AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les leçons du mal de Thomas H. Cook
Voilà donc le premier roman que j'ai lu dans le cadre du jury mis en place par Babelio et les éditions du Seuil.
J'avais déjà lu il y a quelques années « Les instruments de la nuit », roman envoûtant malgré ou à cause de sa noirceur et j'attendais avec une certaine impatience ce roman-ci : je n'ai pas été déçue !
L'action se passe dans le Sud profond, en 1954, soit avant la lutte pour les droits civiques. Dans une petite ville du delta du Mississippi, les classes sociales sont géographiquement réparties : les noirs – qu'on appelle encore des « nègres » – sont cantonnés dans des zones périphériques, rendus quasi invisibles, puis il y a « les ponts », un quartier plutôt misérable où le Ku Kux Klan recrute, le centre-ville et enfin « les plantations » où les grandes familles continuent, dans leurs superbes demeures en déclin, à entretenir des souvenirs de leur grandeur.

Comme son père avant lui, Jack Branch vient précisément d'une de ces maisons blanches et aristocratiques à la colonnade imposante. Il est professeur au petit lycée de la ville qui accueille principalement des jeunes des « Ponts ». de temps à autre, il rend visite à ce père qui n'a plus quitté sa propriété Great Oaks depuis qu'il a échoué à mettre fin à sa tentation des « grands fonds » dans ce qu'on appelle pudiquement « l'incident ». Il s'y consacre à l'écriture : une biographie de Lincoln – alors qu'il vénère les grands généraux confédérés – et un journal intime que son fils n'a jamais pu lire.
Jack, engoncé dans ses préjugés de classe, a une haute idée de sa mission civilisatrice ; plutôt imbu d'une érudition maladroite, il a décidé de faire travailler ses élèves « sur le mal », accumulant au fil des leçons les exemples illustrés des pires horreurs que le monde ait connues, leur faisant lire divers romans pour finalement leur demander un travail sur un responsable du mal.
Gâté par le sort, je n'ai pas su voir les ténèbres ni ce qu'elles dissimulaient. Jusqu'au moment fatidique, le mal s'est tenu à distance, circonscrit à de simples notes de cours sur les crimes perpétrés par des armées, des foules et des individus sanguinaires, auteurs d'actes abominables que j'exposais avec passion à mon auditoire d'élèves captifs. » (p.13)
Mais Jack ne s'en tient pas là : convaincu de la mission morale de l'enseignement, il veut sauver un de ses élèves et lui ouvrir un destin auquel il n'aurait jamais pu espérer avoir accès.
« Par la malchance qui avait voulu qu'il ait la chance de le connaitre », c'est Eddie Miller, le fils du « tueur de l'étudiante » qui bénéficiera de cet intérêt…
Toute cette histoire qui a bouleversé sa vie, Jack la raconte plusieurs décennies plus tard, au gré de ses souvenirs.
Ce roman terrible est parfaitement synthétisé par son titre m'a vivement impressionnée, au point que régulièrement, j'ai éprouvé le besoin de fermer le livre, de le déposer sur la tablette du train dans lequel je passe deux heures par jour à lire… je me sentais oppressée, proche de ces grands fonds où sombre le père de Jack. Cette tension permanente vient de la prémonition tout aussi permanente d'une catastrophe proche : assez diaboliquement l'auteur fait intervenir dans son récit des bouts de dialogues extraits des minutes d'un procès que j'ai attribuée successivement, au fil du texte, à l'un ou l'autre crime que Cook ou son narrateur me suggérait.
Que ressent Jack tant d'années plus tard ? Il ne nous le dit pas explicitement mais il est clair qu'il paie très cher ses illusions de classe, sa prétention que, peut-être, comme bien d'autres professeurs sans doute, j'ai partagée, à devenir une sorte de Pygmalion tout puissant. Malheureusement, d'autres que lui ont payé également ses errements. quant aux relations qu'il entretient avec sa famille et son père en particulier, c'est une autre faille qui précipite les évènement.
Et l'on pense au début de l'Enfer que Jack explore dans ses recherches sur le mal : « Vous qui entrez, perdez tout espoir… » (Dante)
Commenter  J’apprécie          170
En inuagurant la nouvelle maquette de leur collection policière avec Les Leçons du mal de Thomas H. Cook, les éditions du Seuil ont frappé fort, très fort. de cet auteur, j'avais lu uniquement quelques titres parus à la Série Noire. Deux d'entre eux m'avaient laissé une impression en demi-teinte. Si j'y avais trouvé un style et une écriture fluide, une musicalité évidente laissant à penser que Thomas H. Cook était un véritable représentant du roman noir américain, qu'il en était l'une des voix indéniable, j'avais néanmoins été déçu par certaines ficelles qu'il utilisait ou bien même par les fins qu'il donnait à ses ouvrages. le mystère qu'il laissait planer était si palpable que j'en étais venu à trouver les révélations finales un peu fades, même si bien sûr, l'intérêt d'un polar ne se résume pas à ces uniques considérations. D'où une légère déception.

Mais avec Les Leçons du mal, la donne n'est pas la même.

Jack Branch est professeur au lycée de Lakeland, petite ville du Mississipi où il a grandi, vécu et où, certainement, il mourra. Ses souvenirs l'emmènent en 1954 où se sont déroulés les tragiques événements dont il se sent responsable. A l'époque, l'idée lui était venu de mettre en place un cours de rattrapage consacré au Mal sous toutes ses coutures, envisagé selon ses différentes déclinaisons, toutes époques confondues. Jack, non sans une certaine pédanterie, se sentait investi d'une mission consistant à éveiller les consciences de ses élèves.
J'espérais que cela les ferait réfléchir, frapperait leur conscience, au moins quelques secondes , et j'avais décidé depuis longtemps déjà que, même si je devais me servir d'un outil rudimentaire pour ouvrir un peu leur esprit provincial farci de religion, je n'hésiterais pas.

Et pour donner corps à ses pensées, il avait pris sous son aile l'étudiant le plus effacé, celui en qui personne ne croyait : Eddie, Miller, le fils du « Tueur de l'étudiante ». Mieux, il lui avait proposé d'établir son devoir de fin d'année sur son père et les circonstances de son acte. En l'incitant de la sorte à soigner le mal par le Mal, il allait en fin de compte devenir le grain de sable faisant voler en éclats les rouages d''une petite ville du Sud des Etats-Unis reposant encore sur des oppositions de classes et de couleurs de peau avec, en arrière-plan, les cicatrices engendrées par la Guerre de Sécession.

Avec ce livre là, Thomas H. Cook réussit un véritable tour de force. Jusqu'à la fin, le lecteur ne sait rien du drame qui s'est joué en 1954 et se trouve très vite enferré par la chape de mystère suggéré par le roman. Jack Branch, le narrateur donc, émaille son récit de comptes-rendus d'un procès sans que l'on sache jamais rien de la nature de celui-ci. Quelle crime a été commis ? Qui est inculpé ? Pourquoi ? Toutes les hypothèses sont possibles. Présent et passé s'entremêlent, parfois de façon volontairement abrupte, de sorte à nous décontenancer un peu plus, sans jamais nous perdre en route pour autant. Des pistes s'ouvrent, se referment, le drame toujours en ligne de mire. Et ce sont les personnages, tous magnifiques, vivants, obsédants, faillibles qui lui donnent corps, entretiennent les doutes et donnent envie d'aller jusqu'au bout, de démêler l'écheveau de cette histoire pourtant simple et humaine, mais qui démontre de façon magistrale combien le mal, lui, est difficile à rationaliser et à appréhender ; qu'on a beau l'analyser, le quantifier et vouloir le faire rentrer dans des cases, il trouve toujours les voies les plus insoupçonnées pour se manifester et induire la souffrance.

Un roman bouleversant et beau. Voilà.


Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          110
Jack Branch est professeur, il aime son métier et il est passionné par le Mal. Il en a fait sa spécialité et tente de l'inculquer à ses élèves, peu motivés et en difficultés pour certains. Parmi ces élèves, se trouve Eddie, jeune garçon effacé et stigmatisé par les autres. Eddie est le fils de Luther Ray Miller, qui a sauvagement assassiné une étudiante il y a quelques années, et mort en prison sous les coups de son codétenu.

Quand un jour Jack Branch demande à ses élèves d'écrire un devoir sur le Mal personnifié, c'est tout naturellement qu'il incite Eddie à écrire et faire des recherches sur ce père assassin qu'il a très peu connu. Ce sera le point de départ d'une spirale destructrice. En aidant Eddie, c'est sa propre histoire que Jack va découvrir et rien ne sera jamais plus pareil.

Nous sommes en 1954, dans le Sud des Etats-Unis, et le climat politique et social n'est pas favorable pour tout le monde. Les plus démunis et les Noirs sont mal vus et n'ont pas les mêmes droits que les Sudistes blancs et riches.Ce contexte est pesant et engendre des comportements haineux de part et d'autre.

Pas de meurtres sanglants ou d'enquête policière à la recherche d'un coupable, Les leçons du mal n'est pas un polar mais un roman noir. Thomas H. Cook alterne le présent et le passé au travers du récit de Jack Branch et de compte-rendus d'interrogatoires qui impliquent qu'il y a eu procès. Mais procès de qui ? pourquoi ? nous le découvrons petit à petit au fil de la lecture et ce, jusque dans les toutes dernières pages.

Après un début difficile, qui m'a semblé confus et un peu long, la tension s'installe et l'angoisse monte. On pressent un évènement tragique et l'auteur nous y prépare doucement mais sûrement. La fin, touchante, vient parfaire le tout.

Une fois encore Thomas H.Cook nous offre un beau roman, avec une réflexion sur le Mal, insidieux ou assumé, l'hérédité, et la quête de soi.


Lien : http://lesbonheursdesophie.o..
Commenter  J’apprécie          110
Voilà un roman policier très original et vraiment prenant. L'histoire se situe dans le vieux Sud des États-Unis, dans une petite ville du Mississippi où vivent deux sociétés que tout oppose. le narrateur, Jack Branch revient sur son passé de jeune enseignant et des évènements qui se sont passés en 1954.
Jack Branch est issu d'une famille de la Haute société habitant le quartier des Plantations, il a une relation particulière avec son père ancien professeur reconnu. Les élèves de Jack Branch viennent pour la plupart du quartier défavorisé des Ponts, il leur donne des cours sur le Mal.
Une de ses élèves, Sheila disparaît et l'un de ses camarades, Eddie est injustement soupçonné et rejeté par tous. En effet, ce dernier est le fils du « tueur de l'étudiante » mort en prison quinze ans plus tôt. Eddie Miller est un garçon solitaire, un peu naïf, Jack se prend d'affection pour lui et va l'aider à mener à bien ses recherches sur son père.

Dès le début de ce roman le lecteur comprend que cette histoire va se terminer sur un drame, mais impossible avant la conclusion du livre de deviner ce qu'il va réellement se passer, j'ai imaginé plusieurs scénarios possible et... la fin a été inattendue !
Avec cette histoire, l'auteur nous décrit l'état d'esprit de cette société américaine des années 50 dans le Vieux Sud, il veut également nous faire réfléchir sur l'hérédité et bien sûr à travers les cours de Jack composés de nombreux exemples historiques ou littéraires nous découvrons le Mal.
J'ai cependant deux petites réserves concernant ce livre : En premier lieu, durant tout le livre, nous passons du passé au présent et parfois on peut être un peu perdu... car rien n'indique le changement d'époque. de même la révélation finale du drame, n'est pas si claire que cela, j'ai du relire plusieurs fois les dernières pages pour m'assurer que j'avais bien compris.
J'ai vraiment aimé ce livre, ce style de roman policier où la psychologie des personnages est au centre de l'intrigue me plaît vraiment beaucoup.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
Commenter  J’apprécie          100
Un homme vieillissant repense à cette sombre histoire qui a endeuillé sa ville. Mêlant habilement souvenirs et présent, Thomas H. Cook distille au fil des pages les indices sur ce drame dont le lecteur ne découvrira les détails que dans les tous derniers chapitres.
De nombreuses références historiques et littéraires étoffent l'ensemble.
C'est un livre écrit d'une main de maître et même s'il joue sur le même principe que son grand succès "Au lieu dit Noir-etang"
On ne peut pas lui en vouloir, c'est tellement bien fait!
Commenter  J’apprécie          70
1954, Lakeland, Mississipi. Jack Branch, enseignant, tout comme son père, dirige un cours de rattrapage sur le thème du mal. le mal sous toutes ses formes, qu'il expose souvent théâtralement pour retenir l'attention de ses élèves. Et pour les impliquer encore plus, il leur demande de rédiger un devoir sur une figure emblématique du mal. Jack décide d'aider Eddie Miller, un élève assez effacé, fils du "Tueur de l'étudiante" à rédiger son devoir dont le sujet est tout choisi : son père.

La narration peut dérouter, elle n'est pas du tout linéaire. Jack, le vieillard, raconte un morceau de la vie de Jack, le jeune enseignant. L'histoire est émaillée de souvenirs parfois imprécis, de rencontres et surtout d'extraits de procès. Nous savons donc dès le début qu'il s'est passé quelque chose mais quoi? C'est là que j'ai trouvé que Thomas H. Cook faisait fort. Car ce roman policier n'en ai pas vraiment un pour moi. Pas de meurtre, pas d'enquête, pas de suspect, pas vraiment de suspens ni de frissons...et pourtant il a réussi à éveiller ma curiosité et à maintenir mon attention avec ses petites insinuations qui en disent trop ou pas assez : " Il n'avait aucune raison d'avoir peur de moi. Ce en quoi, évidemment, je me trompais" ... ah!!! pourquoi? ou encore "Tu n'es pas celui que tu t'imaginais être...elle n'aurait pu se douter à quel point elle disait vrai"...oh!!! pourquoi? Et voilà, tout le long, c'est comme ça, Thomas H. Cook nous laisse languir dans la chaleur du sud et d'un coup, hop, il nous titille et nous réveille. Et ce jusqu'à la fin car c'est vraiment dans les dernières pages que l'on apprend ce qui a mené au procès.

Quant au style, je découvre Thomas H. Cook avec ce livre et je ne regrette pas! J'ai vraiment beaucoup aimé sa façon d'écrire, ou du moins la traduction qui en a été faite. J'ai beaucoup apprécié certaines images : " Son corps dévasté semblait noué comme un tricot trop serré, défraîchi, qui se démaillait un peu plus chaque fois qu'il respirait", " le bon pote [...], plus une présence qu'il fallait remarquer qu'une force sur laquelle compter, plus l'écume qui bouillonne à la surface que le poison qui gît au fond". Et certaines phrases m'ont touchées également : " Parfois, on se détruit, non pas d'un seul coup, mais au gré d'une lente descente, qui se fait à pas hésitants, par paliers, à coups de décisions successives", "Mais si le passé, une fois passé, est d'une approche facile, c'est à l'aveuglette que nous nous enfonçons dans l'avenir, par petits pas et faux pas"...

J'ai apprécié les personnages même si certains font un peu cliché surtout dans les élèves. Sheila, la jolie fille, Dirk la petite frappe, Wendell le copain suiveur, Eddie le timide au fort potentiel...C'est surtout les Branch qui m'ont interessée. le père, vieil homme dépressif, érudit, qui plie sous le poids de l'hérédité et son fils Jack, parfois pédant, parano, jaloux, qui finalement se perd dans sa relation avec son père en voulant agir de façon peut être trop paternelle avec un enfant qui a un lourd héritage paternel lui aussi. A trop flirter avec le mal dans ses cours, il le voit partout et de nombreuses fois, il fait des rapprochements entre les sujets horribles étudiés et les évènements qui se déroulent sous ses yeux. Plusieurs fois je me suis demandé s'il n'allait pas finalement tomber dedans, passer de l'autre côté, et si ce n'était pas ce cours qui avait tout déclenché ou du moins fait remonter à la surface ce qui couvait...

Ce livre m'est apparu plutôt comme le récit d'un fait divers d'un point de vue subjectif qui s'attarde sur la vie des personnages et leur ressenti que comme un roman policier. Mais quand les derniers évènements se précipitent et que la narration se fait se télescoper le destin des personnages, je me suis dis "oh..." Un "oh" de déception car c'était déjà fini et même si l'histoire en elle même n'est pas très originale finalement, elle est assez riche de tout le reste.

"La vie est l'inverse du mythe de la Création. Ce mythe commence dans les ténèbres et fini dans la lumière. La vie, c'est le contraire"

Merci à Babelio et aux Editions du Seuil

Commenter  J’apprécie          70
Jack Branch est le dernier héritier d'une famille de notables si typique du Sud des États-Unis : « typique » parce que pétrie de traditions séculaires et confortablement installée dans une des nombreuses maisons de maîtres de la région ; moins typique parce que Jack, comme son père, s'est dédié à l'enseignement de la littérature dans un lycée des Ponts – le quartier défavorisé de Lakeland – et qu'il ne partage pas les préjugés de classe de ses semblables.
De l'autre côté, Eddie Miller, un adolescent effacé qui tente de se faire oublier, et surtout de faire oublier sa terrible ascendance : son père, le « tueur de l'étudiante », qui traumatisa les alentours quinze ans plus tôt. Mort en prison avant d'être jugé, il est depuis l'image même du mal dans cette petite ville du Mississipi.
Le mal, c'est justement le sujet du cours optionnel que Jack dispense au lycée. Divers événements (ici, en dévoiler davantage serait trop en dire !) attirent son attention sur Eddie, qu'il prend peu à peu sous son aile. Dans le cadre du devoir de fin d'année, les élèves doivent écrire sur un individu personnalisant le mal à leurs yeux. Jack suggère à Eddie de se pencher sur l'histoire de ce père si écrasant – dans l'espoir de le libérer de ce fardeau et de lui permettre d'envisager un avenir « normal ». Il tente du mieux possible de l'épauler dans ses recherches et commence à s'attacher à ce jeune homme si surprenant.

En parallèle, Jack évolue dans ses relations personnelles – amoureuses, familiales – et on mesure peu à peu que l'histoire quelque peu tourmentée que traînent les Branch. À ce sujet, j'aurais un petit bémol : à force d'allusions, de demi-explications, Thomas H. Cook finit par frustrer son lecteur qui aimerait en savoir plus, et surtout en comprendre plus.

Le narrateur est un Jack à la retraite, usé, des années après : les allers-retours temporels selon un rythme parfois saccadé nous égarent légèrement au départ, mais rapidement, en laissant entrevoir une issue tragique, ils instaurent une tension qui constitue la véritable trame du récit. Car en effet, ce n'est pas tant un coupable que le lecteur cherche mais un dénouement.
Les amateurs de thriller pur et dur seront donc peut-être déçus : pas de suspense haletant, d'enquête au sens classique du terme ou d'intrigue formidablement ficelée… Mais un roman noir brillant, finement écrit, où la culture et la psychologie sont fondamentales.

Les leçons du Mal m'ont souvent fait penser aux livres de Pat Conroy : pour l'univers dépeint bien entendu, le Sud, si riche en tensions – raciales, familiales, politiques, sociales… –, mais aussi pour l'écriture (et c'est un compliment pour moi, cf le prince des marées) qui mêle ironie, érudition, pessimisme et même un certain goût du rocambolesque.

Les leçons du Mal furent une belle découverte dans le domaine du policier. Il ne me reste plus qu'à me plonger dans les précédents romans de Thomas H. Cook qui, je l'espère, sont du même acabit !


Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          70
Voilà un roman policier tout à fait original et passionnant. Son résumé accrocheur avec pour thème abordé le Mal (rien que ça) et ses nombreuses critiques élogieuses, avaient réussi à susciter mon intérêt, et je dois dire que ce roman vaut vraiment le détour !

Tout d'abord, pour un roman policier, le style de Thomas H. Cook vole vraiment haut. Je ne veux pas dire que le genre policier est souvent mal écrit, loin de là, mais ici l'auteur utilise un langage très soutenu, avec des tournures de phrases un peu guindées et un vocabulaire recherché qui m'ont déstabilisé de prime abord. Impression renforcée par le fait que j'ai parfois eu du mal à resituer l'intrigue, qui fait de nombreux allers et retours entre passé et présent. Néanmoins une fois les bases de l'intrigue et le contexte posé - le vieux Sud des États-Unis au milieu des années 50 - ce choix nous apparaît alors comme fort pertinent. En effet, l'auteur nous introduit auprès de Jack Branch, dont la famille fait partie de la Haute société du Sud, son père étant un ancien professeur très respecté tout comme lui. Ici, le clivage entre les gens des Ponts et ceux des Plantations tient une place importante dans l'histoire, Thomas H. Cook s'efforçant de nous montrer qu'il est difficile de se sortir des préjugés : que l'on soit fils d'assassin ou habitant des quartiers pauvres.

...la suite sur mon blog !
Lien : http://avideslectures.over-b..
Commenter  J’apprécie          50
D'abord il y a l'ambiance, celle du sud des Etats-Unis au début des années 50. le souvenir de la guerre de sécession n'est pas définitivement éteint. Dans une petite ville de Floride, le narrateur est issu des beaux quartiers des Plantations et enseigne aux jeunes des Ponts, là cité populaire où les jeunes bourgeois viennent s'encanailler au bordel. Quand la tenancière meurt, "son corps était encore chaud que la police débarquait déjà pour faire un grand ménage"
Ensuite il y a l'histoire. A l'inverse du classique "whodunit", la tension instillée insidieusement tout au long du livre vient de l'ignorance du lecteur de la nature du crime. Dès la cinquième page on découvre les minutes d'un procès mais il faut attendre les deux derniers chapitres, époustouflants pour découvrir à la fois la victime et le coupable.
Enfin il y a le jeu avec le temps, le récit va et vient en permanence entre différentes époques, parfois même à l'intérieur d'un paragraphe. L'auteur prend un malin plaisir à bousculer les repères temporels. Loin d'être chaotique ou de brouiller la lecture, ce jeu permanent la rend passionnante.
Les leçons du mal est un livre étrange et fascinant qu'on lit avec la sensation rare de d'explorer un ouvrage à part dans l'univers souvent uniforme du polar. On aimerait le relire une seconde fois pour remettre à leur place toutes les pièces du puzzle.
Commenter  J’apprécie          50
Voici ici un auteur avec un style bien particulier. le récit s'amorce dans le présent mais surprend par des bonds incessants sur ce qui va se passer.
1954, Delta du Mississipi. Eddie Miller avait à peine cinq ans lorsque son père assassine une jeune fille du lycée de Lakeland. Depuis l'adolescent, discret, presque effacé, est surnommé le " fils du tueur de l'étudiante ".
Jack Branch issu d'une grande famille du Sud, est de retour dans sa ville natale, où il vient de décrocher son premier poste d'enseignant.
Le jeune professeur se lance dans un semestre d'études sur la figure du Mal au travers de l'histoire et de la littérature…
Très vite, il encourage Eddie à se confronter à sa monstrueuse ascendance et à découvrir la vérité sur son père.
Mais quand on tente de faire toute la lumière sur le passé, les ombres enfouies au plus profond des âmes peuvent se révéler au grand jour. 


Formidablement bien écrit, bien construit. du bonheur
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (350) Voir plus



Quiz Voir plus

Les liens du sang

Comment Dave surnommait son père?

Père
Le Vieux
Papi

15 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Les liens du sang de Thomas H. CookCréer un quiz sur ce livre

{* *}