Un sentiment mitigé, en terminant cette lecture...
J'ai eu l'impression étrange de suivre l'histoire sans la vivre, un peu comme si je regardais un film uniquement à travers ses sous-titres. Je suivais les faits, mais comme s'ils n'étaient que racontés, énoncés. Je ne saurais pas dire exactement à quoi ça tient, quelque chose dans la narration en tous cas, qui fait que je ne me suis pas sentie embarquée, que je n'ai pas vraiment vibré avec cette histoire.
Néanmoins, cela se lit facilement, rapidement, ce n'est pas désagréable à lire non plus.
Mais le gros point positif pour moi a été l'éclairage sur les conditions des femmes, des castes, des jeunes filles et de l'éducation en Inde. Ce n'est certes pas le premier livre à parler de cela, mais il m'a quand même appris et fait réaliser beaucoup de choses. Rien que pour cela, je suis contente de cette lecture, car je trouve essentiel de raconter ces destins broyés par les traditions et la misère. Pour cet aspect-là, le côté presque "documentaire" de la narration n'était pas trop gênant, au contraire.
Sinon, l'histoire en elle-même est intéressante aussi. le parcours de Léna est crédible je trouve, ses émotions et sa lutte pour se remettre de son drame, son combat pour ses valeurs et ses convictions dans cette société indienne étouffée par ses traditions sonnent juste (dans ses ressentis je veux dire ; le combat "pratique" en lui-même pour concrétiser son projet est peut-être survolé un peu trop facilement). Son projet d'école donne envie d'y croire, et les écueils rencontrés font qu'on ne verse pas trop dans l'utopie jolie-gentille (je n'ai pas tellement trouvé que la fin soit un "happy ending" comme le reprochent certains, on est loin d'être convaincus que ça va marcher, les obstacles n'ont pas disparu, au contraire, mais elle décide de continuer quand même ). Les personnages secondaires sont intéressants aussi. Mais vraiment, il y a eu pour moi ce problème de narration qui a mis comme un filtre entre eux et moi, qui me donne l'impression qu'on m'a raconté l'histoire, en m'en lisant éventuellement quelques extraits, plutôt que de l'avoir lue et vécue moi-même.
C'est étrange, je n'ai pas du tout le souvenir d'avoir ressenti ça avec
La tresse...
PS: petit bémol aussi avec la façon dont François est mort (récit qu'il nous faut attendre longtemps avant de le découvrir, ce qui donne un peu une impression de twist narratif déjà vu et un peu grossier) : certains l'ont critiquée d'être "trop cliché", et je dois dire que je suis assez d'accord, surtout que l'auteur prend le parti d'affirmer qu'il n'y a aucune explication à l'acte de l'adolescent, ce que j'ai quand même du mal à croire... Et quand bien même, si cette thèse pourrait être intéressante, elle mériterait d'être largement plus développée qu'ici, où on n'est que sur une parenthèse hors du reste du roman, une sorte de "crois-moi, ça s'est passé comme ça, et oui oui, c'est tout à fait crédible, bon, on reprend où on en était ?". Ça n'apporte vraiment pas grand chose, hormis de jouer sur le côté "dramatique", et ça manque de crédibilité et d'intérêt je trouve...