Rester debout

Un vrai coup de coeur pour cette biographie romancée de Simon Veil destinée aux adolescents (dès 15 ans).
Découpé en trois périodes, le livre retrace la vie joyeuse ou tourmentée de la femme la plus aimée de France et entrée récemment au Panthéon accompagnée de son mari. Cette oeuvre est l'occasion pour les plus jeunes de découvrir les combats de cette femme exceptionnelle et de mieux appréhender tout un pan de l'Histoire.

D'abord, enfant insouciante mais curieuse, Simone Jacob mène une vie ordinaire auprès de sa famille à Nice. La cadette, « Chat-minet » comme la surnomment ses proches, est une adolescente intelligente et rebelle, elle affirme déjà un caractère marqué et combatif.

Vient la rupture avec la montée du nazisme, l'entrée en guerre de la France ; l'enfance s'éloigne et laisse place à la peur. Les juifs sont pourchassés et emportés vers les camps. La famille Jacob se fait ainsi faucher. Pourtant, la veille de son arrestation et malgré le danger, Simone passe le baccalauréat. Elle apprendra en être lauréate à son retour.
Fabrice Colin adopte dès sa déportation un langage déstructuré qui témoigne du traumatisme de Simone, de sa conscience forcée de voir les atrocités commises qui paraissent inconcevables. Cette partie est à la fois violente et pudique, extrêmement émotionnelle et éprouvante. Aux côtés de Simone, de sa soeur et de sa mère, le lecteur jette un oeil à l'intérieur d'Auschwitz et voit toutes ses horreurs. Des images fortes et frappantes.

Et c'est la libération et le difficile retour à une réalité qui ne sera jamais plus pareille. Ses parents, Yvonne et André, ainsi que son frère Jean ne reviendront pas. Sa soeur aînée Madeleine, « Milou », rescapée miraculée avec Simone, succombera quelques années plus tard à un « vulgaire accident de la route ». Son autre soeur Denise participera à la guerre comme résistante et décédera bien plus tard à l'âge de 88 ans.

Cette vie jalonnée d'événements cruels donnera pourtant la force à Simone de fonder une famille, de s'engager et de mener des combats en faveur de la société et des femmes. Des lettres fictives alternant avec des documents terminent l'oeuvre de Fabrice Colin pour retracer ce destin hors norme.

Une leçon de vie incroyable pour les jeunes lecteurs. Un exemple extraordinaire de force, de résilience…

Et un premier pas vers la lecture de l'autobiographie de Simone, Une Vie.

Roman biographique, biographie romancée…quoiqu'il en soit un ouvrage remarquable à destination des jeunes, puissamment émouvant, fortement troublant, riche en réflexions et faits historiques, agréable à lire car admirablement écrit.
Il pourrait paraître de prime abord brouillon car le style n'est pas uniforme au fil des pages mais c'est là justement la force d'écriture de Fabrice Colin : selon la situation le style varie, évolue. Il démarre comme un joli roman historique, se poursuit en approfondissant l'aspect psychologique et devient roman initiatique. Dans le plus fort de l'horreur et de l'angoisse le style devient répétitif, obsessionnel. Pour évoquer le début de carrière de Simone Veil, il se fait plus journalistique. Cette variété se rejoint avec en fil rouge le caractère singulier du personnage principal et son destin exceptionnel, presque incroyable. Et ce n'était pas simple, selon moi, d'écrire justement sur un tel Personnage et se l'approprier en tant qu'héroine du roman. Défi amplement relevé à mon sens !
L'auteur ne tombe pas dans la facilité (sans faire une simple « redite » de témoignages), s'est largement documenté, puis a donné libre court à son écriture romanesque. Après avoir étudié l'oeuvre de Primo Levi, je suis assez dubitative quand quelqu'un « qui n'a pas connu ça » s'empare du sujet de la déportation : comment écrire l'indicible ? Ici ma réticence s'est vite envolée grâce à cette variété de style dont je parlais plus haut, que j'ai trouvé particulièrement adaptée.
Je suis heureuse que cet ouvrage s'adresse aux jeunes afin qu'ils puissent connaître un peu plus que le seul nom de Simone Veil. A travers ce roman elle devient une jeune fille qui grandit, qui se confronte à la vie et à la société (certes en des temps bien troublés !). Une expérience de vie (un combat) qui appelle bien des réflexions !

Fabrice Colin réussit avec brio une biographie romancée sur Simone Veil !
De la petite Simone Jacob, espiègle et brillante, à la charismatique Simone Veil, représentante des droits des femmes à disposer de leur corps, talentueuse oratrice et femme politique, en passant par le numéro 78561, Simone déportée, quel texte !
De l'enfance heureuse au combat pour la survie, "ça met les poils" !
J'ai adoré de bout en bout et j'ai surtout beaucoup pleuré, à gros sanglots... Émue et touchée.

Je ne trouve pas les mots pour « raconter » ce livre, biographie de Simone Veil s'attardant évidemment sur son enfance et sa jeunesse déchirée par la déportation et la mort omniprésente. Quelques pages sur sa carrière politique complete le portrait de cette femme exceptionnelle. Un livre à partager d'une exemplaire réussite.

Fabrice Colin, auteur réputé pour les nombreux livres jeunesse qu'il a écrit, dresse le portrait de la femme exceptionnelle qu'a été Simone Veil à travers une biographie romancée.
Il s'attarde un long moment sur son enfance heureuse au sein d'une famille unie de 3 enfants. Simone est certainement celle de la fratrie qui a le caractère le plus affirmé. D'une très grande intelligence, cette petite fille affirme rapidement ses idées et ses convictions.
Puis vient l'horreur des camps, dans lesquels elle va puiser une force incroyable et faire preuve d'une résilience exceptionnelle. Résilience et courage lui permettront d'affronter l'horreur avec un grand H malgré la perte successive de ses proches. Combien d'autres ont sombré…..
Simone Veil poursuit sa vie, fait face à de nouveaux drames, et décide de mener tous les combats qui lui sont chers.
Le destin hors norme de cette femme exceptionnelle ne doit rien au hasard, elle fait preuve d'une volonté et d'un courage exemplaire qui force le respect.
J'ai aimé la façon dont l'auteur a raconté son histoire, entre oeuvre de fiction et histoire vraie, puisque si la narration est présentée sous une forme romancée, il s'est appuyé sur une documentation détaillée afin de rester fidèle à l'histoire.
Un roman pour la jeunesse qui se lit facilement et s'adresse aussi aux moins jeunes.

J'ai pris mon temps pour cette lecture, parfois trop submergée par les horreurs vécues par Simone Veil. Elle n'a pas usurpé l'admiration que les français lui portaient, et je suis heureuse d'avoir pu en apprendre plus sur elle. Je ressors de cette lecture en étant étourdie, et il va me falloir une sacrée dose de romances de Noël pour m'en remettre.

Aucun mot ne pourrait décrire ce qu'il s'est passé entre 1939 et 1945. On ne peut pas savoir ce que c'est quand on ne l'a pas vécu.
Racontée par Fabrice Colin, c'est l'histoire de Simone Veil, âgée de seize ans et demi quand elle est déportée pour la première fois dans un camp de concentration.

"Ainsi donc, à bien des égards, même ces jours d'attente qui, à les raconter, sembleraient avoir été un supplice insoutenable, s'écoulèrent à peu près comme les autres jours." déclare dans Si c'est un hommePrimo Levi, lui même déporté.

Le livre est divisé en trois parties, avant les camps, pendant les camps, et après les camps. On remarque un grand changement chez Simone, son évolution, sa façon de penser. Après la guerre elle est détruite, [/elle perd tous les membres de sa famille sauf sa soeur mais celle-ci décède suite à un accident de voiture ensuite]. Elle ne veut plus qu'une chose de la sorte se reproduise, elle veut que l'Homme redevienne humain avant tout. Elle veut rendre justice ! Elle entre dans la magistrature, puis monte en échelons. Elle va faire des lois. Elle deviendra quelqu'un d'important. Elle veut que le monde change, et elle a réussi.

Simone Veil, née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice et morte le 30 juin 2017 à Paris, est devenue une magistrate et une femme d'État française.

Olivia

Simone Jacob. Pas encore Simone Veil. Pas encore celle qui devint ministre de la Santé et qui, face à un tombereau d'hommes rétrogrades, fit adopter la loi pour l'avortement. Pas encore celle qui fut la première présidente du Parlement européen. Mais déjà une petite fille au caractère bien trempé. Début des années 30, Simone est une petite fille de 4 ans. Elle vit dans une famille aimante et pleine de vie à Nice. Mais bientôt gronde un noir tonnerre, porteur de nuages assourdissants. Les parents de Simone ont beau être laïcs, ils vont, comme les autres, subir des interdictions de plus en plus drastiques, jusqu'à l'innommable. Toute la famille est déportée. A partir de ce moment dans le livre, la pagination cesse, pour souligner le caractère hors du temps de la vie dans les camps (remarquablement décrite, les faits bruts, sans pathos, mais au contraire la détermination et la force de caractère de Simone, âgée de 16 ans quand elle est déportée à Auschwitz en 1944) et qui reprend quand reprend la vie. La libération des camps est décrite avec toute l'horreur et l'incompréhension qu'ont ressenties les Alliés. Remarquable travail d'écrivain de nous faire ressentir la vision et les odeurs de l'inhumain. Et le retour, ce fossé entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés, qui ne pourront jamais comprendre.
Une magnifique biographie romancée, qui rend hommage à une femme forte, puissante, au parcours de vie exceptionnel. Je n'ai appris qu'au début de l'âge adulte que Simone Veil avait été déportée, tant elle ne voulait pas bâtir sa vie de combats politiques sur cet héritage. Avant Shooting Star et Michelle et Barack : destins croisés, Fabrice Colin avait inauguré cette collection consacrée à l'enfance et l'adolescence de figures historiques, avant leur consécration, avec celles de Simone Veil. Faire découvrir un destin hors-normes avec une écriture aussi poétique, rude et juste, voilà un beau cadeau pour les jeunes générations.

Pour retracer la vie de Simone Veil, Fabrice Colin a imaginé une narration particulière dictée par la terrible césure de l'expérience concentrationnaire. Cette oeuvre de fiction met en scène Simone Veil au soir de sa vie qui revoit son enfance. F. Colin alterne entre narration externe et les pensées qu'ils attribuent à la jeune Simone qui montre très tôt une force de caractère peu commune. La découverte de cette enfance au sein d'une famille unie et le lien très fort qui lie la jeune fille à sa mère Yvonne Jacob est très intéressante, et le récit progresse tout en tension au fur et à mesure que les années passent et s'acheminent inéluctablement vers la guerre. La tension monte et l'écriture de l'auteur sait la faire ressentir au lecteur au fur et à mesure que les lois liberticides menacent cette famille juive. Puis vient l'arrestation et le départ en déportation. Difficile de rendre compte de cette expérience, mais F. Colin y parvient en mettant très concrètement entre parenthèse cette année de vie/mort de Simone Veil matérialisée par une double page noire qui l'ouvre et la clôt. Dans ces pages, le texte est différent, c'est parfois la voix de la jeune Simone déportée à 16 ans et parfois la voix de toutes celles qui ont été déportées (les Sarah) parce que juives. On est parfois décontenancé, mais le texte vous happe et rien ne vous prépare à une telle plongée dans l'inhumanité, mais il y brille sans cesse une flamme, celle qui anime la jeune fille, et cette volonté de vivre au delà de tout force l'admiration. La parenthèse refermée, plus rien ne sera comme avant et le texte où la voix de Simone Veil s'affirme en même temps qu'elle devient femme est tout empreint de cette ombre terrifiante, traumatisante. Mais là encore, ce qui frappe, c'est la formidable résilience de Simone Veil qui, malgré les incroyables expériences que la vie lui a réservé a su vivre et devenir cette femme au destin extraordinaire. Un texte fort et une lecture a proposer sans réserve aux ados pour mieux connaître Simone Veil.

Un roman intéressant décrivant la vie de Simone Veil.
Si vous aimez l'histoire, foncez, le roman décrit très bien la vie de Simone Veil dans les camps. D'ailleurs, il est surtout axé sur son adolescence en tant que déportée, et moins sur ses actions en tant que femme politique (ce que j'ai préféré finalement).
On comprend bien comment son passé et les horreurs qu'elle a vécu ont influencé sa vie, lui ont procuré une force incroyable qui a fait d'elle une femme déterminée et forte.