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La nuit est tombée. Suite à une panne de voiture, une jeune femme blonde, Neige, vient chercher de l'aide en frappant à la porte d'une imposante demeure isolée. Ses habitants sont un frère et une soeur, Yves et Eva, qui ont la particularité d'être jumeaux. Suite à un terrible accident de voiture, Eva est restée handicapée et ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant. Yves partage sa vie entre son amour et son aide envers Eva et sa passion pour les marionnettes et les automates.

Après un accueil un peu froid, Yves va proposer à Neige de passer la nuit chez eux en attendant l'hypothétique venue d'un dépanneur, non sans lui avoir auparavant recommandé de se méfier de sa soeur, si jamais elle la croise dans l'aile de la maison qui lui est impartie. Eva aurait parfois des attitudes et des réactions étranges donc autant l'éviter et « respecter son besoin de solitude ».
Bien entendu, les deux femmes finissent par se rencontrer. Eva tente de manipuler Neige, afin de la pousser à une sorte de relation érotico-saphique qui finit par rapprocher les deux femmes. A son tour, Eva enjoint Neige de se méfier de son frère dont « le comportement peut être…inattendu ! »

L'irruption d'une troisième personne va bouleverser la tranquillité de ce couple ou gémellité rime avec ambiguïté et culpabilité. Neige se retrouve au coeur d'un diabolique triangle plus vénéneux qu'amoureux, entre domination et perversion, érotisme et sadisme… Au milieu d'automates plus vrais que natures, d'une Marlène Dietrich échappée de « L'Ange Bleu », d'un Klaus Nomi plus synthétique que jamais, elle est un pantin vivant à la merci d'un marionnettiste qui semble confondre la vie avec son cabaret pathétique. Emotion, tensions, suspens, trouble et vertige vont se succéder jusqu'au coup de théâtre final…

Un noir et blanc superbe qui transcende une ambiance angoissante et feutrée, entre ombres et lumières, secrets et mensonges, réalité et faux semblants, au service d'un scénario bien plus oppressant et machiavélique qu'il n'y paraît au premier abord. Une ambiance que n'aurait pas reniée le grand Alfred Hitchcock.Les références au maitre du suspens sont d'ailleurs légions. Une maison inquiétante aux allures victoriennes, une femme armée d'un grand couteau de cuisine et une scène de douche anodine qui m'a pourtant fait penser à « Psychose », un revolver qui semble face caméra comme dans « La Maison du Dr Edwardes », une case qui semble sortie d'un plan de « Sueurs Froides » et surtout un découpage extrêmement cinématographique au point que lorsque Neige entre dans la maison, j'ai parfois eu l'impression de me retrouver dans la maison de Norman Bates.

Une bande dessinée qui, si elle n'a pas l'intensité dramatique et la puissance émotionnelle d'un « Silence », n'en reste pas moins un bon moment de lecture, un excellent thriller psychologique à l'ambiance délicieusement malsaine.

Et Comès créa Eva

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Fastueuse et sulfureuse BD qui entre en résonance avec nos phantasmes, nos références.

Le thème n'est pas original : une ravissante et blonde jeune femme tombe en panne à l'orée de la nuit et va chercher une aide dans un sombre manoir, dont la porte n'est pas fermée. Un étrange couple, entouré de plus étranges personnages l'hébergera. Mais la jeune femme est prête à toutes les expèriences.

A l'inverse des précédentes BD (du moins celles que j'ai lues) la nature est quasiment absente. Tout se passe en huis clos, sous un éclairage théatrale, anxiogène.
Les trois héros, comme les pantins ont des masques figés, muets. Ambiguîté : les lèvres ne bougent pas et seul la bouche d'un pantin s'articule.
Alice au pays des merveilles et de tous les risques, à prendre, à assumer pour y découvrir des plaisirs qui mènent à la folie.

Les références au cinéma sont nombreuses ; bien sûr le cinéma amèricain, mais aussi celui des années 80 (M. Robbe-Grille) et le cinéma allemand de l'entre-deux guerres. Ce Berlin si sulfureux des années 30 et ses chimères.
Les Fritz Lang , le Cabinet du Docteur Caligari...
Découverte pour moi du cinéaste belge Raoul Servais dont une image du film "Harpya" est intégrée à l'histoire.

Inoubliable et enrichissant parcours auprès d'un maître, dont les titres des chapitres écrivent un étrange poème :
"Une fenêtre dans la nuit
A chacun ses fantasmes
Comme un élixir vénéneux
L'ombre jalouse du corps
La nuit des automates
La mort et encore plus
Yva"


Merci ManU17 pour cette critique qui m'a entraînée vers Yva !
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Eva : un hommage à Hitchcock de Comès
Eva, à sa première publication ,n'a pas été bien accueilli par la critique car les deux premiers titres de Comès l'avaient catalogué comme un conteur régional, un auteur « spécialisé » et Eva est l'album de la rupture.

C'est un hommage à Hitchcock, truffé de clin d'oeil non seulement à Psychose (certaines scènes, cadrages) mais également à James Bond ou l'Ange Bleu. Pas besoin néanmoins de maitriser toutes les références pour apprécier pleinement Eva.

C'est un huit clos oppressant qui se déroule en quelques jours, qui joue avec les codes de l'érotisme tout en abordant des thématiques neuves à l'époque telles que l'identité sexuelle, la bisexualité, la gémellité.
Lien : https://www.chocoladdict.fr/..
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Comès nous livre un conte cruel et pervers dont il a le secret et qui fait le bonheur des marchands d'encre de Chine.

On retrouve dans Eva un encrage proche de Silence, et un petit quelque chose de l'Ombre du Corbeau... Les automates d'Yves remplacent les visions et autres rêveries. Mais la perversion des personnages est toujours bien présente.

Yves et Eva... Yva. Un duo uni par les liens indéfectibles de l'amour et du sang. Inceste, perversion, faux-semblants, piège. Comès ne nous épargne rien. D'ailleurs, comme à son habitude, l'auteur annonce la couleur dès le départ. Les jumeaux ne vont pas cesser de mettre Neige, cette voyageuse égarée à la faveur d'un problème de moteur, en garde contre l'autre, afin de mieux la berner ou se moquer d'elle, voire la séduire. Et si Comès met le lecteur dans la confidence, c'est aussi pour mieux le rouler, lui aussi.

L'inquiétant est partout chez Comès. Dans le traitement du récit, mais aussi dans l'usage des noirs et des ombres. Les visages sont anguleux, à la serpe. le seul qui ait un visage rond, c'est ce bénêt de garagiste qui respire la simplicité. Yves, Eva, Neige... sont émaciés, aux yeux perçants. C'est pour mieux te faire prendre des vessies pour des lanternes, mon enfant... et tire la chevillette... Les plus observateurs croiseront Klaus Nomi ou Lili Marleen...
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Eva vit dans un manoir isolé. Cette superbe femme très charismatique passe ses jours en compagnie d'Yves, son frère jumeau. Ce dernier l'assiste au quotidien puisqu'Eva est gravement handicapée, elle a perdu l'usage de ses jambes dans un accident de voiture. Yves l'aide, la soigne, recueille ses confidences et subit ses courroux. Car le plus difficile pour lui est certainement de se confronter au caractère acariâtre de sa soeur.

Aussi, lorsqu'une étrangère se présente à leur porte pour demander l'hospitalité à la suite d'une panne de voiture, Yves la met en garde. Surtout, qu'elle ne dérange pas Eva ! le besoin de solitude et de calme de cette dernière est réel et nul ne saurait prévoir sa réaction si quelque chose venait changer ses habitudes. Et si Neige, l'étrangère, venait à croiser sa soeur par mégarde, Yves lui demande aussi de se protéger car les bizarreries de sa soeur ont toujours été néfastes à ceux qui ont croisés l'infirme.

Mais les situations auxquelles Neige est confrontée vont au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginer. Dans cet huis-clos malsain qui, de l'apparente étrangère naïve ou de la fratrie démoniaque, tirera son épingle du jeu ?

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Vous avez sans doute constaté qu'à l'occasion du dernier mois de l'année 2013, kbd a fait le choix de rendre hommage aux auteurs qui nous sont chers et malheureusement disparus dans les dernières années : Didier Comès, Sergio Toppi, Fred, Moebius et Keiji Nakazawa.

Ces rétrospectives furent pour moi l'occasion de prendre ou de reprendre des titres de Didier Comès que je connais malheureusement trop peu. La relecture d'un Silence qui me subjugue toujours autant ou celle de Dix de der qui nous plonge dans l'enfer des tranchées de la « der des Ders ». Découvrir ensuite La Belette qui siégeait dans ma bibliothèque depuis plus de dix ans ou cette fascinante Eva. J'aurais mis plus de quinze jours à accoucher de cet article, trop vigilante au fait de trouver les mots justes pour parler de cet album… trop en difficulté pour écrire compte tenu de la période délicate que je traverse depuis quelques mois (raison pour laquelle je suis aussi beaucoup moins présente qu'avant sur la blogosphère), mais c'est une autre histoire.

Didier Comès livre une nouvelle fois un thriller qui captive le lecteur. Son trait s'étire, s'appesantit sur les regards ou la commissure des lèvres pincées d'Eva, autant de détails qui n'échappent pas au lecteur et le mette sur le qui-vive. On sent qu'un drame est proche, on n'en devine pas pour autant la teneur ni les contours exacts. Ce qui est certain, c'est qu'Eva et Yves ont des expressions étranges qui renforcent sans cesse l'impression que l'on est en présence d'un couple d'hôtes maléfiques. le penchant malsain qu'ils ont pour une certaine forme de voyeurisme dégage pourtant beaucoup de sensualité et les passages où apparaissent les courbes harmonieuses du corps dénudé de l'étrangère sont des instants où le temps semble comme suspendu. C'est finalement une lutte psychologique entre deux femmes à laquelle nous assistons : l'une survit grâce à des acquis d'un passé depuis longtemps révolu tandis que la seconde défend sa vie, peu importe le prix à payer. A l'instar du yin et du yang, ces deux femmes se complètent parfaitement. Leurs places respectives ne sont pas pour autant figées dans une catégorie ou dans l'autre et il n'est pas rare de les voir régulièrement franchir la fine frontière qui sépare ces deux catégories. Qui manipule qui ? Telle est la question que l'on se posera jusqu'à la fin de l'album.

Les dessins de Didier Comès sont d'une noirceur impressionnante. Comme il l'avait déjà fait dans d'autres albums (Dix de Der, Silence…), il utilise sa plume pour créer une ambiance dont on s'imprègne parfaitement. J'ai souvent pensé aux univers et atmosphères qu'Alfred Hitchcock était parvenu à développer à l'écran. Les mêmes sensations m'ont parcouru durant cette lecture ponctuée par de nombreux passages silencieux durant lesquels on sent un frisson glacé nous parcourir l'échine. Une fois encore, la manière dont l'auteur emploie ses aplats de noir pour forcer au contraste, accentuer les tensions et jouer sur la luminosité. Ce contraste entre le noir et le blanc vient d'ailleurs rappeler cet antagonisme entre les deux femmes, l'une blonde et l'autre brune…
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Voici un histoire étrange à ne pas mettre entre toutes les mains. L'histoire est simple, sous certains aspects elle évoque un cliché. La voyageuse en rade de bagnole qui entre dans une maison isolée... Les bas, l'erotisme, les formes androgynes... Personnellements, j'ai pensé au Rocky Horror Pictur Show.
On pourrait parler d'une histoire d'amour... Non.
On pourrait parler d'une histoire de cul... Non.
C'est une histoire sensuelle.
Entre les ombres et les lignes noires les corps se dessinent et la perspective d'un inceste. À la limite du réel, il s'agit surtout d'une histoire sur le manque et l'emprisonnement dans la culpabilité.

J'ai découvert cette BD par hasard, je la conseille aux adultes et au adolescents... Enfin, aux gens avertis, ça n'attend pas le nombre des années.
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Attention : une BD à ne pas manquer ! Graphiquement ? Une dessin sobre en noir et blanc, un découpage très cinématographique, des effets d'ombre et de lumière, une science de l'aplat très perfectionnée... et l'intrigue, ambiguë et mortelle, mélange savamment fantasmes et perversité. Une BD pour adultes assurément, dans laquelle j'ai croisé Klaus Nomi, des personnages du film Cabaret, etc.
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Eva a perdu l'usage de ses jambes dans un accident de voiture et c'est son frère Yves qui s'occupe d'elle dans leur maison isolée. Neige tombe en panne et est hébergée chez eux, chacun la mettant en garde du comportement bizarre de l'autre.
J'ai été tres surprise par cette BD, comment peut on juste à travers d'images créer une telle atmosphère anxiogène, un tel suspense, faire passer tant de choses dans le regard ... Un genre que je ne connais pas trop mais je vais continuer mon exploration chez cet auteur.
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J'ai enfin lu cette BD achetée il y a quelques années au festival de la BD d'Angoulême suite à une expo sur Comes qu'on a beaucoup appréciée.
L'univers de Comes est vraiment très particulier et les dessins j'aime beaucoup ce style.

Ici c'est l'histoire schizophrénique d'1 frère et 1 soeur jumeaux et d'1 inconnue qui tombe en panne près de leur manoir...
J'en dis pas plus mais l'histoire est folle et mystérieuse, j'ai été happée.
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Terrifiant, prenant, génial! A lire pour tout les amateurs de BD, mais attention plutôt pour les "grands"
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