Le Chant des Cavalières est un roman de fantasy one-shot en lice pour le Prix Imaginales des Bibliothécaires 2021. Il était également dans la sélection du PLIB 2021, mais n'a pas été choisi pour faire partie des cinq finalistes. Ce qui me convient tout à fait, car j'ai été plutôt déçue par cette lecture dont le résumé promettait pourtant un récit entraînant.
J'ai bien aimé l'univers créé par l'autrice, ainsi que le contexte de l'histoire, même si j'ai trouvé certains éléments plutôt flous. Au Royaume de Sarda se trouve l'Ordre des Cavalières, qui est divisé en quatre "clans", quatre Citadelles. Mais Sarda a perdu la guerre contre les Comtés-Unis il y a des années, aussi le Royaume n'est-il plus ce qu'il était, à présent soumis aux règles imposées par les vainqueurs. Toutefois la situation ne convient pas à certains, qui vont alors intriguer pour rendre son indépendance au Royaume. le problème, c'est que tous n'ont pas forcément le même but final...
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L'Ordre des Cavalières possède ses propres croyances et traditions, ses propres légendes, grandement inspirées de la légende arthurienne. Nous avons ainsi toute une histoire avec une épée mythique, ici nommée Lunde, que seule l'élue pourra déloger de la pierre. On pense alors aisément à Excalibur, et ce d'autant plus que l'héroïne du récit se prénomme Sophie Pendragon. La différence est que, dans cette histoire, les chevaliers sont des cavalières.
L'autrice a en effet créé un univers grandement féminin, mais de manière tout à fait naturel. À aucun moment on ne s'interroge vraiment sur le pourquoi d'une telle place de la femme, on l'accepte, on l'apprécie (parce que ça reste quand même assez rare), et c'est tout. Toutefois, on se rend compte que, si les femmes tiennent une place importante, les Matriarches ayant voix lors des Congrès, elles restent hiérarchiquement dépendantes à des hommes : le Prince et le Condottiere sont ceux qui dirigent le Royaume, et les représentants des Comtés-Unis sont des hommes. Ainsi, s'il est question pour certaines Cavalières de se libérer du joug des Comtés-Unis, d'autres iront plus loin dans leurs désirs d'indépendance.
L'autrice a donc créé un univers grandement intéressant, et ce d'une écriture particulièrement travaillée. Peut-être même trop. Quand j'ai débuté ma lecture, je me suis dit que c'était vraiment bien écrit, et cela m'a davantage motivée. Mais au fil du récit, je me suis dit que quelque chose clochait, car je n'arrivais pas du tout à entrer dans l'histoire. Et la première raison est, qu'au final, l'écriture de l'autrice est peut-être trop... scolaire ? J'ai du mal à trouver le mot adéquat, mais cela a donné un récit un peu trop froid à mon goût. Je n'ai pas pu ressentir les émotions des personnages, je ne suis pas parvenue à apprécier les descriptions des paysages. Et ce d'autant plus que, à part l'univers, les choses ne sont pas suffisamment développées dans ce roman.
Je commence par les personnages, qui ne m'ont pas spécialement convaincue. Pour moi il y a deux personnages principaux : Sophie et Éliane. Sophie est une jeune novice dans la Citadelle de Nordeau, devenue Écuyère de cendre suite à la mort de la Matriarche Acquilon : c'est un statut particulier qui la place d'office comme élève de la nouvelle Matriarche, Éliane, à laquelle elle devra succéder. le problème est que Sophie n'a pas encore ses menstruations, et ne peut donc tout de suite suivre son apprentissage d'Écuyère, ni avoir son dragon. Elle va donc passer son temps à errer dans la Citadelle et à se plaindre de ne pouvoir rien faire. Parce que la nouvelle Matriarche n'a pas le temps de s'occuper d'elle, Sophie va trouver une maîtresse ailleurs, pour finalement tomber dans les filets d'un destin que l'on a artificiellement tracé pour elle dans une vaste machination visant à s'emparer du pouvoir. Sans cesse manipulée, tout ce que Sophie fait n'est jamais sa propre décision, toujours celle des autres. Si elle n'en avait conscience à aucun moment, j'aurais compris le personnage, mais là ce n'est pas le cas. À de nombreuses reprises Sophie se plaint qu'on ne lui laisse pas faire ses propres choix, elle montre des sursauts de colère qui ne mènent à rien, pour finalement continuer à se laisser porter par les décisions des autres. En fait, elle se plaint beaucoup mais, toujours trop passive, elle ne fait jamais rien pour changer ce qui la dérange. Je comprends que la finalité de tout cela est justement la libération des chaînes de ce destin factice, que Sophie fasse enfin ses propres choix, mais cela n'arrive qu'à la toute fin. du coup, en attendant que cela arrive, Sophie m'a simplement exaspérée et j'ai donc été incapable de m'attacher à elle.
En revanche, le personnage d'Éliane est plus intéressant. [...]
En bref...
Avec
le Chant des Cavalières,
Jeanne Mariem Corrèze crée un univers plutôt intéressant inspiré des légendes arthuriennes mais essentiellement féminin, chose assez rare dans les romans de fantasy. Si la plume de l'autrice est particulièrement bien travaillée, elle ne sert malheureusement pas le récit, qui pèche par son cruel manque de développement, tout comme ses personnages, et ses trop nombreuses ellipses mal placées. Ce qui devait être un entraînant récit sur l'émancipation, la reconquête de son destin, devient finalement une histoire que l'on ne peut que survoler, sans vraiment parvenir à y être transporté. C'est bien dommage...
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