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EAN : 9782372091107
144 pages
Editions de Corlevour (01/01/2023)
4.17/5   6 notes
Résumé :
« Le beau guérit. Certaines philosophies l’affirment et l’attestent. La poésie l’enclenche. Il faut entendre par beau des liens qui n’existaient pas. Ce qui surgit dans le regard nous déplie, nous décrispe vers cet espace, interstice entre l’âme et le corps, où s’ouvre, dans le poème, non comme une issue de secours, mais plutôt une porte vers l’ici maintenant. En trois seuils, cette quête dans le livre passe par l’atelier d’un peintre. Puis l’atelier du mot. Et enfi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dominique Sampiero, poète, connaît bien les peintres, ces artistes toujours à tenter d'esquisser un éclat, une absence, une présence invisible, le mystère de la création. Il collabore régulièrement avec des artistes pour publier déjà une quarantaine de livres d'artistes. Deux de ces ouvrages d'art ont été regroupés dans son dernier recueil paru aux éditions du Corlevour, au titre énigmatique et néanmoins évocateur Inventaire du vide comme neige et fleurs non répertoriées.

Dans la première partie, Dominique Sampiero commence par nous faire visiter "l'atelier troué de passages" de Marc Feld, peintre mais également metteur en scène et auteur, un endroit où "l'inachevé respire". Un atelier dans un garage où déambule le chat Pablo "Un chat, âme aux yeux bleus, intense, procrastine ses rêves et l'avenir de la pluie, avec élégance. Pablo déplace en ondulant dans sa fourrure le blanc des murs sur le parquet ou le céladon timide du gazon. Il signe à sa façon les oeuvres de sa belle nonchalance méditative, lenteur scripturale. Un peu ironique. Puis électrique avec les moineaux suicidaires du jardin venus aguicher les bourgeons en fleurs." Un atelier de peinture où "Le simple est vaste"...

Rentrer dans un atelier d'artiste c'est ouvrir une boîte à bijoux. C'est partir immédiatement en voyage, sans passeport, avec juste des rêves de couleurs qui deviennent réalité pour peu que l'on sache poser les mots justes sur l'émotion qui nous envole. "La peinture est oxymore sans mot."

Face à ce peintre de "l'invisible et du cri", quand "tous les sens sont cloués à leur vigilance", Sampiero sait que "l'écriture tisse des liens entre le silence et la toile."

Il y a du bleu, du rouge sur la page blanche du poème , et comme le dit Alain Borer dans sa préface : "Sampiero écrit en vers luisants."
Il y a des peintures, il y a des mots, il y a de la musique "Grande toile face / au piano". Comme si
la création avait trouvé son antre. Les notes, les mots inspirant le geste résolu de la couleur. Et vice versa.

Sampiero n'oublie pas la dimension mystique de toute création "Quand une couleur apparaît, c'est l'ange qui tue Dieu pour que nous pensions à lui."
"Nous sommes infirmes et infinis. Nous boitons entre le néant et le ciel, le monstre et le saint, la flaque et l'étoile "

Le poète ne peut que s'interroger sur le processus de création "Qui est l'esprit quand il peint, écrit à notre place ? Et où se cramponne-t-il ? A la main ? Au visage ? Au regard ?" avec la contrainte de "nous séparer de nous-mêmes.", "vers le tremblé / sensible de la présence / quand elle se prend à éclore / en à-plats / en griffures légèrement bombées" Créer jusqu'à s'assigner la tâche de bâtir une oeuvre. "L'oeuvre nous épuise et nous façonne."

Dans la deuxième partie intitulée Troublant tumulte, l'auteur s'adresse au mot. Après l'atelier du peintre, l'atelier du poète, grand prix de poésie Robert Ganzo en 2014, avec l'outil-mot a portée de main, dans le tumulte troublant de la création "mon pauvre mot de chair / et de salive, celui qui m'échappe, me saccage / me hante" . " Dans tes gestes, tu fais et tu défais le monde. Tu inventes une peau entre la langue et son baiser." le mot ce "roi des cent pas sur la page", ce mot dont on fait des poèmes "il te faut des histoires sans histoire, puis des chutes / des loopings sans queue ni tête qu'on appelle des poèmes. "

Mot "je te désigne, je te quitte, ton corps est mon abri, tes vitres se brisent comme des glaces à la surface des phrases, des âmes trouées de fenêtres lapent entre tes mains des reliques de ciel, des âmes qui n'existent pas inventent ici des phrases sans bord, des murmures à saisir entre les murs, dans les poutres qui craquent, à côté de ta bouche."

La troisième partie regroupe quelques "papiers collés" à l'image de ceux de Georges Perros avec son lot d'aphorismes très poétiques avec toujours la notion de passages en fil rouge avec les deux chapitres précédents. "C'est le jour des cyclistes bariolés, des sexagénaires qui se ruinent pour pédaler et faire plus jeune. Les chemins seront envahis de décisions criardes et de coups de sonnette."
" Chaque oiseau est un ange déguisé en voyage."
" On ne peut pas dormir si on n'a pas rangé l'armoire où est caché notre passé."
" Chaque douleur est un mot qui cherche passage."

Cet ouvrage est une véritable célébration du mot qui, entretissé avec les images nous propose une vraie démonstration de ce qu'est la poésie contemporaine. Et tout cela grâce à un éditeur courageux et persévérant pour défendre une poésie de qualité.

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Repousser mes limites et sortir de ma zone de confort. Voilà ce que j'avais en tête lorsque j'ai décidé de participer à l'opération Masse Critique Littératures le mois dernier. Et bien, on peut parler d'un pari réussi ! Non seulement, j'ai été sélectionné pour critiquer un recueil de poésie, ce qui est déjà très loin de mes habitudes, mais en plus de ça... Quel poète ! Dominique Sampiero ne fait pas semblant avec son « Inventaire du vide comme neige et fleurs non répertoriées ». Parler d'une écriture sophistiquée et imagée serait un euphémisme. de même, je n'oserai pas affirmer avoir tout compris, ce serait un mensonge éhonté. Je pense en effet avoir atteint une limite avec ce recueil. La plume de l'auteur est indéniablement belle et savoureuse, mais je l'ai trouvé particulièrement complexe, trop pour moi.

Deux lectures ont été nécessaires avant que je ne me sente capable de prendre à mon tour la plume pour cette critique. Et en dépit de ces dernières, je serais bien en peine d'expliquer et de décortiquer ces textes avec méthode et précision. Aussi, je ne m'étendrai guère en palabres élaborés qui ne feraient qu'étaler mon incompréhension à outrance. La première partie, « Le simple est vaste », nous entraîne dans l'atelier d'un peintre et ses multiples passages. J'en suis ressorti charmé malgré quelques zones obscures. le seconde, « Troublant tumulte », aborde le rapport de l'auteur avec son « pauvre mot de chair et de salive ». Là, je dis oui. Je ne saurai dire précisément ce que ce poème a remué en moi, mais cet atelier du mot a été pour moi un véritable régal. En revanche, la dernière partie, « Exercice de la montée du jour entre nos bras », a été pour moi la plus incompréhensible, j'ai été perdu en cours de route et n'ai pas réussi à raccrocher les wagons.

Un bilan mitigé donc, je pense qu'il va me falloir encore un peu d'entraînement dans le domaine de la poésie pour me familiariser un peu plus avec le genre avant de me confronter de nouveau à une oeuvre de ce niveau-là.
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Tantôt obscure, tantôt limpide, la poésie de Dominique Sampiero se révèle dans ses éclats d'évidences. C'est une poésie construite, réfléchie (parfois trop ?). Architecturale.

Elle nous parle de lieux et d'espaces où même les corps semblent devenir matière. Curieuse des domaines de réflexion et de pensée qui l'entourent, elle explore mot après mot son environnement.

Poésie visuelle et incarnée qui m'a malheureusement assez peu parlé.

Je remercie Babelio et l'opération Masse Critique ainsi que les Éditions de Corlevour pour cette découverte qui ne manque pas d'intérêt.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Tu es ma corde…



Tu es ma corde, mon échelle de Jacob, ma tour de babil
ma syllabe vêtue d’abîme, je te porte dans mon ventre
ou dans mes yeux, tu vas et viens dans mon corps
dans le flux de mes vies dont je sais ton éclipse à vif
sous ma peau, ton toucher d’horizon pour ne rien détruire.

Tu répares mes remords, puis mes doutes puis mes envies
tu m’accordes des réponses sans queue ni tête que je prends de
face pour des fenêtres, des ouvertures dans le ciel vers toi
ou dans la terre, entre les laves des corps et des rivières.
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J'avance dans cette épaisseur où chaque détail du layon fait un pli dans ma chair, dénouant ce que j'ignore de moi en sensations de voyage, en sueur de mouvements intimes.
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Tu es le mot qui dévore…



Tu es le mot qui dévore la vie et je tisse ta présence entre ceux
qui se sont endormis dans leur source, ce n’est pas moi qui
vient manger dans ta main, ce n’est personne, je suis juste une
vitre pour laisser passer ton cœur de verre, ton éclipse dans tes
beaux habits de signifiant. Quand je ne sais plus où poser mes
mains ni dans quelle direction aller, tu m’ouvres les yeux, tu
traduis en intervalle le parfum de mes épaules.
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Tu es mon mot, mon pauvre mot…



Tu es mon mot, mon pauvre mot de manège et de tournantes
impures, quand on a mal à son arbre, à l’écorce des bras
du dedans quand on serre contre soi des fantômes de silence

des plages entières où l’on se souvient d’avoir marché
avant d’être nommé.

Tu es mon mot d’avant le mot, c’est toi ce grand vent
qui déchire toutes les phrases, mon impuissance
à te contenir dans un seul souffle, un seul geste

rosier dans ma gorge d’enfant tombé dans le puits d’osier
pour ne jamais dormir les yeux fermés.
...
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Un chat, âme aux yeux bleus, intense, procrastine ses rêves et l'avenir de la pluie, avec élégance. Pablo déplace en ondulant dans sa fourrure le blanc des murs sur le parquet ou le céladon timide du gazon. Il signe à sa façon les œuvres de sa belle nonchalance méditative, lenteur scripturale. Un peu ironique. Puis électrique avec les moineaux suicidaires du jardin venus aguicher les bourgeons en fleurs.
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Video de Dominique Sampiero (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Sampiero
Jacques Bonnaffé lit "Lap remière tarte", texte extrait du livre de Dominique Sampiero, Territoire du papillon, à paraître aux Éditions Alphabet de l'espace le 11 janvier 2010, un livre-dvd avec aussi Élodie Guizard.
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