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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Nan-Shan chargé, est en route vers le port de Fu-Chau en mer de Chine, et à bord 200 coolies chinois qui rentre chez eux dans la région de Fo-kien après quelques années de travail dans les colonies tropicales, quand éclate le mauvais temps. le capitaine du navire MacWhirr, un irlandais de Belfast, homme timide sans caractéristiques particulières est aux commandes du récit, comme du navire. Un homme apparemment ennuyeux et taciturne, qui est toujours étonné qu'on puisse trouver des sujets de conversation avec les autres et vu le contenu des lettres écrites jadis à ses parents et actuellement à sa femme, il semble qu'il n'a pas grand chose à dire dans la vie. Un homme ignorant aussi aux maux de la Vie , qui semblent ne pas l'avoir effleuré jusqu'à présent. Mais voilà cette fois-ci il est en Mer de Chine, en pleine saison de typhons avec 200 chinois à bord et des seconds moins taciturnes et plus belliqueux que lui , seul à bord à décider de leur destin. Une fois la tempête éclatée, les donnes vont changer…….

C'est ma première lecture de Joseph Conrad. Je suis restée admirative de son anglais raffiné, ici foisonnant de termes marins, et de ses jeux de mots qui y rajoutent du peps et un zeste d'humour discret au texte. Bien qu'il n'ai appris l'anglais qu'à vingt-un ans étant d'origine polonais, sa prose n'a rien à envier aux grands écrivains anglais de sa génération.

Une lecture que je dois à la discussion sur le billet de bobfutur sur ce même livre, concernant la traduction d'André Gide trop littéraire qui a déplu à l'ami babeliote. Personnellement le temps d'une lecture j'ai pleinement vécu cette tempête et sa férocité, avec le capitaine et son second Jukes. Et au final ce MacWhirr peu apprécié par sa famille et ses subordonnés m'a bien plue , car c'est lui qui avec son calme, son caractère taciturne, sa logique et son attention méticuleux aux détails sauvera et le bateau et l'équipage et les passagers. La connotation politique du texte avec la présence des coolies, qui ici aussi grâce au bon sens de MacWhirr s'en sortiront sans trop de pertes est une autre richesse de l'histoire. Bref une nouvelle à découvrir, espérant que vous tombiez sur la bonne traduction.
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"Typhon" (Typhoon) est une longue nouvelle publiée en 1903 par un certain Teodor Josef Konrad Korzeniowski (né en 1857 en Ukraine, ses parents appartenant à la vieille noblesse polonaise) dont la vie prit un tour "aventureux" - dans le mauvais sens du terme - dès ses 17 ans (où le voila à Marseille en jeune inadapté social ET flambeur... ). Bref, il lui faut "rapido" gagner sa vie, prendre un métier : et le voilà qui prend celui de naviguer... Passager puis mousse puis steward puis contrebandier (à 19 ans) puis matelot puis lieutenant (passe son examen de "second mate") puis Second puis exceptionnellement Capitaine (il a 31 ans)... A ses 32 ans, lors d'une longue escale à Londres (été 1889), il se met à écrire... Il a 37 ans quand son premier roman est accepté et publié l'année suivante évidemment en langue anglaise : "Almayer's Folly" (1895). Ainsi, "Joseph Conrad" (Quel magnifique pseudonyme... ) est né ! Drôle d'oiseau, Anglais adoptif se forgeant une bizarre identité professionnelle et artistique composite... Y a -t-il une vie avant l'écriture ? Dans le cas de J. C. la réponse est plus qu'affirmative... Elle est déterminante ! L'oeuvre déborde... Les romans et "longues nouvelles" s'enchaînent...
Jusqu'à ce "Taïfounn" (Pardon : "Typhoon") dont pas mal de lecteurs visiblement attendaient les secousses bien surlignées... Hé hé... Il n'en sera rien : plongée dans la "banale" extériorité des comportements ... McWhirr, le Capitaine mutique obstiné comme le pinceau d'un phare, porteur d'un système de valeurs que l'on découvre au fil du récit... Jukes, son Second qui n'en mène pas large mais doit bien sûr obéir au "Pacha"... Rout, le chef mécanicien : "un type capable" (Comme McWhirr diagnotique bien !)... ou encore ce premier lieutenant minable (le "coward" des westerns, genre de type à vous assassiner son "hôte" Jesse James dans le dos...) ... ou ce Bosco (maître d'équipage) difforme aux bras de singe... Physionomies et caractères extérieurs taillés - comme on dit (donc clicheton) - "à coups de serpe" vous en diront ici plus long sur l'intériorité des "acteurs" du drame en cours... que n'importe quelle laborieuse approche psychologisante ! (Imaginez un auteur français contemporain "à la mode" sur une affaire pareille...).
Bref, pas de suspense à gros sabots ! Pas d'envolées lyriques sur "la surpuissance des éléments", pas de grands seaux d'eau balancés en coulisse sur les personnages, de lances à incendie fonctionnant à pleine puissance derrière les décors en carton-pâte hollywoodiens (Je repense au fiasco artistique d'un film comme "La tempête" de Wolfgang Petersen... "Morceaux de bravoure" prévisibles comme les trous du gruyère... bref, qu'est-ce qu'on s'y emmerdait !).
Là, on garde son calme. On tient le coup. Le lâche est isolé (et frappé par le Cap' pour le calmer... ). L'équipage se terre mais on va le secouer. Les coolies chinois se battant dans l'entrepont pour récupérer leurs dollars patiemment amassés en leur existence de quasi-esclaves, argent luciférien sorti de leurs coffres éventrés : Jukes et le Bosco partent y mettre bon ordre. Pas facile. Autour, bien sûr, ça secoue sacrément (Nom de Dieu !). On a compris que l'essentiel se jouera dans le navire. Conrad s'offrira même le luxe d'une ELLIPSE avant la deuxième partie (la pire) du "Typhon" : gonflé , non ? Pas de chapitre surnuméraire entre le V et le VI, donc... "Le pire" sera résumé par la phrase finale du chapitre V ! C'est que, du surnuméraire, son vapeur n'en a rien à fiche... Le "Nan-Shan" DOIT continuer sa route... Les épouses McWhrirr et Rout - subsistant grâce aux vies dangereuses de leurs conjoints - sont dépeintes "là-bas" (actions parallèles dans leurs havres londoniens), dans l'ignorance totale des épreuves... Paisiblement assises au coin du feu.
La traduction de François Maspero est sans doute moins "classique" que celle d'André Gide mais la profusion des mots techniques propres à la marine marchande des premiers chapitres nous rend le tableau d'ensemble parfois "un rien embrumé"... (S'aider alors d'un dictionnaire Robert est le mieux !). Et le récit souffre un peu d'un certain manque de vision picturale de l'écrivain : le lecteur a parfois bien du mal à se représenter dans l'espace le labyrinthe (Souvenons-nous que "Nostromo" était le nom du vaisseau spatial de l' "Alien" de Ridley Scott) qu'est l'intérieur de ce "vapeur" cerné par les hurlements du vent, la nuit d'encre parfois zébrée d'écume phosphorescente, les lames qui recouvrent et détruisent peu à peu les ponts...
La peur. Le sang-froid. La routine et quelques idées simples (à appliquer) qui sauvent du désastre. Rêvons un peu... En notre monde (re-)devenu fou de 2016, ne "nous" faudrait-il pas au fond (ou avant de toucher le fond) un McWhirr, "homme de terrain" au Q.I. forcément limité mais aux bons réflexes et sans le moindre attrait pour les blablas vertueux, les manoeuvres d'enfumage, les "stratégies" cyniques d'occupation de l'esprit des "masses" et autres agitations humaines inutiles... quand le Typhon nous prend durablement et que le Titanic-biosphère fonce tranquillement vers "son" iceberg, sans pouvoir changer de trajectoire ou paraître le moins du monde s'en inquiéter... ?
Quelques sentiments et "bons" réflexes humains qui - ensemble - forment notre instinct de conservation (individuel et collectif). Dans ce monde-ci, pas de blablas intiles. Pas d'insignifiance (Pardon, "sursignifiance" !) bien anecdotique et dûment surlignée à la Emmanuel Carrère... Bref, "pas de gras !" (comme dans les Simenon...). Bon, à moi il me plaît bien, ce "Typhon"... (phrase banale relevant de mon narcissisme lectoral parmi des millions de narcissismes lectoraux : "Z'ai aimé / Z'ai pôs aimé", qu'est-ce qu'on s'en fout, au fond !). Du coup, bah j' vas essayer de m' lire "TOUT" Conrad (disparu en 1924)... Oui, en "nos" temps de lecture de masse moutonnière des "Nouveautés" (?) : hé hé hé... Encore le passé, toujours le passé (dépassé, le passé ?)... On s'isole, on s'isole... eh bé tant pis ! Pt'être, moins de paons dans le passé... ? Des gens sérieux, des "types capables" ! (Bon, je plaisante, je plaisante... )
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Il faut se méfier de l'eau qui dort. Ceci est vrai lorsqu'on est dans l'oeil du typhon mais également du commandant du navire. Je ne l'ai pas trouvé stupide, il est juste ignorant de ce que la vie «peut comporter de perfidie, de violence et de terreur». Selon moi il ne réagit pas comme tout à chacun, il parle peu mais ce n'est pas pour autant qu'il ne cogite pas. Il a son raisonnement et je trouve qu'il voit et va à l'essentiel.
J'ai apprécié la description du paquebot _qui souffre autant que les hommes_ ainsi que la fureur des éléments. L'écriture rend très bien la violence qui se déchaîne pendant cette nuit de tempête.
«Mais le vent en fureur s'attaque à l'homme tel un ennemi personnel. Il essaie de lui saisir bras et jambes, de s'emparer de son esprit, il cherche à lui voler son âme.»
Ainsi chacun doit lutter contre ses peurs profondes, certains se révèleront avec plus ou moins de force, de courage ou de bêtise. L'importance de l'effet d'entraînement du groupe ou de la voix du leader, qui donne courage, est soulignée dans ce roman.
J'ai souri au clin d'oeil de l'auteur lorsqu'il évoque la femme de commandant, elle qui ne s'imagine pas passer toutes ses journées avec lui, ravie qu'il navigue sur les mers de Chine à prendre le soleil contre une bonne rémunération.
Une lecture dépaysante et bien agréable.
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En regardant machinalement ma bibliothèque mon regard s'est posé par hasard sur la tranche fine du livre de Conrad dont le nom de l'auteur et le titre sont frappés en larges lettres majuscules sur un fond blanc. Tranche kitsch qui m'a tout de suite transporté dans le garage de mon grand-père, à Marseille d'où je tirais pendant les vacances d'été, d'une large armoire en formica rouge, toutes sortes de bouquins, des Achille Talon aux Bob Morane, et que je lisais avidement pendant que mon père faisait la sieste qui précédait usuellement nos sorties à la plage. C'est dans ces odeurs mêlées d'huile de moteur, d'essence et d'outils graissés que je faisais doucement grincer les battants de ma caverne d'Ali Baba afin de ne pas réveiller l'endormi qui mettrait fin à mes projets.
C'est pourtant en l'ouvrant que le livre révélait toute la richesse de ses senteurs inoubliables de livre de poche des années 60 et l'anticipation de joyeuses promesses de bonheur et d'émotions, qui exercent encore sur moi une telle attraction que je ne peux m'empêcher d'aller y perdre de temps en temps mon visage pour me repaitre de ses nostalgiques émanations.
J'engageais donc ma lecture dans de bonnes dispositions en regardant la couverture représentant un bateau dans la tourmente au milieu d'un océan déchainé.
Et nous voila à bord du vapeur le Nan-Shan à peine sorti des chantiers et placé sous le commandement du capitaine Mac Whirr, un homme peu loquace qui économise autant les mots que le combustible et les temps de trajet. C'est un type pratico-pratique. Il convient que la ligne droite est toujours le chemin le plus rapide entre deux points et gare à celui qui voudra se placer en travers de son chemin. C'est dans cet état d'esprit qu'il va affronter la pire tempête de sa vie, de face et sans détour. Et de toute façon, s'il l'avait évité comment aurait-il pu être sûr que c'était réellement une tempête aussi terrible? Rien n'aurait pu le prouver!
Mais le chaos gagne rapidement le navire qui est projeté dans tout les sens, uniquement maintenu sur sa route par les mécaniciens qui assurent la propulsion du vaisseau. Les échanges sont rudes et sans ambages entre les membres d'équipage, chaque décision doit être prise rapidement et ne pas être discutée. On entend le pont et la coque craquer sous le poids des vagues qui déferlent sur le navire quand Juke, le second du capitaine lui annonce que la cargaison de "coolies", ces travailleurs pauvres chinois commence à s'échauffer sérieusement sous l'effet du tangage du bateau et que si aucune action n'est menée rapidement, ils risquent de se massacrer les uns les autres. le commandant doit donc agir sur plusieurs fronts; celui de la tempête, du commandement du navire et de celui des hommes.
J'ai été particulièrement choqué du vocabulaire utilisé pour décrire la population de chinois parfois associée à la bête, à la sauvagerie, à l'infériorité. En maugréant contre la vision que le monde occidental pouvait avoir sur les peuples colonisés au début du 20ème siècle, je me suis tout à coup rappelé que je vivais toujours au 21ème siècle et que le statut de marchandise n'avait pas abandonné tous les hommes.
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J'ai lu ce roman dans la fameuse traduction de Gide. On dit d'ailleurs que c'est la traduction la plus belle de l'écrivain français (belle je ne peux le dire puisque je n'ai pas lu d'autres).

Le roman, à mon avis, était une occasion pour l'auteur de donner libre cours à son imagination et sa passion maritimes. Ainsi, l'histoire d'un vapeur était un prétexte pour nous décrire un typhon, le héros sans doute de ce court roman.

Conrad agit en maître, avec l'emploi d'un vocabulaire technique très précis, et une description bien menée de ce typhon; tout la gloire du roman réside là: dans ce fait rapporté sans tomber dans le stéréotype du roman maritime de tempête ou de naufrage. le typhon n'est pas un fait extérieur du bateau, il agit à l'intérieur.

Or, l'auteur a su meubler son espace de personnages, je dirais très grotesques d'où certains passages vraiment désopilants (la description psychologique de ces personnages trouve aussi sa place dans le roman). Avec ce caricatural capitaine du bateau, qui ressemble à un Forrest Gump et son second qui forme avec lui un tandem spécial! Il y a aussi ces pauvres coolies chinois retournant au pays après une longue période et qui sont malmenés par ce typhon !

Je dirai que ce livre peut être lu entre deux lectures sérieuses, il pourra plaire à certains mais pas à d'autres. En tout cas ce n'est pas le meilleur livre de Conrad.
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D'allure épaisse et avec son caractère passif, le capitaine Mac Whirr ne fait preuve d'aucune fantaisie et commande le navire à vapeur Nan-Shan caché derrière son apparente totale indifférence, en économisant chacune de ses paroles.
Alors, lorsqu'il constate la chute importante du baromètre, il ne s'alerte pas outre-mesure. Pourquoi se méfier et à quoi bon penser à anticiper une tempête qui n'est pas encore là ?
Il navigue pourtant dans les mers de Chine, pendant la saison des typhons, et doit rallier un port de commerce pour y livrer sa cargaison et débarquer deux cents coolies chinois parqués dans l'entrepont avec leurs précieux dollars accumulés dans les colonies.
Le vent est encore absent mais la houle se lève, la chaleur devient suffocante et exacerbe l'équipage dont le jeune second Jukes qui s'étonne toujours du manque de réaction de son supérieur. Quelle absurdité d'envisager de dévier du cap pour contourner un mauvais temps que l'on devine seulement !

Le nombre de pages de ce petit roman, ou de cette longue nouvelle, est bien suffisant pour rendre l'intensité du vent cinglant, des embruns qui s'abattent sur le pont, des plongeons du navire dans la houle. Tous les bruits de la tempête éclatent et, lame après lame, toute l'eau qui submerge le navire nous irrite de son sel.

Au-delà de la furie des éléments, l'auteur a mis l'accent sur toute l'évolution de la voix du capitaine face à son second. Toutes les attitudes humaines montent en intensité, proportionnellement au déchaînement climatique, y compris parmi les coolies chinois. Quel est le danger qui menace le plus ?

Cette lecture enrichit notre vocabulaire maritime, nous secoue dans tous les sens au risque d'avoir le mal de mer, nous consterne devant les attitudes et préjugés racistes et surtout nous intrigue quant aux décisions du placide capitaine Mac Whirr dont les qualités de commandement inspirent dès le début un profond scepticisme.
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Première découverte du très impressionnant Joseph Conrad, qui de loin me faisait l'effet d'une sorte de statue du Commandeur inabordable, confirmée de près : j'avoue, j'en ai bavé.
Bavé au sens le plus premier de la lecture, je ne sais pas si c'est du à la traduction d'André Gide mais j'ai eu un mal de chien à comprendre ce que je lisais. L'abondance de termes techniques n'est pas tant le sujet que des structures de phrases qui m'ont paru absconses, reflétant il m'a semblé une structure de pensée qui m'est absolument étrangère. C'est déroutant, un peu humiliant, mais confirme ce que je pressentais, à savoir que l'on a là un auteur hors du commun dont les mots traduisent à leur manière la dimension homérique d'une existence extra-ordinaire. Et qui mérite donc que l'on s'accroche.

Heureusement, j'ai pu trouver des points d'ancrage (et croyez-moi il en faut, sous ce typhon!) dans l'approche du récit, centré non pas tant sur le récit temporel des éléments déchaînés que sur les personnages, véritables points de focale de cette longue nouvelle, tous fortement incarnés, crédibles, vivants, à commencer par l'imperturbable, frustre mais sage commandant qui reste vent debout, toujours vent debout, et Jukes, son second courageux, discipliné et entreprenant, à travers lequel le lecteur vit dans ses tripes l'expérience extrême et symbolique du passage du typhon.

Une deuxième lecture s'impose de ce livre dont je n'ai je crois que superficiellement perçu la profondeur.
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"Typhon" est ma deuxième incursion dans l'oeuvre de Joseph Conrad. Et s'il n'atteint pas le niveau du chef d'oeuvre "au coeur des ténèbres", ce court roman n'est pas dénué de qualités.

L'écriture est une totale réussite. Sans doute grâce au matériau de base du texte de Conrad, mais la qualité de la traduction de Gide ajoute à la beauté de la langue. L'utilisation de nombreux termes nautiques n'altèrent en rien l'élégance et la fluidité du style et ne gênent pas la lecture. Par ailleurs, le récit n'est pas dénué d'une dose d'humour qui est bienvenue et salutaire.

Conrad fait preuve d'un art de la description remarquable. A ce titre, le début du roman est exemplaire. En un chapitre, l'auteur brosse le portrait du Capitaine Whirr avec une grande intelligence. La finesse de sa description physique et morale est telle que le personnage se dessine réellement sous nos yeux.
Les autres protagonistes ne sont pas en reste. En quelques traits précis, l'auteur créé des personnages très bien caractérisés.
La tempête en elle-même est également très bien décrite. Les réactions et interactions des hommes de l'équipage face à la fureur des éléments sont retranscrites de façon intéressante et subtile.

Malgré ces qualités, je n'ai pas été emportée par le récit. "Typhon" n'a pas été la lame de fond dévastatrice que j'espérais.
Les personnages, s'ils sont admirablement dessinés, ne suscitent pas vraiment d'empathie. Sans doute la faute à un sentiment d'inachevé. A l'issue de ma lecture, j'ai eu l'impression d'être face à un texte qui aurait pu constituer une partie d'un roman plus long. En l'état, le récit semble inabouti. J'aurais aimé que les relations entre les personnages soient développés dans un récit moins resserré. Par ailleurs, certains thèmes sont effleurés et auraient mérité d'être approfondis. C'est le cas par exemple du sort réservé aux chinois ou encore le ressenti des épouses des marins.

Même si ce "typhon" ne m'a pas emportée, il reste tout de même une lecture agréable et permet de goûter au talent de Conrad.

Challenge Petits plaisirs 19
Challenge Variété 16 (catégorie "un livre dont le titre est composé d'un seul mot")
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C'est un beau roman maritime que ce terrible "Typhon" d'un maître en la matière : Joseph Conrad.
Il s'agit de la rencontre entre un homme ou plutôt un groupe d'hommes et un évènement météorologique qui dépasse l'imagination.

Le Capitaine Mac Whirr est un anglais parti travailler dans les colonies. Il navigue sur le Nan-Shan en Mer de Chine dans le Sud-Est asiatique où il transporte des coolies. Je dois avouer que j'ai appris à cette occasion qui étaient les coolies : ce sont des chinois revenant en Chine après une expatriation et qui ramènent avec eux le peu d'argent qu'ils ont gagné.
Ils sont enfermés dans la cale du Nan-Shan et on se rend vite compte qu'ils sont méprisés par une bonne partie de l'équipage.
Mais c'est aux commandes du bateau, avec le capitaine et son second que nous voyons arriver le typhon et le drame. J'utilise volontairement le verbe voir parce Joseph Conrad excelle dans la description du bateau qui devient incontrôlable. le lecteur est donc face au déchaînement de la nature.
Ballotés en tous sens avec leurs biens, on ne donne pas cher de la peau des coolies. Pourtant, le capitaine Mac Whirr se soucie de leur sort et cela va entrainer des réactions de haine ou d'incompréhension de certains membres de l'équipage. le capitaine considère-t-il les Chinois à bord comme des marchandises ou est-il un humanisme ?
Ce n'est pas très clair pour moi car je trouve que les relations entre le capitaine et son second ne sont pas suffisamment franches pour comprendre cette situation.

Au final, Joseph Conrad montre surtout que l'homme doit rester modeste en mer, le personnage principal de ce roman.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Un texte court qui ne nécessite pas plus pour nous mettre à la proue d'un cargo face à un typhon, car la magie des mots est là, nous sommes tel le capitaine à affronter les flots déchainés !

Les hommes, les uns agités, d'autres actifs et le capitaine tel un roc de granit , le bateau qui souffre qui tient qui bascule qui se relève personnage à part entière dans les mains du machiniste et puis la mer violente, démente, ulcérée, poussée par un vent qui prend des allures de colère de dieu ....

Bref un texte économe, précis et très beau.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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