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Citations sur Les proies : Dans le harem de Kadhafi (36)

Je laissais ma famille pour aller rejoindre un garçon, une démarche non seulement inconcevable mais illégale en Libye où toute relation sexuelle hors mariage est strictement interdite. Mais qu'est-ce que j'en avais à faire de la loi après toutes les violations à mon égard effectuées par celui-là même qui devait l'incarner? On oserait me condamner pour vouloir vivre avec l'homme que j'aimais alors que le maître de la Libye m'avait séquestrée et violée pendant des années?
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Mais alors que tout le monde regagnait le bus, la puéricultrice se trouva acculée dans une petite pièce dotée d'un jacuzzi, dans laquelle deux infirmières lui firent en un éclair une prise de sang. Kadhafi réapparu alors, et il ne souriait plus. Ses intentions étaient très claires. La fille a paniqué: "Je vous en prie, ne me touchez pas. Je suis de la montagne. Et j'ai un fiancé! - Je te donne le choix, a répondu le Guide: ou bien je le tue, ou bien je te laisse l'épouser, je t'offre une maison et tu nous appartiendras à tous les deux."
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Tous les lieux fréquentés par les femmes pouvaient être sources d'approvisionnement pour le Guide, y compris les prisons où l'on a vu une de ses gardes du corps venir faire des photos de jolies détenues. Les salons de coiffure et de beauté étaient une source privilégiée, visités assidûment par ses rabatteuses. Les fêtes de mariage en étaient une autre. Il adorait se rendre à ces festivités où les femmes revêtaient leurs plus beaux atours. S'il ne pouvait s'y rendre lui-même, il y dépêchait ses émissaires et passait un temps fou à visionner photos et vidéos prises à cette occasion.
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Et soudain Il est arrivé. Dans un crépitement de flashes, entouré d'une nuée de gens et de femmes gardes du corps. Il portait une tenue blanche, le torse recouvert d'insignes, drapeaux et décorations, un châle beige sur les épaules de la même couleur que le petit bonnet posé sur sa tête et d'où émergeaient des cheveux très noirs. Ça s'est passé très vite. J'ai tendu le bouquet, puis j'ai pris sa main libre dans les miennes et l'ai embrassée en me courbant. J'ai senti alors qu'il comprimait étrangement ma paume. Puis il m'a jaugée, de haut en bas, d'un regard froid. Il a pressé mon épaule, posé une main sur ma tête en me caressant les cheveux. Et ce fut la fin de ma vie. Car ce geste, je l'ai appris plus tard, était un signe à l'adresse de ses gardes du corps signifiant: "Celle-là, je la veux !"
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Des véhicules bariolés continuaient de sillonner la ville, dégorgeant de rebelles assis sur le capot, le toit, les portières, drapeaux au vent. Ils klaxonnaient, brandissaient chacun leur arme comme une amie précieuse qu'on emmène à la fête, qui mérite un hommage. Ils hurlaient "Allah Akbar", s'enlaçaient, faisaient le V de la victoire, un foulard rouge, noir, vert noué en pirate sur la tête ou porté en brassard, et qu'importe si tous ne s'étaient pas battus depuis la première heure, ou avec le même courage. Depuis la chute de Syrte, dernier bastion du Guide, et sa mise à mort fulgurante, tout le monde, de toute façon, se proclamait rebelle.
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Soraya ne triche pas. Elle raconte ce qu'elle a vu, vécu, ressenti, sans la moindre hésitation à reconnaître ce qu'elle ne sait pas, ne comprend pas, ne connaît pas. Aucune envie d'exagérer l'histoire ou d'amplifier son rôle. Jamais elle n'extrapole. Fréquemment, à mes demandes de précision, elle opposait un: "Désolée, ça, je n'en sais rien. Je n'y étais pas." Elle ne souhaite pas être crédible, elle veut être crue. Et dans cette exigence, il y a quelque chose de vital. C'était d'ailleurs les termes de notre accord: mieux valait un silence qu'une approximation ou un mensonge.
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On recense les sévices causés aux prisonniers politiques, les exactions contre les opposants, les tortures et meurtres de rebelles. On ne se lasse pas de dénoncer sa tyrannie et sa corruption, sa duplicité et sa folie, ses manipulations et ses perversions. Et on exige réparation pour toutes les victimes. Mais des centaines de jeunes filles qu'il a asservies et violées, on ne veut pas entendre parler. Il faudrait qu'elles se terrent ou qu'elles émigrent, ensevelies sous un voile, leur douleur empaquetée dans un baluchon. Le plus simple serait qu'elles meurent. Certains hommes de leurs familles sont d'ailleurs prêts à s'en charger.
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"Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ", écrivait Albert Londres.
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Car elle était victime. De ces victimes dont la société Lybienne ne veut pas entendre parler. De ces victimes dont l'outrage et l'humiliation rejaillissent sur l'ensemble de la famille et de la nation toute entière. De ces victimes si encombrantes et perturbantes qu'il serait plus simple d'en faire des coupables. Coupables d'avoir été victimes...
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C'était tellement plus facile de vivre en langue arabe. Mais cela interdisait toute intégration dans la société française, toute possibilité de relations, de formation ou d'emploi.
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