Les adieux, c'est comme ça. On ne peut pas toujours marquer comme on le souhaiterait le moment de la séparation - si douloureuse qu'elle soit.
- La Société l'a empoisonnée.
Plus rien ne vit dans l'eau ni sur le rivage. Plus rien n'y pousse.
- On ne peut pas tuer une rivière. On ne peut pas tuer ce qui est en perpétuel mouvement, qui se transforme en permanence.
Je ne savais pas que j'avais sa en moi.
Je ne savais pas tout ce qu'il avait en lui non plus. Je pensais le connaître, mais les gens sont tortueux et profonds, comme des rivières. Ils gardent leur forme tout en se laissant creuser par le temps, comme la pierre.
(Chapitre 54, Cassia, dernière page)
« Il y a si longtemps que je ne m'autorise plus à exprimer ma colère que j'ai presque oublié ce que ça fait. Quand elle me monte dans la gorge, je la ravale, elle me laisse un goût métallique et amer, comme du papier d'aluminium. »
Parce qu'on ne peut pas toujours choisir ce qu'on garde. Mais on peut choisir la façon dont on s'en sépare.
Il se retourne, agacé, vers la rangée de gamins qui l'ont choisi pour chef alors qu'il n'avait rien demandé. Il y a des gens qui ont ça dans le sang, c'est leur destin, pas moyen d'y échapper.
Ils mènent alors que d'autres ne font que suivre.
Il y a de la beauté en chacun de nous. Chez Ky, ce sont ses yeux que j'ai remarqués en premier. Et ils me plaisent encore. Mais quand on aile, on ne cesse de contempler l'autre encore et encore. On remarque le dos de la main, la courbure de la nuque, la démarche. Au début, on est aveuglé, on voit l'être aimé dans son entier, un tout magnifique ou la somme magnifique de détails non moins magnifiques. Mais ensuite, on détails celui qu'on aime et on commence à voir des pourquoi : pourquoi il marche comme ci, pourquoi il ferme les yeux comme cela... et on apprend à aimer également ce détails, d'un amour plus subtil et plus complet.
Les citoyens ont droit à un banquet. Ils choisissent le menu de leur dernier repas. On est attentif à leurs derniers mots.On conserve un échantillon de leurs tissus pour leur donner une chance d'aacéder à l'immortalité.
C'est lui ?
A cette distance, il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.
Je tends le doigt vers le ciel.
Pendant quelques secondes, rien ne se produit. La silhouette demeure immobile et moi, je reste là, debout dans le froid et...
Il se met à courir.
- Ce n'est pas de savoir écrire qui te rend intéressant. C'est ce que tu écris.