Citations sur Des noeuds d'acier (164)
Je n'ai pas remarqué la petite lueur dans son regard.
Oh, comme j'aurais dû.
Une nuée de mouches tournant autour des limaces comme pour les houspiller, se posant et s'envolant sans relâche. Les mêmes mouches qui me collent aux yeux et au coin des lèvres quand je travaille et que je transpire, insupportables d'acharnement, et que je finis par ne plus chasser. Elles sont là, à vous rendre fou. Vous êtes seul et elles sont des milliers. J'en ai tué, inlassablement, et tué encore. Et il en est revenu autant, davantage même, jusque dans mes oreilles. Certaines piquent, ou mordent, ou s'accrochent. La plupart se promènent sur mon corps dans un chatouillement exaspérant.
Ces mouches, c'est le mal qui les attire.
La fatigue, la merde et la mort.
Je ravale mes larmes en les essuyant et en léchant le bout de mes doigts. aussitôt mon cerveau bondit, à l’affût de toute forme d’eau, emballant mon imagination. Je ferme les yeux en essayent de me convaincre que cela pourrait être le fin d’un verre d’eau. Mais je ne sens que le sel, insupportable.
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Et j'ai fait des semis, par centaines.
j'ai planté le potager entier, par vagues. qu'il a fallu arroser, sarcler, bêcher. avec des milliards de mauvaises herbes à arracher.
Je fais un geste de défense, anticipant le coup dont le souvenir me revient brusquement ; le mouvement me secoue, m’arrachant un cri de douleur fulgurante dans la tête.
Je m’évanouis à nouveau.
Je reste un long moment à flotter ainsi, remontant des limbes ou n’importe quoi d’autre qui y ressemble. Je suis allongé sur quelque chose de dur, peut-être par terre. Ça sent le moisi, l’humidité enfermée. Mes idées se remettent en place une à une, incertaines. La maison abîmée. Le vieux en salopette. Je me rappelle aussi son invitation pour le café, ma sensation désagréable en face de lui.
Son regard blanc levé sur moi. Juste avant le choc.
Je reprends conscience par à-coups.
La souffrance est telle que je n’essaie même pas d’ouvrir les yeux. C’est comme si quelqu’un continuait à me cogner la tête méthodiquement, violemment. Les nausées me donnent l’impression de tanguer et je crois que je vais vomir.
Une nuée de mouches tournant autour des limaces comme pour les houspiller, se posant et s’envolant sans relâche. Les mêmes mouches qui me collent aux yeux et au coin des lèvres quand je travaille et que je transpire, insupportables d’acharnement, et que je finis par ne plus chasser. Elles sont là, à vous rendre fou. Vous êtes seul et elles sont des milliers. J’en ai tué, inlassablement, et tué encore. Et il en est revenu autant, davantage même, jusque dans mes oreilles. Certaines piquent, ou mordent, ou s’accrochent. La plupart se promènent sur mon corps dans un chatouillement exaspérant.
Ces mouches, c’est le mal qui les attire.
La fatigue, la merde et la mor
D’après le rapport, Théo était doté d’une personnalité complexe, fermée. Famille riche. Enfance délicate et parents absents, un parcours scolaire plutôt brillant, un bon job à la clé. Et puis le faux pas. Tardif, mais prévisible. Cela collait parfaitement avec ce que j’avais entendu dire un peu partout dans le coin. Personne ne le connaissait bien sûr, mais la rumeur disait qu’il avait été condamné pour agression et qu’il sortait tout juste de prison au début de l’affaire. Le dossier a confirmé : une triste histoire à trois, sa femme, son frère et lui. Je n’ai pas eu accès aux détails, mais Théo avait massacré son frère, à proprement parler.
Vraiment ce type-là je n’avais pas envie de le sauver.
La première fois que j’ai rencontré Théo Béranger, j’avais lu son dossier bien sûr, histoire de voir à quoi je m’attelais. Ce type était un beau salaud. Un violent, au bord du gouffre en permanence, comme un joueur addictif : incapable de s’arrêter. Le genre d’homme dont on sait que s’il tourne le dos à la violence, c’est elle qui viendra à lui.