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Citations sur Les entretiens de Confucius (99)

L2. Maître You dit : " Il ne se trouve guère de bons fils et de bons frères, qui ne voudraient offenser leurs supérieurs. Il ne s'est jamais vu qu'un homme respectueux de ses supérieurs devienne un facteur de troubles. L'honnête homme œuvre à la racine ; celles-ci une fois assurée, l'ordre moral naît. La piété filiale et le respect des aînés sont les racines même de l'humanité."
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Le Maître dit : Une brusquerie dépourvue de franchise, une ignorance dépourvue de prudence, une naïveté dépourvue de bonne foi - voilà qui passe mon entendement !
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(II)
13. Le Maître dit : « Meng Tcheu fan ne se vante pas lui-même. L’armée ayant été mise en déroute, il est revenu le dernier. Arrivé à la porte de la capitale, il frappa son cheval, en disant : « Ce n’est pas que j’aie eu le courage de me retirer après les autres ; mais mon cheval ne marche pas. » Meng Tcheu fan, nommé Tche, était grand préfet dans la principauté de Lou. La onzième année de Ngai, l’armée de Ts’i envahit la frontière septentrionale de Lou. Les troupes de Lou rencontrèrent celles de Ts’i non loin de la capitale de Lou. Elles furent mises en déroute. Meng Tcheu fan resta seul derrière tous les autres, revint le dernier et, en se retirant, il résista encore à l’ennemi, afin de sauver l’armée. On peut dire qu’il a bien mérité de son pays. Arrivé à la porte de la capitale de Lou, au moment où tous les regards étaient tournés vers lui, il fouetta son cheval, et dit : « ]e n’aurais pas eu le courage de rester le dernier ; mais mon cheval ne peut avancer. » Non seulement il n’eut aucun orgueil de sa belle action, mais il essaya même de la cacher.

14. Le Maître dit : A moins d’avoir le talent de l’orateur « T’ouo et la beauté de Tchao (fils du prince) de Soung, il est difficile d’échapper à la haine dans ce siècle. » L’orateur T’ouo, grand préfet dans la principauté de Wei, était chargé de faire l’éloge des ancêtres du prince, de leur adresser des prières et de transmettre leurs réponses. Il était très habile à parler. Tchao, fils du prince de Soung, était remarquable par sa beauté. Ces deux hommes étaient en grand renom, à l’époque des événements racontés dans le Tch’ouenn Ts’iou. Confucius dit en gémissant : « A présent les hommes ne sont plus comme autrefois. Ils n’aiment pas la franchise, mais la flatterie ; ils n’aiment pas la vertu, mais la beauté. A moins d’avoir l’habileté de l’orateur T’ouo et la beauté de Tchao, fils du prince de Soung, il est impossible de plaire aux hommes de notre époque, et très difficile d’échapper à la haine et à l’envie. »

15. Le Maître dit : « Quelqu’un peut il sortir de la maison, si ce n’est par la porte ? Pourquoi personne ne marche-t-il par la voie de la vertu ? » Les hommes savent que, pour sortir, il faut passer par la porte, et ils ne savent pas que, pour bien agir, il faut passer par la voie de la vertu (suivre la loi naturelle).

16. Le Maître dit : « Celui chez qui les qualités naturelles l’emportent sur la politesse des manières et du langage est un homme agreste. Celui chez qui la politesse des manières et du langage l’emporte sur les vertus intérieures est comme un copiste de tribunal. Celui qui possède à un égal degré la vertu et la politesse est un sage. »

17. Le Maître dit. « Tout homme en naissant a la rectitude du cœur. Si celui qui la perd ne perd pas en même temps la vie, il a un bonheur qu’il n’a pas mérité. » (Il a perdu ce par quoi l’homme est vraiment homme, et n’a plus sa raison d’être).

18. Le Maître dit : « Il vaut mieux aimer la vertu que de la connaître seulement, et il vaut encore mieux en faire ses délices que de l’aimer seulement. »

19. Le Maître dit : « Un homme d’une vertu plus qu’ordinaire peut entendre des enseignements relevés. Un homme d’une vertu moins qu’ordinaire n’en est pas capable. »

20. Fan Tch’eu l’interrogea sur la prudence. Le Maître dit : « Remplir les devoirs propres à l’homme, honorer les esprits, mais s’en tenir à distance (c’est-à-dire, n’aller pas sans cesse à eux, comme les courtisans à leur prince, pour obtenir des faveurs), cela peut s’appeler prudence. » Honorer les esprits, c’est s’appliquer de tout cœur à leur témoigner sa reconnaissance et à leur faire des offrandes. Les esprits, dont il est ici parlé, sont ceux auxquels on doit faire des offrandes. Se tenir à l’écart, c’est ne pas chercher à faire en quelque sorte la cour aux esprits pour en obtenir des faveurs. L’homme a des règles constantes à observer dans toutes ses actions chaque jour de sa vie. Si quelqu’un, guidé par la lumière de la raison, donne toute son application aux devoirs qu’il doit remplir et aux choses qu’il doit faire ; s’il honore les esprits par des hommages sincères, tans leur faire la cour ni solliciter leurs faveurs ; la prospérité et l’infortune ne sont plus capables de le toucher ; ne doit-on pas l’appeler prudent ?

Fan Tch’eu l’interrogea ensuite sur la perfection de la vertu. Confucius répondit : « Un homme parfait met en premier lieu ce qui est le plus difficile (à savoir, la victoire sur ses passions) ; il met en second lieu les avantages qu’il en doit retirer ; alors il mérite d’être appelé parfait. »

21. Le Maître dit : « L’homme prudent aime l’eau, et l’homme parfait les montagnes. L’homme prudent se donne du mouvement, (comme l’eau qui coule) ; l’homme parfait demeure immobile, (comme une montagne). L’homme prudent vit heureux ; l’homme parfait vit longtemps. » L’homme prudent a l’esprit exempt de tout préjugé et de toute passion, très perspicace et libre de toute entrave. Il a une ressemblance avec l’eau ; c’est pour cela qu’il aime l’eau. L’homme parfait est grave et ferme par caractère ; rien ne peut l’émouvoir ni l’agiter. Il a une ressemblance avec les montagnes, et il les aime. L’homme prudent pénètre toutes choses par l’intelligence ; son activité atteint presque le plus haut degré possible. L’homme parfait pratique toutes les vertus sans aucun effort ; son cœur n’est ni troublé ni tourmenté par les passions. Son repos est presque absolu. Un homme dont le cœur est attaché aux choses extérieures, comme par des liens, rencontre des obstacles à ses désirs et éprouve mille soucis. L’homme prudent, dont l’âme est toujours pure et sereine, n’est arrêté par aucun obstacle. Comment ne serait-il pas heureux ? Un homme qui ne met pas de frein à ses passions ni à ses désirs se conduit mal et abrège sa vie. L’homme parfait jouit d’une santé forte et vigoureuse, qu’aucun excès ne vient altérer. Comment ne vivrait-il pas longtemps ?

22. Le Maître dit : « Si la principauté de Ts’i s’améliorait d’un degré, elle vaudrait pour les mœurs celle de Lou. Si la principauté de Lou devenait meilleure d’un degré, elle serait parfaite. »

23. Le Maître dit : « Un vase à vin qu’on nomme kou, c’est à dire vase à angles, s’il n’a pas d’angles, doit il être appelé kou ? » Confucius voyait que dans le monde beaucoup de choses avaient un nom sans réalité. C’est pour cela qu’il exprima sa douleur à propos du vase de vin nommé kou. Pour qu’un fils mérite le nom de fils, il faut qu’il pratique la piété filiale. Pour qu’un sujet mérite le nom de sujet, il faut qu’il soit fidèle à son prince. Il en est de même de toute autre chose.

24. Tsai Ngo dit : « Un homme parfait, apprenant qu’il est tombé quelqu’un dans un puits, se précipitera t il lui-même dans le puits pour l’en retirer ? » Le Maître dit : « Pourquoi agirait-il ainsi ? Un homme sage, en recevant cette annonce, pourra se déterminer à aller au bord du puits, (pour en retirer un homme qui se noie), mais il ne s’y jettera pas lui-même (avec la certitude d’y laisser sa vie, sans pouvoir sauver celle d’un autre). Il pourra être trompé (par un faux avis), mais non être aveuglé (au point de confondre ce qui est louable avec ce qui ne l’est pas). »

25. Le Maître dit : « Le disciple de la sagesse étudie les livres (le Cheu king, le Chou king, ...), afin d’acquérir des connaissances étendues, et il règle sa conduite d’après les vrais principes ; il parvient ainsi à ne pas s’écarter de la voie droite. »

26. Le Maître visita Nan tzeu. Tzeu lou en fut mécontent. Le maître dit, en prononçant une imprécation : « Si j’ai mal fait, que le Ciel me rejette ! que le Ciel me rejette ! » Nan tzeu, femme de Ling, prince de Wei, avait une conduite déréglée. Confucius étant arrivé à la capitale de Wei, Nan tzeu l’invita à aller la voir. Confucius s’excusa d’abord ; puis, contraint par la nécessité, il alla visiter la princesse. Anciennement, celui qui exerçait une charge dans une principauté devait, d’après les usages, faire visite à la femme du prince. Tzeu lou, ne connaissant pas cette coutume, trouvait que c’était une honte de visiter cette mauvaise femme.

27. Le Maître dit : « La vertu qui se tient dans l’invariable milieu est la plus haute perfection. Peu d’hommes la possèdent, et cela depuis longtemps. »

28. Tzeu koung dit : « Que faut il penser de celui qui répandrait partout ses bienfaits parmi le peuple et pourrait aider tous les hommes sans exception ? Pourrait on dire qu’il est parfait ? » Le Maître répondit : « Aider tous les hommes sans exception, est ce une chose qui soit possible à la vertu parfaite ? (Pour y parvenir), ne faudrait-il pas la plus haute sagesse, unie à la plus grande puissance ? Iao et Chouenn eux mêmes avaient la douleur de ne pouvoir le faire. Un homme parfait veut se tenir ferme lui-même, et il affermit les autres ; il désire comprendre lui-même (ses devoirs), et il instruit les autres. La vertu parfaite consiste, (non pas à secourir tous les hommes sans exception, ce qui est impossible ; mais) à juger des autres par soi-même et à les traiter comme on désire être traité soi-même. »
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IOUNG IE.(I)

1. Le Maître dit : Ioung (Tchoung koung) est capable de régler les affaires publiques, le visage tourné vers le midi, (c-a-d., d'exercer l'autorité souveraine). Tchoung koung interrogea Confucius sur Tzeu sang Pe tzeu. Le Maître répondit : « Il a de bonnes qualités ; il se contente aisément. » Tchoung koung dit : Être soi-même toujours diligent, et ne pas exiger trop de son peuple, n’est ce pas louable ? Mais être soi-même négligent, et, dans l’administration, exiger peu des autres, n’est ce pas se contenter trop facilement ? Le Maître répondit : « Ioung, vous dites vrai. » Si un officier prend la ferme résolution d’être diligent, il a une détermination, et se gouverne lui-même avec sévérité. Si de plus il exige peu du peuple, les charges imposées ne sont pas nombreuses, et le peuple n’est pas molesté. Mais s’il se propose avant tout de se contenter aisément, (de faire peu de choses), il n’a pas de détermination, et il est très indulgent envers lui-même. Si de plus, dans les affaires, il se contente de peu, n’est ce pas une négligence excessive et l’abandon de toutes les lois ? Dans les Traditions de famille (sur Confucius), il est rapporté que Tzeu sang Pe tzeu ne portait à la maison ni tunique ni bonnet. Confucius l’a blâmé d’avoir voulu que les hommes vécussent comme les bœufs et les chevaux.
2. Le prince Ngai demanda à Confucius quels étaient ceux de ses disciples qui s’appliquaient avec ardeur à l’étude et à la pratique de la vertu. Confucius répondit : « Ien Houei s’y appliquait avec ardeur. Lorsqu’il était justement irrité contre quelqu’un, il n’étendait pas injustement sa colère à un autre. Il ne tombait jamais deux fois dans la même faute. Malheureusement, il a peu vécu. A présent, il n’est plus personne qui lui ressemble. Je n’ai entendu citer aucun homme qui aimât véritablement la sagesse. »

3. Tzeu houa était dans la principauté de Ts’i chargé d’une mission (qui lui avait été confiée par Confucius, alors ministre de la justice dans la principauté de Lou.). Jen tzeu (ami de Tzeu houa) demanda à Confucius du grain pour la mère de Tzeu houa. Le Maître dit : « Je lui en donne six boisseaux et quatre dixièmes. » Jen tzeu en demanda davantage. (Confucius) dit : « Je lui en donne seize boisseaux. » Jen tzeu lui en donna de son chef quatre cents boisseaux. Le Maître réprimanda Jen tzeu, et lui dit : « Tzeu houa est allé à Ts’i dans une voiture traînée par des chevaux magnifiques, et avec des vêtements garnis de fine fourrure. J’ai entendu dire que le sage secourait les indigents ; mais n’ajoutait pas à l’opulence des riches. »

Iuen seu était gouverneur d’une préfecture. (Confucius) lui donna neuf cents mesures de grain. Iuen seu, jugeant que c’était trop, refusa. Le Maître dit : Acceptez ; vous le distribuerez aux pauvres dans les hameaux, les villages, les villes et les bourgades de votre préfecture. Un officier ne doit pas refuser le traitement ordinaire. S’il a du superflu, il fera bien de le distribuer aux pauvres et aux indigents.

4. Le Maître dit en parlant de Tchoung koung : « Si une génisse, née d’une vache au poil varié, est de couleur rousse et a les cornes bien régulières, quand même on ne voudrait pas l’offrir en victime, les esprits des montagnes et des fleuves n’exigeraient ils pas qu’elle leur fût immolée ? » Sous la dynastie des Tcheou, les victimes de couleur rougeâtre étaient les plus estimées ; on immolait des bœufs roux. Sans doute une génisse ou un taureau qui n’est pas d’une seule couleur ne peut servir comme victime ; mais la génisse ou le taureau né d’une vache ou d’un taureau aux couleurs variées peut être immolé, si sa couleur est rougeâtre ou rousse. Le père de Tchoung koung était un homme méprisable et vicieux. Confucius se sert d’une comparaison tirée de la couleur des victimes, pour montrer que les vices du père ne détruisent pas les bonnes qualités du fils ; que si Tchoung koung a des vertus et des talents, on doit lui confier une charge dans l’intérêt du pays.

5. Le Maître dit : Ien Houei passait trois mois entiers sans qu’aucun mouvement de son cœur s’écartât de la plus haute perfection. Mes autres disciples atteignent la perfection au plus une fois par jour ou par mois, et ils s’arrêtent.

6. Ki K’ang tzeu demanda si Tzeu lou était capable d’administrer les affaires publiques (en qualité de grand préfet). Le Maître répondit : « Iou (Tzeu lou) sait prendre une décision ; quelle difficulté aurait il à administrer les affaires publiques ? » Ki K’ang tzeu dit : Seu (Tzeu lou) est-il capable d’administrer les affaires publiques ? Confucius répondit : « Seu est très intelligent ; quelle difficulté aurait il à administrer les affaires publiques ? » Ki K’ang tzeu dit : K’iou (Jen lou) peut-il gérer les affaires publiques ? Confucius répondit : « K’iou a beaucoup de talents ; quelle difficulté aurait il à administrer les affaires publiques ? »

7. Le chef de la famille Ki fit inviter Min Tzeu k’ien à exercer la charge de gouverneur dans la ville de Pi. Min Tzeu k’ien répondit à l’envoyé : « Exprimez poliment mon refus à votre maître. S’il m’envoie un second messager, je serai certainement au delà de la Wenn (non plus dans la principauté de Lou, mais dans celle de Ts’i). » Min Tzeu k’ien, nommé Suenn, disciple de Confucius. Wenn, rivière qui passait au sud de la principauté de Ts’i, au nord de celle de Lou. Le chef de la famille Ki était grand préfet ; il gouvernait la principauté de Lou avec un pouvoir absolu. La ville de Pi lui appartenait, et lui servait comme de citadelle pour résister à son prince. Lorsque Confucius était ministre de la justice, il voulait toujours la démolir. Un jour Ki fit inviter Min tzeu à exercer la charge de gouverneur dans cette ville. Il n’avait d’autre dessein que de se l’attacher. Mais Min tzeu était un disciple vertueux et sage du plus sage des philosophes. Comment aurait il consenti à suivre le parti d’un sujet qui avait usurpé tout le pouvoir ? Il répondit à l’envoyé : « Le grand préfet veut se servir de moi ; mais les honneurs et les riches appointements n’excitent pas mes désirs. Vous, parlez pour moi à votre maître doucement et adroitement. Dites lui mon désir de n’exercer aucune charge, et détournez le de me confier un emploi. Si l’on revient me faire une seconde invitation, certainement je quitterai la principauté de Lou, et me réfugierai au delà de la Wenn. »

8. Pe gniou étant malade, le Maître alla lui faire visite. Il lui prit la main à travers la fenêtre, et dit : « Nous le perdrons. Le Ciel l’a ainsi ordonné. Se peut il qu’un tel homme soit ainsi malade ! Se peut il qu’un tel homme soit ainsi malade ! »

Pe gniou était l’un des disciples de Confucius. Son nom de famille était Jen, et son nom propre Keng. Les anciens lettrés ont pensé que sa maladie était la lèpre. La fenêtre dont il est ici parlé regardait le midi. D’après les usages, celui qui était malade se tenait auprès d’une fenêtre tournée au nord. S’il devait recevoir la visite d’un prince, il changeait de place et se tenait auprès d’une fenêtre tournée au midi, afin que le prince en le visitant eût le visage tourné vers le midi. Les personnes de la maison de Pe gniou voulurent faire le même honneur à Confucius ; mais le Philosophe n’osa pas l’accepter. Il n’entra pas dans la maison, prit la main du malade par la fenêtre, et lui dit un éternel adieu.

9. Le Maître dit : « Que la sagesse de Ien Houei était grande ! Il demeurait dans une misérable ruelle, n’ayant qu’une écuelle de nourriture et une cuillerée de boisson. Un autre, en se voyant si dépourvu, aurait eu un chagrin intolérable. Houei était toujours content. Oh ! que Houei était sage ! »

10. Jen K’iou dit : « Maître, ce n’est pas que votre doctrine me déplaise ; mais je n’ai pas la force de la mettre en pratique. » Le Maître répondit : « Celui qui vraiment n’a pas assez de forces tombe épuisé à moitié route. Pour vous, vous vous prescrivez des limites (que vous ne voulez pas dépasser ; ce n’est pas la force, mais la volonté qui vous manque). »
11. Le Maître dit à Tzeu hia : « Soyez un lettré vertueux et sage, et non un lettré sans vertu. »

12. Lorsque Tzeu iou était gouverneur de Ou tch’eng (ville de la principauté de Lou, à présent Kia siang hien), le Maître lui dit : « Avez vous trouvé des hommes qui méritent votre confiance ? » Tzeu iou répondit : « Il y a T’an tai Mie ming. Il ne va jamais par les sentiers écartés et cachés. Jamais il n’est allé à mon prétoire que pour des affaires publiques (jamais il n’y va pour avancer ses propres affaires). »
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(II)
19. Ki Wenn tzeu réfléchissait à plusieurs reprises, avant de faire une chose. Le Maître, l’ayant appris, dit : « Il suffit de réfléchir deux fois. » Ki Wenn tzeu, nommé Hing fou, était grand préfet dans la principauté de Lou. Avant de faire une chose, on doit réfléchir, mais pas trop. Après avoir réfléchi deux fois, on peut prendre une détermination. Un troisième examen fait naître des intentions peu louables, et obscurcit les idées, au lieu de les éclaircir. L’important est de prendre la justice pour règle de ses actions.

20. Le Maître dit : « Gning Ou tzeu se montra prudent, tant que l’État fut bien gouverné, et imprudent, quand l’État fut mal gouverné. Sa prudence peut être imitée ; son imprudence est au dessus de toute imitation. » Guing Ou tzeu, nommé Iu, était grand préfet dans la principauté de Wei. D’après les commentateurs du Tch’ouenn ts’iou, il exerça cette charge sous le prince Wenn et sous le prince Tch’eng. Le prince Wenn sut bien gouverner ; sous son règne, Ou tzeu ne s’attira aucune difficulté. En cela, il montra une prudence qui peut être égalée. Le prince Tch’eng gouverna si mal qu’il perdit le pouvoir souverain. Ou tzeu prit soin de réparer les fautes du prince, avec le plus entier dévouement, bravant les souffrances et les périls. Les affaires dans lesquelles il s’est engagé étaient toutes de celles que les officiers prudents et rusés (uniquement occupés de leurs propret intérêts) évitent soigneusement et ne consentent par à entreprendre. Cependant il a su jusqu’à la fin conserver sa personne et servir son prince. En cela son imprudence est au dessus de toute imitation.

21. Le Maître, étant dans la principauté de Tch’enn, dit : « Retournerai-je, retournerai-je dans la principauté de Lou ? Les disciples que j’avais dans mon pays ont des aspirations élevées, s’appliquent peu aux choses vulgaires et sont d’une distinction remarquable. Mais ils ne savent pas comment régler ces bonnes qualités. » Confucius parcourait les différentes principautés, ’répandant partout ses enseignements). Lorsqu’il était dans la principauté de Tch’enn, voyant que sa doctrine n’était pas mise en pratique, il résolut de fonder une école, qui lui survécût et transmît ses préceptes aux âges futurs. Comme il ne trouvait pas de disciples capables de garder toujours le juste milieu, il pensa à ceux qu’il avait laissés dans la principauté de Lou, et qui étaient d’une capacité un peu moindre. Il jugea que des hommes aux aspirations élevées pourraient faire des progrès dans la voie de la vertu. Il craignait seulement qu’ils n’allassent au delà des justes limites, ne s’écartassent du droit chemin, et ne tombassent dans l’erreur. Pour cette raison, il voulait retourner dans son pays et modérer leur ardeur excessive.

22. Le Maître dit : « Pe i et Chou ts’i oubliaient les défauts passés d’autrui ; aussi avaient ils peu d’ennemis. »

23. Le Maître dit : « Qui pourra encore louer la droiture de Wei cheng Kao ? Quelqu’un lui ayant demandé du vinaigre, il en demanda lui-même à l’un de ses voisins pour le lui donner. »

24. Le Maître dit : « Employer un langage étudié, prendre un extérieur trop composé, donner des marques de déférence excessives, c’est ce que Tsouo K’iou ming aurait rougi de faire ; moi aussi, j’en aurais honte. Haïr un homme au fond du cœur et le traiter amicalement, c’est ce que Tsouo K’iou ming aurait rougi de faire ; moi aussi, j’en aurais honte. »
25. Le Maître dit à Ien Iuen et à Tzeu lou, qui se tenaient auprès de lui : « Pourquoi ne me diriez vous pas chacun quels seraient vos désirs ? » Tzeu lou répondit : « Je désirerais partager avec mes amis l’usage de mes voitures, de mes chevaux, de mes tuniques garnies de fine fourrure ; et, si mes amis les maltraitaient ou les gâtaient, n’en éprouver aucun mécontentement. » Tzeu lou répondit : « On doit partager avec tout l’univers l’usage des choses de tout l’univers. Je désirerais permettre à mes amis de partager l'usage des chevaux et des voitures dont je me servirais, et des tuniques garnies de fine fourrure dont je me revêtirais. »

Ien Iuen dit : « Je désirerais ne pas vanter mes bonnes qualités, ne pas exagérer mes bons services (ou ne donner aucune peine à personne.) ». Tzeu lou reprit : « Maître, je serais heureux d’apprendre quel serait votre désir. » Le Maître répondit : « Pourvoir abondamment aux nécessités des vieillards, mériter la confiance de mes amis, aider avec affection les enfants et les jeunes gens. »
26. Le Maître dit : « Faut il donc désespérer de voir un homme qui reconnaisse ses fautes, et se les reproche en secret ? Moi, je n’en ai pas encore vu. »

27. Le Maître dit : « Dans un village de dix familles, il se trouve certainement des hommes à qui la nature a donné, comme à moi, des dispositions à la fidélité et à la sincérité ; mais il n’en est pas qui travaillent comme moi à connaître et à pratiquer ces vertus. » Confucius, pour exciter les hommes à cultiver la vertu, dit : « Il est facile de trouver des hommes doués d’excellentes dispositions naturelles ; mais on entend rarement citer un homme qui ait des vertus parfaites. Celui qui s’applique de toutes ses forces à cultiver la vertu peut devenir un très grand sage. Celui qui ne s’y applique pas ne sera jamais qu’un homme inculte, et comme un paysan grossier. »
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KOUNG IE TCH’ANG.(I)

1. Le Maître dit que Koung ie Tch’ang était un homme à qui l’on pouvait convenablement donner une fille en mariage ; que, bien qu’il fût dans les fers, il n’avait mérité aucun châtiment. Il lui donna sa fille en mariage. Le Maître dit que Nan Ioung, dans un État bien gouverné, aurait toujours une charge ; que, dans un État mal gouverné, il saurait, (par sa circonspection), échapper aux tourments et à la peine capitale. Il lui donna en mariage la fille de son frère. Nan Ioung, disciple de Confucius, habitait Nan koung. Il s’appelait T’ao et Kouo. Son surnom était Tzeu ioung, et son nom posthume King chou. Il était le frère aîné de Meng I tzeu.

2. Le Maître dit de Tzeu tsien : « Quelle sagesse est en cet homme ! Si la principauté de Lou n’avait pas de sages, où celui-ci aurait il puisé une telle sagesse ? » (Tzeu tsien était disciple de Confucius. Son nom de famille était Fou ; son nom propre, Pou ts’i).

3. Tzeu koung demanda : « Que dites vous de moi ? » Le Maître répondit : « Vous êtes un vase (qui peut être employé, mais à un seul usage). » Tzeu koung reprit : « Quel vase ? » « Un vase pour les offrandes, dit (Confucius). » Les vases que les Hia appelaient hou, ceux que les Chang appelaient lien, et ceux que les Tcheou appelaient fou et kouei, servaient à offrir le millet dans les temples des ancêtres ; ils étaient ornés de pierres précieuses. Bien que Tzeu koung (n’eût encore d’aptitude que pour une seule chose, et) ne fût encore qu’un vase, c’était un vase très noble. Ses talents lui permettaient de traiter les affaires publiques et d’exercer la charge de grand préfet, ce qui était honorable. Son langage avait une élégance remarquable, ce qui faisait comme l’ornement de sa personne.

4. Quelqu’un dit : « Ioung est très vertueux, mais peu habile à parler. » Le Maître répondit : « Que sert d’être habile à parler ? Ceux qui reçoivent tout le monde avec de belles paroles, qui viennent seulement des lèvres, et non du cœur, se rendent souvent odieux. Je ne sais si Ioung est vertueux ; mais que lui servirait d’être habile à parler ? »

5. Le Maître ayant engagé Ts’i tiao Kai (Tzeu Iou) à exercer une charge, celui-ci répondit : « Je ne suis pas encore parvenu à savoir parfaitement (l’art de gouverner moi-même et les autres). » Cette réponse réjouit le Maître. (qui fut heureux de voir que son disciple comprenait la nécessité d’apprendre à se gouverner soi-même et les autres, avant d’accepter une charge).

6. Le Maître dit : « Ma doctrine n’est pas mise en pratique. Si (renonçant à enseigner inutilement les hommes, et fuyant le monde) je montais sur un radeau et me confiais aux flots de la mer, celui qui me suivrait, ne serait ce pas Iou (Tzeu Iou) ? » Tzeu Iou, entendant ces paroles, en éprouva une grande joie. Le Maître dit : « Iou a plus d’audace que moi ; mais il n’a pas le discernement nécessaire pour bien juger (s’il l’avait, il ne penserait pas que je voulusse fuir la société des hommes). »

7. Meng Ou pe demanda si la vertu de Tzeu Iou était parfaite. Le Maître répondit : « Je ne le sais pas. » Meng Ou pe renouvela la même question. Le Maître répondit : « Iou est capable de former les troupes d’une principauté qui possède mille chariots de guerre. Je ne sais pas si sa vertu est parfaite. » « Que pensez vous de K’iou ? » Le Maître répondit : « K’iou est capable de gouverner une ville de mille familles, ou la maison d’un grand préfet, qui a cent chariots de guerre. Je ne sais pas s’il est parfaitement vertueux. » Une principauté qui possède mille chariots de guerre est celle d’un grand prince. Une maison qui a cent chariots de guerre est celle d’un ministre d’État ou d’un grand préfet. Le titre de gouverneur désigne le préfet d’une ville et l’intendant de la maison d’un grand dignitaire. Le préfet d’une ville a la direction des personnes, et l’intendant d’une maison, celle des affaires.

(Meng Ou pe demanda) : « Que dites vous de Tch’eu ? » Le Maître répondit : « Tch’eu serait capable de se tenir en habits de cour auprès d’un prince, et de converser avec les hôtes et les visiteurs. Je ne sais pas si sa vertu est parfaite. »

8. Le Maître dit à Tzeu koung : « Lequel des deux l’emporte sur l’autre, de vous ou de Houei ? » Tzeu koung répondit : « Comment oserais je me mettre en parallèle avec Houei ? Il suffit à Houei d’entendre expliquer une chose pour qu’il en comprenne dix. Moi, quand j’en ai entendu expliquer une, je n’en comprends que deux. » Le Maître dit : « Vous lui êtes inférieur ; je suis de votre avis, vous lui êtes inférieur. »

9. Tsai Iu (était si paresseux qu’il) restait au lit pendant le jour. Le Maître dit : « Un morceau de bois pourri ne peut être sculpté ; un mur de fumier et de boue ne peut être crépi. Que sert de réprimander Iu (Tsai Iu) ? Auparavant, quand j’avais entendu parler un homme, je croyais que sa conduite répondait à ses paroles. A présent, quand j’ai entendu parler un homme, j’observe ensuite si ses actions répondent à ses paroles. C’est Iu qui m’a fait changer la règle de mes jugements. »

10. Le Maître dit : « Je n’ai pas encore vu un homme qui eût une fermeté d’âme inflexible. » Quelqu’un dit : « Chenn Tch’ang (a cette fermeté d’âme). » Le Maître répondit : « Tch’ang est l’esclave de ses passions ; comment aurait il la fermeté d’âme ? »
11. Tzeu koung dit : « Ce que je ne veux pas que les autres me fassent, je désire ne pas le faire aux autres. » Le Maître répondit : « Seu, vous n’avez pas encore atteint cette perfection. »

12. Tzeu koung dit : « Il est donné à tous les disciples d’entendre les leçons du Maître sur la tenue du corps et les bienséances, mais non ses enseignements sur la nature de l’homme et l’action du Ciel. » (Ce grand sage procédait avec ordre et graduellement).

13. Quand Tzeu lou avait reçu un enseignement, il craignait d’en recevoir un nouveau, jusqu’à ce qu’il fût parvenu à mettre en pratique le premier.

Tzeu lou s’empressait moins d’apprendre du nouveau que de mettre en pratique ce qu’il savait déjà. Il désirait faire promptement ce qu’on lui avait enseigné et se préparer à recevoir plus tard de nouveaux enseignements. En voyant que, tant qu’il n’avait pas fait ce qu’on lui avait enseigné, il craignait d’apprendre du nouveau, on peut juger que, quand il l’avait fait, sa seule crainte était de ne pas recevoir de nouveaux enseignements.
14. Tzeu koung demanda pourquoi K’oung Wenn tzeu (grand préfet de la principauté de Wei.) avait reçu (après sa mort) le nom de Wenn, Poli ou Cultivé. Le Maître répondit : « Bien qu’il fût très intelligent, il aimait à être enseigné ; il n’avait pas honte d’interroger même ses inférieurs. C’est pour cette raison qu’il a reçu le nom posthume de Wenn. »

15. Le Maître dit que Tzeu tch’ang (Koung suenn K’iao, grand préfet de Tcheng) pratiquait parfaitement quatre vertus : à savoir, la déférence envers ses égaux, le respect envers ses supérieurs, la bienfaisance envers le peuple, la justice envers ses sujets.

16. Le Maître dit : « Ien P’ing tchoung (nommé Ing, grand préfet de Ts’i) est admirable dans ses relations avec ses amis ; leur intimité eût-elle duré depuis longtemps, il les traite toujours, avec respect ».

17. Le Maître dit : « Tsang Wenn tchoung a fait bâtir, pour loger une grande tortue, un édifice où la sculpture a figuré des montagnes sur les chapiteaux des colonnes, et la peinture a représenté des algues marines sur les colonnettes du toit. Peut on dire que ce soit un homme éclairé ? » Tsang Wenn tchoung, nommé Tch’enn, chef de la famille Tsang suenn, était grand préfet dans la principauté de Lou. Ts’ai, grande tortue, ainsi nommée parce qu’elle provenait du pays de Ts’ai (aujourd’hui compris dans le Jou gning fou, province de Ho nan). Wenn tchoung croyait qu’une tortue entourée de tant d’honneurs ferait certainement descendre les faveurs célestes. Il ignorait que la tortue n’a d’usage que pour la divination, qu’elle peut seulement donner des présages heureux ou malheureux, mais ne peut pas dispenser les biens et les maux. Méritait il de passer pour un homme éclairé ?

18. Tzeu tchang dit : « Tzeu wenn, premier ministre (de Tch’ou), fut trois fois élevé aux honneurs et créé premier ministre ; il n’en manifesta aucune joie. Il fut trois fois dépouillé de sa charge ; il n’en manifesta aucun mécontentement. En quittant la charge de premier ministre, il faisait connaître à son successeur ses actes administratifs. Que faut il penser de lui ? » Le Maître dit : « Il a été fidèle au devoir. » Tzeu tchang reprit : « Sa vertu a-t-elle été parfaite ? » Le Maître répondit : « Je ne le sais pas ; son indifférence pour les charges est elle la perfection ? »

(Tzeu tchang, dit) : « Ts’ouei tzeu, (qui était tai fou dans la principauté de Ts’i), ayant tué son prince, le prince de Ts’i, Tch’enn Wenn tzeu, qui avait dix attelages de quatre chevaux, abandonna ses richesses, et quitta sa terre natale (parce qu’elle avait été souillée du sang de son prince). Arrivé dans une autre principauté, il dit : Ici les officiers ressemblent à notre grand préfet Ts’ouei tzeu. Et il s’en alla. Quand il arrivait dans une nouvelle principauté, il disait toujours : « Ici les officiers ressemblent à notre grand préfet Ts’ouei tzeu. » Et il se retirait. Que faut il penser de lui ? » Le Maître répondit : « Il craignait la moindre souillure. » Tzeu tchang reprit : « Sa vertu a-t-elle été parfaite ? » (Confucius) répondit : « Je ne le sais pas ; a-t-il atteint la perfection de la vertu ? »
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LI JENN.

1. Le Maître dit : « Un bon voisinage est celui où règne la probité. Pourrait on appeler sage un homme qui, ayant à choisir un lieu pour sa demeure, ne voudrait pas avoir des voisins honnêtes ? »

2. Le Maître dit : « Un homme qui n’est pas vertueux ne peut demeurer longtemps dans l’indigence ou dans l’opulence (sans devenir plus mauvais). Un homme vertueux trouve son bonheur dans la vertu ; un homme sage n’ambitionne que le trésor de la vertu. »

3. Le Maître dit : « Seul l’homme vertueux sait aimer et haïr les hommes comme il convient. »

4. Le Maître dit : « Celui qui s’applique sérieusement à cultiver la vertu s’abstient de mal faire. »

5. Le Maître dit : « Les richesses et les honneurs sont très ambitionnés des hommes ; si vous ne pouvez les obtenir par des voies honnêtes, ne les acceptez pas. La pauvreté et l’abjection sont en horreur aux hommes ; si elles vous viennent, même sans aucune faute de votre part, ne les fuyez pas. Si l’homme sage abandonne la voie de la vertu, comment soutiendra-t-il son titre de sage ? L’homme sage ne l’abandonne jamais, pas même le temps d’un repas. Il y demeure toujours, même au milieu des affaires les plus pressantes, même au milieu des plus grands troubles. »

6. Le Maître dit : « Je n’ai pas encore vu, un homme qui aimât vraiment la vertu et haït sincèrement le vice. Celui qui aime vraiment la vertu la préfère à toute autre chose ; celui qui hait sincèrement le vice cultive la vertu, et fuit toute atteinte du mal. Est il un homme qui travaille de toutes ses forces à pratiquer la vertu un jour entier ? Je n’ai jamais vu aucun homme qui n’eût pas assez de forces pour être vertueux. Peut être en existe-t-il ; mais je n’en ai jamais vu. » Tout homme, s’il fait des efforts sérieux, peut atteindre la perfection.
7. Le Maître dit : « Chaque classe d’hommes tombe dans un excès qui lui est particulier. On peut connaître la vertu d’un homme en observant ses défauts. » L’homme vertueux excède toujours en libéralité, et l’homme vulgaire, en parcimonie ; l’homme vertueux, en bienfaisance, et l’homme vulgaire, en dureté de cœur. En voyant les défauts d’un homme, on peut connaître s’il est vertueux ou non.

8. Le Maître dit : « Celui qui le matin a compris les enseignements de la sagesse, le soir peut mourir content. »

9. Le Maître dit : « Un homme qui se livre à l’étude de la sagesse, s’il rougit d’un vêtement grossier et d’une nourriture ordinaire, ne mérite pas de recevoir mes enseignements. »

10. Le Maître dit : « Dans le gouvernement de l’empire, le sage ne veut ni ne rejette rien avec opiniâtreté. La justice est sa règle. »

11. Le Maître dit : « L’homme sage aspire à la perfection, et l’homme vulgaire, au bien être ; l’homme sage s’attache à observer les lois, et l’homme vulgaire, à s’attirer des faveurs. »
12. Le Maître dit : « Celui qui dans ses entreprises cherche uniquement son intérêt propre excite beaucoup de mécontentements. (parce qu’il nuit aux intérêts de plusieurs). »

13. Le Maître dit : « Celui qui, dans le gouvernement de l’État, montre cette déférence qui fait le fondement de l’urbanité, quelle difficulté rencontrera-t-il ? Celui qui dans le gouvernement n’a pas la déférence requise par l’urbanité, quelle urbanité peut il avoir ? » (il peut encore moins gouverner l’État).

14. Le Maître dit : « Ne soyez pas en peine de ce que vous n’ayez pas de charge ; mettez vous en peine de vous rendre digne d’être élevé à une charge. Ne soyez pas en peine de ce que personne ne vous connaît ; travaillez à vous rendre digne d’être connu. »

15. Le Maître dit : « Chenn (Tseng tzeu), ma doctrine se réduit à une seule chose qui embrasse tout. » Tseng tzeu répondit : « Certainement. » Lorsque le Maître se fut retiré, ses disciples demandèrent ce qu’il avait voulu dire. Tseng tzeu répondit : « Toute la sagesse de notre maître consiste à se perfectionner soi-même et à aimer les autres comme soi-même. »

16. Le Maître dit : « Le disciple de la sagesse est très intelligent en ce qui concerne le devoir, et l’homme vulgaire, en ce qui concerne l’intérêt propre. »

17. Le Maître dit : « Quand vous voyez un homme sage, pensez à l’égaler en vertu. Quand vous voyez un homme dépourvu de vertu, examinez vous vous même, (de peur de lui ressembler). »

18. Le Maître dit : « Si vos parents tombent dans une faute, avertissez les avec grande douceur. Si vous les voyez déterminés à ne pas suivre vos avis, redoublez vos témoignages de respect, et réitérez vos remontrances. Quand même ils vous maltraiteraient, n’en ayez aucun ressentiment. »

19. Le Maître dit : « Durant la vie de vos parents, n’allez pas voyager au loin. Si vous voyagez, que ce soit dans une direction déterminée. (afin qu’ils sachent où vous êtes). »

20. Le Maître dit : « Vous devez vous rappeler souvent l’âge de vos parents, vous réjouir de leur longévité, et craindre qu’ils ne viennent à mourir. »
21. Le Maître dit : « Les anciens n’osaient pas émettre de maximes ; ils craignaient que leurs actions ne répondissent pas à leurs paroles. »

22. Le Maître dit : « On s’égare rarement en s’imposant à soi-même des règles sévères. »

23. Le Maître dit : « Le sage s’applique à être lent dans ses discours et diligent dans ses actions. »

24. Le Maître dit : « La vertu ne va jamais seule ; un homme vertueux attire toujours des imitateurs. »

25. Tzeu iou dit : « Celui qui par des avis réitérés se rend importun à son prince tombe dans la disgrâce ; celui qui par des remontrances réitérées se rend importun à son ami perd son amitié. »
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PA.I (II)

14. Le Maître dit : « La dynastie des Tcheou a consulté et copié les lois des deux dynasties précédentes ’Hia et Chang). Que les lois des Tcheou sont belles ! Moi, j’observe les lois des Tcheou.

15. Le Maître, étant entré dans le temple dédié au plus ancien des princes de Lou, interrogea sur chacun des rites. Quelqu’un dit : « Dira-t-on que le fils du citoyen de Tcheou connaît les rites ? Dans le temple du plus ancien de nos princes, il interroge sur chaque chose. » Le Maître en ayant été informé, répondit : « En cela, je me suis conformé aux rites. » Dans la principauté de Lou, le temple du plus ancien des princes était celui de Tcheou koung. Tcheou est le nom d’une ville de la principauté de Lou. Chou leang Ho, père de Confucius, avait été préfet de cette ville. Confucius est appelé pour cette raison le fils du citoyen de Tcheou. (Il naquit à Tcheou).

16. Le Maître dit : « Quand on tire à l’arc, le mérite ne consiste pas à transpercer, (mais à frapper) le centre de la cible ; car les hommes ne sont pas tous d’égale force. Ainsi l’ont décidé les anciens. » Après avoir déployé la cible, on fixait en son milieu un morceau de cuir, qui formait le centre, et s’appelait Kou, petit oiseau. Les anciens avaient établi le tir à l’arc pour juger de l’habileté. L’essentiel était d’atteindre le centre de la cible, et non de la transpercer.

17. Tzeu koung (nommé Seu, alors ministre du prince de Lou) voulait supprimer l’usage de fournir aux frais de l’État une brebis, qui devait être offerte aux ancêtres à la nouvelle lune. Le Maître dit : « Seu, vous tenez par économie à garder (à ne pas fournir) cette brebis ; moi, je tiens à conserver cette cérémonie. » A chaque nouvelle lune, les princes feudataires offraient à leurs ancêtres une brebis, et leur faisaient connaître leurs projets. Après les avoir invités, ils leur présentaient la victime encore vivante. A partir de Wenn koung, les princes de Lou avaient cessé de faire la cérémonie de la nouvelle lune ; cependant les officiers continuaient à fournir la brebis. Tzeu koung voulait abolir cette coutume, qui n’atteignait plus son but, et supprimer une dépense qu’il croyait inutile. Mais, bien que la cérémonie de la nouvelle lune eût été abandonnée, l’offrande de la brebis en rappelait le souvenir et pouvait en ramener l’usage. Si l’on avait supprimé l’obligation de fournir la brebis, la cérémonie elle même aurait été entièrement oubliée.
18. Le Maître dit : Envers mon prince j’observe exactement toutes « les prescriptions. Les hommes m’accusent de flatterie, (parce qu’eux mêmes servent le prince négligemment). »

19. Ting, prince de Lou, demanda comment un prince devait conduire ses sujets, et comment les sujets devaient obéir à leur prince. Confucius répondit : « Le prince doit commander à ses sujets selon les prescriptions, et les sujets doivent lui obéir avec fidélité. »

20. Le Maître dit : « L’ode Kouàn ts’iù exprime la joie et non la licence, la douleur et non l’abattement. »

21. Ngai, prince de Lou, ayant interrogé Tsai Ngo au sujet des autels élevés en l’honneur de la Terre, Tsai Ngo répondit : « Les Hia y plantaient des pins, et les In, des cyprès. Les Tcheou y plantent des châtaigniers , afin d’inspirer au peuple la crainte et la terreur. » Le Maître entendant ces paroles dit : « Rien ne sert de parler des choses qui sont déjà accomplies, ni de faire des remontrances sur celles qui sont déjà très avancées, ni de blâmer ce qui est passé. » Tsai Ngo, nommé Iu, était disciple de Confucius. Les anciens plantaient auprès des autels érigés à la Terre les arbres qui convenaient le mieux au terrain. Tsai Ngo avait mal interprété leur intention et prêté aux princes actuellement régnants le désir de châtier et de mettre à mort leurs sujets. Confucius l’en reprit sévèrement, et lui marqua plusieurs choses dont il ne convenait pas de parler.

22. Le Maître dit : « Que Kouan Tchoung a l’esprit étroit ! » Quelqu’un demanda si Kouan Tchoung était trop parcimonieux. (Confucius) répondit : « Le chef de la famille Kouan a élevé (à grands frais) la tour de San kouei ; dans sa maison aucun officier n’est chargé de deux emplois. Comment pourrait on le croire trop économe ? » « Mais, reprit l’interlocuteur, s’il fait tant de dépenses, n’est ce pas parce qu’il connaît (et veut observer) les convenances ? » (Confucius) répliqua : « Les princes ont une cloison devant la porte de leurs palais (pour en dérober la vue aux passants) ; le chef de la famille Kouan a aussi une cloison devant sa porte. Quand les princes ont une entrevue amicale, ils ont une crédence sur laquelle on renverse les coupes ; Kouan Tchoung a une crédence semblable. Si le chef de la famille Kouan connaît les convenances, quel est celui qui ne les connaît pas ? » Kouan Tchoung, nommé I ou, grand préfet de Ts’i, aida Houan, prince de Ts’i, à établir son autorité sur tous les grands feudataires. Il avait l’esprit étroit, il ne connaissait pas les grands principes de conduite suivis et enseignés par les sages.

23. Le Maître, instruisant le grand directeur de musique de Lou, dit : « Les règles de la musique sont faciles à connaître. Les divers instruments commencent par jouer tous ensemble ; ils jouent ensuite d’accord, distinctement et sans interruption, jusqu’à la fin du morceau. »

24. Dans la ville de I (où Confucius s’était retiré après avoir été dépouillé de sa charge par le prince de Lou), un officier préposé à la garde des frontières demanda à lui être présenté, en disant : « Chaque fois qu’un sage est venu dans cette ville, il m’a toujours été donné de le voir. » Les disciples, qui avaient suivi Confucius dans son exil, introduisirent cet officier auprès de leur maître. Cet homme dit en se retirant : « Disciples, pourquoi vous affligez vous de ce que votre maître a perdu sa charge ? Le désordre est dans l’empire depuis longtemps déjà. Mais le Ciel va donner au peuple en ce grand sage un héraut de la vérité. » Il y avait deux sortes de clochettes. L’une, à battant de métal, servait pour les affaires militaires. L’autre, à battant de bois, servait à l’officier chargé d’enseigner ou d’avertir le peuple.

25. Le Maître disait que les Chants du Successeur étaient tout à fait beaux et doux ; que les Chants du Guerrier étaient tout à fait beaux, mais non tout à fait doux. Les chants de Chouenn sont appelés les Chants du Successeur, parce qu’il succéda à l’empereur Iao, et comme lui, gouverna parfaitement. Les chants de Ou wang sont nommés les Chants du Guerrier, parce qu’ils célèbrent les exploits de Ou wang, qui délivra le peuple de la tyrannie de Tcheou. Les Chants du Successeur sont au nombre de neuf, parce qu’il y eut neuf péripéties ; les Chants du Guerrier sont au nombre de six, parce qu’il y eut six péripéties.

26. Le Maître dit : « De quelle règle puis je me servir pour juger la conduite d’un homme qui exerce une haute autorité avec un cœur étroit, qui s’acquitte d’une cérémonie sans respect, ou qui, à la mort de son père ou de sa mère, est (ou se lamente) sans douleur ?
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WEI TCHENG.

1. Le Maître dit : « Celui qui gouverne un peuple en lui donnant de bons exemples est comme l’étoile polaire qui demeure immobile, pendant que toutes les autres étoiles se meuvent autour d’elle.

2. Le Maître dit : « Les odes du Cheu king sont au nombre de trois cents. Un seul mot (de l'une d'elles) les résume toutes : « Avoir des intentions droites. »

3. Le Maître dit : « Si le prince conduit le peuple au moyen des lois et le retient dans l’unité au moyen des châtiments, le peuple s’abstient de mal faire ; mais il ne connaît aucune honte. Si le prince dirige le peuple par ses bons exemples et fait régner l’union en réglant les usages, le peuple a honte de mal faire, et devient vertueux. »

4. Le Maître dit : « A quinze ans, je m’appliquais à l’étude de la sagesse ; à trente ans, je marchais d’un pas ferme dans le chemin de la vertu ; à quarante ans, j’avais l’intelligence parfaitement éclairée ; à cinquante ans, je connaissais les lois de la Providence ; à soixante ans, je comprenais, sans avoir besoin d’y réfléchir, tout ce que mon oreille entendait ; à soixante-dix ans, en suivant les désirs de mon cœur, je ne transgressais aucune règle. »
5. Meng i tzeu ayant interrogé, sur la piété filiale, le Maître répondit : « Elle consiste à suivre les prescriptions. » Plus tard, Fan Tch’eu conduisant la voiture de Confucius, le philosophe lui dit : « Meng i tzeu m’a interrogé sur la piété filiale ; je lui ai répondu qu’elle consiste à observer les prescriptions. » Fan Tch’eu dit : « Quel est le sens de cette réponse ? » Confucius répondit : « Un fils doit aider ses parents durant leur vie selon les prescriptions, leur faire des obsèques et des offrandes après leur mort selon les prescriptions. » Meng i tzeu, nommé Ifo ki, grand préfet de Lou, était le chef de la famille Tchoung suenn ou Meng suenn. Voy. plus loin ch III. 2. Fan Tch’eu (ou Tzeu fan), nommé Siu, était disciple de Confucius.

6. Meng Ou pe, ayant interrogé le Maître sur la piété filiale, reçut cette réponse : « Les parents craignent par dessus tout que leur fils ne soit malade. » Un bon fils partage cette sollicitude de ses parents, et se conforme à leurs sentiments. Il ne néglige rien de tout ce qui sert à la conservation de sa personne.
7. Tzeu iou ayant interrogé Confucius sur la piété filiale, le Maître répondit : « La piété filiale qu’on pratique maintenant ne consiste qu’à fournir les parents du nécessaire. Or les animaux, tels que les chiens et les chevaux, reçoivent aussi des hommes ce qui leur est nécessaire. Si ce que l’on fait pour les parents n’est pas accompagné de respect, quelle différence met on entre eux et les animaux ? »

8. Tzeu hia l’ayant interrogé sur la piété filiale, le Maître répondit : « Il est difficile de tromper par un faux semblant de piété filiale. Quand les parents ou les frères aînés ont des affaires, si les fils ou les frères puînés leur viennent en aide ; quand ceux ci ont du vin et des vivres, s’ils en font part à leurs parents et à leurs aînés, est ce suffisant pour qu’on loue leur piété filiale ? » (la piété filiale requiert en outre une affection cordiale).

9. Le Maître dit : « Houei (Ien Iuen) écoute mes explications toute une journée sans m’adresser une objection ni une question, comme s’il était dépourvu d’intelligence. Quand il s’est retiré, je considère sa conduite privée, et j’y vois resplendir mes enseignements. Houei n’est pas dépourvu d’intelligence. »
10. Le Maître dit : « Si l’on considère les actions d’un homme, si l’on observe les motifs qui le font agir, si l’on examine ce qui fait son bonheur, pourra-t-il cacher ce qu’il est ? »

11. Le Maître dit : « Celui qui repasse dans son esprit ce qu’il sait déjà, et par ce moyen acquiert de nouvelles connaissances, pourra bientôt enseigner les autres. »

12. Le Maître dit : « L’homme sage n’est pas comme un vase ou un instrument (qui n’a qu’un usage ; il est apte à tout). »

13. Tzeu koung ayant demandé ce que doit faire un homme sage, le Maître répondit : « Le sage commence par faire ce qu’il veut enseigner ; ensuite il enseigne. »

14. Le Maître dit : « Le sage aime tous les hommes et n’a de partialité pour personne. L’homme vulgaire est partial et n’aime pas tous les hommes. »

15. Le Maître dit : « Entendre ou lire sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir, sans livre ni maître, est dangereux. »
16. Le Maître dit : Etudier des doctrines opposées (aux enseignements des anciens sages), c’est nuisible.

17. Le Maître dit : « Iou (Tzeu lou), voulez vous que je vous enseigne le moyen d’arriver à la science véritable ? Ce qu’on sait, savoir qu’on le sait ; ce qu’on ne sait pas, savoir qu’on ne le sait pas : c’est savoir véritablement. »

18. Tzeu tchang étudiait en vue d’obtenir une charge avec des appointements. Le Maître lui dit : « Après avoir entendu dire beaucoup de choses, laissez de côté celles qui sont douteuses, dites les autres avec circonspection, et vous serez peu blâmé. Après avoir beaucoup vu, laissez ce qui serait dangereux, et faites le reste avec précaution ; vous aurez rarement à vous repentir. Si vos paroles vous attirent peu de blâme et vos actions peu de repentir, les appointements viendront d’eux-mêmes. »

19. Ngai, prince de Lou, dit à Confucius : Que doit faire un prince pour que le peuple soit content ? Le philosophe répondit : « Si le prince élève aux charges les hommes vertueux et écarte tous les hommes vicieux, le peuple sera satisfait ; si le prince élève aux charges les hommes vicieux et écarte les hommes vertueux, le peuple sera mécontent.

20. Ki K’ang tzeu dit : « Que faut il faire pour que le peuple respecte son prince, lui soit fidèle et cultive la vertu ? » Le Maître répondit : « Que le prince ait en public un maintien grave, et il sera respecté ; qu’il honore ses parents et soit bon envers ses sujets, et ses sujets lui seront fidèles ; qu’il élève aux charges les hommes de bien et forme ceux dont la vertu est encore faible, et il excitera le peuple à cultiver la vertu. »

21. Quelqu’un dit à Confucius : « Maître, pourquoi ne prenez vous aucune part au gouvernement ? » Le philosophe répondit : « Les Annales ne disent elles pas, en parlant de la piété filiale : « Respectueux envers vos parents et bienveillants envers vos frères, vous ferez fleurir ces vertus partout sous votre gouvernement ? » Faire régner la vertu dans sa famille par son exemple, c’est aussi gouverner. Remplir une charge, est ce la seule manière de prendre part au gouvernement ? »
22. Le Maître dit : « Je ne sais à quoi peut être bon un homme qui manque de sincérité. Comment employer une grosse voiture qui n’a pas de joug pour le bœuf, ou une petite voiture qui n’a pas de joug pour les chevaux ? »

23. Tzeu tchang demanda si l’on pouvait savoir d’avance ce que feraient les empereurs de dix dynasties successives. Le Maître répondit : « La dynastie des In a adopté les prescriptions de la dynastie des Hia (qui n’avait fait qu’interpréter la loi naturelle) ; on peut connaître par les documents ce qu’elle a ajouté ou retranché (sur des points accessoires). La dynastie des Tcheou a adopté les prescriptions de la dynastie des In ; ce qu’elle a ajouté ou retranché (ne concerne que des points accessoires, et) se trouve mentionné dans les documents. On peut savoir d’avance ce que feront les dynasties à venir, fussent elles au nombre de cent (elles feront observer la loi naturelle) ».

24. Le Maître dit : « Celui-là se rend coupable d’adulation, qui sacrifie à un esprit auquel il ne lui appartient pas de sacrifier. Celui-là manque de courage, qui néglige de faire une chose qu’il sait être de son devoir. »
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1. Le Maître dit : « Celui qui cultive la sagesse et ne cesse de la cultiver n’y trouve-t-il pas de la satisfaction ? Si des amis de la sagesse viennent de loin recevoir ses leçons, n’éprouve-t-il pas une grande joie ? S’il reste inconnu des hommes et n’en ressent aucune peine, n’est il pas un vrai sage ? »

2. Iou tzeu dit : « Parmi les hommes naturellement enclins à respecter leurs parents, à honorer ceux qui sont au dessus d’eux (par le rang ou par l’âge), peu aiment à résister à leurs supérieurs. Un homme qui n’aime pas à résister à l’autorité, et cependant aime à exciter du trouble, ne s’est jamais rencontré. Le sage donne son principal soin à la racine. La racine, une fois affermie, donne naissance au tronc et aux branches. L’affection envers nos parents et le respect envers ceux qui sont au dessus de nous sont comme la racine de la vertu ». (Iou tzeu, nommé Jo, était disciple de Confucius).
3. Le Maître dit : « Celui qui par des discours étudiés et un extérieur composé (cherche à plaire aux hommes) ruine ses vertus naturelles. » (Sien équivaut à la lettre wang).

4. Tseng tzeu dit : « Je m’examine chaque jour sur trois choses : Si, traitant une affaire pour un autre, je ne l’ai pas traitée avec moins de soin que si elle eût été ma propre affaire ; si, dans mes relations avec mes amis, je n’ai pas manqué de sincérité ; si je n’ai pas négligé de mettre en pratique les leçons que j’ai reçues. »

5. Le Maître dit : « Celui qui gouverne une principauté qui entretient mille chariots de guerre doit être attentif aux affaires et tenir sa parole, modérer les dépenses et aimer les hommes, n’employer le peuple aux travaux publics que dans les temps convenables, (afin de ne pas nuire aux travaux des champs). »

6. Le Maître dit : « Un jeune homme, dans la maison, doit aimer et respecter ses parents. Hors de la maison, il doit respecter ceux qui sont plus âgés ou d’un rang plus élevé que lui. Il doit être attentif aux affaires et sincère dans ses paroles ; aimer tout le monde, mais se lier plus étroitement avec les hommes vertueux. Ces devoirs remplis, s’il lui reste (du temps et) des forces, qu’il les emploie à l’étude des lettres et des arts libéraux. »

7. Tzeu hia dit : « Celui qui, au lieu d’aimer les plaisirs, aime et recherche les hommes sages, qui aide ses parents de toutes ses forces, qui se dépense tout entier au service de son prince, qui avec ses amis parle sincèrement, quand même on me dirait qu’un tel homme n’a pas cultivé la sagesse, j’affirmerais qu’il l’a cultivée. »

8. Le Maître dit : « Si celui qui cultive la sagesse manque de gravité, il ne sera pas respecté et n’acquerra qu’une connaissance superficielle de la vertu. Qu’il mette au premier rang la fidélité et la sincérité ; qu’il ne lie pas amitié avec des hommes qui ne lui ressemblent pas (qui ne cultivent pas comme lui la sagesse) ; s’il tombe dans un défaut, qu’il ait le courage de s’en corriger. »

9. Tseng tzeu dit : « Si le prince rend les derniers devoirs à ses parents avec un vrai zèle et honore par des offrandes ses ancêtres même éloignés, la piété filiale fleurira parmi le peuple. »
10. Tzeu k’in adressa cette question à Tzeu koung : « Quand notre maître arrive dans une principauté, il reçoit toujours des renseignements sur l’administration de l’État. Est-ce lui qui les demande au prince, ou bien est ce le prince qui les lui offre ? » Tzeu koung répondit : « Notre maître les obtient (non par des interrogations, mais) par sa douceur, son calme, son respect, sa tenue modeste et sa déférence. Il a une manière d’interroger qui n’est pas celle des autres hommes. » (Le nom de famille de Tzeu Koung était Touan mou, et son nom propre Seu)

11. Le Maître dit : « Un fils doit consulter la volonté de son père, tant que son père est en vie, et ses exemples, quand il est mort. Si durant trois ans après la mort de son père, il imite sa conduite en toutes choses, on pourra dire qu’il pratique la piété filiale. »

12. Iou tzeu dit : « Dans l’observation des devoirs mutuels, la concorde est d’un grand prix. C’est pour cette raison que les règles des anciens souverains sont excellentes. Toutes leurs prescriptions, grandes ou petites, ont été inspirées par le désir de la concorde. (Cependant,) il est une chose qu’il faut éviter : connaître le prix de la concorde, et faire tout pour la concorde, sans tenir compte du devoir, c’est ce qui n’est pas permis. »

13. Iou tzeu dit : « Quand on peut accomplir sa promesse sans manquer à la justice, il faut tenir sa parole. Un respect et des égards conformes aux règles de la bienséance ne sont ni honteux ni déshonorants. Si vous choisissez pour protecteur un homme digne de votre amitié et de votre confiance, vous pourrez lui rester attaché à jamais. »

14. Le Maître dit : « Un disciple de la sagesse qui ne recherche pas la satisfaction de son appétit dans la nourriture, ni ses commodités dans son habitation, qui est expéditif dans les affaires et circonspect dans ses paroles, qui se fait diriger par des hommes vertueux, celui-là a un véritable désir d’apprendre. »

15. Tzeu koung dit : « Que faut il penser de celui qui, étant pauvre, n’est pas flatteur, ou qui, étant riche, n’est pas orgueilleux ? Le maître répondit : « Il est louable ; mais celui-là l’est encore plus qui dans la pauvreté vit content, ou qui au milieu des richesses garde la modération. » Tzeu koung répliqua : « On lit dans le Cheu king que le sage imite l’ouvrier qui coupe et lime l’ivoire, ou qui taille et polit une pierre précieuse. Ces paroles n’ont elles pas le même sens (ne signifient-elles pas que le sage ne doit pas se contenter de n’être ni flatteur dans la pauvreté, ni orgueilleux dans l’opulence, mais travailler à conserver toujours la joie de l’âme et la modération) ? » Le Maître repartit : « Seu (Tzeu koung) commence à pouvoir entendre l’explication du Cheu king ; sur ma réponse à sa question, il a aussitôt compris le sens des vers qu’il a cités. »

16. Le Maître dit : « Le sage ne s’afflige pas de ce que les hommes ne le connaissent pas ; il s’afflige de ne pas connaître les hommes. »
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