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Colette n'est définitivement pas une auteure pour moi et je ferai mentir l'adage "Jamais deux sans trois" car cette deuxième rencontre sera bien la dernière.

Avant que ne se déchaînent sur ma pauvre tête de lectrice lambda les foudres propres à terrasser l'iconoclaste, je reconnais que "Le pur et l'impur", écrit en 1930 et publié dix ans plus tard, a pour lui cette audace de propos qui caractérise la "reine de la bisexualité", bien que je reste complètement imperméable à son style qui abuse des sujets inversés et voue un culte à la ponctuation éthérée.

Tout comme chez Duras et Yourcenar, j'ai dû m'accrocher à mes bretelles pour faire émerger du texte un sens que mes pauvres neurones puissent comprendre. Il est coutume de dire pudiquement : "Je suis passée à côté" ou encore "Voici un rendez-vous manqué" mais dans le cas présent, j'ose dire "Quelle via dolorosa que ces malheureuses 188 pages !".

Oh, je sais que j'aurais dû y voir une ode à Sapho, un traité féministe ou encore une oeuvre d'avant-garde, etc. mais "Le pur et l'impur" ne fut pour moi qu'un pensum verbeux et abscons. Qu'est-ce que je déteste lire sans comprendre ce que je lis, en me demandant à chaque phrase : "Mais je suis débile ou quoi ? De quoi s'agit-il ? Où veut-elle en venir ? Vais-je terminer ce bouquin sans savoir de quoi il parle ?".

Alors je vous rassure, je sais de quoi il parle, j'y ai mis quelques dizaines de pages mais j'ai fini par saisir l'essence de ce que Colette désignait elle-même comme "son meilleur roman". Sauf qu'il ne s'agit pas d'un roman mais d'un recueil de témoignages, autobiographiques pour la plupart, mettant en lumière les égéries de la Belle-Epoque où les amours féminines étaient à la mode et où il était délicieusement sulfureux de porter le smoking et d'aller s'encanailler chez Mathilde de Morny, alias la Chevalière.

Alors, je sais, je sais, si moi aussi j'avais connu et vécu cette période charnière de l'Histoire où la Femme a pu (enfin) commencer à s'émanciper (bien qu'à mon humble avis un très faible échantillonnage privilégié du sexe ait pu le faire en réalité, la masse plébéienne ayant dû attendre pour cela de remplacer les hommes au travail pendant la Première Guerre Mondiale), j'aurais alors saisi tout l'enjeu de ce manifeste, j'en aurais sans doute été interloquée, choquée, éblouie et stimulée, mais lu en 2018, et tout en essayant de faire la part des choses, je ne peux que conclure sur l'ennui profond qu'il m'a procuré.


Challenge PLUMES FÉMININES 2018
Challenge 1914/1989 - Edition 2018
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Ecrits entre 1930 et 1931, publiés dans Grégoire entre décembre 1931 et janvier 1932, puis regroupés sous le titre Ces plaisirs..., Colette les remanie et les re-publie en 1941 sous le nom de le Pur et l'Impur.
Bien loin de ses écrits romanesques et/ou autobiographiques, le Pur et l'Impur nous permet de découvrir une femme souvent moins connue voir méconnue Colette la journaliste, une journaliste très prolixe .Alors pourquoi ne nous raconterait elle pas ses rencontres diverses et variées, de la salle où la fumée d'opium vous enivre, à ces alcoves discrètes où hommes et femmes se confient . Une série de courts textes qui, je n'en doute pas ,ont du faire sursauter bon nombre de bien-pensants !!
Bien loin des langages explicites contemporains, l'écriture de Colette se joue des mots, j'allais dire des lumières tamisées ou non. Chacun lisant entre les lignes savourera l' écriture de Colette , un régal!

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Sidonie-Gabrielle Colette, dite "Colette", à travers les confidences de ceux qui vécurent des amours non conventionnelles, qu'elle nomme affectueusement ses "monstres", réfléchit, en écho à sa propre expérience, au sentiment et au plaisir amoureux. Elle restitue le coeur même de ces émotions, si différentes les unes des autres, pour les comparer, en toile de fond, à ceux du couple hétérosexuel classique. Encore qu'on puisse se demander si "le" couple hétérosexuel classique existe...

Elle évoque successivement la quête de deux don Juan, toute tramée de ressentiment paradoxal envers l'avidité des femmes qu'ils traquent et la détestation de leur propre sexe ; celle d'une bourgeoise entre deux âges simulant le plaisir entre les bras de son jeune amant pour protéger son amour-propre ; les relations saphiques de certains membres de la haute aristocratie et du milieu artistique en ce tout début du 20 ème siècle : passent les figures de Mathilde de Morny, dite "Missy", de la poétesse Renée Vivien, de la femme de lettres Natalie Barney, de la richissime baronne Hélène de Zuylen, et de tant d'autres ; elle relate l'attendrissante et incroyable histoire des dames de Llangollen, qui se retirèrent du monde en 1778 par la force d'un amour, peut-être platonique, qui le dira, et est-ce vraiment le plus important ? Elle s'attarde sur les amours masculines et leurs diverses déclinaisons, et donne absolument tort à Marcel Proust qui juge de l'homosexualité féminine au prisme de la masculine, alors qu'elles ne sont nullement la réciproque l'une de l'autre ; elle aborde le triolisme, qu'elle rejette comme un marché de dupes, en défaveur souvent de l'étourdi qui l'a initié, l'homme, peu capable d'anticiper la douce complicité des relations entre femmes.

Elle sculpte d'une plume poétique servie par un style riche et délicat, les liens que tissent les êtres humains, à base de tendresse, d'amitié, de sensualité, de jalousie, de complicité, d'instinct de protection, d'affectation, d'hypocrisie, hypocrisie dont le versant positif est la délicatesse et la discrétion, à cultiver sans modération.

Ce qui ressort de l'oeuvre, c'est le gouffre qui sépare l'univers féminin de l'univers masculin ; à tel point qu'hormis l'instant de la volupté, rien ne semble devoir rapprocher vraiment les deux sexes. Et encore, cette volupté n'est-elle très souvent que concédée par la femme pour qui elle n'est pas essentielle, et qui déploie, pour en faire offrande, un art consommé qui va du murmure plaintif au cabotinage effréné, selon les attentes de l'amant ; son domaine à elle est tout de sensualité et de tendres enveloppements, qui n'excluent pas la jouissance paroxystique mais ne la recherchent pas systématiquement.

Au lit comme ailleurs, l'homme est le maître du jeu et ses désirs font loi. Cette dissymétrie menace de laisser les amants chacun dans sa solitude ; heureusement l'androgynie psychique, présente en tout être, assouplit la frontière entre ces territoires adverses et permet de tendre un pont entre eux.

Car il reste impossible d'évacuer l'amour entre femmes et hommes, mystérieuse alchimie des contraires, pourvoyeuse de sentiments exaltés et de ressentiments aigus, sorte de tonneau des Danaïdes désaltérant et assoiffant en même temps.

Parallèlement aux sentiments amoureux, Colette explore les univers de l'addiction, sexuelle, opiomane ou alcoolique qui souvent les accompagne, et les souffrances des malheureux captifs qui y laissent leur santé et leur vie. Car "l'agréable ponette" qu'elle fut, (c'est elle-même qui se qualifie ainsi : un brin de folie en tête mais toujours les deux pieds fermement arrimés au navire), se garda éloignée de tout excès.

Quelles sont donc alors les relations entre "Le pur et l'impur" ? Tel est en effet le titre que Colette donna à cette oeuvre dès 1941, après l'avoir appelé "Ces plaisirs...qu'on nomme, à la légère, physiques", dans l'édition de 1932. "Je n'aime pas les points de suspension", s'expliqua-t-elle de ce changement.

L'innocence, nous dit Colette, ne s'oppose pas au "vice" selon le monde : on peut la découvrir au fond d'une fumerie à opium, entre deux hommes, entre deux femmes, alors que le couple conventionnel recèle souvent des abîmes de perversité, sous couvert du paravent de respectabilité mis en place par le cynisme et la cruauté ambiante.

Ce livre est important. Son auteur d'ailleurs le considérait comme le plus abouti de son oeuvre.

On voit bien l'inspiration qu'ont pu en tirer les études de genre.
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Transgressif ce livre de Colette? Plutôt faisant fi des tabous, avec un style sans fioritures,... encore que Colette laisse une large place aux allusions.
Colette "joue" également, en mettant dans la bouche de ses personnages des affirmations dont on ne sait finalement si elle les endosse, ou si elle se contente de les décrire amicalement.
Mais aussi un gout pour la provocation. Par exemple: le libertinage saphique est le seul qui soit acceptable".
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Les plaisirs des « monstres » de Colette ont le parfum trouble du cristal. Et sous sa langue ce parfum brûle comme la fumée de l'opium.
La pureté d'un cristal se révèle à la lumière qui le traverse.
Colette a l'oeil perçant.
Chacun va jusqu'au bout de sa nuit. Chacun chasse la pâleur de ses jours. Chacun dans la lucidité de son enfer marche vers une impossible étoile et se consume.
Le trouble ne saurait départager le pur de l'impur.
L'un ne pouvant sans doute exister sans l'idée même de l'autre.
Les narines de Colette ont frémi dans l'antichambre des « monstres »,
L'élégance de leur démesure sous les lustres terribles de leurs dépendances.
C'est beau.C'est Colette.
Le bruissement de la soie entre les pattes gourmandes d'un chat.

«  Les tragiques mettent en scène des légendes qu'ils n'inventent point » (Louis Mouliner -  Le pur et l'impur dans la pensée des grecs ) . 

Astrid Shriqui Garain
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La Colette féministe et moralement incorrecte est celle que je préfère. Dans "Le pur et l'impur" elle fait scandale avec des portraits décadents. Ce livre lui permet d'évoquer les dépravés qu'elle fréquenta dans sa jeunesse entre lesbiennes alcooliques, prostituées, travestis ou toxicomanes.

On se retrouve dès le début dans une fumerie d'opium où elle croise une certaine Charlotte et son jeune amant. Pour autant, il est parfois difficile de la suivre car si elle aime les femmes qui simulent, elle aime aussi la jalousie qui met du piquant dans la relation. Elle est volontiers attendrie par des séducteurs misogynes ce qui ne l'empêche pas de constater que les homosexuels la comprennent mieux que les hétérosexuels. Pour autant, j'ai l'impression qu'elle assume ses contradictions.
Sans distinguer "Le pur et l'impur" elle prend tout et semble préférer la liberté à la morale.

Colette peut perdre son lecteur à certains moments mais elle a le mérite de louer les plaisirs défendus et de ne pas avoir peur de se vautrer dans le stupre et la luxure comme on dit et cela bien avant la libération sexuelle.


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paru en 1932 sous le titre "Ces plaisirs" et réédité en 1941 sous celui de "Le Pur et l'impur".

"Écouter, c'est une application qui vieillit le visage, courbature les muscles du cou, et roidit les paupières à force de tenir les yeux fixés sur celui qui parle... C'est une sorte de débauche studieuse... Hausser jusqu'à son sens secret une litanie de mots ternes, et l'acrimonie jusqu'à la douleur, jusqu'à la sauvage envie..."

Colette a observé, a écouté. Elle a fréquenté (sans y toucher) une fumerie d'opium où elle a entendu Charlotte chanter son chant d'opiomane. Elle a croisé Don Juan lassé de tant de conquêtes, elle a posé les questions que chacun se pose devant le leurre vécu par les travestis des deux sexes. Elle nous livre les portraits de la Chevalière (Missy), de la poétesse autodestructrice Renée Vivien. Elle évoque les "Ladies of Llangollen". Elle nous transporte dans un monde que l'on sent plein de tristesse, voire de douleur, dans sa quête sentimentale rarement aboutie, rarement assumée. Elle-même a dit : "On s'apercevra peut-être un jour que c'est là mon meilleur livre..." Ce livre soulève le voile (en 1932!) sur les moeurs parallèles, dissimulées dans une ombre qui ne se dissipera que bien des années plus tard. En cela, ces écrits deviennent un témoignage de l'audace d'une femme qui n'hésita pas à écrire sur ce sujet en considérant ceux que l'on marginalisait.

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Un peu le pendant du Sodome et Gomorrhe proustien, le Pur et l'impur de Colette (le "roman" d'elle-même qu'elle préférait) est à la fois une réflexion sur le plaisir, l'amour, l'homosexualité, la jalousie, qu'une galerie de portraits de ses contemporains, tendre et toute empreinte de mélancolie - qui n'exclut jamais avec Colette l'humour (parfois poison) ... Sur la fin devenue mystère, Colette affirme là encore tout un caractère de femme libre, imprévisible et attachante. À découvrir. 🙂
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La vie de Colette a été riche de nombreuses expériences, nombreux métiers, premier mari volage et accapareur, relations amoureuses n'hésitant pas à braver les interdits de l'époque. C'est ce dernier volet qui constitue le sujet de ce roman de mémoire, qui fourmille d'anecdotes "croustillantes" sur des personnages ayant, comme elle, osé affronter la vindicte populaire. Avec sa coutumière sagacité, elle brosse le portrait d'hommes et de femmes de sa connaissance que l'on qualifierait aujourd'hui d'homosexuels ou transgenres. Mais ne cherchez dans cet effeuillage aucune confession personnelle, aucune relation de ses propres aventures. L'auteure prend le parti de retourner la morale dominante, qui taxe d'impure toute personne ne sacrifiant pas aux vertus du mariage, en montrant comment des êtres montrés du doigt par le vulgum pecus peuvent faire preuve de vertu dans leur vie "déviante". Plus essai que roman, ce récit au fil du souvenir finit par lasser et semble avoir passablement mal vieilli par rapport au reste de sa production littéraire. Heureusement, il y a la langue, superbe, toute d'élégance et de subtil choix des mots…
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"Il n'y aura jamais assez de blâme sur les saphos de rencontre, celle du restaurant, du dancing, du train bleu et du trottoir, celle qui provoque, qui rit au lieu de soupirer. Il n'y aura jamais trop de crepuscule ménagé, de silence et de gravité sur une etreinte de femmes."

Au sein de cet ouvrage, Colette s'est attachée à dépeindre, de manière appliquée, ses rencontres avec des personnalités non conventionnelles dans la capitale, quarante ans plus tôt. Elle y aborde sans tabous les thèmes de la drogue, de l'alcool et de l'homosexualité.

Décrit par elle-même comme étant son "meilleur livre", le pur et l'impur m'a laissé une impression paradoxale. Je suis restée perplexe devant la beauté de sa plume mais sans pour autant comprendre réellement où elle souhaitait nous emmener et finalement, le fonds de sa pensée.
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