C'est le troisième livre écrit par
Laetitia Colombani, auteur de
la tresse et des Victorieuses. Cette histoire est celle de Léna qui, après un drame personnel, décide d'aller faire son deuil en Inde. Elle y rencontre une jeune fille qui lui sauve la vie, mais qui ne sait ni lire ni écrire. (Si vous avez lu
la tresse avant, vous reconnaîtrais qui est la petite fille). Pleine de compassion, Léna décide d'installer une école en Inde, pour y instruire toutes les petites filles de ce quartier pauvre indien.
L'histoire est très jolie, avec un discours fort sur la place des femmes en Inde. On y retrouve la plume de
Laetitia Colombani, avec un rythme rapide, qui nous tient en haleine et qui en fait une lecture très rapide et agréable. J'ai cependant quelques remarques à faire sur son oeuvre.
Tout d'abord, la place de la sauveuse blanche. Il n'est pas nécessaire qu'une personne blanche (européenne) aille en Inde pour y changer les choses. de très nombreuses actions sont menées partout en Inde, par des indiens, pour y changer les conditions des plus pauvres. Il est cependant plus facile (et plus vendeur) de montrer le combat d'une blanche dans le but de “sauver” les pauvres opprimées. Comme c'est au sujet qui est retrouvé dans
les Victorieuses, je me permets donc de faire la remarque ici.
Ensuite, le fait que Léna n'ouvre cette école que suite à une tragédie personnelle. Il y a le message que :
l'acte de bienveillance envers quelqu'un ne peut être fait que parce qu'il y a une souffrance personnelle
que l'on est bienveillant, que parce qu'on peut en soutirer quelque chose.
Ainsi Léna n'est pas généreuse pour le simple fait de vouloir faire le bien autour d'elle, mais un peu par égoïsme. Elle ouvre cette école, en partie pour aller mieux et passer outre sa tragédie personnelle.
Revenons d'ailleurs sur cette tragédie. Léna en souffre tout au long du roman, le nom de son mari revient régulièrement, mais pourtant cette douleur n'est que superficielle, elle n'est absolument pas développée à travers le livre. La tragédie en elle-même ne permet pas de faire avancer le roman, ce qui est dommage, elle aurait pu avoir un rôle plus important.
Enfin, un des sujets principaux de ce roman est la place de la femme dans la culture indienne. On voit que l'auteur a effectué de nombreuses recherches… mais les stéréotypes sont toujours très présents. Quand on compare cette oeuvre avec la cité de la joie (qui est également un récit de la vie en Inde), ou avec des documentaires, on se rend compte que les cerfs volants fait abstraction de certaines caractéristiques essentielles de la population indienne, comme par exemple l'entraide ou la bienveillance. le monde n'est pas tout noir ou tout blanc, mais un peu plus complexe. Il est dommage que cette complexité ne soit pas mieux représentée dans le récit.
C'est donc un ouvrage magnifique, féministe et très bien écrit. Mais avec quelques faiblesses. je pense que c'est un récit parfait quand on commence à lire des écrits féministes, mais il faut prendre certains aspects avec un peu de recul.