Chef d'oeuvre par son intelligence et son brio. Mickey Haller, avocat de la défense, a recours à des rabatteurs pour décrocher des cas à défendre, le plus souvent des drogués, des prostituées, des délinquants. La plupart du temps, ils ne peuvent pas le payer, mais le rémunèrent en petites aides diverses, comme son chauffeur de la Lincoln où il travaille pendant les trajets dans Los Angeles. Mickey est rusé, malin, il décrypte ce que veut dire son interlocuteur même si celui ci dit le contraire de ce qu'il pense, il sait quand on lui ment, il est bien conscient aussi qu'il défend parfois des criminels. Mais chacun doit pouvoir être défendu, et Mickey est là. Sans aucune illusion sur la bonne marche de la société, et habitué à défendre des coupables, il attend chaque nouveau contrat avec impatience pour pouvoir payer son apertement avec vue sur le désert de Mojave.
Quand un innocent, et riche de surcroit se présente car accusé à tort de violences et blessures, il n'hésite pas une minute, bien que pensant que défendre un innocent est d'abord plus rare, et sans doute plus difficile à cerner. Avec un innocent, pas de négociations possibles, pas de plaider coupable, pas de terrain d'entente avec la partie adverse.
« Il n'y a pas de client plus effrayant qu'un innocent « note Connelly en citation préliminaire.
Roublard, Mickey ne veut pas que le procès au pénal semble simple, ce serait faire dérailler sa machine à fric. Il s'arrange donc pour faire croire que l'affaire sera compliquée, que la presse peut s'en emparer, et que même s'ils gagnaient vite au pénal, l'accusation leur tirerait un maximum de dollars au civil. Et il applique la « surtaxe innocence », car si on défend mal un innocent « il va en taule et ça te marque à vie ».
Ne pas reconnaître l'innocence et savoir que le condamné est enfermé à vie dans une forteresse de pierre et d'acier, va de pair et s'oppose avec reconnaître le mal absolu. Haller est un habitué de la délinquance qui peut se comprendre par le seul choix possible de celui qui n'a jamais rien reçu, à qui on n'a donné aucune chance ; mais il rencontre le mal, bien différent, le mal absolu.
Et il se trouve face à un dilemme, pas facile et pas sans danger.
Chef d'oeuvre donc, encore une fois, de Connelly, sans doute un de ses meilleurs, par l'esprit et la réflexion de ce qui est possible de faire pour gagner un procès en voulant le perdre.
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Première rencontre avec Mickey Haller qui ouvre ainsi une série qui lui est consacrée.
Avocat doué, il joue pour la défense, quelle que soit la cause, pourvu qu'elle rémunère. Divorcé deux fois, père pas assez présent d'une petite fille, il est habile pour exploiter le système à son avantage. Ce coup-ci, c'est une affaire pactole qui s'offre à lui, une de celle qui pourrait bien renflouer son compte en banque pour longtemps. N'a-t-il pas toujours été convaincu que le pire qu'il pouvait lui arriver était de ne pas savoir reconnaître l'innocence? Et cette fois, il pense l'avoir reconnue dans le regard de ce riche agent immobilier, accusé d'avoir agressé une prostituée et qui hurle au coup monté.
Le personnage de Haller n'est pas aimable au premier abord: il semble dénué de scrupule, plus attiré par l'argent que par la vérité et qui utilise les gens qui l'entourent plus qu'il ne collabore. Mais au fil de l'enquête, la carapace se fendille et finalement, j'ai bien aimé Mickey et je l'ai, par certains côtés, trouvé assez touchant.
J'aime beaucoup les thrillers juridiques et j'ai toujours trouvé un intérêt aux romans qui décortiquent les arcanes judiciaires, une fois l'enquête de police close. Et je n'ai pas été déçue par ce premier tome.
J'ai trouvé que l'ensemble tenait la route jusqu'au bout et que les procédés juridiques étaient expliqués simplement, tout en étant naturellement intégrés à l'intrigue. de nombreux rebondissements tiennent le lecteur en haleine sur presque 600 pages sans qu'on ne les voit passer.
Au-delà de Mickey Haller, il y a toute une galerie de personnages intéressants qui pourraient être, sans doute pour certains, récurrents dans la série que je viens bien entendu poursuivre.
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Livre sortit en 2006 et film vu en 2011.
J'ai lu presque tous les livres de Connelly, mais n'avais jamais encore sauté le pas pour les histoires de Mickey Haller.
Nous sommes habitués, quand on lit des romans (regarde des films) policiers, à suivre l'avancement de l'enquête, ainsi que les policiers et les avocats de l'accusation.
Ici nous suivons donc un avocat de la défense dont le seul but des de le faire disculper ses clients (souvent accusés à raison).
Nous rentrons dans les rouages du procès et de sa préparation, mais avec quand même des enquêtes pour étayer ou annuler les preuves. On ne cherche pas ici à trouver qui à fait quoi, mais juste comment montrer que le client n'a rien fait de ce qui lui ai reproché.
Cette première histoire de Mickey Haller est vraiment prenante du début à la fin. On retrouve du grand Connelly dans cette première histoire de Mickey Haller qui doit défendre un jeune riche accusé de viol et tentative de meurtre. Cette affaire pourrait être enfin celle qui lui permettrait de vraiment "décoller" et de se faire un vrai nom (et non celui de son père...).
Pour les personnes qui hésitent encore car ce n'est pas du "vrai" policier, je leur dit de lire sans hésitation.
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Ce Connelly est consacré à un autre personnage qu'Harry Bosch, l'avocat retord Mickey Haller, qui pour ne pas perdre de temps dans les déplacements dans cette cité tentaculaire qu'est Los Angeles utilise une Lincoln avec chauffeur comme bureau mobile. Comme tout « lawyer » américain qui se respecte il attend la grosse affaire, celle qui lui remplira les poches et assurera l'avenir de son petit cabinet, dont son ex femme est l'efficace secrétaire.
Et l'opportunité se présente sous la forme de Louis Roulet, un fils à papa millionnaire accusé de violences. Une affaire en or et un dossier qui se plaide car les faits semblent loin d'être établis. Mais les apparences sont parfois trompeuses.
Exit donc Bosch, mais Mickey Haller a lui aussi du style. Il fonce, a des assistants efficaces et une vision de la morale qui est la sienne. Connelly passe du coup plus de temps au tribunal et sait être pédagogue pour rendre compréhensible le système judiciaire américain. Il maîtrise totalement l'art du polar bien construit, qui avance sans cesse, et qui connaît quelques virages à 180°. Un excellent livre.
A noter que l'adaptation cinématographique qui en a suivi avec Matthew McConaughey est plutôt réussie, ce qui n'était pas évident, le film de prétoire peut vite être rasoir...
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