre comme une période de délivrance et de pur bonheur, mais c'est sans compter ces millions de gens qui se sont retrouvés certes libres mais sans rien, du jour au lendemain. L'enfer était loin d'être terminé pour eux.

Le récit est lent et va au rythme de la reconstruction de Josh. On suit son quotidien, la manière dont il rejette le conditionnement qu'on lui a fait subir, les quelques bribes de souvenirs qui lui reviennent peu à peu. C'est très sombre, très noir et pourtant deux adultes apportent une touche de lumière à tout ça : Ida, la directrice de l'orphelinat qui se démène pour ses petits pensionnaires, pour les aider à retrouver leur famille quand c'est possible ou à émigrer dans un autre pays comme l'Angleterre ou le Canada ; et Wally, un soldat noir américain solaire, lui-même en but au racisme dans son pays.

Un roman brut, qui met en lumière les horreurs de la guerre et notamment celles qu'ont pu vivre tous les orphelins 88. On a le coeur serré à la lecture de ces pages où l'autrice mêle très habilement fiction et réalité historique. Un roman certes difficile à encaisser mais qui apporte une lumière intéressante et assez inédite sur l'après-guerre et le sort de tous ces enfants livrés à eux-mêmes à la sortie des camps.
Lien : http://etemporel.blogspot.co..
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