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C'est davantage l'histoire du bateau que celle du nègre et des autres matelots, un voilier quittant Bombay pour l'Angleterre en doublant le cap de Bonne-Espérance. L'équipage fait corps avec le bateau qui est donc la vedette principale du roman de Conrad, son troisième et premier sur le milieu maritime. La mer, on la prend dans la gueule à chaque page et, lorsque la tempête se déchaîne, elle prend la dimension épique qui séduit les amateurs des livres de mer. Les personnages dégagent aussi une force et une profondeur des caractères qui confère encore plus de grandeur au Narcisse. Très beau texte de Conrad.
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Symphonie maritime en 5 mouvements (chapitres), le Nègre du "Narcisse" suit, de Bombay à Londres, le périple d'un voilier et de ses hommes.

Dans le premier mouvement, largo, un mystérieux narrateur, dont nous ne saurons jamais rien si ce n'est qu'il fait partie de l'équipage, nous présente succinctement celui-ci. Les hommes embarquent et le navire prend la mer.

Le deuxième mouvement, allegro non troppo, passe en revue l'équipage bigarré du "Narcisse" : Singleton le vieux loup de mer, sage illettré, côtoie Craik dit "Belfast", viril, bagarreur et sensible à la fois, l'ignoble tire-au-flanc Donkin, méprisable suborneur dont la lâcheté n'a d'égal que la cruauté et Jimmy Wait, unique noir de ce microcosme, géant dédaigneux et dolent qui porte en lui les stigmates d'une mort prochaine. Sitôt en mer, il tombe malade et est contraint de rester confiné.

Tout se déchaine, allegro assai ou agitato mais espressivo, dans le troisième mouvement. Une tempête, et quelle! Conrad nous offre l'un des plus prodigieux déchaînement météorologique de la littérature. le lecteur, comme les marins du Narcisse, se retrouve cul par-dessus tête et boit la tasse, pris dans un maelström d'images et de mots.

Dans le quatrième mouvement, véritable Dies iræ, le glas sonne : le capitaine Allistoun et son second Baker échappe de peu à une mutinerie et la mort frappe.

Enfin, en un adagietto rassérénant, les hommes arrivent à destination : c'est l'heure des adieux définitifs ou provisoires et du retour à la trivialité.

Dans cette peinture allégorique d'un vaisseau-monde, il faut savoir faire abstraction du vocabulaire technique manié avec compétence par Conrad (qui fut marin avant que d'être écrivain). Son jargon nautique freine la lecture et a condamné le profane que je suis à y faire de nombreuses impasses. Il n'empêche, ce poème au long cours nous embarque : ses morceaux de bravoure (le monstrueux coup de tabac, l'agonie d'un homme, la froide autorité d'un chef et la mer, "la mer, toujours recommencée !") nous impriment durablement la rétine et l'âme.

" L'air immense ouvre et referme (ce) livre"...
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Le style est ampoulé, les phrases surannées (cf citations) et l'édition, ramassée, présente un texte très serré sans aération. Pour ce qui est du fond, il s'agit de récits plus ou moins autobiographiques d'aventures maritimes où le Noir présent parmi l'équipage et qui devrait, suivant le titre, occuper le rôle titre ne sert en définitive qu'à justifier l'appellation du roman; Je suis d'autant plus déçu de cette lecture, maintes fois reportée à cause de la présentation, que l'auteur dans sa préface indique: "Toute oeuvre littéraire qui aspire, si humblement soit-il, à la qualité artistique doit justifier son existence à chaque ligne".
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Quelle belle surprise que ce roman choisi ... parce qu'on célèbre cette année le centième anniversaire de la mort de l'auteur et que cela correspondait à un item d'un de mes challenges de lecture ! 

J'ai découvert une très belle écriture fluide et précise, qui lors des descriptions visuelles et auditives des quartiers du navire, me donnait l'impression de me trouver au milieu des marins dans la promiscuité des couchettes ou la tranquillité du pont. 

La description de la tempête, au large du Cap m'a secouée tout autant que les marins, ballotés en tous sens par des vagues dix fois plus hautes que le grand mat, que le capitaine refusa d'abattre ...

Quant au nègre du titre, ce James Wait, arrivé le dernier à l'embarquement et qui s'est fait porter pâle dès le navire en route était ce un vrai malade, un gros fainéant, un profiteur, embobineur de ses camarades se faisant servir comme un prince sans lever le petit doigt ! 

Un roman qui donne à voir la dure vie des marins de la fin du XIXème siècle (le roman est paru en 1895), convoyant vivres et marchandises aux quatre coins de l'Empire britannique.

Un auteur que je découvre et dont je lirai très probablement d'autres romans.  
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Ce roman de J. Conrad paru en 1897 évoque avec précision la vie sur un grand bateau à voiles, dans son voyage entre Bombay et Londres. L'auteur se concentre sur la mer (toujours dangereuse) et surtout sur les marins, depuis le capitaine jusqu'aux matelots. Ils sont tous bien individualisés, depuis le cuistot (obsédé par la religion) jusqu'au pire tire-au-flanc très contestataire. Mais le personnage de Wait, un « nègre » qui a été dispensé de travailler parce qu'il est malade, joue un rôle essentiel de catalyseur. le temps fort de ce roman est une effroyable tempête qui met vraiment en danger l'équipage: elle est décrite avec force détails. L'autre moment-clé, c'est une tentative de mutinerie. La (trop longue) traversée des "calmes" équatoriaux sera aussi pénible à vivre.
Nous avons là un témoignage particulièrement intéressant sur la vie à bord des navires d'autrefois. Beaucoup de lecteurs aiment bien ce roman, sans toutefois le placer plus haut que "Lord Jim". Pour ma part, j'ai trouvé l'écriture de Conrad souvent ampoulée, maladroite, parfois naïve. Entrant dans beaucoup de détails, l'auteur n'est pas toujours limpide. J'ai trouvé longue la lecture de ce roman.
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Nous embarquons avec Joseph Conrad dans une épopée maritime remarquable. le grand voilier part de Bombay pour rejoindre son port d'attache, Londres, le Capitaine a embarqué quinze hommes d'équipage dont la plupart connait déjà le bateau et la réputation de son capitaine, et certains inconnus au bataillon. Parmi eux Donkin, un fauteur de trouble sournois, médisant et terriblement efficace pour saper le moral de l'équipage, et qui de plus, est un tire-au-flanc professionnel. Et un denier arrivé, Jimmy, un Noir impressionnant par sa stature et sa voix. Il récrimine aussi pas mal et s'y entend bien pour vilipender tout l'équipage d'entrée de jeu. Les deux compères qui ont le même but, être payés pour une traversée à laquelle ils participeront le moins possible, reconnaissent assez rapidement en l'autre un complice. le Noir qui a une toux caverneuse dès le début, se fait porter pâle assez rapidement et arrive habilement à rester alité, plaint et surtout soutenu par les marins frustres, partagés qu'ils sont, entre la haine que les deux malins leur inspirent et la solidarité humaine qui règne en ces lieux dangereux que sont ces grands voiliers commerciaux qui traversaient l‘Océan indien par tous les temps. C'est l'étude des forces en présence, aussi bien humaine que maritime, que nous fait vivre ce merveilleux écrivain.
Les marins chevronnés hésitent constamment et dans la même journée, entre la conviction que Jimmy est réellement malade et qu'il vit ses derniers jours, ou qu'il est un remarquable comédien en très bonne santé puisque sq toux providentielle impressionnante intervient quand cela l'arrange… Il est vrai qu'il maigrit, souffre d'insomnies et marmonne à longueur de temps.
Le lecteur est dans la même expectative. Il n'a que son compère pour admirer la feinte. Alors que le comportement paresseux et tellement évident de Donkin inspire le mépris général de ses compagnons. Surtout quand une tempête d'anthologie frappe le navire durant plusieurs jours, chacun voit sa dernière heure arrivée, malmenés qu'ils sont par les éléments déchaînés, durant lesquels ils ont la terrible certitude de ne pas s'en sortir vivant.
Pourtant, tout le monde est sauf même Jimmy, que l'on retrouve après la tempête en triste état, ne quittera plus sa couche et deviendra, quoique invisible, le centre des attentions de tous ses camarades qui passent à toute heure du jour ou de la nuit quelques instants pour lui tenir compagnie. Il tient toujours les mêmes propos, il n'est pas bien, mais demain sans faute il va aller mieux et reprendre sa place dans l'équipage…
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A bord du Narcisse, joli voilier au départ de Bombay, les hommes se sont réunis, quasi au complet, dans le poste d'équipage. Des hommes rudes, de tout âge et de tout horizon. Deux scandinaves aux allures de géants enfantins, un gamin tout droit sorti des rues de Londres, un petit bonhomme teigneux, en haillons, qui connait bien mieux ses droits que ses devoirs et en tirera toujours le meilleur prétexte pour tirer au flanc, le vieux Singleton, avec son corps couvert de tatouages et sa vénérable barbe blanche, impassible au-dessus du vacarme des hommes. Et puis, au tout dernier moment, l'ultime retardataire arrive : Jim Wait, un Noir étrange au regard méprisant et à la toux caverneuse, qui ne tarde pas à affirmer ouvertement qu'il va bientôt mourir, n'a embarqué que dans l'espoir de rejoindre à temps l'Angleterre.
Il n'a pas l'air si malade, pourtant, et le doute s'installe aussitôt dans l'équipage : n'est-il pas plutôt un imposteur, qui ne se prétend mourant que pour échapper, lui aussi, au travail ? Faut-il le plaindre et l'aider, ou bousculer ses mensonges ? Incapables de se décider, craignant à la fois de se faire manipuler et de manquer à la plus simple humanité, les hommes se retrouvent dans une pénible position d'entre-deux, réduits même, bientôt, à un véritable esclavage moral par ce type imbuvable qui accueille leurs mille attentions avec la plus capricieuse arrogance et qu'ils ne peuvent se décider, pourtant, à laisser tomber.
L'esprit de contradiction, la méfiance et la mort sont du voyage, et avec elles, évidemment, un dangereux élément de discorde que seuls pourront désamorcer, peut-être, les caprices de la mer et la poigne d'un très grand capitaine.

Oubliez les romans de mer aventureux, aux mille rebondissements : tout repose ici essentiellement sur l'ambiance, la splendeur imposante de l'océan, les ferments complexes de l'âme humaine, mis à macérer en vase clos jusqu'aux abords de l'explosion. Une tension se crée peu à peu, un malaise prenant, un suspense subtil autour du possible mensonge. Les caractères sont bien moins travaillés que dans Lord Jim, et ce texte n'en a pas la puissance tragique si captivante, mais la finesse psychologique est là, de même que le talent pour créer un personnage en quelques mots, lui donner corps et couleur, âme et voix. Nous sommes ici - et ce n'est pas si courant - dans les entreponts des marins et non sur le gaillard d'arrière, au coeur même de l'équipage dont le narrateur est un membre indistinct, ni plus cultivé ni plus perspicace que les autres au moment où se déroule le récit. Parfaitement placé pour saisir les contradictions, les complexités de ces hommes simples qui ne servent souvent, dans les autres romans, qu'à faire avancer le bateau ou introduire un vague élément de conflit social.

Un beau roman sur la solidarité et le sens du devoir, sur les failles et les forces de l'âme humaine confrontée à sa propre fin, relevé par une scène de tempête formidable, l'une des meilleures sans doute qu'il m'ait été donné de lire et qui mériterait presque, à elle seule, la découverte de ce petit livre.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Dense, imagé, empreint de tension dramatique. Cet équipage du Narcisse, tout un microcosme. Un monde en miniature, où les marins s'affrontent ou s'entraident.
Les moments forts de ce récit maritime : la présence à bord de Jimmy, personnage ambigu qui suscite tour à tour la suspicion et la commisération ; la violente tempête, suivie d'un début de mutinerie.

La terminologie décrivant la manoeuvre des voiles m'a demandé un certain effort. Nabokov disait que le lecteur devrait visualiser les détails, la cartographie, les repères. Par exemple, visualiser les compartiments du train d'époque dans Anna Karénin, ou alors la coiffure d'Emma Bovary. J'ai eu du mal à imaginer l'incessant affairement de ces marins âpres à la besogne !

Tout à la fin, « lorsque le navire aborde les flots de la Manche [ ] c'est la mort dans le mouillage à l'ombre des murs sans âme » [Source : le commentaire dans la Pléiade, p 1274]

Pour clore ce compte rendu, un bref portrait de Joseph Conrad, source https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/11/21/conrad-hors-sol/
« Suprêmement anglais en apparence, car grand voyageur de l'Empire à son apogée, mais voyageant comme une algue, déraciné permanent et d'une inquiétante étrangeté (malgré une fin de vie calme et bourgeoise dans le Kent où il meurt en 1924), et demeuré en réalité de nul pays, c'est-à-dire aussi profondément polonais qu'il est possible [ …] »
Conrad « endossera à la perfection le rôle de l'écrivain anglais absolu en atteignant, dans une oeuvre singulièrement maîtrisée, un statut de styliste aussi exigeant que son contemporain, et, à certains égards modèle, Stevenson ».
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Une histoire comme les affectionne Joseph Conrad. Simple mais où la fragilité humaine (et sa force en dépit de tout) se trouve confrontée à l'implacable de la nature (la tempête) et de sa nature (la suspicion). Thème très conradienne, plume de plomb comme toujours. La richesse de l'intrigue et des personnages est moindre, sans doute, que dans les deux premiers opus du maître (La folie Almayer et un Paria des îles) et certainement que dans ses chefs-d'oeuvre (Lord Jim, Au coeur des ténèbres).
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Pour moi le sujet de ce roman n'est pas du tout la mer, ce n'est qu'un prétexte pour une plongée dans l'âme humaine, dans le confinement d'un équipage qui doit supporter Jimmy Wait dans le rôle du "chat noir", de ces porte-malheur que nous avons tous connus, et qui souffrent probablement eux-mêmes beaucoup de l'image qu'ils renvoient à leurs dépens. le contraste entre les différentes réactions à la maladie de Jimmy Wait sont notables : certains se mettent à son service pour le soulager, d'autres au contraire le prennent pour un affabulateur ; tous semblent habités d'une vague mauvaise conscience à son égard. de très belles descriptions de paysages marins sont à noter.
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