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la Belle Créole est un voilier oublié à quai, à vendre, après que ses propriétaires soient retournés en métropole. Dieudonné, le héros du roman y a passé les plus belles heures de son enfance, à naviguer et à plonger. 

L'histoire commence au tribunal où Dieudonné est acquitté après une plaidoirie très politique de son avocat, que le prévenu, mutique, n'a pas bien comprise

"Toujours à lui seriner qu'il appartenait à la classe des opprimés. Opprimé par qui ? Opprimé par quoi ? Il était né dans un mauvais berceau, manque de chance ! La chance, cela ne se discute pas. C'est affaire de hasard. Ça sourit à droite, ça prive à gauche, voilà tout !"

L'île qui ressemble à la Guadeloupe (pas pas nommée) vit une crise aigue, grève des services publics, de l'électricité, agitation des indépendantistes. Dieudonné, libéré de prison, traverse la ville à la recherche d'un abri. Mutique, orphelin, rejeté par sa famille, sans aucun projet.

Nous apprendrons au fil du roman pourquoi il est arrivé au tribunal. On imagine mal comment ce garçon si doux, si perdu, est devenu un criminel. En tout cas, pas par vengeance de l'opprimé qui "a tué la grande Békée" comme l'a plaidé l'avocat, comme les politiques, qui songent l'envoyer à Cuba, manipulent son histoire dans un contexte prérévolutionnaire.

Pas de chance! né sans père, il s'est dévoué pour sa mère quand, après un accident, elle était devenue infirme. Malade, il avait trouvé un apaisement dans le crack, s'était déscolarisé et avait été rejeté par ses parents les plus proches. Puis il avait retrouvé La Belle Créole encore amarrée sur le port. 

Puis il avait fait la connaissance de Boris, le poète SDF, admirateur de Shakespeare et de Pablo Neruda...

Il avait enfin trouvé un travail : jardinier chez une riche propriétaire blanche, 

"Fatigué d'être humilié, un amant finit avec sa maitresse. Ce qui l'auréolait de symbolisme, c'est que l'affaire se passait dans ce pays frais émoulu de l'esclavage(enfin pas si frais, cent cinquante ans déjà!) que la maitresse était blanche békée de surcroit, l'amant noir. La maîtresse est riche, le noir sans le sou, son jardinier. "

Telle était la thèse de l'avocat, convaincante puisque Dieudonné avait été acquitté. Et pourtant si éloignée de la réalité. Réalité infiniment plus complexe. 

Nous suivons l'errance de Dieudonné . Il retrouve Boris plus du tout poète, leader politique. Il rencontre une ado haïtienne. Apprend l'identité de son géniteur. Enfin,  découvre qu'il est père et prend la fuite, reproduisant le schéma initial...

C'est un roman  de tensions et de tendresse, tout en nuances. Roman désespéré aussi qui se lit d'une traite. 215 pages.  
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Dieudonné, vingt-deux ans, vient d'être acquitté, à la grande surprise de son entourage. Mais loin d'être accueilli à bras ouverts, sa grand-mère et sa tante restent distantes, se méfiant de ce gamin qui a mal tourné depuis la mort de sa mère quand il n'était qu'un enfant. le jeune homme reste hanté par la mort de Loraine, béké, une belle cinquantenaire, pour laquelle il travaillait comme jardinier et qui le traitait avec considération, du moins le croyait-il...
Se sentant abandonné, livré à lui-même dans cette île de la Guadeloupe en pleine crise économique - entre grèves, conflits sociaux, quartiers mal famés et délinquance, Dieudonné souhaite retrouver le temps du bonheur, celui où la famille Cohen, l'emmenait sur la Belle Créole, leur voilier au mouillage à Port Mahault, le considérant presque comme un skipper, lui donnant confiance en lui, le traitant comme leur égal.

Maryse Condé nous emmène avec la Belle Créole, sur les traces de DIeudonné, ce jeune homme, qui après dix-huit mois de prison, se retrouve de nouveau abandonné à son sort et qui va se lancer dans une errance pour retrouver ses appuis. Mais c'est d'abord auprès de la famille qu'il ressent du rejet, arrivant comme un chien dans un jeu de quille, et puis Boris, l'ami SDF, poète qui s'est embourgeoisé, qui n'a pas de temps pour lui, ou Dorisca, la petite haïtienne qui le prend sous son aile. Difficile d'oublier le drame et, dans un Port Mahault en pleine déconfiture économique, taillé en pièces par quelques nantis, rebondir paraît impossible...
Entre évènements présents, réminiscences du passé, rêves ou souvenirs fantasmés, cette longue course à la rédemption, dans des lieux autrefois rassurants mais devenus hostiles et surtout les rencontres avec les amis du passé, Maryse Condé brosse le portrait ce jeune homme en fuite car seul. Un roman choral qui n'épargne aucune des populations, antillais, békés, ou étrangers installés dans l'île pour y chercher un peu d'exotisme.
Sombre et marquant dans une langue originale et colorée.
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Les Antilles comme on ne les imagine pas, comme on voudrait ne pas les connaitre : à l'image de ce voilier, un jour splendide, qui maintenant tombe en décrépitude dans l'indifférence totale... Des personnages attachants, des destins mordants, et une ambiance créole que l'on ressent à travers les mots de l'auteure, à défaut de pouvoir la sentir ou la toucher. Ce livre m'a émue, m'a marquée, c'est un livre qui compte.
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Non, "La Belle Créole" n'est pas un roman autobiographique de Maryse Condé. C'est le nom d'un bateau, disons plutôt un rafiot, plutôt décati, où Dieudonné, le héros de ce livre, a trouvé refuge. Lui et quelques autres, marginaux de cette île jamais nommée mais qui rappelle étrangement (?) la Guadeloupe, s'y retrouvent pour refaire le monde, en compagnie du crack pour larguer les voiles. Nous sommes en 1999, à l'heure où le destin de l'île se joue, toutes activités suspendues par des syndicats farouchement décidés à accélérer la marche vers l'indépendance. le propos de l'auteure n'est cependant pas politique, même si celle-ci est fortement présente. le destin de Dieudonné va basculer lorsqu'il va tomber amoureux de Loraine, une belle "békée" (blanche native de l'île). Un amour malheureux, qui va le mener en prison et le voir en sortir pour ne plus savoir quoi faire de sa vie, lui qui n'a cessé de voir disparaître les uns après les autres tous ceux qui étaient prêts à lui donner son quota d'amour. Avec son inégalable talent de conteuse, dans une langue savoureusement agrémentée de créole et de diverses locutions locales, Maryse Condé se livre à une fine analyse psychologique, où passé et présent se mêlent sans que jamais l'attention du lecteur ne se relâche. On est "dedans", du début à la fin. Seul regret : un glossaire des termes locaux aurait été le bienvenu en fin d'ouvrage. Même si on a vite fait, grâce au contexte, de comprendre que les "bòbòs" sont les prostituées locales et le "temps-longtemps" celui de l'esclavage, au bout de trois cent pages je n'ai toujours pas compris le sens de "pié-bwa". Dommage, mais c'est quand même un très beau livre…
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Derrière les magnifiques paysages de cette île, la souffrance humaine ... comme partout ailleurs.
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Un récit de vie, pour montrer la misère, la souffrance d'un jeune homme qui peut devenir délinquant et qui garde sa grandeur d'ame. La Belle créole, c'est le lieu où il se réfugie mais aussi le lieu de ses espoirs et de ses peines. Maryse Condé explore tous les recoins d'une société qui cache ses défaust et ses maux derrière la jovialité et le soleil. Elle ose meme traiter du thème de l'homosexulaité et des homos antillais qui se retrouvent cachés, ce qui ici n'est pas un sujet simple à aborder.
Bref un roman qui vous fera mieux découvrir la Guadeloupe, à travers l'histoire d'un personnage somme toute caractéristique de la jeunesse locale.
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Sur fond d'un climat de révolte en Guadeloupe, nous suivons, sur un court moment, la triste destinée de Dieudonné. Cet homme, vient d'être acquitté grâce à son avocat après le meurtre de sa maitresse.
Dieudonné se retrouve bien seul. Dans son errance nocturne, il fit la connaissance de tout un tas de personnages, dont certains sont imprégnés d'idéalisme politique, et indépendantistes. C'est sur la Belle Créole qu'il trouve son dernier refuge…..
L'intérêt de ce roman réside dans sa construction d'une grande finesse. Maryse Condé mêle présent et passé dans un fondu enchainé permanent qui ne donne aucune lourdeur, et n'amène aucune confusion. C'est ainsi que l'histoire et le quotidien immédiat de Dieudonné se révèlent au lecteur. Ainsi, nous savons ce que représente la belle créole pour Dieudonné, nous apprenons à le cerner, pour mieux appréhender ce qui l'amènera à son geste.
Maryse Condé manie une langue riche, pleine de saveur, et de couleurs, en y ajoutant mots et locutions créole qui donnent rythme et une touche de joie pour compenser une réalité insulaire loin des images de cartes postales que peut parfois susciter les Antilles. La réalité n'est jamais loin, mais suffisamment pour ne pas plomber le lecteur .Le réalisme, mais pas l'étouffement.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Roman de Maryse Condé.

Dieudonné est acquitté du meurtre de Loraine, son employeuse et sa maîtresse. Il est noir et pauvre, elle était riche et blanche. L'avocat plaide la rebellion du domestique humilié. Mais Dieudonné est inconsolable de la perte de celle qui a illuminé sa vie. Au cours d'une nuit, il retrace sa misérable histoire. Son récit est entrecoupé des aventures qui surviennent pendant sa promenade citadine nocturne. Sans cesse, de nouveaux personnages s'invitent avec leur existence et enrichissent le discours de Dieudonné.

Epoustouflant! Ce texte est riche de la polyphonie de tradition orale créole. A aucun moment, je n'ai été perdue. Il est facile de se retrouver dans la narration. La description de la société créole moderne est belle et transcrit avec fidélité tout un passé qui ne recule pas devant le progrès. Je le recommande sans aucun doute, avec enthousiasme même!
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