Un jour on m'a coupé la parole. Ce n'était pas trop grave encore. C'était un tout petit rien. Mais cela s'est poursuivi et envenimé. C'est ainsi que peu à peu je suis devenu aveugle de mots. Je les cherchais en vain dans ma nuit, dans la nuit du monde. N'y avais-je plus ma place ?
Quand j'ai compris ce qu'il me restait à faire, j'ai commencé à brailler, à crier à tue-tête. Mais les vrais tuent-têtes c'étaient ceux qui se croyaient supérieurs et voulaient mener le monde.
Je suis parvenu à prononcer les mots qu'on n'était pas parvenu à m'arracher : Lampedusa, Bangui, Guaranis, Fukushima, Juba, Alep ou Bagdad.
Et j'ai mal à la bonne année : "Good Year" dit-on en janvier dans toutes les langues. Mais pour moi qui vit à Amiens, Goodyear est synonyme d'une usine qui ferme et d'ouvriers à la rue.
(Jean Foucault)
Centenaire du PEN club : pour la liberté d'expression
À l'occasion des 100 ans du PEN Club, la BnF s'associe au PEN Club Français pour un après-midi de débats sur la liberté d'expression. Trois tables-rondes traiteront tour à tour de la censure et de l'autocensure dans les littératures d'aujourd'hui.