La nuit n'est jamais la fin. Chaque fois, un nouveau jour se lève.
« Ce genre de garçon à côté duquel. elle avait senti immédiatement à quel point elle était terne, morne, mal habillée , mais plus grave : tout cela n’était pas seulement extérieur , c’´était dedans, une sorte d’élégance et d’aisance qui lui était inaccessible à elle Clémence ,, quelque chose qui ne s’apprêtait pas.
Quelque chose dans le sang..
Thomas , ses amis qui lui ressemblaient . Ensemble , ils étaient une force ——- sociale, économique, crâneuse » …..
Quand on a une vie de merde, se réveiller le matin n'est pas forcément une bonne nouvelle. Il n'y a pas de retour au meilleur – juste le pire qui s'accumule.
Le soir, il prenait des étoiles dans le ciel et les lui posait sur les yeux, pour qu'elle brille tel un petit soleil.
La seule réalité est celle que l’on construit, que l’on invente, à coups d’idées et de regards, de paroles, de gestes, mais aussi à coups de mensonges. Il n’y a qu’à y croire. Il n’y a qu’à obliger à y croire. Il n’y a qu’à rendre l’autre fou.
Pour un fauve affamé comme lui ,elle est une brillance dans les ténèbres, une explosion, la lumière de mille soleils .
Les cours d’immeuble sont pleines du souvenir de ces cris et de ces violences. 67
Lui, le créateur. De ses mains maudites, de ses mots assassins, il modèle Clémence à son idée. A son envie. Un coup de pinceau ou un coup de poing, mauvais sculpteur ou mauvaise personne- quelle différence ?- Oui, Clémence est une oeuvre de souffrance. Thomas a détruit en elle chaque parcelle de gaité, traquant la moindre étincelle, le moindre espoir. Personne ne la croit quand elle dit qu'il l' étouffe. Personne ne voit le monstre derrière l'homme charmeur qu'on lui jalouse.
« Est- ce rassurant pourtant, quand c’est dans la tête? .
Est- ce que cela n’a pas la même force que si c’était réel , et Clémence surveille la rue en arrivant à l’ancienne boulangerie , retient sa respiration comme si les vibrations de l’air trahissaient sa présence , jusqu’à ce qu’elle entre , jusqu’à ce que sa patronne la serre dans ses bras épais et tout doux , : « Ça va ma Clémence ? . Clémence chuchote que oui, ça va … » .
Bref, le coucou est une belle saloperie. De là vient aussi le "coucou" que l'on adressait, il y a longtemps, aux mariés trompés ou aux couples adultères - et qui s'est transformé en "cocu".
P 54 JC Lattès